samedi 4 juillet 2015

508° Rien ne va plus…









J'ai parfois l'impression, dans cette vie terrestre, d'être enfermé par le destin dans un gigantesque asile de fous. Au lieu de s'entre-tuer à qui mieux-mieux pour imposer à qui-n-en-veut-pas son dieu et sa religion, l'homme ne ferait-il pas mieux de bâtir des temples à cette bêtise à laquelle, dans beaucoup de ses actes quotidiens, il rend hommage avec obstination ?

Ainsi, par exemple, l'ensemble des banques européennes s'avère incapable de trouver le milliard qui va permettre à la Grèce de continuer sa route cahin-caha, mais une seule a pu mettre sur la table les dix milliards que monsieur Drahi voulait emprunter pour acheter Bouygues, alors qu'il était déjà fortement endetté par ailleurs…

Or, en 1953, la Grèce a voté pour l'effacement de la moitié de la dette de l'Allemagne!!!  Et pour bien plus d'un milliard... N'y a-t-il pas chez madame Merkel quelque conseiller en histoire? Non, seulement des conseiller financiers...

Ainsi par exemple, des milliers de jeunes ou nouveaux auteurs se voient refuser l'accès à la publications par des éditeurs qui leur préfèrent des ouvrages sans inspiration ni création artistique, tels que les livres politiques, qui ne sont presque jamais écrits par leurs signataires, et dont les tirages passent à 99 % au pilon après un bref séjour en librairie… Il semble que le seul auteur politique à succès soit Valérie Trierweiller… Pas étonnant que les gens n’aillent plus voter.


On citera le bide des bides, « Qu'est ce que le parti chrétien-démocrate ? », signé Christine Boutin, qui s'est vendu à 38 exemplaires dans plus de 2500 librairies, plus internet qui représente plus de la moitié des ventes de livres.

On peut aussi citer le précédent, de la même gribouilleuse, « Chrétiens, de l'audace pour la politique », qui avait, lui, culminé à 311 exemplaires vendus, le système des libraires ayant sans doute reçu à cette occasion le soutien du réseau des sacristies.

Ajoutons à ce hit-parade Jean Pierre Raffarin, Martine Aubry, Claude Bartolone ou Delphine Batho…

J'ai donc vendu plus de livres à lire d'une main que tous ces politiques. J'en suis tout retourné. La seule différence est qu'ils n'attendent pas, eux, après cela pour boucler leurs fins de mois, alors que moi, si... Et que je ne ferai pas, comme madame Boutin, d'appel aux dons larmoyant.

photo:©Pierre Jourde

Changeons de sujet : Vous voulez surfer avec la fibre ? Dans ses belles publicités, Free vient faire « hop »dans votre freebox, et vous passez à 1Go… (Qui ne font d'ailleurs que 800Mo dans le meilleur des cas…) Il y a des mois que la fibre passe sous le trottoir devant mon immeuble, donc que mon quartier est « éligible »… Il reste 20 mètres à faire : entrer dans le sous-sol, où un fil est déjà tiré dans la gaine, monter dans la colonne, où une autre gaine attend le précieux spaghetti, et faire le tour de mon canapé. Mais être « éligible » ne signifie pas être raccordé. Or pourtant, sur mon compte en banque, Free est éligible à mes virements, mais là, le raccordement fonctionne. A moi de me contenter, pour le même prix, des supposés 30Mo du VDSL au lieu des 800Mo de la fibre.

Numéricable, le fameux roi des emprunteurs, lui, n'amène la fibre qu'au pied de l'immeuble, et termine son installation avec un câble coaxial, ce qui rend le débit de son câble à peu près équivalent à celui d'un bon ADSL2. Mais les publicités ont rendu la confusion complète dans la perception du public. 



On ne parlera pas de l’étiquetage des produits alimentaires élaborés… La télévision s'en charge, sans succès, semble-t-il. Ni des conducteurs de voiture et de deux roues qui croient encore que leur fauteuil roulant est fait pour faire vroum-vroum, encouragés en cela par les émissions de télévision sur l'automobile qui passent le plus clair de leur temps à décrire par le menu des engins luxueux et pétaradants,  et surtout hors de prix que les spectateurs ne pourront de toute manière jamais s'offrir. Et une fois pas an, on passe cinq minutes à décrire la voiture dans laquelle ils peuvent rouler, celle qui concerne des millions d'entre eux, mais semble n'intéresser personne…
J'ai changé de voiture l'an dernier : cela fait dix fois que le constructeur m'envoie des enquêtes pour connaître mon avis sur l'amabilité de son concessionnaire ou sur l'intérêt de la brochure publicitaire qu'il m'envoie périodiquement, mais, jamais, pas une seule fois, il ne s'est soucié de savoir ce que je pensais de la voiture que je lui avais achetée, et de connaître mes critiques et suggestions.

Il est vrai que ce ne sont pas les journaux télévisés non plus qui vont éclairer le brave citoyen sur les réalités de ce monde, eux qui passent plus de temps à montrer les gens se baigner dans les fontaines, les mémères faire leur marché avec un avis sur le prix des aubergines et leur impact positif sur leur transit intestinal, sans parler des SDF qui crèvent de chaud au coin de la rue avant de grelotter l’hiver prochain alors qu'un seul milliard de ceux que monsieur Drahi n'a pas emprunté suffirait à secourir tous les SDF d'Europe.

Faut-il, avec tout ce qui se passe dans la monde , passer des heures à regarder des cacochymes boire leur grenadine dans leur EHPAD, les Bidochon se vaporiser leur tronche bouffie pour lutter contre la canicule sur une aire d'autoroute, ceux qui ont passé la nuit dans le fossé à attendre le tour de France, les merlus de Saint Jean de Luz péchés du matin fumer sur une plancha « suffisamment chaude et pas trop froide » (sic), les gamins choper bactéries et champignons à l'insu de leur plein gré dans les fontaines publiques, les chevaliers du taste-machin adouber le nouveau roi de l'andouillette… C'est ça, l'information ?

Parlons aussi de ces patrons qui se désolent de ce que leurs produits ne se vendent plus alors qu'ils ont mis au chômage ceux qui les fabriquaient, en oubliant bêtement qu'ils étaient aussi leurs clients…



Et de tous ceux qui qualifient d'utopie le « revenu d'existence » qui reste pourtant la seule solution au maintien du système économique : le travail n'est plus une valeur puisque ce sont maintenant les machines qui le font. N'en déplaise aux nostalgiques du système d'exploitation de l'homme par l'homme : le travailleur n'est plus le pilier du monde moderne.
C'est le consommateur qui en est devenu l’élément indispensable. Ce n'est plus du travail qu'il faut trouver aux chômeurs, mais du pouvoir d'achat. Donnez un euro à un pauvre, il le redépense dans la journée.

Mais faire comprendre à un financier que de toute manière, plus il redistribue d'argent et plus vite cet argent lui revient, cela semble trop puissant pour son étroite comprenette de Picsou. Or pourtant, dans les deux cas de figure, il a le beau rôle.

Il y a aussi le coup des Guignols de l'Info, menacés par l'amitié de trente ans entre Sarkozy et Bolloré.  La nouvelle PDG de France Télévision, qui est sans doute une brave femme, mais manifestement pas une flèche politique, a généreusement proposé de recueillir les Guignols au cas où Canal plus les congédierait.
Le truc de Bolloré, c'était d'éradiquer les irrespectueux Guignols. Il fallait donc attendre leur congédiement pour proposer aux Guignols l'hébergement de France Télévision! Car, pour Bolloré, si les Guignols survivent ailleurs, ils seront pire que chez lui, et il aura été impopulaire pour rien! Aucun sens de la stratégie, madame Ernotte... 







Faute de pouvoir les tuer, Bolloré décide donc de garder les Guignols... pour mieux les contrôler, avec toutes les kolossales finesses dont un financier est capable: passage au payant, horaires réduits, budget rétréci, mise au pas des humoristes trop drôles. S'il ne peut pas les dégommer à la dynamite, il les aura à la petite cuillère.

Sans compter tous les débats auxquels cette menace a donné lieu: tous les pas drôles qui ont trouvé que "les Guignols étaient moins drôles qu'avant" (l'audience ne baisse pourtant pas...), que c'était le destin des émissions de télévision de naître un jour et de trépasser finalement... Dans certains débats, ça a été un festival de cunnilingus et le léchage de bottes pour trouver des excuses à une censure qui n'en méritait aucune.


Salut à toi, Dame Bêtise…




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