lundi 16 décembre 2013

466° La matraque et le goupillon.






On commençait juste à oublier Monsieur Hortefeux et ses sentences déplacées. Les auvergnats pouvaient à nouveau se rassembler sans susciter de sous-entendus foireux et Rama Yade prendre l'avion en espérant pouvoir revenir chez elle... 

A croire que cela lui manquait aussi, puisqu'il vient encore de perdre une belle occasion de se taire.
Alors que le gouvernement annonce que le chef de l'état n'assistera pas à l'ouverture des jeux de Sotchi, Brice Hortefeux tient à assurer de son soutien les dictateurs et autres broyeurs de droits de l'homme...


"Quand les athlètes français se rendent à une compétition, l'honneur de la France est de les accompagner et de les soutenir. Ça n'empêche en rien de défendre nos valeurs" proclame-il avec véhémence au micro d'Europe 1. 

Mais de quelles valeurs parlons nous, Monsieur Hortefeux ? Des valeurs olympiques, peut-être, qui proscrivent formellement toute sorte de discrimination ? Des valeurs de la France, qui sont les mêmes ?
Ou alors des valeurs que vous avez défendues et mises en pratique lorsque vous étiez au pouvoir, au point qu'un journal en a fait un florilège ? 


 ©AFP - Mickael Metzel

La valeur d'une médaille dépend, certes, de l'exploit qu'on a accompli pour la mériter, mais également de la légitimité de la main qui vous la décerne.
Autant je veux bien voir reconnaître un acte méritoire que j'aurais accompli, et céder symboliquement à la vanité d'une médaille pour figurer au palmarès de la discipline, autant je n'accepterais pas de me voir reconnu ou décoré par un hypocrite qui me passerait d'une main un cordon autour du cou pendant que de l'autre, il enfreindrait avec hargne et conviction les valeurs humanistes les plus fondamentales auxquelles je suis attaché.
Certes, je ne suis pas athlète, mais jamais je n'irai verser une goutte de ma sueur au profit d'un faux-jeton de la vie politique, d'un « faites-ce-que-je-dis-pas ce-que-je-fais » du monde médiatique, d'un imposteur des valeurs humanistes, et j'en passe pour ne pas faire de phrases trop longues.

©Roman Yandolin/flicker 

Même déféquer dans les toilettes de Monsieur Poutine me paraîtrait une occasion manquée de décorer ses tapis de ce que m'inspire sa soumission aux traditions barbares, sa soif d'hégémonie, sa détestation de la diversité humaine et ses manières guerrières de propager sa haine. Souvenons-nous qu'il « irait massacrer les Tchétchènes jusque dans les chiottes ». Ce n'est donc pas par hasard que je fais cette parabole scatologique.
Comment honorer de sa présence un individu qui proclame que « le mariage pour tous est une expression de la dépravation occidentale »?

Tandis que désigner toute une communauté à la vindicte populaire, couvrir d'impunité les « milices » que vos discours de haine ont suscitées, aller chercher aujourd’hui un ordre moral dans les préceptes d'une religion moyenâgeuse que votre propre parti a exécré pendant soixante dix ans, n'est-ce pas bien au-delà de la dépravation ?

©Dimitry Lovetski AFP

Et maintenant, vous voudriez les inviter, Monsieur Poutine, les dépravés occidentaux que vous avez invectivé et dénigré à longueur de vocifération ? 
Monsieur Poutine, avec sa loi anti-homosexuelle, frappe sur toute la communauté gay de son pays et de ses satellites avec des matraques qui ressemblent fort aux goupillons des prêtres orthodoxes qui lui servent aujourd'hui de relais pour soulever les foules contre l'homosexuel, le nouveau bouc émissaire, la nouvelle victime expiatoire sacrifiée sur l'autel du pouvoir absolu et anti-démocratique.
 Prêtres auxquels cet inattendu retour de pouvoir a fait oublier les massacres que leurs ouailles et eux-mêmes ont subi pendant tout le communisme ? C'est une véritable association d'hypocrites...

Célébrez vos petites fêtes entre sympathisants de vos thèses discriminatoires et haineuses. Invitez Monsieur Hortefeux, puisqu'il semble regretter l'absence de la France, pays des droits de l'homme. Il ne représentera que lui même, mais il ne fera pas tache.

Quant aux leçons de droits de l'homme à donner au gouvernement, il faudra que Monsieur Hortefeux trouve autre chose.
Même mon correcteur d’orthographe est d'accord, qui souligne son nom en rouge et suggère "porte-flingue" à la place.


Dernière minute:

Voilà Rama Yade qui s'y met.  Ancienne secrétaire au sports, mais aussi fugace et inutile secrétaire d'état aux droits de l'homme, Rama Yade veut bien que la France ne soit pas représentée aux cérémonies d'ouverture de Sotchi, mais "à condition d'expliquer clairement pourquoi"...

Sans doute ambitionne-t-elle maintenant, après avoir été court-circuitée à maintes reprises lors de sa prestation aux droits de l'homme, de devenir aujourd'hui secrétaire d'état aux mal-comprenants?
A moins qu'en jouant sur les mots et en cherchant la petite bête, elle reconnaisse enfin que toutes ses tentatives pour se démarquer du politicus simplex n'ont servi à rien?

Cette déclaration est sans doute l'aveu implicite qu'elle a adopté dorénavant l'attitude du carriériste politique traditionnel réduit à manifester son existence par des déclarations sans fonds et systématiquement contradictoires?





Le concours du plus con. Nnnnnième édition.

Un sénateur propose au gouvernement d'interdire le téléphone portable aux piétons, prétendant avoir évité de justesse un piéton qui aurait été distrait par sa conversation téléphonique.



Puis-je lui suggérer d'interdire également l'accès des trottoirs aux femmes parce que c'est bien souvent en les regardant trop attentivement que les conducteurs provoquent des accidents?

La sécurité, ça n'a pas de prix.


Aucun commentaire: