Le pouvoir concentré autour du parlement européen est bien sûr la cible d'un grand nombre de pressions et de lobbies. Pour y voir plus clair, les députés européens ont souhaité réglementer le lobbying. En séance plénière le 8 mai 2008, ils ont adopté un rapport qui préconise l'enregistrement obligatoire des lobbyistes européens qui devront aussi divulguer leurs informations financières et souscrire à un code de conduite.
Le groupe libéral avait complété la loi par un amendement prévoyant que les églises et associations philosophiques ou confessionnelles (plus de deux cents représentées à Bruxelles!!!) soient incluses au nombre des lobbyistes, puisqu'elles sont réellement présentes dans les parvis du parlement.. Mais voilà.... Elles veillent...
D'autres mesures de transparence étaient prévues par ce rapport d'Alexandre Stubb (ministre finlandais des affaires étrangères), telles que la déclaration par les groupes d'experts ou d'avocats travaillant à la défense de causes diverses de leur chiffre d'affaire et de la part relative de cette activité dans leur revenu global, la création d'une « empreinte législative » jointe à tout rapport, et mentionnant la liste de tous les intervenants consultés par le rapporteur, ainsi que la divulgation du nom des groupes de pression qui soutiennent les intergroupes - ces groupes de députés européens trans-partis rassemblés autour d’un même thème. (par exemple le bien être animal.)
Car l'activité des lobbies autour du parlement est souvent sujette à caution. Exemple: récemment, les députés ont été invités à voter « pour un renforcement de la répression de l'infanticide ». Projet de loi sympathique par son titre, mais surprenant par sa teneur – de telles mesures existent déjà-, et étonnant par sa longueur et sa complexité. En lisant bien les petites lignes, les eurodéputés ont découvert que ce projet de loi faisait commencer l'enfance dès la conception, et qu'il s'agissait en réalité d'une mesure anti-avortement travestie en loi d'intérêt général... Les exemples de ce type sont légion. Les députés déjouent chaque semaine une ou deux embûches de ce genre.
Hélas, suite à un rapport de Ingo Friedrich, député chrétien allemand, l'amendement concernant la transparence des lobbies et groupes de pression a été rejeté le 8 mai dernier, et sa rediscussion repoussée sine die. On est même allé plus loin: on a décidé en tout angélisme qu'il n'était pas possible de « juger » les associations confessionnelles et philosophiques et d'en déterminer la crédibilité, et pour une meilleure justice, on a aboli la notion de « secte » et on les a toutes classées sur un pied d'égalité sous le vocable de « partenaires » .
C'est ainsi que le Vatican, divers courant musulmans, plusieurs tendances israélites, l'archipel des églises américaines qui ont des visées sur l'Europe et tous les illuminés de la planète sont considérés à parts égales par l'institution européenne à la seule condition d'être reconnus dans un seul des 27 états membres.
Or cette reconnaissance est facile dans la diversité des états par la constitution d'associations amies bâties comme des poupées russes. Ainsi les raéliens sont-ils inscrits par le truchement d'une association finlandaise, les scientologues, reconnus comme religion officielle par plusieurs pays dont l'Espagne y font bonne figure, côtoyant les témoins de jéhovah, les groupes attendant les extra-terrestres comme des messies ou des fauteurs d'apocalypse, soka gakkaï, les tenants de diverses méthodes de psychanalyse et leurs ennemis, les écoles de « formation de la personnalité » qui pénètrent le milieu de la formation professionnelle, moon, diverses arches de rédemption et d'illumination céleste, des groupes étudiant la transcendance de l'être, les enfants de divers dieux européens ou orientaux, les ordres de toutes sortes de temples solaires ou non, les associations de familles plus ou moins religieuses prônant l'interdiction de la contraception, l'avortement, soutenant l'homophobie et diverses haines, des associations supposées éveiller les conscience de mille manières, liste non exhaustive... Ce n'est pas moi qui classe tous ces gens dans le même panier; ce sont eux qui se sont inscrits sur la même liste des « partenaires » du conseil de l'Europe. Ils sont plus de soixante à ce jour, et cette liste est en pleine expansion, puisque l'inscription y est libre et ouverte.
Tout ce beau monde se côtoie à Bruxelles sans qu'aucune différence de statut ne distingue les religions constituées des croyances le plus marginales, sans parler des sous-marins à visée commerciale ou politique plus ou moins chaotiques ou hégémonique. Je ne sais pas si dieu y reconnaîtra les siens, mais en tout cas chacun peut le faire suivant ses croyances.
Plus grave: les laïques et autres chevaliers blancs de la liberté de conscience et d'opinion n'y sont quasiment pas représentés: seule une « association humaniste » réduite à sa plus simple expression (un seul salarié, contre plus de cent pour certains autres groupes) est enregistrée sur cette liste.
Coupable négligence! Il serait bon que les associations défendant la laïcité et la liberté d'opinion et de confession se décident à intervenir sur ce terrain où va se jouer un match important. Pour le moment, et à ma connaissance, seule la Grande Loge Féminine de France a décidé d'aller aussi s'inscrire sur la fameuse liste du Conseil de l'Europe pour y représenter, au côté de la pauvre association humaniste européenne, la liberté d'opinion pourtant chère à 99% des Européens. C'est bien, mais ce n'est pas assez! Il serait temps de se bouger, camarades...
Ce billet est à rapprocher de mon billet n° 107, dont lien ci-dessous, où j'expliquais -déjà- comment le Conseil de l'Europe pédalait dans la choucroute à propos des intégristes et devenait petit à petit une porte dérobée vers nos institutions pour les créationnistes de tous poils.
http://brethmas.blogspot.com/2007/06/107-crationnisme-contre-conseil-de.html
Par ailleurs, et sur le terrain franco-français de la lutte contre l'homophobie, on se souvient qu'après l'avoir refusé cinq ans de suite, le gouvernement français a enfin reconnu cette année la journée internationale contre l'homophobie, déjà acceptée par 31 pays civilisés, et fixée au 17 mai.
A cette occasion, Rama Yade, Ministre des droits de l'homme s'est fendue d'un discours définitif en affirmant « que la France dénoncerait désormais chaque fois qu'elle en aurait l'occasion les atteintes aux droits LGBT dans le monde ».
Cette occasion s'est justement présentée douze jours plus tard. Ce 29 mai, Nicolas Sarkozy est allé en Pologne, où il a prononcé un discours devant les deux chambres réunies du parlement polonais.
On se souvient que la Pologne est entrée dans l'Europe en refusant de signer la Charte des Droits Fondamentaux Européens, qui comporte précisément une clause protégeant les droits des homosexuels. Ce qui est une inacceptable dérogation, la ratification de cette charte étant obligatoire pour devenir membre de la communauté européenne. Tous les autres pays l'ont signée.
Le président polonais ultra-catholique et homophobe Lech Kaczynski, bien que son parti ait perdu sa majorité au parlement depuis son élection, -mais il est toujours président-, s'est opposé bec et ongles à cette signature au motif – grosse campagne à l'appui-, « que le mariage et l'adoption des homosexuels » allaient envahir la société patriarcale polonaise.
L'occasion était donc majuscule pour notre trop-président de mettre en pratique les généreux engagements humanistes de sa ministre des droits de l'homme. Damned ! Encore raté! Pas un mot !
C'est justement parce qu'on la trouve sympathique, Rame Yade, qu'on voudrait bien qu'elle démissionne.
Enfin, le chanteur de reggae Sizzla, auteur de textes effroyablement homophobes (incitations au meurtre) devait faire une nouvelle tentative de tournée en Europe. Il avait donc signé une charte par laquelle il s'engageait à exclure de son répertoire les chansons incriminées. Engagement trahi dès son premier concert à Berlin. Il a donc vu se fermer la plupart des salles où il s'apprêtait à chanter en Allemagne et en France. Dépité par ces échecs, l'indélicat a décidé d'abandonner l'Europe et ses incorrigibles pédés, et il est brutalement remonté dans son avion direction la Jamaïque.
Dernière minute: une information arrive suivant laquelle Sizzla aurait été refoulé à la frontière espagnole comme "lieu d'entrée dans l'espace Schengen" en provenance des USA où il serait retourné quelques jours. Il aurait été inscrit comme "personna non grata" dans l'espace Schengen par les autorités allemandes à cause du répertoire homophobe de son concert de Berlin du 13 juin 2007, en infraction avec la charte européenne des droits de l'homme, et en reniement les engagements qu'il avait puis sur le sujet..
Ce qui ne l'a pas empêché de se produire à Montreuil le 14 mai. (Maire de Montreuil: Dominque Voynet, qui a déploré, mais pas interdit). Pour venir à Montreuil, il serait entré en Europe par la Hongrie.
Si cette nouvelle se confirme, il faudra en déduire que Sizzla a essayé de faire endosser la responsabilité de son refoulement par "les activistes homosexuels français intolérants"... On aura bien le dernier mot un jour ou l'autre...
Enfin, pour vous récompenser de votre assiduité sur mon blog, voici une petite sucrerie pour vous détendre.
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