lundi 19 mai 2008

169° Le gay mariage californien: victoire ou coup fourré ?

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Avant hier, la cour suprême de Californie a cassé l'arrêt de la justice de l'état qui annulait les mariages gay prononcés par le maire de San Francisco Gavin Newsom en 2004.


La Californie, 39 millions d'habitants, état le plus riche et le plus peuplé des USA, serait la septième puissance financière mondiale par son PNB si elle était classée à part et non pas incluse dans les USA. Forcément, les décisions de sa cour suprême ne passent pas inaperçues! Les fanfares de la victoire ont résonné dans toutes les communautés gay du monde: quelle formidable brèche ouverte dans le mur du conservatisme! Est-ce si sûr?



D'habitude, il faut 18 à 22 mois à la cour suprême de Californie pour se prononcer sur un cas. Mais sur ce coup là, il lui a fallu 41 mois. Pourquoi ce délai inhabituel? Est-ce un hasard si cette décision tombe en pleine campagne électorale pour les présidentielles, campagne dont le mariage gay est un enjeu important?


Regardons de plus près ces élections présidentielles. Seulement 40% des électeurs américains y prennent part. 40% au nombre desquels on compte 25% de partisans convaincus, démocrates ou républicains, et 15% d'indécis, qui se prononcent au dernier moment en fonction de l'air du temps ou du charme des majorettes.


Et il y a, bien sûr les 60% qui ne votent habituellement pas, mais qui peuvent toujours le faire si un événement les titille, 60% qui se trouvent bien davantage dans « l'Amérique profonde » que dans les grandes villes où on est plus « moderne ».


Et dans l'Amérique profonde, on est très hostile au mariage gay...


Et si ce jugement de la Cour suprême qui tombe « au bon moment » était un pavé jeté dans la mare des présidentielles par les républicains pour réveiller les abstentionnistes et les faire aller voter en masse contre le mariage homosexuel?


Les républicains auraient voulu donner un coup de fouet à leur électorat paresseux, ils ne s'y seraient pas pris autrement.


Pour un risque minimal, car comment l'affaire peut-elle évoluer? Si les républicains de Californie veulent contester la décision de leur cour suprême, ils vont porter la patate chaude devant la cour suprême fédérale, à Washington. Et là, pas de surprise: la cour fédérale est majoritairement républicaine, et l'aventure du mariage gay y fera naufrage.


Cette décision pro-gay de la cour suprême de Californie pourrait donc être une sorte de sous-marin chargé de tirer deux missiles avant de se saborder. Le premier objectif est de faire élire MacCain à coup sûr en réveillant son électorat homophobe, et le second d'aboutir à un décret d'inconstitutionnalité du mariage gay par la cour suprême fédérale qui classerait le problème pour un siècle ou deux.


Alors vraie victoire ou kolossale finesse?



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2 commentaires:

Ouam-Chotte a dit…

En tous cas il faut jouer le jeu ! Et dire haut et fort notre satisfaction...

Jacques de Brethmas a dit…

Eh bien, dis haut et fort TA satisfaction...
Pour ma part, au jeu du plus con, je laisse volontiers gagner les autres.
Les poissons qui mordent l'hameçon ont, eux aussi, joué le jeu.

Nos libertés, ce n'est pas un jeu. C'est une stratégie politique. Elles sont l'enjeu de quêtes de pouvoir qui nous dépassent, les munitions de rivalités idéologiques qui donnent des clés à une finance internationale.

Elles façonnent un modèle de société favorable ou non à des transactions dans lesquelles nous n'avons aucune place.
Elles ne sont qu'on minuscule pion sur un immense échiquier.

Les "gens qui nous gouvernent" n'ont aucun intérêt à nous donner un "bonheur gratuit" tant qu'ils caressent l'espoir de nous en vendre un, illusoire mais qui leur rapporte.