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Quand, dans les années 60, j'ai dit pour la première fois à un gros con : « je suis homo et je t'emmerde! », je n'imaginais pas que la lutte dont je venais de distribuer le premier horion aboutirait un jour à voir les droits des gays promus au rang de sujet de débat dans des élections présidentielles.
Pas françaises, et encore moins américaines.
Souvenons nous qu'il existe encore aujourd'hui sept pays qui appliquent officiellement la peine de mort pour des actes homosexuels, même consentis (Afghanistan, Arabie Saoudite, Iran, Nigeria, Mauritanie chère au Paris-Dakar, Soudan et Yémen.), une quinzaine d'autres où des homosexuels sont couramment lynchés ou assassinés dans les coins sombres. (Russie et plusieurs anciennes républiques soviétiques, Jamaïque, pays d'Afrique Centrale, etc...), et encore plusieurs de la très proche Europe où ils se sentent si mal à l'aise qu'ils constituent une part conséquente des émigrants. (Pologne, Esthonie, Lituanie, Bulgarie, Malte...)
Soucieux de notre bonheur, ainsi qu'il l'avait déclaré lors de sa visite aux « sarkozistes de gauche » et autres « gays de droite » réunis aux « Bains-douches » pendant la campagne, déclaration et photos zappées dès le lendemain par son service de presse parce que jugées contre-productives, notre président-moi-je a, lors de sa récente visite, quand même félicité le roi Abdallah d'Arabie saoudite « pour ses progrès en matière de droits de l'homme ». Il est vrai que depuis quelques décennies, au pays du Hadj, on ne pend plus les homos, on les décapite au sabre. Il faut bien que le progrès commence quelque part.
En attendant, c'est aux Etats Unis que le statut des gays prend dans la campagne présidentielle une importance qui dépasse nos espérances, et même nos besoins. Certains « admirateurs de la liberté », je devrais dire « admirateurs d'une certaine liberté » pensent qu'au nom de ce principe, on doit pouvoir tout dire. Et en particulier tenir des propos homophobes. Pourtant, même dans leur terre promise d'outre atlantique, les propos racistes et antisémites sont considérés comme des incitations à la haine. Mais toujours pas les propos homophobes. Cela nous vaut certains débordements bien inquiétants.
Ancien pasteur de l'église baptiste, Mike Huckabee compare l'homosexualité à de la bestialité. Moi qui suis pourtant un bon athée, qui vit fort bien mes valeurs humanistes sans Prozac et sans évangile, je croyais que les pasteurs avaient lu l'évangile au moins aussi bien que moi, et qu'il y avaient trouvé que le bon chrétien doit ignorer la haine et le mépris, pratiquer une attitude de main tendue et de mansuétude à l'endroit de celui qu'il estime égaré, rayonner de charité, de bonté et d'écoute compassionnelle, bref d'autant de vertus dont le christianisme se croit le seul vecteur, un peu comme Microsoft semble professer qu'il n'existe point de salut informatique hors de ses programmes.
Eh ben non. Cette campagne nous apprend que le chrétien baptiste américain peut insulter et mépriser. C'est pas péché. Vive la liberté.! On lui interdit maintenant de s'attaquer aux noirs, le pédé fera l'affaire pour démontrer qu'il y a les «bons hommes » dans sa chapelle et « les mauvais » en dehors. Business is business.
Quant à son challenger républicain Mitt Romney, fils d'un ancien président de l'American Motors Corporation, -quand même-, et businessman prospère, il est mormon. Que dit cette église à propos d'homosexualité? Pas grand'chose de plus que sur la sexualité en général, c'est à dire qu'elle interdit toute pratique sexuelle « hors des liens du mariage et hors du but de procréer ».
Pour ses exégètes, l'homosexualité est une pratique sexuelle comme une autre: contrôlable et amendable. Autant dire que derrière ce voile de brouillard, Romney ne cache pas son intention, s'il est élu, outre de rétablir la peine de mort au niveau fédéral, d'abolir toute mesure législative prise en faveur des homosexuels aux USA, et de promettre les foudres de la loi à tous ceux qui ne « contrôleront pas leurs pulsions » et ne s'amenderont pas. A aucun moment, les mormons n'admettent que l'homosexualité puisse être une caractéristique profonde et inaliénable de la personne, et qu'il convient de la considérer comme telle.
Ça, c'est ce qui nous attend si par malheur, un républicain est élu à la présidence des USA. Du côté démocrate, c'est juste un peu moins pire. Après quelques atermoiements, Obama n'ose pas affronter la communauté gay, mais se garde bien de lui faire des promesses, sa position ne tenant qu'au vote de la très chrétienne communauté noire américaine. Hillary Clinton est un peu moins mal à l'aise sur la question, mais pas beaucoup: les USA est un pays où on ne peut pas faire un discours politique sans référence à dieu. Le créneau est donc étroit...
Du côté français, nos affaires ne sont guère meilleures. De son admiration pour le grand bazar outre atlantique, notre petit moi-je ne semble retenir que les mauvais côtés: La dissolution de la laïcité dans la raison d'état, l'infiltration des sectes et religions de toutes sortes dans la machine du pouvoir, les discours dangereusement anti-laïques et le hurlement avec la meute contre les minorités qui dérangent.
Dommage qu'il n'admire pas, par exemple, le respect de la protection des sources des journalistes, sacro-saint dans les pays anglo-saxons, reconnu par la Communauté Européenne, présent dans le code français (art 109) mais mal respecté, et au chapitre duquel la France fait figure de royaume médiéval.
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2007/12/le-journaliste.html
Rappelons le « discours de Latran » dans lequel petichef a parlé entre autres « des racines chrétiennes de la France ». C'est être myope dans le temps. Et les Gaulois? Et les peuplades cannibales des grottes du sud-ouest? Voir une analyse détaillée à :
Dans ce discours de Latran, il déclare encore que "la laïcité a tenté de couper la France de ses racines chrétiennes"... C'est ne rien comprendre à la laïcité qui instaure la liberté de toutes les religions et de toutes les croyances, et que les cathos (7% de pratiquants) pourraient bien enfin comprendre et même appeler très bientôt à leur secours pour faire face à la concurrence!
Et quel ecclésiastique a bien pu dire ceci dans un discours:
Que c’est le même besoin d’espérer qui leur fait tourner leurs regards et leurs mains vers le Ciel pour implorer la miséricorde de Dieu, le Dieu de la Bible, le Dieu des Évangiles et le Dieu du Coran ?
Finalement, le Dieu unique des religions du Livre.
Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le cœur de chaque homme.
Dieu qui n’asservit pas l’homme mais qui le libère.
Dieu qui est le rempart contre l’orgueil démesuré et la folie des hommes.
C'est encore notre président-chanoine-TGV, à Ryad, cette fois devant le roi Abdallah !.
Texte intégral de ce reniement républicain:
Samedi 12 janvier à Tourcoing, dans un discours devant le Conseil National de l'UMP, c'est à dire complètement hors de son rôle de « président de tous les Français », Nicolas Sarkozy, au moment où il soutenait l'investiture locale de Christian Vanneste, le célèbre multirécidiviste, a vu se lever dans la salle deux militants d'Act-Up avec une bannière.
Pendant que les déménageurs évacuaient les trublions, le célèbre orateur a meublé le spectacle par cette phrase:
"Ne vous inquiétez pas. Ça fait des années qu'ils protestent et ça ne sert à rien. Vous vous rendez compte, ils n'en ont trouvé que deux dans un pays de 64 millions d'habitants. Il n'y a plus que ça"
Un poivrot au coin du comptoir d'un café glauque n'aurait pas dit autre chose, n'aurait pas trouvé de mots plus dévalorisants pour couvrir de mépris des contradicteurs pourtant courageux. Les beaufs au secours de l'UMP. Quand Gaylib s'arrache-t-elle de l'UMP? Elle préfère son surnom de « club de masos »?
Il est vrai qu'en dépit des apparences, l'UMP en a bien besoin, des renforts de toutes sortes. Du haut d'une brillance qui tient plus à la richesse de ses soutiens qu'à celle de ses intentions, et à fortiori de ses discours, l'UMP a du souci à se faire.
Les « ralliés de l'ouverture » ont perdu leur crédibilité à gauche où ils ont trahi sans en gagner une once à droite où ils prennent la place d'un crocodile aux aguets. En plus, ils ont des sursauts de conscience, comme Fadela Amara « qui ne votera pas pour Sarko en 2012 ». Sans parler de la pluie des gaffes comme Rachida Dati avec ses « magistrats petits pois », Rama Yade qui s'insurge contre la présence de Kadhafi avant de rentrer piteusement dan le rang, et Kouchner qui va d'abord chanter avec Muhabett, chanteur allemand homophobe militant, puis se distingue en suspendant la signature du PACS dans toutes les ambassades du monde.
La côte de Sarkozy descend en-dessous de celle de son premier ministre, dont le seul mérite de ne rien faire se trouve ainsi récompensé.
Les candidats aux municipales s'engouffrent dans la « voie Vanneste » comme Jérome Rivière candidat UMP à Nice, qui déclare :
« Le Paris qui chante et qui danse n’est pas la France. L'association qui organise la gay pride n'est pas représentative des homosexuels français, qui d'ailleurs, ne représentent pas une communauté. »,
ce qui lui vaut de se voir rétorquer par des connaisseurs, n'en doutons pas, que sa perception du sujet résulte d'une analyse beaucoup trop pointue pour être anodine.
Même aux Antilles, le PS n'échappe pas à la mode, et « gronde » ses députés homophobes en se gardant bien de les exclure. Ce qui, on s'en doute, fait la joie de l'opposition locale.
Il aura fallu quelques années pour qu'il existe des « déçus du socialisme », d'autant plus que la droite de l'époque avait inventé le slogan bien avant qu'ils n'existent vraiment. (avant la réélection de Mitterand, notamment).
Par contre, en à peine quelques mois, les déçus du Sarkozisme sont légion. En fait, il n'y a que le monde de la finance et ses plus proches serviteurs qui peuvent s'en féliciter. Sorti de là, la magistrature, la médecine, les retraités, bastions de la droite, se joignent maintenant à la France de gauche pour déplorer les mesures qui piochent dans leur portefeuille, amputent leurs droits, diminuent leurs prestations, compliquent leur tâche, réduisent leurs rétributions, obèrent leur pouvoir d'achat.
Faisons deux colonnes: Qu'avons nous gagné? Qu'avons nous perdu?
Réponse partielle en avril.
Et enfin, suite à différents essais, l'article que vous venez de lire, y compris dans sa partie graphique et retouche de photos, a été entièrement réalisé, documenté et mis en ligne avec Linux Kubuntu. (Open Office, Mozilla Firefox/Linux, the Gimp, etc...)
Ubuntu de base (gnome) n'offrait pas toutes la puissance de manipulation d'archives de Windows. La version KDE dite Kubuntu semble bien plus prometteuse, même si la prise en main d'un nouveau système ne va pas sans quelques errements et de nouveaux apprentissages.
Ainsi, il existerait un avenir qui ne passe pas par l'onéreux et obséquieux Vista.
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2 commentaires:
comme promis voici mon premier commentaire...
Que dire...
Articles interressants certe, mais tellement pessimistes.
Pourtant il n'est pas forcément trés judicieux de se mettre la tête dans le sable, voyons les choses positivement : un utilisateur de plus dans la communauté Linux.
Communautée Linux, communautée homosexuelle, deux minorités... c'est une habitude chez vous ?
Euh?
Tête dans le sable? Moi?
Alors que tout le monde voit arriver le mur sans rien dire?
Le pessimiste est-il celui qui réagit ou celui qui laisse faire?
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