mardi 27 novembre 2007

132° Honnêtes et propres.

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Je me sens de plus en plus mal à l’aise dans ma peau de citoyen français. On avait déjà la fracture sociale, maintenant on a quasiment la guerre. Et de plus, nous avons un gouvernement qui nous ridiculise en nous représentant dans le concert des nations, et semble comprendre de moins en moins ce qui se passe chez lui au point qu’on se demande comment les gens qui le composent ont pu vivre dans notre hexagone avant d’en être les élus.

On disait en plaisantant qu’il y avait une langue des banlieues, alors que c’est sur des mots bien académiques comme « violence » que nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord.

Par où commencer ?

Quand quelqu’un a un problème, il ne cesse d’en parler. Les bronchiteux parlent de leur bronchite, les hépatiques de leur foie et les mal baisés de leurs prouesses sexuelles.

De quoi Sarkozy parle-t-il le plus souvent ? Vous savez, c’est ce monsieur censé nous représenter qui ne dit jamais ni "La France" ni "nous" mais toujours « Je ».

L’un de ses leit-motiv est « je suis le président de tous les Français ». Il le dit si souvent qu’il ne faut pas chercher plus loin : c’est de là qu’il est malade.

On finit par ressentir avec gène que c’est autant lui-même que les autres qu’il essaie de se persuader de la chose.

Or il est à craindre qu’il ne parvienne jamais à nous le faire croire si on le juge à ses actes : cadeaux fiscaux au peu d’entre nous qui ont « une vie fiscale », création d’une franchise de remboursement à la Sécu, application du principe de productivité et même de rentabilité aux services de l’état comme la justice, la police, le transport public, irruption du secteur privé dans l’éducation nationale, démantèlement de l’appareil provincial de l’état qui transforme la décentralisation en dérobade, en abandon des provinces à leur sort, etc…

Et après, on s’étonne que les abandonnés agissent en desesperados. On les traite de violents, comme si la violence n’avait qu’une forme, qu’un sens : abattre une main vengeresse sur la gueule d’un oppresseur ou d’un de ses représentant.

Tandis que les radiations des Assedic à répétition, l’envoi de forces de l’ordre contre ceux qui habitent dans la rue alors que ce sont ces mêmes forces de l’ordre qui les y ont déjà jetés le jour de leur expulsion, la suppression des subventions aux associations de quartier, des polices de proximité, le rejet de tous les curriculum vitae qui commencent par Mohamed ou Abdou, les banlieues pourtant proches oubliées des transport en commun, les gens qu’on a fait venir pour construire nos maisons et nos voitures et dont on jette aujourd’hui les femmes et les enfants, tout ça, non… ce ne sont pas des violences. C’est pas nous qui avons commencé, m’sieu…

Non, pour être le président de tous les Français, il ne suffit pas de le proclamer ou de l’imposer à coups de gourdin à ceux qui ont du mal à y croire quand ils voient le gouvernement à l’œuvre. Pour l’être vraiment, il faut être reconnu comme tel par tous les Français. Et là, les actes du nôtre sont très cyniquement et très volontairement en contradiction avec ses promesses.

Et ça se sent tellement que ça déborde jusqu’en Amérique où il s’est réjoui, dans un discours très officiel, de voir une dame comme Condolizza Rice, sans doute au prétexte qu’elle n’est pas cliente des salons de bronzage, représenter les « de souche non américaine » au gouvernement de Monsieur Bush.


Or, il n’y a pas plus Américaine que Condolizza Rice, dont les parents et grands parents saluaient déjà le drapeau étoilé au 19° siècle !. Alors qu’à côté d’elle, une Madeleine Albright, elle, est née en Tchécoslovaquie, vous savez, ce pays montagneux voisin de la Hongrie où les parents de notre président virent le jour. Ce qui n’empêche d’ailleurs pas Madame Albright d’être aussi américaine que les habitants de Villiers le Bel sont français.

Tout cela fait désordre, surtout lorsque notre ministre de l’Immigration et de l’Identité Nationale se lâche en direct sur M6 dimanche soir dans l’émission « Capital » où il se prend à "rêver d'une société idéale dans laquelle il n'y aurait que des citoyens honnêtes, propres (...) »

Je pensais, moi, que des choses comme ça, depuis Vichy, on ne les entendrait plus au gouvernement. Qu’on avait compris. Que ça resterait l’apanage de quelques cénacles de nostalgiques. Je suis déçu. Un peu honteux. Parce que, perdre les élections, en quarante ans de carte électorale, ça m’est arrivé pas mal de fois, mais je m’étais toujours retrouvé dans la république. Là, non. Pas cette fois. Je me croyais honnête et propre, mais si c’est ça, d’être honnête et propre, alors, je ne le suis pas.


Ou alors, c’est comme « violence ». On ne s’entend plus sur le sens des mots. L’incompréhension risque d’ailleurs bien d’être la même lorsqu’on va parler de pouvoir d’achat.

http://www.republique-des-lettres.fr/10062-rassemblement-democratie-television.php

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