Dans mon ancien blog, censuré par skyblog, j’avais consacré un article en août 2005 sur la pendaison de deux jeunes gays en Iran. Nous en étions au début du massacre des homosexuels dans ce pays. Deux ans ont passé et la chasse aux pédés tourne à l’holocauste et s'étend à l'Irak voisin.
Dans mon article n° 85 de ce blog, j’ai à nouveau dénoncé la situation des homosexuels irakiens. La documentation sur le sujet est très difficile, car les milices homophobes ont investi jusqu’au web pour débusquer leurs victimes, et l’information ne parvient que par bribes. Par exemple, cette déclaration de Ali Hassany, porte-parole des milices de la décence de Bagdad « Hamadi », placées sous la direction de Muqtada Al-Sadr, chef de file des chiites les plus radicaux:
« Ils méritent la mort. Ces gens posent un problème à notre société. Si leur famille n’est pas en mesure de les tuer de leurs propres mains, alors nous le ferons à leur place ».
Reprenons les choses du début :
En octobre 1979, l’ayatollah Al Sistani décrète une fatwa contre les homosexuels.
(bouton pour version française en bas à gauche)
http://en.wikipedia.org/wiki/Grand_Ayatollah_Ali_al-Sistani
Cette fatwa est prise très au sérieux par les différentes milices qui agissent pour appliquer la charia et la loi islamique dans le pays.
Devant l’ampleur du massacre, un groupe d’irakiens gay en exil se constitue à Londres « Iraqi LGBT », sous la conduite de Ali Hili, ancien journaliste et présentateur de la télévision contraint à l’exil.
http://iraqilgbtuk.blogspot.com/
Ce groupe, qui recoupe toutes les informations, estime que plus de 4000 homosexuels ont été exécutés en public en Irak entre 1979 et 2005. Sachant que le plus gros des massacres, comme nous allons le voir, est le fait d’escadrons de la mort qui débarquent nuitamment chez leurs victimes et les emmènent dans des coins sombres pour les exécuter sommairement, par combien faut-il multiplier le nombre d’exécutions publiques pour obtenir le vrai chiffre du massacre ?
Cette institution, Iraqi LGBT fonde une association d’exilés, Abu Nuwas, qui recueille ceux qui ont réussi à s’échapper de l’enfer et ont pu trouver refuge en Grande Bretagne, le seul pays qui reconnaît actuellement –du bout des doigts mais néanmoins-, un plus ou moins statut de réfugiés aux victimes de l’homophobie. C’est pas les déclarations de ces exilés qui racontent leur enfer que l’on a le plus de précisions sur ce qui se passe réellement dans le pays.
Par exemple : La milice vient en pleine nuit sortir de chez lui un garçon de 14 ans, suspecté de prostitution, et le fusille sur le trottoir en bas de chez lui. Les voisins, qui connaissaient bien le garçon, protestent devant tant de violence : deux sont arrêtés pour n’avoir pas dénoncé l’homosexualité de l’adolescent.
Un jeune homme de Bassorah fait une rencontre sur un site web anglais. Je dis bien un site anglais. Le profil de son correspondant ne convient pas, ils dialoguent néanmoins quelques instants. Dix minutes après, il entre en contact avec un garçon qui correspond à tous les critères qu’il venait de définir dans sa conversation avec le premier. Rendez-vous est pris dans un café : l’internaute est arrêté et conduit au ministère de l’intérieur. Sur la table d’interrogatoire, un imprimé des conversations qu’il vient d’échanger sur le web. Ses deux interlocuteurs étaient des policiers de la brigade de la décence et des mœurs.
Des brigades entières travaillent jour et nuit à ce que les religieux appellent « une épuration de la population pour mettre l’Irak en conformité avec les lois de l’islam ».
Tous les jours, des corps exécutés sont retrouvés dans des décharges publiques, avec dans les poches un papier expliquant que la mort a été donnée pour homosexualité. Tous portent des traces de torture et beaucoup de viol.
Les Américains refusent de protéger les homosexuels irakiens, tant du fait de leur homophobie culturelle que pour l’approbation donnée par Bush à l’appartenance d’Al Sistani au gouvernement de coalition. De la même manière, le ministre de l’intérieur irakien, lieutenant colonel Hussein Jaboury, se garde bien de s’opposer à la loi islamique, déclarant « que le gouvernement fait de son mieux pour protéger tout le monde, mais ne peut pas aller au-devant de ceux qui se mettent volontairement en danger ou hors la loi ».
Le ton monte : La mission d’assistance des Nations Unies en Irak, (UNAMI), saisie par différentes organisations internationales, Amnesty, Peter Tatchell (fondateur de feu « Out-rage », qui milite toujours sur son site :
saisie encore par l’International LGBT, les associations irakiennes anglaises, SOS homophobie, Act-up et autres, se fend d’un communiqué officiel le 10 mai 2006, qui dénonce les traitement inhumains et crimes contre l’humanité perpétrés en Irak contre les gays.
Réponse du berger à la bergère : le jour même, les autorités du pays réagissent, qualifiant le rapport de «superficiel» et l'accusant d'aborder des sujets restés tabous dans la société irakienne. «Ici en Irak, nous ne pouvons accepter l'information contenue dans ce rapport, a tenté d'expliquer Ali al-Dabbagh, le porte-parole du gouvernement. Par exemple, le rapport parle du phénomène de l'homosexualité et donne des droits [aux homosexuels] . Des positions pareilles ne sont pas supportables pour la société irakienne. C'est rejeté. [Les Nations unies] doivent respecter les valeurs et les traditions de notre pays.»
Pourtant, à la surprise générale, le 15 mai 2006, l’ayatollah Sistani, sans doute soucieux de crédibilité internationale, retire sa fatwa. Mais c’est bien peu et bien tard. Le massacre continue. On estime à 400 morts le nombre des victimes dans la seule ville de Bagdad depuis janvier 2007.
Or Bagdad n’est pas tout l’Irak…
Le retrait d’une fatwa aussi populiste n’est pas pris au sérieux par les intégristes qui continuent leur épuration.
Les membres des deux associations londoniennes Abu Nuwas et Iraqi LGBT déclarent aujourd’hui subir quotidiennement des menaces de mort par téléphone, email et par lettre. L’un d’eux a reçu chez lui un colis posté à Bassorah contenant un appareil génital momifié.
Que faire ? Qui interpeller ? Puisque notre gouvernement en est à voter « des mesures urgentes », le droit d’asile pour les homosexuels persécutés ne peut-il figurer au nombre des priorités ?
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