jeudi 20 décembre 2018

575° Faut-il remercier les casseurs ?





Depuis une bonne cinquantaine d’années, on manifeste gentiment avec des pancartes, des banderoles et des ballons sans jamais rien obtenir.

Parfois, on remplit des rues, des places, des quartiers entiers, mais rien n’y fait : le gouvernement répond parfois qu’il entend, mais il n’écoute jamais.

Voilà qu’excédés d’être ignorés depuis des décennies, le bon peuple s’énerve un peu et se met à casser des vitrines et à retourner des pavés.

Miracle : en quelques jours, on l’entend, on l’écoute, même… Le capitaine de la galère se fend d’un discours gêné et promet une double ration de lentilles. 




Il faut quand même analyser un peu…
Qui est le maître du dialogue ?

Cela semble clair, et vérifié par toutes les expériences : Le pouvoir reste toujours sourd aux revendications trop aimables, et n’entend que les manifestations tumultueuses.

D’une part, une écoute attentive de sa part n’obligerait pas les gens à s’énerver pour être écoutés, et d’autre part, n’établirait pas le schéma pavlovien au nom duquel on n’obtient un sucre qui si on on montre les dents et fait voler les pavés…

Il y a donc toute une éducation du pouvoir à faire, afin qu’il cesse de vivre sur une autre planète, ait notion du quotidien du bon peuple, et réponde en français intelligible aux questions qu’on lui pose quand on lui demande deux balles pour finir le mois, au lieu de s’abriter derrière des tirades d’un incompréhensible idiome technocratique

Qui donc éduque nos dirigeants, en fait des interlocuteurs froids, même glaciaux, les fait vivre dans un autre univers d’où nos préoccupations sont absentes, bref, pourquoi constituent ils une caste ?

Parce que la plupart d’entre eux sont issus du même giron, ont reçu la même éducation, et c’est là qu’il faut porter le fer.




Fermer L’ENA.

Pas le réformer, pas le mettre à jour, pas le remodeler.
Le fermer définitivement comme on dissout une secte intégriste en condamnant les gourous, et avec menace de « reconstitution de ligue dissoute » si d’aucuns essaient d’en rebâtir une copie à côté.

Voilà des gens qui se forment entre eux à gérer les humains, les gens, les peuples, avec des critères purement financiers, des méthodes d’où la notion d’humanisme est totalement absente, un peu comme s’ils étaient directeurs de zoo au début du 20° siècle, avec pour seul objectif le chiffre du tiroir caisse et l’entretien déshumanisé du cheptel humain qui sert de fonds de commerce.

Voilà une secte qui se coopte sans cesse, dans une sorte de partouze incestueuse géante qui ne produit plus que des monstres consanguins, phagocyte tous les leviers du pouvoir, fait de la République son pré carré, forme ses janissaires à sa discrétion et prétend établir sa doctrine productiviste en morale sociale, qu’il présente comme seule capable de pourvoir à l’avenir des peuples.


Ces serviteurs quasi-pavloviens d’un logiciel de traite humaine passent leur temps à pelleter l’argent du bon peuple dans une énorme chaudière intitulée « finance internationale », qui ne réchauffe qu’eux, et les esclaves sont sans cesse fouettés pour nourrir ce monstre insatiable dont ils ne profitent jamais.

Quand les braves gens demandent des sous, on leur dit qu’il n’y en a plus. Effectivement, le monstre a tout mangé. Mais pourtant cet argent continue à exister. Sur l’autre planète.

Et tout le monde sait bien où il se trouve.
Ceux qui en auraient bien besoin, mais qui ne peuvent pas l’atteindre, et ceux qui font semblant de l’ignorer parce qu’ils sont formés, mis en place et grassement nourris par leurs maîtres pour protéger le trésor et le réserver à leur seul usage.

En fermant l’ENA, qui en plus de nos édiles, a déjà formé 3300 élèves étrangers, on attaque à la source l’un des principaux nids de frelons.

Or curieusement, ni les Gilets Jaunes, ni les insoumis n’ont jamais exigé la fermeture définitive de ce monstrueux sérail…




Cela permettrait de mettre fin à quelques canons de la superstition financière qu’on nous rabâche inlassablement comme des versets d’une bible.

Par exemple qu’il y aurait une contradiction entre moins d’impôts et plus de service public.
C’est faux !

Dans la logique des énarques, oui, mais si on arrête de nourrir le monstre insatiable, il y a largement assez d’argent. L’ISF, le CICE, les cadeaux faits aux entreprises pour implanter des usines qu’ils ferment trois ans plus tard, la fraude fiscale qu’on n’attaque pas vraiment de face. les milliers de comités Théodule que l’on constitue un peu partout pour répandre la foi et noyer le poisson trop aventureux..

N’oublions pas que la France est, cette année, également championne du monde du pourcentage de bénéfices versés aux actionnaires, au détriment, bien sûr, de l’investissement, de la recherche et des salaires.

Au nombre des blagues d’énarques, on compte également la croyance suivant laquelle on ferait diminuer la part de pollution des voitures en taxant l’essence jusqu’à l’insupportable.

Totalement ridicule, et digne de gugusses pour qui l’automobile se résume à une banquette arrière avec un esclave en casquette qui conduit à l’avant.

Les gens ne s’amusent pas à faire des kilomètres pour rien, à brûler de l’essence pour le plaisir.
Ils vont au travail, faire les courses, poser et reprendre les enfants à l’école, chez le médecin.

Autant de déplacements indispensables pour lesquels il n’existe aucune alternative de transport dans les campagnes où le prix du logement urbain les a repoussés.

Ne sont-ce pas des énarques qui ferment les gares et les petites lignes de chemin de fer?
Ne sont-ce pas les énarques qui ont favorisé le transfert du fret du rail vers la route, alors que l'écologie qu'ils prétendent défendre exigerait exactement le contraire ?
 
Alors ruiner les braves gens avec des taxes sur le carburant c’est un fantasme de technocrate, mais c’est parfaitement irréaliste, et surtout, totalement inefficace.

En rétablissant les passerelles entre le pays des Français et le pays des cols blancs, on pourrait peut-être imaginer des relations plus harmonieuses entre ces deux identités dont chacune a besoin de l’autre pour survivre. La vie d’un couple déchiré est épouvantable…


La police peut également remercier les gilets jaunes

Au hasard de l’actualité, on apprend que les policiers et autres robocops du maintien de l’ordre n’arrivaient pas à se faire payer des milliers d’heures supplémentaires qu’il avaient exécutées depuis plusieurs années pour garder le petit trésor de leurs maîtres. (Voilà des maîtres bien ingrats...)

Grâce aux gilets jaunes, il viennent d’obtenir partiellement satisfaction. On va leur payer leurs arriérés.
Pour eux aussi, la casse a payé.

Mais ce n’est, comme pour les gilets jaunes, qu’une satisfaction partielle.

Aux gilets jaunes, il reste à transformer l’aumône de la prime d’activité en réelle augmentation, à obtenir la réindexation des retraites sur le coût de la vie, et à déclencher la mise en œuvre de diverses requêtes fondamentales qui complètent le package.

Là, ça ne commence pas très bien, puisque le pouvoir a déjà annoncé qu’il ne toucherait pas à l’ISF. Or c’est justement là « la mère de toutes les revendications ». Ce n’est pas la plus lucrative, mais c’est de loin la plus symbolique.
Il faudra bien qu’ils y passent, sans quoi ils vont encore voir se lever des fourches en direction des fenêtres de leurs palais. On attend et on compte les points.

Aux policiers, il reste à obtenir du matériel, des locaux, l’ouverture ou la réouverture de postes de police stratégiques et la réhabilitation des locaux qui sont, faute d’entretien, devenus insalubres.
Pour eux non plus, la tâche n’est pas achevée.

Remarquons avec une ironie jouissive que, fort de son arrogance, le pouvoir s’était débarrassé des « acteurs intermédiaires », et notamment des syndicats, qu’il regardait comme des empêcheurs de s’enrichir en rond.

Or devant les incontrôlables Gilets Jaunes voilà le gouvernement qui les rappelle à son secours.
C’est contre la nature des choses : la vocation des syndicats est de défendre le petit peuple contre la technocratie. Mais là, les syndicats sentent leurs prérogatives leur échapper, et oublient toute déontologie.

Toute honte bue, ils reviennent à la table avec la langue gourmande des toutous qui ont vu le sac de croquettes.





Les gilets jaunes ont-il intérêt à se constituer en parti politique. ?

Sûrement pas. Ce qui fait leur force, c’est d’être hors système.
C’est leur caractère apolitique qui leur permet de focaliser leur énergie sur le fonds des revendications sociales, sans se laisser diviser par les requêtes « politiques »
Sur tous les ronds points qui tournent rond, il est écrit : « débats politiques interdits ».

L’objectif fondamental, c’est la récupération du pouvoir d’achat phagocyté par le pouvoir politique, précisément. En s’enrôlant dans les légions partisanes, ils se placeraient sous les ordres de manipulateurs professionnels qui les convaincraient d’oublier le cœur de leur démarche au profit d’exigences extrémistes ou partisanes sans intérêt.

Et accessoirement, ils rendraient un signalé service à la Macronie, qui se frotte déjà les mains de voir son opposition se diviser par l’irruption d’un nouveau parti au nombre de ses ennemis.

L’actualité est un spectacle étonnant : quel scénariste aurait imaginé cela ?
Pire : un bon scénariste aurait éliminé pareille hypothèse en la jugeant trop peu crédible !





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