jeudi 30 août 2018

570° Les Gaulois laïques et les Danois luthériens...





Les Français ont pris l’habitude d’essuyer les insultes de monsieur Macron.

Il les a déjà traité de 
  • « fainéants », (24 août 2018, discours de Bucarest)
  • de « gens qui ne sont rien » (Paris, Halles Freyssinet, 2 juin 2017)
  • de tabagiques et d’alcooliques en échec scolaire (Noeud-les-Mines, 20 septembre 2017)
  • il a fustigé les Français en T-shirt de la CGT, « travaillez pour vous payer un costard », 
  • traité les employés de la société GAD « d’illettrés »
et j’en oublie.…

 On finit par ne plus y faire attention.



Mais ce n’est pas cette insulte supplémentaire de « réfractaires aux changements » qui me semble l’élément préoccupant de son discours de Stockholm. On reviendra plus loin sur le « réfractaires aux changements».


Une insupportable atteinte à la laïcité.

Ce qui me semble particulièrement grave, c’est cette nouvelle atteinte à la laïcité qu’induit ce discours et et que ni la presse ni l’opposition ne semblent avoir remarquée.

Dans la logique de sa déclaration, et par opposition au caractère « réfractaire » des Français, il associe la « culture luthérienne » des Danois à leur supposée docilité.

Ce faisant, il se range d’emblée dans cette catégorie de chefs d’état qui s’appuient sur la religion pour établir leur pouvoir. Et ça, ce n’est pas Français, mais alors pas du tout. 

Ce n’est plus « l’ancien monde », là, c’est l’ancien régime !!!


Macron, qui se prend pour un gourou et conduit le gouvernement et « En marche » comme un gourou dirige une secte, semble compter la mitre et le goupillon au nombre de ses instruments de pouvoir.




Je regrette très vivement que ni la presse ni l’opposition n’aient relevé cette faute dans les élucubrations macronesques.

Bon, de l’opposition de droite, qui penche fortement vers l’extrême droite, on n’attend guère de ferraillage contre la religion. Ils sont égarés dans les racines chrétiennes, et ne parlent de laïcité que quand ils voient des Musulmans.

Mais de la gauche ? Trop occupée à se déchirer les restes d’une gauche française bien de chez nous pour relever ces graves blessures infligées à la laïcité républicaine ?

Ceci dit, examinons cet « esprit réfractaire aux changements ».
Allons chercher « réforme » dans le dictionnaire, puisque c’est un train de « réformes » que Macron et Philippe entendent conduire à toute vapeur malgré leur impopularité grandissante.

Larousse :

Changement qu'on apporte (dans les mœurs, les lois, les institutions) afin d'en obtenir de meilleurs résultats (amélioration).

Les réformes de Monsieur Macron apportent-elles des améliorations qui profitent à tous ?

Dépouiller des millions de pauvres pour satisfaire quelques milliers de riches, est-ce une réforme « profitable à tous » ?




Précariser l’emploi, amputer les APL, réduire les indemnités sociales de toutes sortes sous prétexte de les « harmoniser », taxer les retraités, augmenter l’inscription à l’Université, et se lamenter ensuite que « la croissance est en berne » alors qu’on a privé 95 % des Français du pouvoir d’achat qui aurait pu la soutenir, est-ce une politique cohérente ou une divagation ubuesque ?

D’abord, quand Jupiter dit toute son admiration pour « la culture luthérienne » de ce beau pays où on peut « licencier par SMS en un jour », il oublie de dire, -dans sa crise d’extase - que le Danemark est – de loin - le pays du monde où les chômeurs sont le mieux traités, alors que lui, de son côté, persécute les chômeurs français de toutes ses forces comme si casser le thermomètre allait faire baisser la température.

Et c’est à coup d’omissions et de cachotteries de ce genre qu’il espère faire avancer son rouleau compresseur ?

Macron est un marquis de salon lambrissé qui n’aime pas le bon peuple, et il a tellement peur qu’on s’en aperçoive qu’il consacre des discours entiers à dire « qu’il aime la France et les Français » avec une insistance qui laisse entendre qu’il veut s’en persuader lui-même avant d’en assurer les autres. 

Il l’a encore fait ce matin jeudi 30 août dans son discours d’Helsinki, supposé recoller les pots cassés de la veille.

Il faut arrêter de nous mépriser, monsieur Macron, de nous regarder comme un grouillement populacier du haut de votre pupitre informatique et de votre fauteuil de banquier.

Vous voulez des exemples de réformes qui passeraient dans la joie, sans manifestations, sans contestations. On peut vous en donner, de tels exemples, ça vous évitera de dire que nous sommes réfractaires.

On pourrait par exemple imaginer que vous restauriez le pouvoir d’achat des retraités, gelé depuis cinq ans, le remettiez à un niveau digne et renonciez à votre CSG scélérate et sans contre-partie…
Au lieu de cela, vous aggravez le blocage perpétré par vos prédécesseurs par une désindexation du coût de la vie, et vous lui rajoutez un impôt…



On pourrait imaginer que vous décidiez de loger proprement tous les exclus de votre impitoyable système qui ont été jetés à la rue par les huissiers… Au lieu de cela, vous rognez les indemnités de chômage dans leur montant et dans leur durée…

On pourrait imaginer que vous rendiez aux Français les autoroutes qu’ils ont payées et amorti depuis longtemps, au lieu de conforter les financiers qui les exploitent en rançonnant nos déplacements.

On pourrait imaginer que vous classiez les voitures suivant leur consommation et leur pollution réelles en pénalisant toutes celles qui sont inutilement grosses et puissantes. Au lieu de cela, vous les classez par date de fabrication, permettant aux riches de rouler dans d’inutiles monstres dernier cri plein de grosses roues, et empêchant les pauvres de vaquer à leurs occupations dans leur petite auto laborieusement payée…

On pourrait imaginer beaucoup de choses sur les moyens des universités, des hôpitaux, des commissariats, etc.

Et avec quoi on finance tout ça, me direz-vous ?

Facile : la France est le pays qui rétribue le plus grassement ses actionnaires. Il n’y a pas un petit impôt à récolter, là, par exemple ?





Le patrimoine des milliardaires augmente six fois plus vite que le prix du travail. Il n’y a rien à taxer, là ? Au lieu de cela, vous supprimez l’impôt sur la fortune.



Depuis 1998, le patrimoine « moyen » des Français a doublé, mais celui des plus pauvres a diminué de 30 %. Il n’y a pas une inégalité à corriger, là, avec un impôt judicieusement appliqué ?

Alors, il faut arrêter de croire et de faire croire que les Français sont un peuple ingouvernable.




Sans compter que si vous augmentiez le pouvoir d'achat des Français, cela ne leur donnerait pas pour autant les moyens de placer ce supplément dans un paradis fiscal: ils le dépenseraient immédiatement et cet afflux d'argent sur le marché serait une  contribution fort utile à la restauration de la croissance dont vous déplorez la disparition...

Les Français sont avides de réformes, à condition qu’elles aillent dans le bon sens. Ce ne sont pas les plus pauvres des plus démunis qu’il convient de secourir dans un programme de « lutte contre la pauvreté » qui aura des effets plus spectaculaires dans la presse que dans la rue, c’est toute la classe moyenne, la majorité des Français, qu’il convient de restaurer dans leurs droits et prérogatives, au lieu de les taxer et de les imposer comme des vaches à lait.

Ce n’est pas parce que vous dites quelque chose qu’on va le croire. Vos prédécesseurs l’ont tenté avant vous.

Mais, si vous cultivez l’impopularité avec tant de frénésie, vous risquez bien de voir votre quinquennat se terminer prématurément dans un grand tumulte.




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