On pourrait penser
que la pensée de gauche, traditionnellement pétrie d’humanisme,
d’esprit républicain, d’égalité des droits, de bien public
élevé en but ultime, de richesse équitablement partagée et de
sens de l’état contribuerait à donner aux partis de gauche une
force morale et intellectuelle capable de les porter naturellement
aux commandes de la République.
Les évènements
nous montrent que c’est trop leur demander. En fait, comme toutes
les belles et nobles causes, les allées du pouvoir sont parcourues,
infiltrées, phagocytées et littéralement occupées par une cohorte
d’aventuriers politiques qui cherchent à tout prix un poste dans
« l’entreprise gouvernement » et sont prêts à vendre
des idées qui ne sont pas les leurs si la place est confortable et
les prébendes généreuses.
Nous avons tous vu
dans des entreprises des entristes occuper des postes dont ils n’ont
pas le profil.
Le problème est que
quand on a mis un pied dans l’imposture en se faisant élire, on ne
sait plus très bien jusqu’où on peut aller sans que « ça
ne se voie », et surtout aussi que dès lors qu’on a déjà
violé sa conscience et sa probité en acceptant un poste pour lequel
on n’est pas fait, on n’a plus guère de scrupule à trahir
davantage les électeurs qui comptaient sur vous pour accomplir la
tâche.
Tout cela nous donne
des gens qui se font élire président au nom du parti socialiste,
puis qui mènent une politique en totale contradiction avec les
aspirations de leurs électeurs, pratiquent la destruction du code du
travail, fomentent des attaques aux statuts de la nationalité et
usent et abusent de modes de gouvernement à coups de 49/3 qui sont
autant d’injures à la démocratie.
Déjà, en 2005,
j’avais été choqué de voir le parti socialiste, en totale
contradiction avec la vox populi qui refusait, par referendum, la
nouvelle constitution européenne, s’allier au conglomérat
droito-financier qui plaidait le oui.
Pire, c’est avec
l’appui d’une grande partie des députés socialistes que Nicolas
Sarkozy sodomisait l’expression démocratique du referendum de 2005
en faisant adopter ce traité de Lisbonne par voie parlementaire le 9
février 2009.
Entre temps, les
mauvais camarades socialistes avaient déjà lâché Ségolène
Royal, dûment élue candidate à la présidentielle par des
primaires de gauche fin 2006. Faute de ce soutien, la pauvre Ségolène
avait échoué de peu à la finale de 2007 face à un Sarkozy qui,
lui, bénéficiait du soutien bien réel et actif de son parti.
Personne n’avait
sérieusement parlé d’assassinat politique à l’époque, mais
avec le recul, force est de constater que c’en était bien un.
Cela faisait donc
déjà deux fois en deux ans que les dirigeants socialistes
s’asseyaient sur la voix de leurs militants pour mettre en œuvre
une politique dont le peuple ne voulait pas et contre laquelle,
justement, ils avaient été élus.
Un serial killer
récidive toujours, et en 2017, le parti assassin a encore sévi.
Le peuple de gauche
élit un candidat à la présidentielle : Benoît Hamon.
Son cheval de
bataille, c’est le revenu universel.
Loin d’être une
nouveauté : le principe du revenu universel sous différentes
appellations, est issu du siècle des lumières, puis mis en
pratique par les premiers grands penseur sociaux, comme Charles
Fourier et Jean Baptiste Godin, horrifiés par la condition ouvrière
du XIX° siècle.
Benoît Hamon, entre
autres idées novatrices, prône également la légalisation du
cannabis. Cela a l’air marginal, ça ne l’est pas du tout :
c’est l’herbe qui fait rire, l’idée, elle, est très sérieuse.
Tous les pays qui ont légalisé le cannabis ont vu la consommation
du produit diminuer sans augmentation compensatrice de l’usage
d’autres drogues, et également vu s’anéantir la délinquance
liée à son marché noir.
La Hollande, le
Portugal, l’Afrique du Sud, 9 des 50 états américains, Uruguay,
Chili, Colombie, etc.
Le Canada s’apprête
à son tour à légaliser le produit dans les mois qui viennent.
24 autres états
américains et 22 pays divers l’autorisent sous indication
thérapeutique.
Benoît Hamon était
le seul candidat réellement innovateur, le seul visionnaire d’un
futur à long terme. C’en était trop pour un parti aussi
résolument conservateur que le parti socialiste, et les imposteurs
qui se le sont approprié ont donc perpétré le troisième
assassinat politique de leur carrière.
Pourtant, encore une
fois, le pauvre peuple a fait ce qu’il a pu, révoqué les traîtres
sociaux par voie de primaire, peine perdue.
Les ringards du
socialisme de salon se sont tous tournés, les uns après les
autres, vers le candidat encore naïf qui incarne le mieux la
continuité de leur bobocratie. Ils espèrent simplement le maîtriser par un chantage à la majorité parlementaire
et changer de château après l’élection.
Et pendant ce
temps-là, c’est Fillon qui se dit victime d’un assassinat
politique.
On notera
d’ailleurs, que, dans un camp comme dans l’autre, tous les
anciens ténors dégagés par la primaire, après quelques
convulsions, se sont retranchés dans un étrange silence. Que cela
ne nous rassure pas, ils ne tiennent aucun compte du message de leur
défaite.
Ils sont en train de
bétonner leurs positions pour les législatives, persuadés que
cette échéance leur permettra de revenir par la fenêtre d’une
scène dont on les a pourtant virés par la grande porte.
Que peut penser de
tout cela un pauvre citoyen comme moi ?
D’abord, à ce
vieux proverbe arabe qui dit :
« Si tu te fais niquer une fois, c’est pas de chance,deux fois c’est que tu as la comprenette ensablée,et si tu te fais niquer trois fois, c’est que tu aimes ça ».
Alors, la mort dans
l’âme, me voilà résolu à sacrifier ce pauvre Hamon malgré
tous ses mérites, et au nom de la cause du peuple et du bien commun, à voter pour Mélenchon qui, s’il ne correspond pas tout à fait à
mes aspirations, reste, dans les « possibles », celui qui
s’en écarte le moins.
Le PS est un serial killer.
Il procède à l'assassinat politique de tous les représentants que lui donnent le peuple de gauche. Je ne veux plus être complice.
Pourtant, je me
réjouissais à l’avance de ces élections de 2017. Depuis
cinquante ans que je vote, je n’avais eu que deux fois l’occasion
de mettre dans l’urne le bulletin d’un candidat qui me convenait
et de le voir élu : c’était François Mitterrand en 1981 et
1988….
Cette élection de
2017 allait me permettre, pour la troisième fois, d’élire un
candidat vraiment visionnaire et annonciateur de progrès social et
sociétal.
Patatras ! Les
politicards en costume de la rue de Solférino en ont décidé
autrement.
Alors, j’irai,
d’une main désabusée, glisser mon petit Mélenchon dans les
urnes. Je ne suis pas totalement convaincu du bien-fondé de tout
son programme, (même si, en toute modestie, je n’en ai pas de
meilleur à proposer...) mais rien que le spectacle de la gueule que
tireront les vieilles sangsues de la politicaillerie à la vue de son
élection suffira à me consoler.
Et puis allez, pour
essayer de se rassurer : Je constate chez lui un assagissement,
une meilleure maîtrise de son impulsivité, un début d’installation
dans le costume. Quitte à affronter une transition difficile, il y
aura moins de monde dans la rue avec Méluche qu’avec
Fillon-la-manif-pour-tous, son holocauste social et son cortège
d’exclusions.
Faute de pouvoir
voter « pour », on est bien sûr obligé de voter
« contre », et Mélenchon représente une manière de
s’insurger autrement plus élégante que celle que représentait la
grosse blonde jusqu’ici, et à laquelle, pour rien au monde, je ne
me serais résolu.
De toute manière,
aucune réforme sérieuse ne pourra se faire sans « une
certaine agitation », et je fais donc confiance au « meilleur
agitateur » pour pratiquer ce désordre dans un ordre
raisonnable.
Mais alors, et
Macron ? Que fais-tu de Macron ? me demandent mes amis qui
ont une carrière professionnelle en pleine expansion alors que ma
retraite n’a pas augmenté d’un centime depuis cinq ans…..
Eh bien, Macron, une
bonne justice ne permettra pas de le mettre en examen pour
« assassinat politique en réunion » puis qu’il
« n’appartient pas » au parti socialiste. Mais comme
l’appartenance à ce parti n’est plus une garantie de « vraie
valeurs sociales et humanistes », finalement, ce n’est pas
très grave.
La punition sera
suffisante de
savoir avec qui il pourra gouverner s’il est élu et d’où il
sortira une majorité de compromission pour le servir.
Car ce n’est pas la peine, au prétexte de ne vouloir
que des personnalités nouvelles en politique, que de ne recruter que
des jeunes loups qui ont les dents encore plus longues que ceux
qu’ils veulent déloger.
Nous avions un
panier de crabes, avec lui, nous aurons une meute de loups.
L’hiver risque
d’être rude. Entassez vos noisettes…
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