La Belle et la Bête
un film « homosexuel » ? Quelle rigolade !
Le dernier Disney
fait la une de la presse internationale pour sa propension à attirer
l’attention des censeurs. On parle de « scènes
homosexuelles »…., puis devant une réalité qui semble
rétrécir à vue d’œil, de « moments homosexuels »…
Qu’en est-il ?
J’ai été le
voir...
Il faut être
véritablement tordu et obsédé pour y voir un gramme
d’homosexualité.
Le gens qui
s’attaquent à ce film sont véritablement focalisés par la haine
des homosexuels, par la recherche, voire l’interprétation
malveillante du plus petit détail qui pourrait éveiller dans leurs
désirs chaotiques et surtout inassumés la moindre parcelle de
l’homophobie dont ils font le plus souvent profession.
A moins que cette
manière de voir de l’homosexualité et des homosexuels partout ne
résulte pas seulement de leurs frustration, mais également de la
nécessité alimentaire qui est la leur de « vendre » de
la haine. Nous y reviendrons.
Cela me rappelle un
petit souvenir de jeunesse. Le hasard de mes tribulations scolaires
m’a amené un jour, -enfin un mois ou deux, je me suis fait virer
très vite-, dans un internat tenu par des religieux -catholiques,
est-il utile de le préciser-, qui étaient absolument obsédés par
le zizi adolescent.
Lorsqu’on marchait
en rangs, il fallait suivre les deux qui vous précédaient à un
mètre pour éviter « tout contact » qui n’aurait pas
pu être accidentel, mais forcément volontaire, et donc pervers et
démoniaque. Il était interdit, à l’étude, de soulever son
pupitre sans demander la permission, car le couvercle constituait
bien sûr un paravent propre à cacher les pires turpitudes
Les dortoirs…
Chaque lit était entouré de rideaux supposés occulter les regards
concupiscents…
Dans la pratique,
c’était plutôt contre-productif car ils empêchaient toute
surveillance d’ensemble, et favorisaient donc certains voisinages
et certaines rencontres nocturnes que vous imaginerez bien mieux vous
mêmes que si je vous les raconte.
Les douches…
C’était un couloir avec dix cabines de douche ouvertes, cinq de
chaque côté. Mais pour éviter tout face à face, on ne pouvait
utiliser que celles d’un seul côté. Les cinq élus devaient y
entrer en même temps ceints de leur serviette, et en sortir en même
temps dans le même accoutrement pour ne pas passer devant les
cabines où un autre aurait été encore nu.
Résultat de cet
ordre militaire, les séances de douche qui auraient pu se solder en
une heure occupaient une demi-journée de la vie du collège.
Bilan de cette
obsession : tous les gestes de la journée étant guidés et
empreints de ce souci de « sécurité pudibonde
anti-sexuelle », on ne pensait qu’à ça tout le temps… Il
fallait, dans chacun de nos gestes et chacune de nos attitudes, et
même dans des occupations où nous aurions volontiers pensé à
autre chose, prévoir et imaginer ce que les fantasmes tordus et
malveillants des bons prêtres pourraient interpréter, qui ne
manquerait pas de nous attirer une punition.
L’omniprésente
préoccupation de non-sexualité qui régnait dans la maison prenait
largement le pas sur ce qu’auraient pu être nos curiosités
juvéniles naturelles… D’autant plus que la nudité ou quelques
gestes enfantins, à l’âge du collège, doivent bien davantage à
la curiosité de l’adolescence qu’à des pulsions sexuelles…
Accusés en permanence d’une perversion que nous n’avions pas,
regardés comme des obsédés que nous n’étions pas, comment
pouvions-nous nous détourner de l’attrait de l’interdit ?
Ce sont ces prêtres qui nous ont appris où se nichait « le
vice ».
La censure qui
s’abat sur la Belle et la Bête, c’est un peu la même chose. Et
c’est bien dommage, parce qu’à bien des égards, nous avons là
un des plus beaux films de l’histoire de Disney.
C’est d’abord
une comédie musicale particulièrement réussie.
A mon avis,
meilleure que Lalaland, qui vient pourtant d’obtenir l’Oscar du
meilleur film…
Et les auteurs connaissent leurs classiques : On y retrouve les pièces montées de ballets et les figures en kaléidoscopes de Busby Berkeley, les décors gigantesques des Ziegfeld Folies, les fontaines des films d’Esther Williams, un remake de la scène culte de la Mélodie du Bonheur où l’héroïne chante en gambadant dans des prairies montagnardes fleuries, les auberges d’Oklahoma et les saloons du Far West à peine transposés et j’en passe. Le réalisateur, un monsieur Condon, aime la comédie musicale et connaît ses classiques.
Ajoutons à cela des
décors à la mesure de ce que permettent les moyens graphiques
modernes. Le château est au-delà de l’extraordinaire. L’extérieur
et l’intérieur. Les décors sidérants. Et tout cela empreint
d’une grande beauté.
Parlons aussi de la
musique, d’Alan Menken, déjà auteur de la musique de la version
animée de la Belle et la Bête de 1991.
On lui doit aussi
les musiques de la Petite Boutique des Horreurs (1986), de la Petite
Sirène (1989), d’Aladdin, de Pocahontas, du Bossu de Notre Dame,
de Raiponce et du Blanche Neige de 2012.
On n’y trouve pas
le tube » qui va traverser la planète, mais la plupart des
mélodies sont très agréables, et gratifiées d’une orchestration
symphonique très spectaculaire.
Chapitre lyrique, le
film présente plusieurs scènes de ballets très au point et très
soignées, allant de la taverne villageoise à la grande salle de bal
du château…
Comme dans tous les
Walt Disney qui se respectent, il y a une foule d’objets qui
s’animent, des pendules, des candélabres, des théières, des
armoires et des fauteuils.
Et je me demande si
ce c’est pas cela, finalement, qui gène les intégristes
religieux : toute cette magie à laquelle leurs écritures
stupides et leurs dogmes imbéciles ne laissent aucune place. Mais
ils n’osent pas cette attaque frontale qui paraîtrait désuète.
Alors, ils
s’attaquent à deux personnages qui prêtent le flanc à leur
obsession : un désir supposé homosexuel. (à peine évoqué,
il va sans dire).
Le premier s’appelle
LeFou. C’est un domestique un peu grassouillet, plutôt moche et
qui le sait, un brin retors, bref qui a toutes les tares que les
homophobes prêtent volontiers aux homosexuels pour mieux les
dévaloriser. Il a une chanson dans le film, qu’avec un peu de
mauvaise foi, on peut interpréter comme un gazouillis d’amour à
son bellâtre de maître, lequel est pourtant résolument hétéro,
et même vilainement machiste. Autant dire une cause perdue…
Le second est
tellement furtif qu’il n’a même pas de nom. On le voit deux fois
dans le film, moins d’une seconde à chaque fois. Par surprise,
comme un gag. La première fois, il prend je ne sais quel projectile
coloré sur la tête, qui le colore en rose comme si cela le
maquillait. La seconde fois, on le voit en un éclair danser avec un
homme dans un plan général échevelé d’une salle de bal où
virevoltent une cinquantaine de couples. Il « traverse
l’écran » en moins d’une seconde. C’est si rapide qu’il
faudrait faire un arrêt sur image pour le voir vraiment...
Et c’est pour cela
qu’il faudrait condamner un film aussi réussi ?
Foutaises !
Le bilan :
Le film est interdit
aux moins de seize ans en Russie, autant dire « mort » vu
sa cible d’audience. En Malaisie, il a été l’objet d’obscures
tractations. La commission de censure y avait fait des coupures et en
réponse, Disney avait décidé de retirer carrément le film. Disney
étant un acteur économique puissant du pays, où il possède
différents « resorts » et draine des entrées
touristiques importantes, le film a finalement été… rétabli
intégralement !
Disney en profite
même pour faire entrer de force dans le pays la nouvelle saison de
Power Rangers, qu’il distribue dans l’Océan Indien, et dont la
censure malaisienne ne voulait pas non plus pour cause de couple
lesbien un peu trop camionneuses.
La Belle et la Bête
a peu de chances de sortir dans les pays du golfe et autres émirats,
et même aux États Unis, certains cinémas indépendants choisissent
de ne pas le programmer. Ce qui est commercialement très risqué,
car là-bas comme en Europe, la programmation des salles se fait par
« trains de films », et si vous refusez un seul film,
vous vous privez de tout le lot. Lot qui ne manquera pas de sortir
chez votre concurrent, bien entendu…
Bref, cette censure
de la Belle et la Bête est encore une histoire sordide de
mal-baisés, et d’agitateurs politiques qui instrumentalisent la
sexualité comme un outil de pouvoir.
D’ailleurs, je
travaille d’ores et déjà à mon prochain article :
« L’homophobie,
enjeu politique, enjeu de pouvoir » .
A bientôt sur ces
colonnes.
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