lundi 22 février 2016

527° Homophobie, mal-baisance et pouvoir…




Des sondages passionnants viennent d'arriver sur mon écran.

Ils émanent de l'American Value Atlas, une institution américaine indépendante et hautement crédible qui étudie les tendances et comportements des Américains sur de nombreux sujets.

Leur site est une source de connaissances parfois étonnantes sur le peuple américain.


Une étude y révèle que 71 % des Américains sont favorables aux « non-discrimlination laws », les lois qui protègent les citoyens de la discrimination et de l'homophobie dans le travail, les services et l'administration, et une autre étude que 53 % des Américains sont favorables au mariage homosexuel, 37 % y sont opposés et 8 % ne se prononcent pas. (les 2 % manquants sont les décimales, non affichées).

On constate que les opinions politiques ont donc peu d'influence sur les résultats. Les conservateurs sont un peu moins favorables à ces lois protectrices que les démocrates, mais favorables néanmoins. Il faut aller chercher dans les 8 % de minorités religieuses austères pour y trouver des opposants.


Comparons ces chiffres aux promesses et programmes des candidats à l'investiture du parti républicain :

Tous les candidats, tous sans exception, ont fait de leur opposition au mariage homosexuel l'un des arguments clés de leur campagne. C'est même parfois pour eux le pilier principal du temple : l'Amérique ne peut pas survivre avec le mariage homosexuel. 

Argument démenti par les faits et par l'opinion publique, mais qui restent solides dans leurs discours et tête de liste de leurs préoccupations.

Concernant les lois de non-discrimination, tous les candidats à l’investiture républicaine estiment que les convictions religieuses devraient ouvrir à tout Américain le droit de discriminer un homosexuel, soit par refus d'embauche ou d'engagement, soit par refus de service.

Alors que près des trois quarts des Américains sont d'un avis contraire, et même près des deux tiers chez les républicains eux-mêmes.

Ainsi, tous les candidats républicains promettent une mesure que leurs électeurs ne leur demandent pas…


En France, nous ne faisons guère mieux.

Ce très intéressant tableau chronologique démontre que le mariage pour tous recueille auprès des Français une opinion favorable qui n'a cessé d'augmenter depuis 2004.


Pourtant que constatons nous ? Marine LePen a promis d'abroger le mariage pour tous si le Front national parvenait au pouvoir…


Elle oublie de préciser que La France devrait pour cela renier sa signature de la Convention Européenne des Droits de l'Homme… Sans parler des états d'âme du Conseil Constitutionnel, qui ne badine pas avec les droits acquis…

Juppé, Sarkozy, Kosciuszko-Morizet et Bruno Le Maire ont annoncé, non sans dépit, qu'ils s'abstiendraient de toucher à la loi Taubira en considérant avec pragmatisme l'évolution de la société, mais tout en continuant à affirmer qu'ils resteraient arc-boutés contre la PMA et la GPA. (On se souvient que NKM avait botté en touche en s'abstenant lors du vote de la loi, se réservant sans doute de prendre en marche le train de l'opinion publique après avoir vu dans quel sens il partirait…) 

Mais, à l'instar de Marine Le Pen, tous les autres promettent soit l’abrogation, soit une profonde réécriture, (Fillon, Mariton, Morano, Jean-Frédéric Poisson, même si on sent Fillon, tout récemment, mollir quelque peu dans ses convictions face aux réalités.


Pourquoi tant de haine ?

Dans un article précédent, je constatais que l’homophobie était un argument fédérateur, capable de réconcilier les ennemis de toujours, comme par exemple les différentes églises orthodoxes défilant de concert pour s'opposer à la gay pride de Moscou, ou comme les prêtres, patriarches, popes et immams israéliens, traditionnellement irréconciliables mais défilant de la même manière pour s'opposer à la gay pride de Jérusalem.

L'homophobie est capable de transcender les haines les plus tenaces, les détestations les plus dogmatiques, les inimités séculaires les plus enracinées…. Haro sur les pédés ! On n'est même pas d'accord sur un dieu pourtant réputé unique, mais on est d'accord sur l’homophobie !

La seule explication possible ne peut résider que dans ce que tous ces gens là peuvent avoir en commun. 

Je ne vois que deux choses possibles : le désir sexuel et le goût du pouvoir. 

Ce qui va souvent de pair : autoritarisme et arrogance sont souvent l'expression d'une frustration sexuelle inexprimée.

Même au sein les religions dont les prêtres sont mariés, l'homophobie fait florès. Et dans les dictatures les plus athées, le dictateur est homophobe. Quel est ce lien subtil mais constant qui unit de façon si indéfectible dogme et pouvoir, croyante mythique et allégeance forcée ?

Le pouvoir serait-il l'apanage des mal-baisés et frustrés de toutes sortes ?
La frustration sexuelle imposée au pauvre peuple serait-elle l'outil ultime d'un pouvoir absolu ?

On peut écrire des livres sur le sujet, mais tous les exemples que l'on pourra trouver concourront de la manière la plus accablante à cette démonstration.


L'article de Wikipedia sur l'homophobie, long et remarquablement informé et tenu à jour, démontre par son analyse de fond et les très nombreux exemples dont il s’éclaire le rapport étroit entre l'homophobie, les régimes politiques autoritaires et les religions intrusives.

Ainsi, la frustration sexuelle imposée serait un instrument de pouvoir.

Est-ce pure psychologie et technique de maîtrise des masses, ou est-ce très pragmatiquement « la théorie des petits travailleurs et des petits soldats », qui veut que le pouvoir n'accepte le détournement de l'énergie du travail dans la fornication que si ce détournement le rembourse en échange d'un petit travailleur ou d'un petit soldat.?

Auquel cas, les religions, qui sont toujours du côté du manche dans l'exercice du pouvoir, ne seraient que l'instrument, l'outil qui permettrait de répandre ce système « auto-nettoyant » par lequel les cultures et sociétés excluraient d'elles-mêmes les libertins et les homosexuels qui ne se plieraient pas au modèle ?

On peut objecter de rares cas où la religion a suscité une révolte contre un pouvoir athée, comme en Pologne… Certes, mais ce n'était que pour accéder de nouveau à ce pouvoir dont elle avait été frustrée. On connaît la situation des homosexuels en Pologne…

En Russie, on a préféré laisser les chrétiens reconstituer leurs églises pour occuper le bon peuple pendant que la nomenklatura se reconstruisait un pouvoir sur mesure. Ne pas contrarier le peuple pour se le mettre dans la poche. Il en résulte à la fois la popularité de Poutine qui, à travers les églises, exalte les « hautes valeurs de la grande Russie » et le grouillement chaotique d'une multitude de chapelles orthodoxes s'affirmant toutes vraies et authentiques et qui, pendant qu'elles se chicanent, servent le pouvoir sans prétendre l'accaparer. Confortable pour Poutine.

De temps en temps, on leur jette en pâture quelques gay pride pour défiler contre bras-dessus-bras-dessous, quelques lois homophobes pour faire tomber les grandes gueules libertaires, et la bête bien nourrie sert son maître sans rechigner.

Et il en résulte des milliers, des millions de névrosés, de malheureux, de mariages forcés, de suicides, d'agressions, d'assassinats, d'exils et de destins brisés.

On constate que l'homophobie est aussi utilisée comme additif de liaison et agent de texture par Daesh pour rassembler les foules ébahies autour des exécutions d'homosexuels jetés du haut des toits. 

Fouetter et décapiter les femmes adultères, c'était bien mais cela touchait parfois de trop près les populations que l'on voulait soumettre. L'homosexuel, lui, universellement rejeté, est un bouc émissaire haut-de-gamme, que personne n'osera venir regretter au risque de subir le même sort.

Peut-être un jour l'homme se civilisera-t-il ? L'homophobie est un excellent instrument de mesure du niveau de civilisation.


Sur le sujet, je vous rappelle un petit classique disponible sur internet:







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