Des sondages
passionnants viennent d'arriver sur mon écran.
Ils émanent de l'American Value Atlas, une institution
américaine indépendante et hautement crédible qui étudie les
tendances et comportements des Américains sur de nombreux sujets.
Leur site est une
source de connaissances parfois étonnantes sur le peuple américain.
Une étude y révèle
que 71 % des Américains sont favorables aux
« non-discrimlination laws », les lois qui protègent les
citoyens de la discrimination et de l'homophobie dans le travail, les
services et l'administration, et une autre étude que 53 % des
Américains sont favorables au mariage homosexuel, 37 % y sont
opposés et 8 % ne se prononcent pas. (les 2 % manquants
sont les décimales, non affichées).
On constate que les opinions politiques ont donc peu d'influence sur les résultats. Les
conservateurs sont un peu moins favorables à ces lois protectrices
que les démocrates, mais favorables néanmoins. Il faut aller
chercher dans les 8 % de minorités religieuses austères pour y trouver
des opposants.
Comparons ces
chiffres aux promesses et programmes des candidats à l'investiture
du parti républicain :
Tous les
candidats, tous sans exception, ont fait de leur opposition au
mariage homosexuel l'un des arguments clés de leur campagne. C'est
même parfois pour eux le pilier principal du temple :
l'Amérique ne peut pas survivre avec le mariage homosexuel.
Argument
démenti par les faits et par l'opinion publique, mais qui restent
solides dans leurs discours et tête de liste de leurs préoccupations.
Concernant les lois
de non-discrimination, tous les candidats à l’investiture
républicaine estiment que les convictions religieuses devraient
ouvrir à tout Américain le droit de discriminer un homosexuel, soit
par refus d'embauche ou d'engagement, soit par refus de service.
Alors que près des
trois quarts des Américains sont d'un avis contraire, et même près
des deux tiers chez les républicains eux-mêmes.
Ainsi, tous les candidats républicains promettent une mesure que leurs électeurs ne leur demandent pas…
En France, nous ne
faisons guère mieux.
Ce très intéressant
tableau chronologique démontre que le mariage pour tous recueille
auprès des Français une opinion favorable qui n'a cessé
d'augmenter depuis 2004.
Pourtant que
constatons nous ? Marine LePen a promis d'abroger le mariage pour tous si le Front national parvenait au pouvoir…
Elle oublie de
préciser que La France devrait pour cela renier sa signature de la
Convention Européenne des Droits de l'Homme… Sans parler des états
d'âme du Conseil Constitutionnel, qui ne badine pas avec les droits
acquis…
Juppé, Sarkozy, Kosciuszko-Morizet et
Bruno Le Maire ont
annoncé, non sans dépit, qu'ils s'abstiendraient de toucher à la
loi Taubira en considérant avec pragmatisme l'évolution de la
société, mais tout en continuant à affirmer qu'ils resteraient
arc-boutés contre la PMA et la GPA. (On se souvient que NKM avait
botté en touche en s'abstenant lors du vote de la loi, se réservant
sans doute de prendre en marche le train de l'opinion publique après
avoir vu dans quel sens il partirait…)
Mais, à l'instar de Marine Le Pen, tous les autres
promettent soit l’abrogation, soit une profonde réécriture,
(Fillon, Mariton, Morano, Jean-Frédéric Poisson, même si on sent
Fillon, tout récemment, mollir quelque peu dans ses convictions face
aux réalités.
Pourquoi tant de
haine ?
Dans un article
précédent, je constatais que l’homophobie était un argument
fédérateur, capable de réconcilier les ennemis de toujours, comme
par exemple les différentes églises orthodoxes défilant de concert
pour s'opposer à la gay pride de Moscou, ou comme les prêtres,
patriarches, popes et immams israéliens, traditionnellement
irréconciliables mais défilant de la même manière pour s'opposer
à la gay pride de Jérusalem.
L'homophobie est
capable de transcender les haines les plus tenaces, les détestations
les plus dogmatiques, les inimités séculaires les plus enracinées….
Haro sur les pédés ! On n'est même pas d'accord sur un dieu
pourtant réputé unique, mais on est d'accord sur l’homophobie !
La seule explication
possible ne peut résider que dans ce que tous ces gens là peuvent
avoir en commun.
Je ne vois que deux choses possibles : le désir
sexuel et le goût du pouvoir.
Ce qui va souvent de
pair : autoritarisme et arrogance sont souvent l'expression
d'une frustration sexuelle inexprimée.
Même au sein les
religions dont les prêtres sont mariés, l'homophobie fait florès.
Et dans les dictatures les plus athées, le dictateur est homophobe.
Quel est ce lien subtil mais constant qui unit de façon si
indéfectible dogme et pouvoir, croyante mythique et allégeance
forcée ?
Le pouvoir serait-il
l'apanage des mal-baisés et frustrés de toutes sortes ?
La frustration
sexuelle imposée au pauvre peuple serait-elle l'outil ultime d'un
pouvoir absolu ?
On peut écrire des
livres sur le sujet, mais tous les exemples que l'on pourra trouver
concourront de la manière la plus accablante à cette démonstration.
L'article de Wikipedia sur l'homophobie, long et remarquablement informé et tenu à jour, démontre
par son analyse de fond et les très nombreux exemples dont il
s’éclaire le rapport étroit entre l'homophobie, les régimes
politiques autoritaires et les religions intrusives.
Ainsi, la
frustration sexuelle imposée serait un instrument de pouvoir.
Est-ce pure
psychologie et technique de maîtrise des masses, ou est-ce très
pragmatiquement « la théorie des petits travailleurs et des
petits soldats », qui veut que le pouvoir n'accepte le
détournement de l'énergie du travail dans la fornication que si ce
détournement le rembourse en échange d'un petit travailleur ou d'un
petit soldat.?
Auquel cas, les
religions, qui sont toujours du côté du manche dans l'exercice du
pouvoir, ne seraient que l'instrument, l'outil qui permettrait de
répandre ce système « auto-nettoyant » par lequel les
cultures et sociétés excluraient d'elles-mêmes les libertins et
les homosexuels qui ne se plieraient pas au modèle ?
On peut objecter de
rares cas où la religion a suscité une révolte contre un pouvoir
athée, comme en Pologne… Certes, mais ce n'était que pour accéder
de nouveau à ce pouvoir dont elle avait été frustrée. On connaît
la situation des homosexuels en Pologne…
En Russie, on a
préféré laisser les chrétiens reconstituer leurs églises pour
occuper le bon peuple pendant que la nomenklatura se reconstruisait
un pouvoir sur mesure. Ne pas contrarier le peuple pour se le mettre
dans la poche. Il en résulte à la fois la popularité de Poutine
qui, à travers les églises, exalte les « hautes valeurs de
la grande Russie » et le grouillement chaotique d'une multitude de
chapelles orthodoxes s'affirmant toutes vraies et authentiques et
qui, pendant qu'elles se chicanent, servent le pouvoir sans prétendre
l'accaparer. Confortable pour Poutine.
De temps en temps,
on leur jette en pâture quelques gay pride pour défiler contre
bras-dessus-bras-dessous, quelques lois homophobes pour faire tomber
les grandes gueules libertaires, et la bête bien nourrie sert son
maître sans rechigner.
Et il en résulte
des milliers, des millions de névrosés, de malheureux, de mariages
forcés, de suicides, d'agressions, d'assassinats, d'exils et de destins brisés.
On constate que
l'homophobie est aussi utilisée comme additif de liaison et agent de
texture par Daesh pour rassembler les foules ébahies autour des
exécutions d'homosexuels jetés du haut des toits.
Fouetter et
décapiter les femmes adultères, c'était bien mais cela touchait
parfois de trop près les populations que l'on voulait soumettre.
L'homosexuel, lui, universellement rejeté, est un bouc émissaire
haut-de-gamme, que personne n'osera venir regretter au risque de
subir le même sort.
Peut-être un jour
l'homme se civilisera-t-il ? L'homophobie est un excellent instrument de mesure du niveau de civilisation.
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