dimanche 24 janvier 2016

525° Sarkozy : girouette, caméléon ou sous-marin ?






Ou imposteur, plus simplement?

Ah, il nous manquait! Sarkozy était à ce point le contraire du politicien intègre, de l'homme de conviction désintéressé et de l'élu sincère que son naufrage politique avait plongé dans la consternation humoristes et chroniqueurs.

Dans un beau jardin, il faut un épouvantail, et celui-là, bien français, incarnait si bien tout ce qu'il ne fallait pas faire et être pour conduire la république.

Qui ne se souvient pas de toutes ses actions opportunistes, ses revirements de circonstance, ses encouragements au communautarisme, son opiniâtreté à dresser les gens les uns contre les autres pour paraître un recours, ses coups de canif dans la cohésion sociale et ses soudains accès de hargne….

Le voilà revenu avec un livre que l'on peut assurément regarder comme la profession de foi de sa prochaine candidature à la présidentielle, puisqu'il nous assure qu'il n'en est rien. Il faut savoir décrypter le sarkozy.

Alors, revenons un peu sur ses errements et vaticinations à propos du PACS, du mariage pour tous et des libertés LGBT en général.

En 1999, Sarkozy, alors secrétaire général de l'UMP, dans une allocution qu'il fait aux « Jeunes UMP », parlant du PACS qui allait être voté, ne s'opposait pas au refus du parti mais disait qu'il faudrait tôt pou tard s'adapter et faire preuve d'une certaine ouverture. Décryptage : il ne disait rien. Il était contre, content que le parti soit contre, mais se ménageait une aire de manœuvre si les circonstances à venir l'amenaient à devoir faire demi-tour. Discours prémonitoire !
La première saute du vent facétieux remonte au 22 février 2007, aux Bains-Douches, la défunte boite de nuit de la rue du Bourg-l'abbé. En plein Marais. Il était invité de Gay Lib, que je stigmatisais à longueur de ce blog, mais j'y étais quand même.

C'est la seule fois de ma vie où je suis entré aux Bains-Douches. Scène surréaliste. On avait voulu y faire une estrade pour l'invité, mais comme les Bains-douche, c'est très bas de plafond, l'estrade ne comportait que deux petites marches. C'est dire que même juché sur ce piédestal, le pauvre Sarko restait englouti dans la foule et sa tête ne dépassait pas de la cohue qui se pressait autour de lui.

Dans un petit discours qui ne trouva jamais d'audience vraiment silencieuse, (je ne devais pas être le seul gauchiste infiltré…), le bonhomme nous promit un contrat d'union civile, censé améliorer le PACS qu'il jugeait insuffisant.

Les appareils photos crépitèrent longuement. La lumière des flashes éclaira la pièce en continu pendant de longs moments.En une minute, un bon millier de photos ont du être prises. Il y e même certaines où je devais figurer attendu que l'individu, pour s'exfiltrer de la bousculade, me marcha quasiment sur les pieds.

Le lendemain matin, dans la presse, rien. Pas une photo, pas le moindre article, si ce n'est mention dans les organes de presse LGBT, que les grands médias, aux ordres, se gardèrent bien de reprendre.
Le service de presse de l’Élysée était passé par là, et avait estimé que « le président chez les pédés, ce n'était pas porteur ».

La liberté de la presse, c'est un argument habituel de droitiste: se gausser d'une liberté de la presse qu'ils prétendent garantir en sortant la Pravda des oubliettes pour railler les socialo-communistes. On a vu ce jour-là à quel point ils les maîtrisaient, eux, les médias.

Sarkozy fut réélu, et, bien sûr, le CUC ne vit jamais le jour. En parlant à une grosse pointure de Gay-Lib que je rencontrai dans un salon parisien, je m'entendis répondre un argument qui résume parfaitement ce que je pense de la droite et des droitistes:
« Bien sûr il ne l'a pas fait, vous à gauche, vous ne savez pas ce qu'est une campagne électorale, et c'est pour cela que vous ne gagnez jamais».

C'est vrai que ne pas tenir ses promesses et ses engagements, c'est très de droite. La preuve : depuis que Hollande n'est plus de gauche, il ne tient plus les siennes, et quelque chose me dit qu'il ne va pas gagner… Mais c'est une autre histoire.




En 2012, débat à l'UMP pour intégrer ou pas le CUC dans le programme présidentiel. Buisson impose ses vues au mépris des aspirations populaires, exit le CUC.
Mais Sarkozy, qui essaie toujours de manger à deux râteliers, glisse quand même dans ses intentions une vague promesse de PACS signé en mairie. Il est battu.

On notera qu'il y avait quand même à GayLib quelques cousins qui avaient de la suite dans les idées, puisqu'en 2013, après sept ans de réflexion, Gay Lib se décide à divorcer de l'UMP pour se rapprocher de l'UDI…

2013. Sarkozy, qui n'est plus rien, mais qui a des regrets, stigmatise le mariage pour tous et affirme que le CUC, qu'il n'a pas fait quand il le pouvait, reste la meilleure solution.
Il ajoute même que le Pacs, même amélioré, celui-là même qu'il voulait mettre dans son programme, est insuffisant pour garantir une citoyenneté convenable aux homosexuels, égalité dont il n'a jamais eu cure, mais que l'opinion publique l'oblige à prendre en compte.

Le 15 novembre 2014 Sarkozy accepte l'invitation de Sens Commun à un meeting à Aulnay-sous-Bois. Dans son discours, le public ne décèle pas suffisamment de conviction homophobe et un grondement d'élève de l'auditoire. L'orateur cède à la bronca et dans une de ces phrases décousues dont il a le secret, promet pêle-mêle réécriture et abrogation, affirmant que cela revient au même.

Et voilà maintenant que dans son livre, Sarkozy dit le contraire de ce qu'il a promis l'année précédente à Aulnay. Manif pour Tous et Sens Commun sont consternés, d'autant plus que le Front National, leur seul recours désormais, n'est homophobe qu'au café du commerce et aux banquets d'anciens combattants, mais pas dans ses discours officiels et encore moins dans le choix de ses édiles… Les pédés sont partout, ma bonne dame. Et puis, les étoiles jaunes et les triangles roses, ça ne paie plus. Maintenant, le bon bouc émissaire, la tête de gondole populiste, c'est le musulman.


Bon. En, résumé, le train du progrès et des droits de l'homme est en marche dans le bon sens, le FN dans le mauvais, et il n'y a rien de surprenant à voir les obsédés du sexe à usage restreint rester sur le quai.

Mais on aimerait que les gens qui se font élire pour nous représenter déterminent leurs convictions une fois pour toutes. On en a un peu marre de ces bonimenteurs de foire capable de vendre  n'importe quoi à n'importe qui avec des méthodes populistes et commerciales, et c'est là le problème : le discours politique n'est plus une affirmation idéologique ; il est devenu un argumentaire de marketing.

On ne vend plus les idées ni les valeurs, on vend ce qui est à la mode pour se faire élire, ce qui donne lieu à des contradictions remarquables pour les chroniqueurs, mais désastreuses pour le bien commun et la santé de la République..

Un vent de nationalisme et de réaction souffle sur l'Europe ? Au lieu de le gérer, on met à l'étalage le produit idéologique qui va se vendre. Au diable les convictions, les belles idées et les grandes valeurs qui, comme Valls l'a affirmé, égareraient les politiciens. (Comprenez « peu soucieux de carriérisme »). 



Sarkozy est toujours une girouette, un bonimenteur de foire, sans autre conviction que le pouvoir.
Mauvaise nouvelle pour la France, bonne nouvelle pour les caricaturistes et les humoristes. L'encre va couler.






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