Ou imposteur, plus simplement?
Ah, il nous
manquait! Sarkozy était à ce point le contraire du politicien
intègre, de l'homme de conviction désintéressé et de l'élu
sincère que son naufrage politique avait plongé dans la
consternation humoristes et chroniqueurs.
Dans un beau jardin,
il faut un épouvantail, et celui-là, bien français, incarnait si
bien tout ce qu'il ne fallait pas faire et être pour conduire la
république.
Qui ne se souvient
pas de toutes ses actions opportunistes, ses revirements de
circonstance, ses encouragements au communautarisme, son opiniâtreté
à dresser les gens les uns contre les autres pour paraître un
recours, ses coups de canif dans la cohésion sociale et ses soudains
accès de hargne….
Le voilà revenu
avec un livre que l'on peut assurément regarder comme la profession
de foi de sa prochaine candidature à la présidentielle, puisqu'il
nous assure qu'il n'en est rien. Il faut savoir décrypter le
sarkozy.
Alors, revenons un
peu sur ses errements et vaticinations à propos du PACS, du mariage
pour tous et des libertés LGBT en général.
En 1999, Sarkozy,
alors secrétaire général de l'UMP, dans une allocution qu'il fait
aux « Jeunes UMP », parlant du PACS qui allait être
voté, ne s'opposait pas au refus du parti mais disait qu'il faudrait
tôt pou tard s'adapter et faire preuve d'une certaine ouverture.
Décryptage : il ne disait rien. Il était contre, content que
le parti soit contre, mais se ménageait une aire de manœuvre si les
circonstances à venir l'amenaient à devoir faire demi-tour.
Discours prémonitoire !
La première saute
du vent facétieux remonte au 22 février 2007, aux Bains-Douches, la
défunte boite de nuit de la rue du Bourg-l'abbé. En plein Marais.
Il était invité de Gay Lib, que je stigmatisais à longueur de ce
blog, mais j'y étais quand même.
C'est la seule fois
de ma vie où je suis entré aux Bains-Douches. Scène surréaliste.
On avait voulu y faire une estrade pour l'invité, mais comme les
Bains-douche, c'est très bas de plafond, l'estrade ne comportait que
deux petites marches. C'est dire que même juché sur ce piédestal,
le pauvre Sarko restait englouti dans la foule et sa tête ne
dépassait pas de la cohue qui se pressait autour de lui.
Dans un petit
discours qui ne trouva jamais d'audience vraiment silencieuse, (je ne
devais pas être le seul gauchiste infiltré…), le bonhomme nous
promit un contrat d'union civile, censé améliorer le PACS qu'il
jugeait insuffisant.
Les appareils photos
crépitèrent longuement. La lumière des flashes éclaira la pièce
en continu pendant de longs moments.En une minute, un bon millier de
photos ont du être prises. Il y e même certaines où je devais
figurer attendu que l'individu, pour s'exfiltrer de la bousculade, me
marcha quasiment sur les pieds.
Le lendemain matin,
dans la presse, rien. Pas une photo, pas le moindre article, si ce
n'est mention dans les organes de presse LGBT, que les grands médias,
aux ordres, se gardèrent bien de reprendre.
Le service de presse
de l’Élysée était passé par là, et avait estimé que « le
président chez les pédés, ce n'était pas porteur ».
La liberté de la presse, c'est un argument
habituel de droitiste: se gausser d'une liberté de la presse
qu'ils prétendent garantir en sortant la Pravda des oubliettes pour
railler les socialo-communistes. On a vu ce jour-là à quel point
ils les maîtrisaient, eux, les médias.
Sarkozy fut réélu,
et, bien sûr, le CUC ne vit jamais le jour. En parlant à une grosse
pointure de Gay-Lib que je rencontrai dans un salon parisien, je
m'entendis répondre un argument qui résume parfaitement ce que je
pense de la droite et des droitistes:
« Bien sûr il
ne l'a pas fait, vous à gauche, vous ne savez pas ce qu'est une
campagne électorale, et c'est pour cela que vous ne gagnez jamais».
C'est vrai que ne
pas tenir ses promesses et ses engagements, c'est très de droite. La
preuve : depuis que Hollande n'est plus de gauche, il ne tient
plus les siennes, et quelque chose me dit qu'il ne va pas gagner…
Mais c'est une autre histoire.
En 2012, débat à
l'UMP pour intégrer ou pas le CUC dans le programme présidentiel.
Buisson impose ses vues au mépris des aspirations populaires, exit
le CUC.
Mais Sarkozy, qui
essaie toujours de manger à deux râteliers, glisse quand même dans
ses intentions une vague promesse de PACS signé en mairie. Il est
battu.
On notera qu'il y
avait quand même à GayLib quelques cousins qui avaient de la suite
dans les idées, puisqu'en 2013, après sept ans de réflexion, Gay
Lib se décide à divorcer de l'UMP pour se rapprocher de l'UDI…
2013. Sarkozy, qui
n'est plus rien, mais qui a des regrets, stigmatise le mariage pour
tous et affirme que le CUC, qu'il n'a pas fait quand il le pouvait,
reste la meilleure solution.
Il ajoute même que
le Pacs, même amélioré, celui-là même qu'il voulait mettre dans
son programme, est insuffisant pour garantir une citoyenneté convenable aux homosexuels, égalité dont il n'a jamais eu cure, mais que l'opinion publique l'oblige à prendre en compte.
Le 15 novembre 2014
Sarkozy accepte l'invitation de Sens Commun à un meeting à
Aulnay-sous-Bois. Dans son discours, le public ne décèle pas
suffisamment de conviction homophobe et un grondement d'élève de
l'auditoire. L'orateur cède à la bronca et dans une de ces phrases décousues
dont il a le secret, promet pêle-mêle réécriture et abrogation,
affirmant que cela revient au même.
Et voilà maintenant
que dans son livre, Sarkozy dit le contraire de ce qu'il a promis
l'année précédente à Aulnay. Manif pour Tous et Sens Commun
sont consternés, d'autant plus que le Front National, leur seul
recours désormais, n'est homophobe qu'au café du commerce et aux
banquets d'anciens combattants, mais pas dans ses discours officiels
et encore moins dans le choix de ses édiles… Les pédés sont
partout, ma bonne dame. Et puis, les étoiles jaunes et les triangles
roses, ça ne paie plus. Maintenant, le bon bouc émissaire, la tête
de gondole populiste, c'est le musulman.
Bon. En, résumé, le train du progrès et des droits de l'homme est en marche dans le bon sens, le FN dans le mauvais, et il n'y a rien de surprenant à voir les obsédés du sexe à usage restreint rester sur le quai.
Mais on aimerait que
les gens qui se font élire pour nous représenter déterminent leurs
convictions une fois pour toutes. On en a un peu marre de ces
bonimenteurs de foire capable de vendre n'importe
quoi à n'importe qui avec des méthodes populistes et commerciales, et c'est là le problème : le discours politique n'est
plus une affirmation idéologique ; il est devenu un
argumentaire de marketing.
On ne vend plus les
idées ni les valeurs, on vend ce qui est à la mode pour se faire
élire, ce qui donne lieu à des contradictions remarquables pour les
chroniqueurs, mais désastreuses pour le bien commun et la santé de
la République..
Un vent de
nationalisme et de réaction souffle sur l'Europe ? Au lieu de
le gérer, on met à l'étalage le produit idéologique qui va se
vendre. Au diable les convictions, les belles idées et les grandes
valeurs qui, comme Valls l'a affirmé, égareraient les
politiciens. (Comprenez « peu soucieux de carriérisme »).
Sarkozy est toujours
une girouette, un bonimenteur de foire, sans autre conviction que le
pouvoir.
Mauvaise nouvelle
pour la France, bonne nouvelle pour les caricaturistes et les
humoristes. L'encre va couler.
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