On se demandait
pourquoi Hollande et Valls confondaient leur gauche et leur droite.
C'est pourtant simple : ils roulent en marchent arrière…
Chez ces gens là,
monsieur, on a une conception des réalités quotidiennes très
perturbée par le mode de vie insouciant et aseptisé des politiques.
On a des escouades de gardes, de chauffeurs, de secrétaires et de
conseillers qui déroulent en permanence le tapis sous vos pieds pour
qu'on ne trébuche pas sur les contingences du quotidien.
Il suffit de dire
les petites choses pour qu'elles se fassent. Enfin, les petites
choses, parce que les plus grandes comme la réduction du chômage,
ça dépasse un peu la puissance du sortilège. Sarkozy était un peu
comme ça, aussi, qui avait tendance à oublier « les grandes
valeurs » quand elles l’embarrassaient, (-souvent!-), et qui
n'avait de cesse d'abolir le clivage, la frontière gauche droite.
On notera que c'est
très précisément l'un des slogans du front national : « ni
gauche ni droite »…
L'insupportable Monsieur Valls a fait moins de
manières pour élargir son pré carré. Les grandes valeurs le
gênent, il les dénonce comme autant de boulets.
Être dirigé par
des gens qui ne savent pas où ils vont, ce serait déjà inquiétant,
mais la situation est pire que cela : ils savent très bien où
ils vont, et ils essaient de nous tromper.
Alors il va falloir
qu'on se fâche. Que ce soit un naturalisé qui vienne contester
aujourd'hui la nationalité des autres, ce n'est que la cerise sur la
gâteau. Jusqu'à présent, le changement de nationalité, c'était
plutôt l'apanage des réfugiés dans un sens et des exilés fiscaux
dans l'autre…
On ne prive pas
quelqu'un de sa nationalité. Rien que de savoir que les pétainistes
l'ont inventé et pratiqué devrait suffire à s'en persuader, mais
si on analyse au fond, on comprend vite que cette mesure n'a aucun
sens. Priver quelqu'un de sa qualité de Français, c'est renoncer en
même temps à l'autorité que l'on possède sur lui de le punir de
ses exactions et de ses crimes. C'est un peu comme appliquer la
peine de mort pour bien expliquer aux gens qu'il ne faut pas tuer.
Ubuesque.
On se met à la
place du terroriste. Enfin on essaie. Le gars a décidé d'attaquer
la France ou des Français. Non seulement ils sait qu'il va mourir,
mais il veut mourir, parce que les monstres qui le manipulent l'ont
persuadé que c'était bien de mourir et lui ont promis un paradis
sur mesure. Il a déchiré son passeport et sa carte d'identité en
vidéo sur internet pour bien montrer qu'il conchiait la France tout
bien comme on lui avait appris.
Et c'est ce gars-là
qu'on espère « faire réfléchir » en menaçant de le
priver d'une nationalité qu'il exècre ? Hollande et Valls
croient peut-être qu'on va lui demander son passeport à l'entrée
du bordel des 70 vierges ?
Au concours des
mesures qui ne servent à rien, l'union européenne est pulvérisée.
Pas une norme technocratique qui arrive à la cheville de cet avatar
administratif.
Pire que cela :
on sait que dans les prisons, le « caïd », c'est celui
qui a écopé de la plus grosse peine ou du plus grand nombre de
condamnations, et si possible, celui qui a tué un flic. Chez les
malfrats, c'est le casier judiciaire qui tient lieu de tableau
d'honneur.
Alors, pour un
terroriste, s'il survit, cette déchéance de nationalité, il
l’arborera comme une médaille, une reconnaissance officielle des
institutions pour sa bonne pratique du jihad. Elle lui donnera les
clés du pouvoir d'organiser, même depuis sa détention, les
exactions des autres. Il deviendra «maître jihadiste »,
meilleur ouvrier du terrorisme. Ce sera son plus beau galon.
Mais cette loi
scélérate qui divise à juste titre les républicains, pas ceux qui
s’intitulent ainsi, les vrais, c'est malheureusement
l’entrebâillement de la boîte de Pandore. On perçoit déjà les
premiers courants d'air, précurseurs de la tornade : les
perquisitions en libre service façon gestapo qui se généralisent,
les irruptions et contrôles dans les libertés individuelles qui ne
sont plus maîtrisés par la justice, tous ces petits signes
précurseurs du fascisme qu'on voit se glisser furtivement dans les
rouages du pouvoir pour contaminer subrepticement la maison France.
Car l'effet de ces
attentats est sans doute bien celui voulu par « le cerveau »
de Daesh, si on en croit la théorie qui voudrait que Daesh en ait
un : ébranler les institutions de la république pour que
s'auto-détruise cet « insupportable modèle » de liberté
et de démocratie.
Depuis que le char
de l'état a roulé dans l'ornière terroriste, le coup de volant
donné en réaction a été tel qu'on est en train de sortir de la
route du côté opposé. Comme si un fossé valait mieux que l'autre,
on fuit le chaos en se jetant dans le fascisme, dans l'autoritarisme
et la négation des libertés. Ce qu'on appelle un sur-accident en
sécurité routière.
Nous voilà
maintenant rendus à un point où le clivage gauche-droite, qui
n'était déjà plus que théorique, est divisé par une nouvelle
fracture, « verticale », celle-là.
Avant, on avait les
vrais hommes de gauche, ceux qui étaient là par conviction, et les
faux, ceux qui étaient venus là parce que la soupe était bonne.
(On ne parle même pas de ceux qui ont changé d'écurie entre deux
tours d'élection… )
Cette histoire de
loi scélérate sur la déchéance de nationalité a le mérite de
révéler ceux qui, d'un côté comme de l'autre, ne sont pas animés
par un vrai sentiment républicain.
Et on découvre avec
horreur que l'état fort, mâtiné de dictature et d'atteintes aux
libertés, a des disciples des deux côtés. A droite, ça n'étonnera
personne, d'ailleurs les dictateurs se classent bien à l’extrême
droite, mais à gauche…
Même les droitistes
vont se trouver en mal d'arguments : ceux qui amalgamaient à
qui mieux mieux gauche, extrême gauche et stalinisme vont devoir
revoir leur argumentaire en découvrant qu'il se trouve chez les
socialistes des faux-jetons qui ne dépareraient pas dans les
phalanges miliciennes et les administrations autoritaristes et
arbitraires dont ils rêvent…
Le résultat de
cette confusion est que le bon Français, qui ne savait déjà plus
trop pour qui voter, va se trouver encore plus perplexe. Et tous ceux
qui oublient que sous un pansement, il y a une blessure, et que c'est
là que réside le problème, vont naïvement apporter leur voix à
un front national toujours plus démagogique…
Il faut que les
républicains de ce pays, les vrais, se concertent pour se trouver
des représentants crédibles, et se donnent une institution ou un
parti capable de les représenter. Parce que pour le moment, nous
n'avons plus ni gauche ni droite, nous n'avons plus qu'un quarteron
de politiciens qui se jettent à la figure les dernières forces
vives de la nation et les morceaux de valeurs républicaines
explosées pour aller s'asseoir dans le poste de pilotage.
Et pour ce faire, il
nous manque désespérément des édiles qui incarnent une
civilisation aboutie, une culture actuelle et renouvelée, créative
et moderne, humaniste et ouverte, et non pas une bande de
nostalgiques qui vont chercher les « racines de la France »
à l'époque des croisades.
Le plus profond du
drame étant que ceux qui disent « ni gauche ni droite »
sont encore plus incapables de porter remède à la chienlit que ceux
qui confondent gauche et droite…
Ce qu'il faut
maintenant à la France, ce n'est pas un état fort, c'est un état
solide. Un état qui tire sa force tranquille de son harmonie et de
sa cohérence, un état où chacun trouve sa place, où personne ne
piétine personne, où nul n'est oublié et où l'accès aux
fonctions d'administration ne soit plus regardé comme un gage de
réussite sociale, mais comme l'aboutissement d'une vocation au
service de tous.
Et à ce propos,
notons que le 11 janvier, c'était beau, bien, porteur de valeurs,
rassembleur, mais que la débauche de commémorations et de
médiatisation desdites cérémonies finira par provoquer une
sensation de saturation chez le bon citoyen : ce culte débridé
risque de transformer ces valeurs fédératrices en un repoussoir
médiatique, un appel au zapping. Les vaccins mal dosés rendent
malade, ne l'oublions pas.
Et si les choses
continuent à dériver de cette manière, on n'aura bientôt plus
d'autre solution que de tout réécrire sur une page blanche.
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