jeudi 24 novembre 2011

402. Gay et de droite, dur, dur...




La droite se dispute draps et couvertures dans l'histoire du mariage universel. (Ce que les homophobes appellent le mariage homosexuel, et qui n'est en fait que le mariage pour tous...) Et ils ne sont pas près de résoudre leur problème.


Après les demandes d’excommunication réciproques de GayLib et de la droite populaire, chacun compte ses troupes et ses abattis.


Derniers avatars : il y a quelques jours, six secrétaires généraux de l'UMP lancent un appel en faveur du mariage homosexuel. (du mariage, mais pas de l'adoption, une explication alambiquée dans leur communiqué tente de justifier cette discrimination).

Les gay afficionados du parti de Sarkopé peuvent-ils à juste titre sauter de joie ? Ils ne devraient pas : cette mesure tronquée est un piège qui ne va pas dans le bon sens. Car en dehors des considérations religieuses que la république ne doit pas prendre en compte, l'argument des ennemis du mariage pour tous est que dans un couple homoparental, les enfants risqueraient de ne pas trouver « l'équilibre procuré par la présence effective d'un papa et d'une maman ».

Ce que l'expérience sur le terrain dément formellement, -les enfants qui n'ont pas un papa et une maman s'en sortent aussi bien que les autres, et ceux qui ont deux papas ou deux mamans souvent mieux!-, mais cette « carence éducative » demeure l'argument de nos opposants.


Si on acceptait ce « mariage sec » sans possibilité d'adoption, d'une part on retournerait dans le cycle infernal des «dispositions spéciales homo » qui feront à nouveau de nous des citoyens pas comme les autres, et d'autre part, nous nous verrons répondre qu'avec cet os à ronger, nous devrons attendre toute nouvelle discussion sur l'adoption jusqu'aux calendes grecques.


Ce mariage bon-marché, sans adoption possible, serait le début d'un tunnel de plusieurs décennies pour les milliers de familles homoparentales qui existent déjà et qui voudraient bien être enfin reconnues comme des familles à parts entières. Car c'est autant cette légalisation d'une situation déjà largement répandue que l’ouverture de nouvelles perspectives que nous attendons de la loi.


Messieurs les homophobes, pour empêcher les familles homosexuelles d'exister : c'est trop tard. Il y en a déjà des dizaines de milliers, qui ont des associations et des représentants.



Néanmoins, cette mesure hypocrite n'est le fait que de six secrétaires de l'UMP. C'est compter sans les 80 députés de la droite populaire qui avaient signé différentes pétitions, dont notamment celle contre l'enseignement de la théorie du genre. Et dans cette horde, il y a des ténors : Myard, Maillé, Vanneste,etc.. qui montrent les dents! . C'est au point que le président des « Jeunes Pop », Benjamin Lancar, qui avait hasardé sa signature à cette motion a été fermement prié par la maison-mère de la retirer...


La « droite populaire », elle, juge « inadmissible » cette sortie de route , qu'elle qualifie de provocation catégorielle.

Quand on sait que plus de 60% des Français sont favorables au mariage des homosexuels , on imagine sur quel nuage obscur et furtif se trouve cette bande d'allumés, pour se permettre de qualifier de caprice catégoriel une opinion majoritaire dans la population. C'est bien là l'exemple d'un dogmatisme exacerbé qui méprise les aspirations populaires, et monsieur Copé qui s'appuie sans état d'âme sur ces soldats perdus au motif qu'ils constituent pour le moment un bataillon significatif de son parti devra s'attendre à de laborieux revirements dans les années à venir.


Mais les groupuscules vivent leur vie nauséabonde, glanant au hasard des interventions de partisans honteux ou de fonctionnaires péteux quelques symboles de leur marginalité. Ainsi, en Pologne, un juge vient d'accorder à un parti de skinheads, le NOP, l'usage de sigles et représentations néo-nazies ou infamantes...



Souvenons-nous que le suicide est la deuxième cause de mortalité des adolescents entre 14 et 22 ans, derrière les accidents. Et que l'homophobie est la première cause de ces suicides... Et que ce n'est pas qu'en France ni en Europe : l'actualité nous apporte les campagnes médiatiques autour des suicides adolescents canadiens et américains...


En voici des exemples :


http://www.youtube.com/watch?v=BqxYxo4bjOM

http://www.tetu.com/actualites/international/etats-unis-harcele-sur-facebook-un-ado-suppose-gay-se-suicide--18691

http://www.huffingtonpost.com/2011/01/18/lance-lundsten-tiffani-maxwell-suicide-bullying_n_810201.html

http://yagg.com/2011/10/17/canada-suicide-de-jamie-hubley-15-ans/

http://www.huffingtonpost.com/2011/09/20/jamey-rodemeyer-suicide-gay-bullying_n_972023.html


Puisse internet aider à révéler le nombre de ces drames et à y porter remède....



Tout enfant qui naît dans une communauté, quelle qu'elle soit, juive, kurde, rom, dans une tribu, un peuple minoritaire, reçoit une éducation appropriée, le situant au milieu de son environnement et d'éventuels voisins prédateurs, lui enseignant comment se comporter pour se protéger, survivre, éviter les dangers les plus évidents, etc...

Le jeune homosexuel ne naît pas dans une communauté. Lorsque monte en lui le sentiment de sa vraie nature, il est seul, dans un monde hostile. Non seulement personne n'est là pour lui prodiguer les conseils et le soutien dont il a besoin, mais il ne ressent qu'hostilité et mépris autour de lui, et bien souvent de la part de ceux dont le soutien et la protection ne devraient jamais faire défaut : ses parents.

Seul dans une jungle hostile. Il n'a aucun espace pour s'épanouir. Il doit vivre une double vie, se cacher de ceux qu'il aime, ne compter sur personne. J'ai grandi dans une ville de province, et cinq de mes camarades ont mis fin à leurs jours pour cette raison entre 15 et 21 ans. J'étais bien placé pour en connaître la raison, mais que pouvais-je y faire ?

Souvenez-vous de la « lettre-type » laissée aux parents :

« Pardonnez moi, vous ne pouvez pas me comprendre... »


Je n'ai du mon salut qu'à l'amitié que j'ai été exiger, à treize ans, d'un voisin que mes parents m'avaient présenté comme un pestiféré à éviter : un ancien triangle rose qui vivotait à quelques maisons de chez nous. Cet homme que, vu notre différence d'âge, jamais je n'aurais été rencontrer au titre de mes désirs m'a transmis sa farouche volonté d'être et de rester moi-même, comme il avait su protéger ce qu'il était, à travers occupation nazie, régime pétainiste et camps de la mort.

C'est la conjugaison du suicide de mes premiers compagnons d'émois et de l'aventure exemplaire de cet homme qui m'ont permis de traverser le brouillard et de devenir militant dès mon arrivée à Paris, à une époque où on se comptait sur les doigts d'une main.

Car il existait bien à Paris, lorsque je suis arrivé en mai 68, un milieu homosexuel prospère, bourgeois, mais persuadé qu'il avait tout à gagner à rester tranquille et discret plutôt que d'aller clamer sa différence avec le FHAR et autres Gazolines. Et pendant ce temps là, dans les « milieux ouvriers » et les banlieues, les jeunes homos crevaient la gueule ouverte. On n'avait pas fini de construire le périphérique que déjà, les parisiens ne regardaient pas au-delà.

Des suicides de jeunes gens face à l'homophobie, j'en ai connu d'autres dans mon plus ou moins proche entourage, le dernier en date il y a moins de dix ans.

Le problème à l'époque est qu'il n'existait ni association, ni publication ni aucune sorte d'information relative à l'homosexualité, dont les seules et rares mentions dans la presse étaient très péjoratives, le mode de vie étant classé « fléau social » depuis les lois Mirguet de 1962. Le jeune et futur homosexuel était complètement livré à lui-même et aux quolibets. Il se croyait seul, monstrueux, pas comme les autres, dégénéré.

L’explosion de la presse gay dans les années 80, puis d'internet dans les années 90 ont sans doute largement remédié à cette sensation d'isolement, mais pas complètement. Car si internet est un lien pour les homos isolés, il est aussi un vecteur de mobilisation pour les homophobes... La pression familiale, parfois agrémentée d'une lourde contrainte religieuse, restent très présentes. Il en résulte que si le nombre de suicides n'augmente plus en flèche, il ne diminue pas vraiment, mais que le nombre de fugues et de départs de la maison, lui, est en train d'exploser. On estime qu'il existe au moins 30% de gays parmi les SDF des deux sexes de moins de 25 ans. « Sors de chez moi, tu n'es plus notre enfant, sale pédé ». Car il existe aussi dans ces laissés-pour-compte un nombre relatif de lesbiennes en constante augmentation...

Au point qu'il a fallu créer une association pour tenter de recueillir tout ou partie de ces exclus, le Refuge, qui croule sous la demande.

Ce serait à l'état de pourvoir à l'accueil de toute cette population, la justice ne pouvant décemment pas ordonner la « réintégration » du gamin dans l'enfer qu'il a dû fuir... Tant que l'homophobie ne sera pas reconnue comme une raison valable de rupture du lien familial, les « petits pédés » continueront à être exclus de la solidarité nationale.




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