Il y a belle lurette
que je clame que Gérard Darmanin, avec son passé de militant
homophobe, n’aurait jamais du figurer au nombre des collaborateurs
de LREM, qui se voudrait un parti moderne. (Hélas, il n’est pas le
seul, ni dans le groupe parlementaire, ni même au conseil des
ministres…).
Mais il est le
pire.
Ce qui en dit long
sur l’abîme entre les actes et les mots qui caractérise le
fonctionnement de ce parti.
Le voilà ministre
de l’intérieur.
Les féministes lui
reprochent, - à juste titre – des accusations de viol réitérées qu’il
traîne depuis des années comme un chapelet de casseroles, arguant
que même s’il est « présumé innocent », il n’y a
pas de fumée sans feu, et que ce n’est pas par hasard si pareille
accusation est tombée sur lui et pas sur un autre.
Juridiquement
parlant, la présomption d’innocence est quand même un abri en
béton, même s’il peut n’être que provisoire. Si on fait appel
à la loi, ou qu’on appelle de ses vœux de nouvelles loi
protectrices pour défendre les citoyens contre l’oppression, il
est difficile de contester les lois qui existent déjà.
Il en résulte donc
une ambiguïté à propos de la nomination de Gérald Darmanin.
« Juridiquement »,
elle est incontestable, mais dans l’opinion publique, elle crée
forcément un gros malaise.
Par contre, s’il
est bien un sujet sur lequel on est sûr des actes et prises de
position de Gérald Darmanin, c’est bien l’homophobie. Avec
récidive. Là, ce n’est pas une présomption : on a des
faits, des actes, des déclarations, des preuves.
Souvenons-nous de
Christian Vanneste, qui est, sans doute, le pire homophobe de la
république depuis Vichy et René Mirguet dans les années 60.
C’est au point
que, depuis plus de dix ans que ce blog existe, je l’ai mentionné
pour son action homophobe dans 61 articles !!!
Voyez les articles
2, 11, 13, 60,
77, 81, 83, 96, 104, 106, 109, 137, 140, 143, 147, 148,
152, 154, 156, 157, 162, 166, 167, 182, 203, 211, 212,
214, 215, 217, 238, 253, 259, 271, 299, 305, 312, 313,
325, 327, 335, 373, 385, 389, 393, 394, 396, 399, 402,
408, 409, 412, 413, 415, 418, 420, 423, 477, 480, 500,
560.
Eh bien, sachez que
Gérald Darmanin est arrivé en politique dans le sillage de
Christian Vanneste !
Lorsqu’il a
rejoint, en 2004, l’équipe de Christian Vanneste au bureau de
l’UMP de la dixième circonscription du Nord, Vanneste avait déjà
été l’objet d’une plainte pour propos homophobes , il
s’était déjà insurgé contre la création de la « Haute
autorité pour la lutte contre les discriminations et pour
l’égalité » accusant cette institution d’instaurer un
délit d’opinion.
(Rappelons que
l’homophobie n’est pas une opinion : comme le racisme, c’est
un délit...)
En octobre 2010, Vanneste s'estt
déclaré partisan d'une alliance entre l'UMP et le Front national et à
l'émergence « à moyen ou long terme » d'une « droite large » allant du
centre à la droite nationale.
Christian Darmanin
ne pouvait ignorer chez qui il s’engageait. D’ailleurs, la suite
a prouvé que non seulement il le savait, mais qu’il l’approuvait.
Dès 2005, d’après la journaliste Anne Sophie Mercier, du Canard
Enchaîné, il adopte une posture catholique traditionaliste et
clairement homophobe.
De plus, en 2008, par l'entremise de Guy de Chergé, il collabore au
mensuel "Politique magazine", organe de presse d’extrême droite
inspiré de Charles Maurras, lié à l'Action Française et au
mouvement « Restauration Nationale ».
En 2012, il est élu
député de cette circonscription qu’il hérite de Christian
Vanneste, et s’empresse de se rallier à François Fillon, avant de
le quitter dès les premières difficultés
Puis il suit une
belle carrière le conduisant jusqu’à la vice-présidence du
Conseil Régional de la Région Hauts de France en 2016, avant sa
nomination à Bercy.
Au passage, il
traite les gilets jaunes de « peste brune » et les
écologistes de « khmers verts »...
Dès 2012, il milite
ardemment pour la manif pour tous.
En 2014, il déclare
chez Bourdin que :
« la loi
Taubira sera abrogée, réécrite profondément ».
Sur le plateau de
LCI en mars 2015, il déclare : « Qu’est-ce qui fait
monter le Front national ? Je réponds madame Taubira. Si vous
pensez que madame Taubira n’est pas un tract ambulant pour le Front
national, mis en avant par François Hollande, c’est que, je pense,
vous n’avez pas compris le cynisme des socialistes »
Tout cela, ce ne
sont pas des présomptions d’innocence, ce sont des éléments, des
faits, des preuves.
Alors, paraît-il,
l’individu regrette, reconnaît des erreurs, etc.
Un peu facile pour
effacer un passé qui devient gênant pour la promotion de sa
carrière…
On touche là,
d’ailleurs, à une des caractéristiques de fond de La République
en Marche, qui est à mes yeux, tout à la fois un refuge pour les
politiciens en panne et une providence pour les aventuriers de tous
poils.
Les centristes sont
des politiciens sans convictions, qui ont toujours une voile tendue
prête à recueillir le moindre souffle de vent, d’où qu’il
vienne.
S’il faut être
homophobe pour se faire élire dans le sillage de Christian Vanneste,
soyons homophobe.
Si c’est passé de
mode pour devenir un ténor de LREM, ne le soyons plus. Ne rechignons
pas à le regretter, même.
Or le drame, c’est
que si LREM s’est voulu centriste, voire apolitique dans l’esprit
de son créateur, il est en train de virer très énergiquement à
droite.
D’ailleurs, j’en ai également parlé à plusieurs
reprises dans ce blog, et la nomination de Darmanin (et de quelques
autres) ne vient que confirmer cette tendance.
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