Maintenant que
Dracula est sorti du sépulcre, tout le monde se demande comment
pareille chose a pu se produire. On vaticine sur son caractère
imprévisible, alors qu’on a refusé de voir tous les éléments
qui permettaient de le prévoir.
Voici des extraits d’un documentaire que les Américains n’ont jamais vu, Trump
ayant menacé les télévisions de je ne sais quelles foudres si
elles s’avisaient de le diffuser. Il permet de mieux connaître le
monsieur. Il a été mis en ligne la semaine dernière.
Et ce ne sont pas
nos médias français qui vont faire amende honorable, alors que la
même situation se prépare chez nous, mais qu’aucun d’entre eux,
actionnariat, manne publicitaire et tirage oblige, n’est disposé à
abandonner le mode « louange de l’establishment » qui
les fait vivre.
Souvenons nous de la
primaire des démocrates aux USA. Qui remplissait stades et palais
des sports sans la sponsorisation du parti, qui rassemblait par ses
seuls discours les forces vives de la jeunesse américaine ?
Bernie Sanders. Pour
en faire autant, Hillary Clinton avait besoin de toute la puissance
de l’infrastructure de son parti. A cette guerre d’usure,
Hillary devant forcément finir par l’emporter. Et c’est là
qu’elle a commis la faute : au lieu de se gargariser de son
succès fabriqué, il fallait entendre le peuple, écouter les gens,
mettre de l’eau dans son vin, proposer à Sanders une association
acceptable pour lui, s’adapter à l’électorat comme il était,
représenter vraiment les électeurs démocrates. Elle aurait
largement été élue.
Au lieu de cela, son
parti bouffi d’establishment a phagocyté la campagne de Sanders,
étouffé son discours, l’a contraint à l’abandon sans
condition. Mais si on peut écarter un rival, on ne peut écarter le
peuple. Et le peuple de gauche, les partisans de Sanders, n’ont pas
voté.
Voilà le vote américain en nombre de voix. L'élection de Trump n'est due qu'au système d'élection indirect. Au suffrage universel, il aurait été battu. Mais voyez la carte plus bas dans ce billet, les abstentions sont bien dans la tranche de population la plus jeune, pour qui Hillary incarnait une gauche ringarde dont ils ne voulaient plus...
Voilà le vote américain en nombre de voix. L'élection de Trump n'est due qu'au système d'élection indirect. Au suffrage universel, il aurait été battu. Mais voyez la carte plus bas dans ce billet, les abstentions sont bien dans la tranche de population la plus jeune, pour qui Hillary incarnait une gauche ringarde dont ils ne voulaient plus...
Là-bas comme chez nous en France, les gens, -et les jeunes en particulier- ne veulent plus de cette gauche caviar institutionnelle, obligatoire et hégémonique qui ne les représente pas mais prétend le faire avec des discours de plus en plus démagogiques et creux.
Avant, de grands
hommes nous montraient la voie. Et on ne les suivait pas.
Maintenant,
ce sont les imposteurs qui ouvrent la voie, et on les suit…
Être de gauche, c’est autre chose qu’un discours, qu’un label qu’on s’auto-décerne et qu’un pin qu’on s’épingle soi-même sur son veston. C’est être au contact, connaître les réalités, s’attaquer aux fins de mois difficiles au lieu de saupoudrer des mesures qui tombent toujours à côté des besoins des braves gens.
Là, on touche du
doigt la déconnexion du monde politique avec les citoyens. Certes,
Trump est aussi déconnecté des citoyens que la plupart des
politiques, mais il est « déconnecté autrement », et
c’est ce qui a suffi à le faire élire.
Ce n’est pas en
prenant des bains de foule et en serrant des mains à la chaîne que
l’on connaît la vie quotidienne des citoyens. Il y a longtemps
qu’on sait que les « je vous ai compris » ne sont que
des mots, et que les politicards qui s’assument ont avoué que les
promesses n’engageaient que ceux qui les croyaient.
On a piégé Copé
avec le prix des pains au chocolat parce que lui-même avait mis le
doigt dans l’engrenage avec son histoire de pain au chocolat volé
par un méchant lascar exotique sur le chemin de l’école. Mais
n’importe quel édile de gauche aurait séché de la même manière
sur le prix du pain au chocolat.
Entendre des Valls
dire « je suis de gauche » ne serait qu’une mauvaise
plaisanterie si ce n’était la prémisse de ce qui vient d’arriver
outre-atlantique et qui menace de se produire chez nous.
Il y a bien
longtemps que dans notre belle France, on ne vote plus par choix du
candidat idéal, mais seulement par défaut contre le candidat qu’on
ne veut pas voir élu.
Jusqu’ici, nous
avons toujours peu ou prou trouvé des placebos, des « alternatives »
à peu près acceptables, réussi à conjurer le repoussoir par un
vote biaisé bien souvent exprimé en se pinçant les narines.
Mais nous en sommes
rendus à un point que même le vote par défaut n’est plus
acceptable.
Qui choisir entre un
Sarkozy universellement honni et une Marine Le Pen dont on connaît
les miasmes de peste brune cachées derrière le sourire enjôleur ?
Que faire entre un
Hollande qui a trahi ses électeurs de gauche ou un Valls qui fut son
complice et un Sarkozy qu’on a déjà viré une fois et qui, sans
vergogne et sans amour propre, ose se présenter à nouveau comme si
rien ne s’était passé. ?
Les seuls électeurs
qui ne s’abstiendront pas, les seuls qui voteront par choix positif
sont ceux de Marine LePen.
Est-ce cela que
veulent les Valls, Hollande, et autres auto-satisfaits du badge de
gauche qu’ils ne méritent pas ?
Les "grandes valeurs" sont devenues encombrantes pour sa politique taillée au sabre.
Ce n’était déjà
pas pour la gauche de Hollande que nous avons voté, ce n’est pas
non plus la gauche usurpatrice auto-proclamée de Valls que veulent
les Français. Et c’est donc fatalement le vote qui recueillera le
mécontentement cristallisé au-delà de la raison qui emportera la
timbale.
Il n’y a plus ni à
gauche ni à droite un seul personnage politique crédible. A droite,
il y a pléthore d’imposteurs dont les plus « progressistes »
ont des programmes sociaux aussi rébarbatifs que les autres, et à
gauche, il n’y a carrément plus personne.
Plus personne de
crédible dans la mouvance élyséo-matignonesque qui a trahi les
idées de gauche avec -entre autres-, le pacte de responsabilité offert aux patrons sans contrepartie, les divagations sur
la nationalité et la loi travail, plus personne encore chez les
frondeurs qui n’osent pas couper le cordon ombilical, plus personne
non plus chez les communistes qui sont bien gentils mais dont les
leaders ont un charisme d’huître, et il reste Mélenchon qui se
maintient lui-même hors jeu par son caractère suffisant et
arrogant.
Il ne suffit pas de
faire voter le mariage pour tous pour être de gauche, ou, comme
Hidalgo à Paris , de promettre 400 places aux immigrés qui sont des
milliers, de découvrir qu’il existe des SDF depuis que la droite
les met en concurrence avec les immigrés, et d’offrir les voies
sur berge à quelques dizaines d’électeurs oisifs qui y promènent
leur caniche alors que des dizaines de milliers de travailleurs en
ont besoin chaque jour pour gagner leur vie.
Alors qui ?
Il faudrait que ces
messieurs « de l’élite » se souviennent que les
classes moyennes et populaires sont celles qui les font vivre,
celles, majoritaires, auxquelles ils doivent leur élection et leur
carrière.
Il faudrait qu’ils
cessent de les opprimer, de les faire payer à la place des riches et
des multinationales, de les tondre jusqu’au sang comme ils le font
depuis des décennies.
Il faudrait qu’ils
se souviennent que représenter des gens, ce n’est pas aller serrer
leurs mains à la chaîne et les haranguer du haut d’une tribune,
qu’ils réalisent que leurs électeurs ont des fins de mois sont
problématiques, que leur pouvoir d’achat est en déroute, leurs
services publics en déconfiture et leur information tellement
déformée qu’ils ont fini par s’en apercevoir...
Aux USA, tous les
sondeurs se sont trompés…
Évidemment !
Qui les nourrit ?
Aucun média n’a
prévu l’élection de Trump…
Évidemment! A qui
s’adresse leur complaisance ? Qui les possède ?
A quoi aspirent les
journalistes qui, de travailleurs de l’information qu’ils
auraient du rester, sont devenus des stars avec des salaires à cinq
chiffres ?
Est-ce différent
chez nous ?
Alors, à quoi
devons nous nous attendre ?
Le point de vue
LGBT
Voici ce qu’aurait été le résultat de l’élection américaine si les moins de 35 ans avaient voté dans la même proportion que leurs aînés.
L’élection de Donald Trump risque bien de marquer un coup d’arrêt, voire une dramatique régression des droits LGBT aux USA, et il ne restera plus que l’impuissant ONU et l’Europe de Bruxelles pour porter le drapeau arc-en-ciel sur la communauté internationale et tenter de défendre les dizaines de millions de gays et de lesbiennes persécutés, assassinés et agressés à travers le monde.
Dans le programme
édité par Trump et répandu auprès de ses électeurs, on trouve la
promesse de défendre à la lettre le premier amendement jusqu’à
légaliser la discrimination des homosexuels au prétexte de la
liberté religieuse qui, comme chez Daesh, prendrait le pas sur toute
autre.
On trouve également
l’engagement de clore définitivement toute possibilité de mariage
homosexuel, ainsi que de consacrer à la thérapie de conversion les
subventions actuellement promises à la recherche sur le SIDA, et de
priver les sidéens des soins médicaux gratuits que leur avait
octroyé « l’Obamacare ».
Trump s’est privé
de nombreuses vraies compétences qui pouvaient se trouver dans le
parti républicain, dont les caciques se sont tenus à l’égard des
excès de sa campagne et ne souhaitent plus lui apporter leur
concours. Même si certains, qui comptaient sur sa défaite, tentent
aujourd’hui de revenir à la soupe...
Il devra donc
chercher ses collaborateurs dans un pool de milliardaires qui sont
l’équivalent chez lui de « ses copains de Fouquet’s »
et de quelques édiles avec qui il partage des idées rétrogrades, réactionnaires, fondamentalistes, ségrégationnistes et discriminatoires.
Mike Pence, le
vice-président, gouverneur de l’Indiana, considère que
l’homosexualité causera un effondrement de la société, il est
donc non seulement opposé au mariage gay, mais favorable à toutes
les discriminations possibles, y compris le licenciement ou le refus
d’embauche des gays, qu’il considère comme un moyen efficace de
conduire à leur éradication. (« social starvation »)
Il favorise les thérapies de rectifications des préférences
sexuelles dans son état, par un étrange mélange d’exorcismes
religieux et de séances psychiatriques. Des gays de l’Indiana
affirment avoir subi des électro-chocs au cours de telles thérapies.
Il est également créationniste et climato-sceptique.
On pourrait
également assister à un retour de Sarah Palin, la désastreuse
sous-gouverneur de l’Alaska qui s’était rendue célèbre par ses
déclarations homophobes et créationnistes alors qu’elle était
co-listière de John MacCain aux présidentielles de 2008.
On y trouvera
certainement Ben Carson, neuro-chirurgien de renom, mais dont les
vaticinations s’accordent mal avec les compétences scientifiques.
Ardent créationniste et contestataire du réchauffement climatique,
ils est viscéralement anti-avortement et homophobe, partisan des
méthodes fortes de réassignation sexuelle, et prétend que les
pyramides d’Égypte ne sont pas des tombeaux de pharaon, mais ont
été construites par les Hébreux pour stocker du grain.
Comme Ben Carson est
noir, il servira de « caution anti raciste » à
l’équipe du nouveau président. Ce qui n’empêchera nullement
les exactions sur le terrain.
D'ailleurs, le Ku Klux Klan, qui
a voté Trump avec les néo-nazis (légaux aux USA), a déjà un peu
défilé à Penham (Caroline du Nord) et y promet un grand défilé de
victoire le 3 décembre.
Trump était d’avis
de supprimer le ministère de l’éducation, qu’il juge inutile,
mais William Evers, (à ne pas confondre avec Myrlie Evers-Williams,
démocrate), spécialiste de l’éducation qui prétend restaurer
l’enseignement du créationnisme en lieu et place de la théorie de
l’évolution, insiste pour l’obtenir.
Chris Christie, qui
pourrait s’occuper des finances, est gouverneur du New Jersey et
fervent opposant au mariage gay.
Michael Huckabie,
ancien gouverneur de l’Arkansas, pasteur baptiste impliqué dans
l’envoi de missionnaires homophobes en Afrique, créationniste, est
le seul membre de l’entourage de Trump a ne pas contester le
réchauffement climatique.
Pam Bondi, procureur
général de Floride, pressentie pour la justice, est un figure de
proue de la lutte contre le mariage gay dans son état.
J’en passe, et des
moins bons. Tous ont pour point commun d’être homophobes,
créationnistes, partisan des thérapies de rectification, des
discriminations et de la prévalence des convictions religieuses sur
les devoirs citoyens.
L’avenir s’annonce
compliqué…
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