Valls, Le Maire, etc...
Il y a encore
quelque temps, une périodicité annuelle suffisait pour l’oscar de
l’imbécillité politique.
Maintenant, ce
rythme n’est plus suffisant. Le sottises pleuvent dru, et
l’inondation ne sévit pas que dans nos campagnes.
Comme nos
gouvernants, il faut agir au coup par coup, décerner à chaud,
quitte à perdre de vue un classement exhaustif du politicien le plus
déglingué de l’année. Sinon, de nombreuses perles seront à
jamais perdues pour l’histoire de France.
Bruno Le Maire, qui
ne désespère pas de nous gouverner un jour, envisage, lui, une justice d’exception pour les terroristes.
Alors, nous sommes
d’accord, le terrorisme, c’est très vilain, mais si nous avons
une justice qui fonctionne, elle doit être capable de répondre par
sa sévérité sagement appliquée à l’abjection des crimes
qu’elle a à juger.
La notion même de
« justice d’exception » est la négation même du
principe d’égalité de la devise de la république.
Deux justices, c’est
une de trop. C’est l’aveu même que l’une des deux ne serait
pas juste !
Ce fantasme
autoritariste sous-entend d’abord que la justice quotidienne serait
incapable de faire face à tous les crimes et délits qui lui sont
soumis. Elle aurait ses limites. Nous aurions une justice incapable,
-donc pas juste- devant certaines décisions à prendre.
Et il faudrait une
autre justice qui, elle, serait vraiment juste dans certains cas.
Mais pas dans les autres ?
Une justice à
géométrie variable, en quelque sorte…
On pourrait
commencer par une justice « spéciale terroristes », puis
on pourrait imaginer une justice « spéciale manifestants »,
« spéciale syndicaliste », et maintenant que la porte
est grande ouverte, une justice « spéciale anti-libérale »,
« spéciale opinions de gauche ».
Les tribunaux
d’exceptions, ça s’est vu, dans l’histoire. L’armée a même
longtemps possédé les siens, distincts de ceux de la république.
Il a fallu les
supprimer. Ils puaient trop le totalitarisme et la dictature.
Bruno Le Maire veut
les rétablir. Il n’y a pas que le FN qui croit devoir se
dédiaboliser. La droite d’apparence la plus paisible cache aussi
l’horreur derrière les voiles débonnaires de ses travestis
médiatiques.
D’ailleurs, comme
tous les grands dictateurs qui se croient seuls à voir dans les
limbes les intérêts supérieurs de leur peuple, voire du monde, en toute simplicité,
Bruno Le Maire est parfaitement conscient de son génie, ce qui le
conduit à déclarer que « son intelligence est un
obstacle »...
Si elle ne répondent
pas à toutes les exigences, si elles menacent l'autoroute dont il rêve vers le pouvoir.
Ouvrir des lucarnes,
aussi étroites soient-elles, dans les garanties de justice, de
liberté et d’autres valeurs fondamentales, c’est s’attaquer à
la boite de Pandore. C’est ouvrir une voie d’eau que l’on
estime insignifiante sans comprendre qu’elle peut, avec le temps,
s’élargir et remplir le bateau.
Une fois que ce
« si », que cette lucarne conditionnelle sera aménagée
dans la loi, un simple décret suffira à l’élargir, à la
façonner au gré des caprices de celui qui sera, dans le futur, au
pouvoir. Et on sait à quel point cette incertitude est menaçante
dans notre pays.
On fera des
dérogations pour les manifs trop longues, trop larges, trop
colorées, trop libertaires, celles qui défilent en ville, celles
qui préfèrent les campagnes, et aussi celles qui font le la peine
aux patrons et qui pourraient menacer les prébendes des riches.
Déjà, avec une technique bien rôdée de rongeur et le soutien de ses correligionnaires hollandistes, il tente de limiter la prochaine manifestation, de la réduire de cortège à rassemblement statique. Puisque les gros coups ne marchent pas, on essaie la méthode gagne-petit.
Déjà, avec une technique bien rôdée de rongeur et le soutien de ses correligionnaires hollandistes, il tente de limiter la prochaine manifestation, de la réduire de cortège à rassemblement statique. Puisque les gros coups ne marchent pas, on essaie la méthode gagne-petit.
Non, Monsieur Valls, la manifestation est un droit fondamental du peuple souverain, et la
manière dont vous les méprisez est déjà assez insultante pour que
vous vous absteniez de leur poser des conditions.
Même si le principe
même de la manif, manifestement, vous eczémate la bosse du pouvoir,
puisque vous déclarez au journal du dimanche que les syndicats devraient annuler d’eux mêmes ces défilés dont vous méprisez
clairement les tenants et les aboutissants.
« Vite un
nouveau 49-3 et qu’en en finisse ».
Monsieur Valls, ne
rêvez pas à haute voix vos ambitions de pouvoir…
Cela
ressemble trop à des caprices d’enfant gâté.
Ainsi, pour éviter
quelques cahots sur votre chemin du pouvoir, les travailleurs de ce
pays devraient renoncer, pour les décennies à venir, à une partie
non négligeable de leur maigres revenus (les heures supplémentaires
proprement payées), immoler sur l’autel de votre arrivisme les
seules garanties qu’il leur reste de ne pas se trouver pieds et
poings liés à la merci de leur patron (les conventions
collectives).
Bien sûr, ce que je
vais dire là relève pour vous du compte rendu d’un voyage
exotique puisque vous n’avez jamais été salarié. (Ou alors, rectifiez votre page wikipédia..).
Savez vous que pour une bonne partie des salariés de ce pays, votre réforme appliquée aux heures supplémentaires équivaut à une privation de plus de 100€ par mois, soit l’équivalent d’un mois de salaire à la fin de l’année ?
Imaginez vous la
position du salarié de petite entreprise (la majorité) qui se
retrouve au petit matin tout seul devant sa machine, face à son
patron qui lui dit « -Alors tu le signes ou pas, ce nouveau
contrat de travail ? ».
Non, bien sûr, vous
n’imaginez pas. L’entreprise, c’est l’Amazonie, pour vous.
Vous ne la visitez que dans le cadre d’expéditions soigneusement
aseptisées, même si de temps à autre, un indigène refuse de vous
serrer la main ou s’extasie devant le luxe de votre costard…
Si cette loi passe,
vous la traînerez toute votre vie comme un boulet bien plus lourd
que celui de Juppé avec les grèves de 95, parce que Juppé, le 15
décembre 1995, lui, a retiré sa loi.
Et malgré ce retrait, il reste aux yeux des Français le forcené « droit dans ses bottes ».
Imaginez ce que sera
votre avenir politique si votre tronche apparaît en filigrane sur
tous les bulletins de salaire rabougris que les Français recevront
mois après mois pendant des décennies.
Le parti socialiste
n’est plus que le parti des bobocrates, là où s’épanouissent
ceux qui croient que pour être de gauche, il suffit de se démarquer
de quelques principes nationalistes ou racistes, et de promouvoir
quelques principes sociaux qui ne coûtent rien, comme le mariage
homosexuel.
Eh bien non. Être
de gauche , tel que l’ont compris ceux qui ont porté François
Hollande à l’Élysée, c’était aussi mettre en œuvre une
politique vraiment sociale, avec une redistribution des richesses
aussi équitable que possible.
A cause de ceux qui, comme vous,
feignent de ne rien comprendre, tiennent inexorablement un cap qui
rend le quotidien invivable pour un nombre croissant de Français, le
bon peuple s’estime trahi et vous tourne le dos en courant tant
vous incarnez ce qu’il ne faut pas faire.
Hélas, la
politique, ce n’est pas la géométrie, et en vous fuyant aussi
radicalement que possible, ils se jettent dans la gueule du front
national, dont vous êtes un des plus grands pourvoyeurs.
Bien triste. Voilà
ceux qui croient encore en une gauche sincère obligés de se
reconstruire à travers des manifestations que vous, Monsieur Valls,
voulez interdire, des partis que vous débinez à longueur de
discours, des principes que vous qualifiés d’irréalistes à
travers la presse française dont la majorité appartient,
rappelons-le à un quarteron de milliardaires, et avec des moyens de
subsistance au quotidien dont on ne sait plus s’ils sont autant de
motivations à vous faire tomber que d’entraves pour y parvenir.
Triste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire