lundi 19 mars 2012

410°. Décalage, vous avez dit décalage?


Un quarteron d’associations pudibondes a obtenu la condamnation d'un magasin de « jouets érotiques », au motif que ces jolis bibelots pouvaient être associés à de la pornographie...


Je ne sais pas comment les parents catholiques élèvent leurs enfants, mais dans toutes les familles que je fréquente, (pas très catholiques, j'en conviens), les enfants sont plus attirés par les magasins de jeux vidéo et de baskets branchés que par les colifichets à se mettre où ça fait du bien. Il y a là un étrange décalage entre l’éducation supposée des futurs Français de droite, pour qui la vie est une ligne droite entre la première communion, le club d'équitation et le baccalauréat, qui ne devraient d'ailleurs pas faire du lèche-vitrine rue Saint-Denis mais plutôt avenue Henri Martin, et les gamins comme les autres, qui ont appris la vie ailleurs qu'au catéchisme, (encore que...) et qui sont, eux, capables de passer devant une telle vitrine sans prendre son contenu autrement qu'à la rigolade.


Espérons que la Cour d'Appel aura à cœur d'asperger les plaignants à l'eau républicaine, sans quoi la prolifération de pareille pudibonderie risque de mettre à mal notre patrimoine culturel et historique.

Faudra-t-il voiler à nouveau les pubis des tableaux de maître et des statues qui ornent nos musées et châteaux ?


Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai emmené un ami qui ne connaissait pas les lieux visiter le Musée des Arts Premiers, quai Branly, à deux pas de notre phallique Tour Eiffel. Nous avons navigué dans les allées tortueuses du musée avec quelques groupes scolaires qui, sous la conduite d'une professeur chiante et acariâtre, jetaient un regard blasé sur les totems et pirogues diverses, avec toutefois une nette préférence pour les coiffes emplumées des grands chefs indiens. Au département « Océanie », il y a une vitrine débordante de godemichés et autres petits instruments de plaisir vieux de quelques millénaires. Un peu plus loin, il y a une chose en pierre présentée en toutes petites lettres comme une stèle funéraire, mais dont le forme ne laisse aucun doute sur les aspirations de l'artiste au moment de son érection. (de la stèle...) Je ne mens pas, j'en ai pris les photos ci-contre.

Mais les enfants, eux, sont passés devant ces vitrines, manifestement méconnues de leur enseignante, sans y prêter la moindre attention. Mieux : j'étais alors en train de les photographier, et aucun d'eux ne s'est soucié du sujet de ma photo...
Alors je repose ma question : qu'est ce que les enfants des familles cathos ont de particulier, à part leur assiduité au catéchisme, qui les empêche d'approcher à moins de deux cent mètres d'un objet érotique ?

Et s'ils veulent en voir un, l'éloigner de deux cent dix mètres suffit-il à le mettre hors de leur rayon d'action ? A partir de quel âge le domaine de leur concupiscence dépasse-t-il deux cent mètres ?

Et en quels termes la loi différencie-t-elle un objet érotique d'un objet pornographique ? J'aimerais entendre un prétoire débattre du sujet, me délecter aux réquisitions détaillées d'un procureur, prêter l'oreille aux protestations obséquieuses d'un avocat, peser de mes mains les attendus et les pièces à conviction...


Je suis arrivé trop tard la semaine dernière chez mon marchand de presse pour acheter le numéro de « Minute » qui titrait « Pourquoi l'UMP a sacrifié Vanneste au lobby gay ? ». Des exemplaires de « Minute », il n'en reçoit que deux, pour deux habitués, et donc, il n'en avait plus. Du coup, je n'ai même pas pu le voler. Dommage : j'aurais bien voulu lire les explications à la sauce des rédacteurs de « Minute » sur la mise sur la touche de leur camarade Vanneste...

Nous avons là un des très beaux exemples de la formidable aptitude de l'UMP à mécontenter tout le monde : sur ce coup là, ils ont perdu le vote gay en refusant toute mesure d’égalité de droits LGBT, notamment sur le mariage et l'adoption, et ils ont perdu en même temps les hargneuses faveurs de la droite hypercatho en n'investissant pas Vanneste pour les législatives. Belle opération dont nous allons bientôt cueillir les fruits.



Et notre petit Sarko qui s’époumone si bien qu'il a réussi à réunir 70 000 personnes dans une salle qui, commission de sécurité oblige, ne peut en contenir que 45 000.


Quand on pense que ce type a commencé son septennat en voulant effacer la frontière droite-gauche dans ce pays, et qu'au bout de cinq ans, cette fracture a atteint des dimensions encore inédites avec une extrême gauche revigorée et en expansion qui rassemble plus de monde pour prendre la Bastille au hasard d'un samedi pluvieux que l'UMP, à grand renfort d'intendance et au terme d'une longue et onéreuse préparation, n'a pu en faire venir à Villepinte.


Grâce à cet infatigable « travailleur plus », nous voilà avec une extrême gauche sans doute capable en quelques semaines de plumer bien plus de voix au front national que Sarko n'a pu le faire en trois ans au prix de coups de langue éhontés qui me donnent parfois honte de mon « identité nationale ».


Quand on pense que ce bonhomme qui prétend avoir un programme et s'y tenir a dissous la police de proximité pour en reconnaître l'utilité et la reconstituer trois ans plus tard, qu'il avait déclaré il y a quelques mois qu'il ferait payer des impôts aux Français de l'étranger, « attendu que cela se fait aux Etats Unis » mais qu'il trouve aujourd'hui cette idée farfelue parce que ce n'est plus lui, mais Hollande qui l'a remise au goût du jour.


Quand on pense qu'il a fallu démantibuler ligne par ligne et cas par cas la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers, parce que son application, si elle pouvait générer une nouvelle tournée générale au Café du Commerce, s'est avérée dans la réalité aussi inhumaine et antisociale que financièrement contre-productive... Pour une fois que finance et humanisme se rejoignaient...


Quand on pense, quand on pense... Vivement le joli mois de mai.

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