Pendant que la gauche se demande comment elle pourrait se rassembler, la droite essaie de ne pas exploser.
Nombre d'élus envisagent leur réélection avec inquiétude lorsqu'ils voient avec quelle désinvolture le gouvernement plume ses électeurs.
Comme les cures d'amaigrissement sont bien plus visibles sur les petits porte-monnaie que sur les gros, des catégories de plus en plus larges commencent à regretter le bulletin de vote au nom duquel on va encore leur arracher un nouvel abattis. « C'était dans le plan de réformes pour lequel vous m'avez élu ! ». Elle a bon dos, la réforme. Voilà ce que c'est de ne pas bien lire les petites lignes.
Jusqu'à présent, lorsqu'on réformait un système ou une institution, c'était pour y apporter quelque chose, améliorer son fonctionnement ou les services qu'il rendait. Maintenant, c'est fini, tout ça. Les réformes que nous vivons consistent en gros à privatiser ce qui est vendable et supprimer ce qui ne l'est pas.
On a oublié jusqu'au sens des mots. Comme son nom l'indique, un « service public » est une institution que les citoyens font gérer par une collectivité avec leurs impôts pour rendre un certain nombre de services. Plus maintenant: On paie toujours des impôts, mais ce n'est plus pour recevoir des services en échange. La prestation des services est livrée aux bons soins d'une entreprise qui ajoute bien évidemment ses bénéfices au coût réel des services qu'elle rend.
Tout ce remue ménage ne va pas sans quelques contradictions et autres courtelinades. Ainsi, alors que le patronat français s'avère incapable de garder au travail les plus de 50 ans, (la France tient le record du monde de l'inactivité des 50 ans et plus), tout ce qu'on a trouvé à faire est de supprimer la loi Delalande, qui en taxant le licenciement des papys, avait été mise en place par Jospin pour enrayer le phénomène. (loi supprimée par loi n° 2006-1770 du 30 décembre 2006 )
Par contre, on continue à exiger des dits papys qu'ils travaillent dans un monde où personne ne veut les embaucher: on supprime la « dispense de recherche d'emploi » dont ils bénéficiaient entre 57 et 60 ans, et on veut les garder à l'établi jusqu'à 61 ans! Que de drames en perspective...
Pour ma part, j'avais obtenu cette fameuse dispense sans la demander, d'ailleurs, mais vu la maigreur des indemnités du chômage, j'avais quand même essayé de trouver du travail à 58 ans. Car une dispense n'est pas une interdiction... On m'a carrément ri au nez! Non seulement personne ne songe à s'adjoindre les services d'un chef opérateur de cet âge, mais on m'a carrément suggéré de cesser de rêver! Tout ce que j'ai trouvé était une place de livreur, mon âge étant un gage de prudence au volant, à un salaire très inférieur à mes indemnités de chômage, et même encore très inférieur à la moitié de mon dernier salaire...A mon grand regret, j'ai donc commis l'incivisme de ne pas devenir chauffeur-livreur et de continuer à parasiter la république en percevant un chômage pour lequel j'avais quand même cotisé trente huit ans sans discontinuer. Avec toutes mes excuses.
Si ce n'était que ça... Car on nous tond, mais ce n'est pas pour tricoter. On nous détricote même au contraire. Chaque jour apporte sa ration de rationnement avec une régularité à laquelle les plus fatalistes finissent par s'habituer... Qu'est ce qu'il nous a piqué ce matin? Les cartes de famille nombreuses... le remboursement des lunettes (13€!!, c'est harpagonesque !), les alloc avec une « réforme » dans laquelle « les familles ont tout à gagner » quand elles écoutent TF1, mais où elles perdent 600€ quand elles regardent leur calculette... L'obligation faite aux chômeurs d'accepter n'importe quel boulot...L'allocation de rentrée qui va elle aussi, être « réformée ».
Chômeur français de 58 ans à la recherche d'un emploi.
Si, en matière d'allocations familiales, il y a bien une réforme qui irait dans le sens de l'histoire, pas l'histoire de l'UMP, l'Histoire avec un grand H, ce serait soit de les moduler en fonction des revenus des ménages, soit de les rendre imposables, voire les deux. Souvenons nous que la moitié des Français n'est pas imposable sur le revenu tant elle gagne peu, et qu'à ce titre, elle les conserverait intégralement. Ce serait introduire un peu d'équité dans ce monde de brutes, mais ça ferait de la peine au fonds électoral de base de l'UMP, qui veut bien qu'on réforme le revenu des autres Français, mais pas le sien.
Le gaz qui augmente alors que la presse bien informée démontre que les achats de gaz de France se font toujours au même prix, et que c'est, avec l'argent des familles, la privatisation de l'entreprise qui se prépare insidieusement sur le matelas de billet que nous sommes en train de rembourrer...
L'argument massue et hypocrite des télévisions et autres médias complaisants pour nous faire avaler ce régiment de couleuvres est: « Voyons ce qui se fait dans les autres pays »...
M'enfin, ils font ce qu'ils veulent, les autres pays! Et nous aussi! Quand ça arrange nos maharadjahs, ils sont bien les premiers à parler de notre indépendance nationale, notre « spécificité française » et de notre génie tricolore. Mais pour nous piquer des sous, ils sont prêts à prendre pour modèle des pays qu'ils nous ont exhibé la veille en repoussoir pour nous montrer combien « notre France » était belle! Comment accorder un brin de crédibilité à des discours à ce point incohérents?
Pourvu qu'il n'y ait pas un jour pénurie de beefsteak, ils vont nous dire qu'on doit se mettre au cannibalisme, pour peu qu'ils trouvent quelque part un pays où « on vit très bien comme ça ».! On pourrait bouffer les chômeurs en fin de droits et les sans-papiers en instance de réexpédition histoire de les rendre enfin « utiles et rentables »?? Ils sont les premiers à dénoncer l'alignement par le bas comme si c'était là tout ce qu'ils ont compris du socialisme, mais ils sont aussi les premiers à vouloir nous l'appliquer lorsque d'aventure, notre petit confort compromet le remplissage de leur tiroir caisse! Faudrait savoir !
On estime que 3 milliards d'euros, c'est trop cher pour financer le RSA qui est sans doute un des dispositifs les plus efficaces pour remettre les chômeurs au travail, mais on a trouvé 15 milliards à dilapider sans tousser en août 2007 sous forme de « pack fiscal » à destination des entreprises et des plus gros contribuables...
Bon allez, je sens que je m'énerve, là. Parlons un peu d'homophobie.
En Chine, le nettoyage pré-olympique continue. On avait cru quelques années que les gays chinois, la plus grande communauté du monde: 140 millions de gays !!! allait enfin sortir du gouffre. Après quelques échantillons de liberté, on balaye pour bien montrer au reste du monde qu'on est et veut rester un monde de fourmis.
Aux Etats Unis d'Amérique, on a de la religion une vision tout à fait originale. Chacun y fonde librement sa secte, voir sa SARL, et la visite de Benedictus Vaticanus n'y est jamais perçue que comme la tournée d'inspection du PDG d'une maison mère dans ses succursales et ses sous-traitants. Succursales, qui ont largement « franchisé » le principe, puisque bon nombre de petites églises catholiques d'intérêt local ne dédaignent pas d'accueillir les homos. C'est un marché comme un autre. Pour fonder une église aux USA, il faut faire une étude de marché, et prendre des options de départ. On fait homophile ou homophobe.
Homophobe, à la campagne, ça rapporte gros. Homophile, dans les grandes villes, ça se vend très bien. Ce qui fait que nombre de disciples de la Vatican Company n'ont pas sur le sujet, et sur bien d'autres, les mêmes rigidités que la maison mère. Le PDG y est même assez contesté sur ses positions relatives au divorce, à l'abstinence sexuelle, la prévention des MST et à l'homosexualité. Autant de dérives droitières dont une partie des protestants, les baptistes en particulier, occupent le terrain avec application.
C'est justement le jour du discours du pape à l'ONU qu'a choisi le célèbre présentateur de la télévision chrétienne NRB, A. Southworth, pour faire son coming out! Ce camouflet infligé à l'aveuglement romain répond à un pénible amalgame perpétré par le mitré dans son discours à l'ONU.
Ouvrant le sujet par des excuses pour les scandales pédophiles qui ont secoué le clergé catho dans le pays, Benoît a dénoncé pèle mêle la violence et la pornographie. Car « éthiquement », ces deux choses n'ont rien à voir, et le seul critères qui puissent les rapprocher est de figurer côté à côte dans les programmes d'éradication des conservateurs les plus réactionnaires.
Je continue à penser qu'il n'existerait pas de pornographie vulgaire si l'érotisme simplement naturel et l'absence de pudibonderie trouvaient leur place logique dans les spectacles et représentations de la vie quotidienne, et que l'hyper-violence qui dégouline de partout n'est que l'exutoire de cette castration permanente imposée par un clergé hypocrite à un monde qui s'auto-proclame « bien-pensant ». A l'heure de l'écologie et du retour à la nature, il serait peut être temps de se préoccuper de « notre » nature humaine, avec toutes ses composantes positives. La joie de vivre qui résulterait d'une telle liberté nous dispenserait de bien des agressions et violences.
Vanneste ne rend pas les armes: il poursuit maintenant Bertrand Delanoë en diffamation, au motif que, si je comprends bien, s'étant pourvu en cassation, il est encore passible de la présomption d'innocence jusqu'à l'arrêt définitif de cette instance, alors que le maire de Paris s'est avisé de le qualifier de « délinquant » sans attendre l'ultime avis de la justice. Vanneste a par ailleurs signé un livre, dont voici la pub:
http://aes-france.org/-2006-2007-Homme-et-femme-Il-les-.html
et à propos duquel notre éminent confrère Têtu révèle qu'il l'aurait envoyé aux documentalistes d'un certain nombres d'établissements scolaires dans l'espoir de le voir intégrer subrepticement les bibliothèques:
http://www.tetu.com/rubrique/infos/infos_detail.php?id_news=12657
La précédente tentative de pénétration de bibliothèque scolaire et universitaire avait été tentée avec le luxueux livre sur le créationnisme dont j'ai eu l'honneur de vous entretenir dans mon billet n° 107:
http://brethmas.blogspot.com/2007/06/107-crationnisme-contre-conseil-de.html
Pendant que l'holocauste des gays continue un peu partout sur la planète, le Commissaire européen aux Droits de l'Homme se fâche tout rose contre les homophobes européens, visant sans les nommer la Lithuanie, la Pologne et la Bulgarie. Dans un discours prononcé au Parlement de Bruxelles le 17 avril dernier, Thomas Hammarberg a fustigé toute velléité de discrimination due à l'orientation sexuelle, et demandé aux députés européen de renforcer les directives européennes à ce sujet.
Pendant ce temps, le ministère de l'intérieur peaufine le projet d'un nouveau système informatique, « Ardoise », dont la puissante base de données permettrait de recréer, -entre autres- le fichage des homosexuels supprimé par Gaston Deferre en 1981. La Halde et la CNIL sont saisies.
Et enfin, petite publicité gratuite pour un fabricant de literie qui s'est attirée les foudres d'une association très très catholique, E-deo,
qui considère cette publicité, « vue dans le métro par des milliers de familles et d'enfants » comme « une porte ouverte au stupre et à la débauche » qu'il faudrait, selon elle, vite refermer. Je mets donc le pied dans cette porte en vous exhibant impudiquement cette insoutenable affiche. Si vous ne l'aviez pas remarquée, eh bien maintenant, ça y est: vous ne pouvez plus l'ignorer.
E-deo craint que « tous les marchands de matelas se mettent à leur tour à viser le marché homosexuel ». Pourtant, les murs du métro sont soumis à une censure serrée de Métrobus, la régie publicitaire maison, qui a eu maintes fois maille à partir avec les associations LGBT, pour un filtrage trop zélé.. (Publicités pour le Salon Rainbow Attitude censurée le 21 septembre 2005, avant d'être finalement autorisées devant les protestations). Mais là, deux mecs habillés sur un lit... Il faut être catholique pour voir le mal où il n'est pas. Acte manqué?
7 commentaires:
Très bon !
Je te mets en lien sur mon blog.
Je te suis sur toute la longueur de ton article, je n'ai qu'une seule réserve, de "nature" philosophique, sur ton argument sur la "nature", justement :
"A l'heure de l'écologie et du retour à la nature, il serait peut être temps de se préoccuper de « notre » nature humaine, avec toutes ses composantes positives. La joie de vivre qui résulterait d'une telle liberté nous dispenserait de bien des agressions et violences."
Je ne crois pas à l'idée d'une nature, heureuse et marquée par la nudité, la simplicité, l'absence de pudeur. Je pense que c'est quelque chose qu'il nous faut construire, qui ne correspond pas à notre "nature humaine".
Je chipote, je sais ; mais c'est parce que je m'intéresse de près, par ailleurs, au concept de "nature humaine" qui est, à l'examen, le concept le plus réac et le plus conservateur de tous.
Très intéressant. Juste une remarque quand même sur le RSA : plusieurs personnes en ont dénoncé les effets pervers, à savoir que les entreprises seraient tentées de faire surtout des emplois "bas de gamme" puisque l'Etat finance la différence. Pas forcément une solution miracle, donc, même si elle semble intéressante à première vue.
Vu ton blog, mon cher Léo.
Désolé d'être un peu sévère, mais ce sont des raisonnements simplistes et sérieusement dépassés...
"Que seraient les "salariés" sans "les riches"?
Mais que seraient les "riches" sans les salariés?
Quant au patron qui bosse d'arrache-pied pendant que son salarié se prélasse.... Il faut sortir de Neuilly-Auteuil un peu.!
Il faut en finir aussi avec cette icône périmée de "l'entrepreneur-héros de la nation.". A ceux qui partent à l'étranger pour se soustraire à la solidarité nationale, j'applique la sentence qu'ils délivrent eux-même quand ça les arrange à ceux avec qui ils veulent bien partager le travail, mais pas le bénéfice: "La France, on l'aime ou on la quitte". On vit mieux dans un monde sans requins.
Tes articles sont un petit concentré du repoussoir qui fait justement qu'on est de gauche quand on a un peu d'humanité.
D'abord, dans ton langage, il n'y a pas de "gens de gauche", mais des "gauchistes", constitués essentiellement de communistes, au sens où les maîtres de forge de Germinal les concevaient comme des "pique-assiette". Coucou: regarde le calendrier: 2008 ! ! !
C'est aussi désuet que les "valets du grand capital" dont parlait Staline ! Chacun ses caricatures, sauf qu'à gauche, on a évolué et on n'en est plus à jouer à ça.
Quant à ceux qui "ne savent pas ce que c'est de payer des impôts" !!
Rions un peu, et essaie plutôt de vivre quelque temps avec un salaire qui te dispense d'en payer. Après, tu seras ravi de réintégrer le club des gros contribuables...
Ton blog est plein de vocables désuets, voire hautains et méprisants. On croirait entendre le grand père Dassault. "Les médias communistes, la propagande des journaux gauchistes, les fainéants français". Vu ton âge, tu n'as que 150 ans de retard dans ta perception de la société.
Et pour terminer, sache que "réussir sa vie", ce n'est pas "gagner beaucoup d'argent"... C'est gagner le respect des gens en les respectant, s'ouvrir à d'autres modes de pensée sans les dénigrer, et travailler à l'égalité des Hommes en la posant en principe partout où les faits n'ont pas pu l'établir de fait.
Note : ce n'est pas mon blog, c'est même un faux blog, à prendre au second degré !
Dans la vraie vie vraie, je suis à l'inverse de tout ça, et tout à fait d'accord avec ce que vous dites.
Je me suis posé la question.
Le problème est qu'il existe vraiment des gens capables de tenir ce discours au premier degré. J'en connais. Et on en voit tous les jours!
Exemple: Le soir des municipales, un co-listier du FN de Meaux, interrogé à la télévision, a dit: "Meaux, avec Coppé, c'est Cuba!" Lui, ne plaisantait pas...
Serge Dassault, dans un discours électoral de la même campagne: "Avec les socialo-communistes, pas moyen de faire fortune".
Une des figures des bars gay du Marais, qui méconnaît le second degré (sauf d'alcool), proclame: " Comment voulez-vous qu'on soit riches s'il n'y a pas de pauvres?"
Sur rezog-articles, actuellement, un jeune royaliste publie des articles qui ne sont pas des pastiches, même s'ils semblent sortis du grand guignol.
C'est dire à quel point la réalité peut dépasser le pastiche et la dérision.
En effet et c'est souvent là le problème.
Si certains propos droitiers peuvent parfois faire rire (je me suis inspiré de certains pour ce blog), et se ridiculisent plus qu'autre chose, d'autres peuvent faire peur, surtout quand ils émanent de ceux qui sont aux manettes du pays.
Une participation à Mai 2008 :
Plus d'embauche ?
Soyez débauché !
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