lundi 27 août 2007

116° .Spleen, tantes, Pluton et omnimachin.

L’eugénisme des nazis voulait éliminer tous les différents, les pas beaux, les trop vieux, les mal-nés, les entre-deux-races, les qui-pensent-autrement, les sodomites, les crépus, les handicapés, les jugés inutiles, bref tout ce qui ne ressemblait pas au modèle de couverture du catalogue aryen.

La peur de la différence prospère sur l’obscurantisme, la faiblesse des esprits la catalyse en haine.

Quand je lis les annonces des chats gay comme citegay ou rezog, liste non exhaustive, je suis saisi d’un frémissement…

« Vieux, pervers, folles, nazes, connards, obsédés, je vous zappe direct ».

Quand on sait que la vieillesse, « chez ces gens-là », frappe à 25 ans, on reste perplexe. S’autozapperont-ils lorsqu’ils dépasseront la date limite de consommation qu’ils ont si sévèrement fixée qu’elle les menace à court terme ?

Tous ces braves gens jetés dans le même sac-poubelle sont brutalement exclus, parfois avec injures, de la simple possibilité de dialoguer ouverte par les chats. Il n’y a que le clone de service qui est supposé y trouver… son clone, c'est-à-dire un autre lui-même avec lequel il n’aura –pour cause de similitude- quasiment rien à échanger, et dont il n’aura rien d’autre à attendre que le réconfort de ne pas se croire une pièce unique.

Pour ma part, ce que je trouve merveilleux dans la vie, c’est justement que, dans la mesure où nous savons nous libérer des poncifs et modèles, nous sommes tous des êtres différents, uniques, originaux.

Pour moi, rencontrer l’autre, c’est découvrir un nouvel univers, voir le monde d’une autre fenêtre, m’enrichir de ses différences, - je ne les adopterai pas forcément, mais j’élargirai mes critères d’opinion-…



Pour moi, aimer l’autre, c’est lui offrir tout ce que j’ai appris de ma culture et de ma vie, mettre mon âme à nu devant lui, ce qui est un acte autrement plus exigeant et impudique que de lui montrer mon corps.

Pour eux, non. Est-ce la conscience de leurs insuffisances qui les empêche de rechercher un être différent ? Sont-ils rassurés de rencontrer un partenaire dont la compétence ne s’étend pas au-delà de ce qu’ils connaissent ?

Ma fierté est d’apprendre chaque jour, même du plus modeste, leur orgueil est de ne jamais recevoir de leçon, même du plus grand … (étant entendu que la mode n’est pas un critère de « grandeur » au sens où j’emploie le mot.

Qu’ont-ils fait pour devenir des « hommes », des êtres originaux et riches d’expériences, avec leur autonomie de pensée, de savoir et de raisonnement ? Rien ! Au contraire !

Pour ne pas risquer de devenir l’un de ces garçons libres comme celui que je voudrais pour compagnon, ils se sont soumis à tous les dogmes, toutes les théories, toutes les cultures, tous les prêt-à-penser dont la pratique leur garantit de se fondre dans le troupeau.

Pour ne pas parler de ceux qui ont muté, qui se sont adaptés à cet environnement factice, confondent l’argent du crédit avec un bien acquis et construisent une très provisoire existence en glanant chez un trop grand nombre d’amants supposés s’ignorer les ingrédients nécessaires à leur petite luxure un peu comme on fait les courses dans un supermarché. Ceux-là se trouveront bien dépourvus lorsque leurs charmes cesseront de leur ouvrir toutes les portes et qu’en regardant derrière eux, ils ne verront qu’une cohorte de déçus dont aucun ne leur tendra plus la main qu’ils espèreront saisir. L’exploitation du système ne garantit pas un avenir radieux…

Toute une industrie et une sociologie se sont mises en place pour leur garantir cette uniformité en prêt à porter qui les dispense d’exister par leurs propres moyens. On leur explique quelle musique il faut aimer, comment il faut parler, avec quels mots et quel accent, ce qu’il faut penser et croire, de quels oripeaux il faut se vêtir, de quelles ferrailles il faut se mutiler le visage et le corps, et à quoi doivent ressembler les gens qu’ils peuvent aimer. Bref comment ils doivent vivre. Autant dire une liberté de poulet en batterie.

Et alors, ils excluent le reste du monde. Les poulets qui vivent à l’air libre. Ne parlons pas de ceux qui savent voler !!! Exit les pas conformes à la couverture de « Buté » (cherchez !) , ceux qui peuvent exister hors de la mode… Exclus même leur devenir en puissance, les autres clones déjà sortis des critères par l’impérieuse nécessité de l’âge.

Ils ne sont pas à une contradiction près : pour ne pas paraître obsédés, ils déclarent refuser les « plans », mais les photos dénudées qu’ils exhibent sont peu en rapport avec leurs prétentions sentimentales. Ils estiment que quelques caresses octroyées ne constituent pas de la prostitution dès lors que la contrepartie qu’ils en attendent n’est pas payée en espèces, et font cohabiter sur la même fiche « en couple pas très libre » avec la liste de leurs fantasmes : fellation, sodomie passive, plan cam, orgies, etc…

Quand leur complexe les travaille trop sévèrement, ils essaient d’éluder le principal, et au lieu de montrer leur personne dans leur galerie de photos, ils exhibent une voiture qui est plus souvent celle de leurs rêves que la leur, un appareil génital qui n’est pas toujours le leur non plus, leur chanteuse à la mode préférée, ou une photo érotique glanée sur le net. A cet usage, la manga est du dernier chic.

J’ai bien essayé de contacter les webmestres des chats pour leur exposer le problème. Que l’on ait une préférence pour les partenaires de telle ou telle fourchette d’âge, soit. Quelques chatteurs d’ailleurs, savent l’exprimer avec respect, tout de même, mais ce n’est pas la majorité !.

Le gros des « faux hors milieu » n’hésite pas à couvrir les autres d’opprobre, à mettre dans le même sac tout ce qu’ils ont peur de devenir : les vieux, les pervers, les crades et les « folles », à les maudire et les couvrir d’injures… Il y a un pas au franchissement duquel j’aurais espéré que ces webmestres apporteraient une certaine modération.

Réponses gênées éludant le problème : « en laissant nos chatteurs s’exprimer librement, nous vous permettons de mieux les juger ».

Tu parles ! S’exprimer librement, favoriser la surenchère populiste, c’est justement ce que demandent les racistes, les nazis, les fanatiques et agités de toutes sortes. La civilisation a choisi d’empêcher leurs incitations à la haine, peut-être un jour nos chats seront-il civilisés….

Le comble de l’horreur étant les proclamés « hors milieu » dont les pratiques hautement tantesques les dispensent d’avoir à se replonger dans le ghetto régénérateur, parce qu’ils en sont suffisamment imprégnés pour les pratiquer chez eux en pure autarcie, regardant le Marais de leur fenêtre comme une sorte d’élevage dont ils veulent ignorer qu’ils sont les produits..

Un jeune homme à qui je proposais un jour « un dialogue enrichissant » a cru que je voulais l’acheter. Comme quoi le plus pervers des deux n’est pas toujours celui qu’il est convenu d’accuser…

Lorsque j’étais tout jeune, j’avais évidemment des échanges fort agréables avec les chenapans de ma génération. Mais aussi intimes et enflammés qu’aient été les ébats auxquels nous nous livrions, il n’en restait jamais qu’un sentiment de chair repue…

La vraie complicité, le vrai partage, la vraie initiation philosophique et humaniste que je recevais, les vraies vibrations de mon cœur, c’est un professeur qui me les procurait… Qui avait des cheveux blancs à l’époque où je ne me rasais pas encore. Autant dire que nous étions hors la loi, puisque la majorité homosexuelle était à 21 ans à l’époque où je ne les avais pas…

Certes, le désir épidermique était plus évident avec mes petits copains, mais ce que mon Encolpe ne m’apportait pas avec son corps, il le compensait merveilleusement avec son affection, son cœur, son âme. Et je buvais avidement aux deux coupes, parce que leur miel était complémentaire, et contribuaient chacun pour sa part à mon épanouissement et mon équilibre.

Cela se passait sur terre, il n’y a pas si longtemps… Même si lorsque je le raconte, j’ai l’air de tomber de la planète Mars.

A propos de Mars, parlons un peu de Pluton !

Ça fait un an que l’affaire est sur le gaz : Pluton n’est plus celle que vous croyez. On lui a découvert des tas de concurrents plus éloignés, certes, mais plus gros, plus grands, plus influents, plus à la mode.

Aussi, au terme de longues tergiversations, la Communauté Astronomique Internationale a-t-elle décidé de retirer à Pluton ses galons de planète.



Elle n’est plus qu’un astéroïde moyen de la Ceinture de Kuiper…. Déjà la découverte de deux objets célestes, 2002 LM 60 dénommé Quaoar, et 2003 VB12 dénommé Sedna avaient fait vaciller le statut de planète de Pluton. La découverte d’un nouveau machin classé astéroïde et baptisé 2003 UB313, dont les dimensions sont supérieures à notre ex neuvième planète ont fait déborder le vase : Pluton n’est plus dans le coup.

Voilà qui va poser problème à tous les astrologues qui gagnent leur croûte en interprétant les sévices que Pluton infligerait à nos destinées en apparaissant dans notre bout d’horoscope. Le déclassement de ce caillou céleste est une atteinte inqualifiable à l’outil de travail de toute une catégorie professionnelle.

Attendons nous donc à ce que le syndicat des astrologues nous réclame avec force la réhabilitation du zinzin au grade où il rapporte le plus. Pluton était la planète qui « expliquait » le mauvais sort et la scoumoune. Comment les justifier maintenant ? Il va pleuvoir de la boule de cristal sur les préfectures ! Sans compter les mauvais sorts qui vont s’acharner sur cette Communauté Astronomique Internationale. Non mais, de quoi elle se mêle, celle-là ?

Comme notre gouvernement navigue en lisant les faits divers, s’intéressant au fil des avatars de l’actualité aux pédophiles sur le retour et aux méchants chiens à grandes dents, (comme si on manquait de lois sur ces sujets) , nul doute qu’il va entendre les jérémiades des astrologues, et décider par décret une exception culturelle supplémentaire au nom de laquelle Pluton sera, entre les quatre coins de l’hexagone, maintenu dans des statuts qui permettent à toute une profession de prospérer aux dépens des crédules. Il faut soigner son électorat.

Les dérogations, écrites ou non, on n’est plus à une près. Tiens, avez-vous eu la curiosité de lire la constitution de la 5° république ?

Article 5 :

Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat.

Article 20 :

Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation.

Je ne sais pas si vous avez les mêmes informations que moi, mais il me semble qu’il y a eu comme une inversion des rôles : depuis quelque temps, l’omniprésident détermine et conduit la politique de la nation (y compris les bourdes de Kouchner ?) , et le gouvernement se contente de veiller à leur application.

Voilà ce que c’est de congédier Pluton pour délocaliser ses effets astronomiques : c’est la vengeance de l’astéroïde…

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