lundi 30 décembre 2019

586° Demain les bons vœux et les grands choix.






Je crains que dans ses bons vœux de demain, - enfin... dans les bons vœux qu'il va se souhaiter à lui-même et à son régime -, Macron ne nous resserve une variante du grand débat.

Ils nous a niqué une fois avec ça, il est capable de vouloir recommencer.




Souvenez vous du grand débat, et de ses questions dirigistes en impasse sur internet, avec les cases à cocher :
  • "Où faut-il prendre l'argent ?"
    • case 1    à l’enseignement,
    • case 2    à la sécu,
    • case 3    aux prestations sociales,
    • case 4    à la santé et à l'hôpital.

Pas d'autre case à cocher, notamment la case :
  • "prendre l'argent où il est".


S'il nous refait un coup semblable, les gens redescendront dans la rue dès le lendemain, la grève se relancera de plus belle, il mettra le feu au dialogue social. Enfin à ce qu'il en reste.
Croit-il que le spectre du RN va le protéger indéfiniment ?

Nous assistons à un véritable hold-up de la finance sur le domaine public: après les autoroutes, les aéroports, les hôpitaux, et maintenant les retraites.

La France est un des pionniers des acquis sociaux.
Elle ne se laissera pas dépouiller.
Ceux qui donnent en exemple les pays où on travaille plus longtemps sont à mes yeux des sortes de collabos. 
 
Soumettraient-ils leur propre salaire à la mesure des pays où les salaires sont plus bas ?

Égalité et fraternité, cela consiste à tendre la main à ceux qui sont à la traîne, pas à traiter de privilégiés ceux qui s’en sont mieux sortis.




« l’égalité » doit se faire par le haut. Par le bas, ce n’est plus de l’égalité, c’est de la soumission.
Prendre modèle sur les mauvais, ce n’est pas le sens du progrès.

D’ailleurs, pour imposer son système, le pouvoir ne s’y trompe pas :

Quand ça l’arrange, il nous vante les mérites des « premiers de cordée ». Mais ces éloges ne valent que pour les aventuriers de sa caste.




Lorsque ce sont les travailleurs, les exploités, qui se distinguent par leur progression, ils deviennent des « privilégiés », et la communication officielle n’a pas de mots assez durs pour les vilipender et les traiter de tricheurs…

L’opinion publique commence à voir clair dans cette étrange didactique.

C’est le bien du pays qui est en jeu : ceux qui ont tout à perdre se défendront jusqu’au bout, et ce sont les commerçants et autres victimes collatérales de la grève qui en feront les frais.

Hier, un cafetier m’a pris à témoin, en vitupérant contre les grévistes et en se lamentant de la baisse de son chiffre d’affaire.
En guise de réponse, je lui ai demandé pour qui il avait voté. Il n’a plus rien dit.

Il faut tirer d’urgence ce projet inique de destruction des acquis sociaux, et mettre toutes les richesses du pays à contribution pour sa prospérité.
On ne peut sans cesse ponctionner les pauvres : vient un jour où ils sont nus.







dimanche 8 décembre 2019

585° De l’universalité des valeurs.




Il me souvient d’une époque où j’allais à l’école et où Macron n’était pas encore né.
On y entendait des cours d’instruction civique, très interactifs avant l’heure, les plus interactifs de tout notre enseignement, et dont je garde une grande émotion et un excellent souvenir.

Pour savoir ce que tout cela est devenu, j’interroge monsieur Google qui me dit que cela s’appelle maintenant « l’enseignement moral et civique » après avoir failli s’appeler en 2012 « enseignement de la morale laïque et civique ».

Une réforme de 2015 réorganise cet enseignement autour de la discipline et du respect des codes sociaux, au détriment du sens citoyen et de la laïcité.
C’est passer de la philosophie au terre à terre…

Le « respect des codes sociaux », chacun y voit ce qu’il veut, et comme les gens vivent de plus en plus en communautés, les codes communautaires se prennent de plus en plus pour des « codes sociaux » et ont une fâcheuse tendance à envahir l’espace du code républicain.

Et on a complètement oublié les valeurs fondamentales, qui ont fait de la République l’outil de la réalisation des valeurs des Lumières.

Un petit retour aux sources ne me semble dont pas superflu. 




La raison d’être de toute société humaine doit être le progrès social. C’est le seul objectif qui profite à tous. Chacune des trois valeurs de la devise républicaine doit concourir à cet objectif.

Ainsi, par exemple, le progrès social consiste, « pour une âme bien faite », à s’assurer que les mal lotis et les malchanceux rattrapent bien le peloton de l’intégration sociale au lieu d’être laissés sur le bord du chemin. Si on en juge par le nombre de gens qui dorment sur les trottoirs et mendient aux feux rouges, sans parler de ceux qui font leurs courses aux restos du cœur, force est de constater que l’action en la matière est un douloureux échec.

Ainsi, par exemple, le progrès social consiste à améliorer l’ordinaire des braves gens en saisissant chaque occasion de l’élever.

Pour ça, le système politique est censé créer et mettre en place des « réformes ».

Cherchons « réforme » dans le dictionnaire :

Réforme :
Changement de caractère profond et radical apporté à quelque chose, en particulier à une institution, et visant à améliorer son fonctionnement et ses résultats.

C’est donc un véritable travail de construction, au nom duquel on doit tendre la main aux retardataires pour les hisser au niveau de ceux qui s’en sortent mieux.

En qualifiant certains régimes de retraite de « privilèges » et en expliquant à tous ceux qui n’en bénéficient pas qu’il faut les abolir et réduire tout le monde à la ration minimum, on fait exactement le contraire.

On pratique l’égalité pas le bas, alors que le progrès social exige l’égalité par le haut.
Le progrès social, c’est ouvrir de nouvelles fenêtres, pas fermer celles que des pionniers ont réussi à aménager.

En répondant aux revendications d’égalité et de progrès par des simulacres de consultations et de « grands débats » au cours desquels on laisse les gens se livrer à d’inutiles incantations avant de clore l’exorcisme par un discours partisan présenté comme rassembleur, on ne fait en réalité que poser hâtivement un couvercle sur les cris du peuple.
C’est donc exactement le contraire d’une réforme.

De vraies réformes, les gens sont demandeurs, ils sont pour, à condition que, conformément à la définition du dictionnaire, il en sorte une véritable amélioration.

Or que résulte-t-il des réformes que nous proposent nos gouvernements successifs depuis de trop nombreuses décennies ?




Des limitations, des augmentations de taxes et de prix, des réductions de nos avantages et de nos droits, l’application d’une égalité à la tondeuse, la présentation des courbes mathématiques et des aventures boursières comme les nouvelles normes qui doivent présider à la conditions humaine et aux nouvelles règles de l’humanisme… 

Si le résultat de l’augmentation de la durée de la vie doit conduire à l’augmentation de la durée d’activité, où est le progrès social ?
N’est-ce pas seulement une augmentation de la durée de l’esclavage ?...

A quoi sert le travail des machines ? Où est passé le bénéfice de la mécanisation ?
Pourquoi tous ceux que l’automatisme a privé de salaire ne bénéficient-ils pas de la productivité de la machine qui les remplace ?

Où sont passés les milliers de milliards dont on nous parle sitôt qu’on fait allusion aux multinationales, aux grandes fortunes, aux spéculations ?

Pourquoi tout cet argent ne nourrit-il pas les pauvres ?
Lesquels, du coup, le remettraient dans le circuit ?
Pourquoi ne vient-il pas adoucir la condition de tous ceux qui usent leur vie à la gagner ?

Existe-t-il un « paradis des milliards »  où toutes ces richesses vont s’entasser oisivement avec la certitude de ne jamais servir à rien ?

Partout, à travers la planète, les peuples se soulèvent. Les uns après les autres, ils s’élèvent contre les pouvoirs étouffants, les économies dévoyées, les pompes à fric du pouvoir global, les privations de liberté, de connaissance et de reconnaissance.

Et il en résulte la prospérité de tous les outils parasites de l’anti-connaissance, du faux savoir et de l’obscurantisme (en fait les « outils du pouvoir »)…  : l’intégrisme religieux et sa cohorte d’interdits, de terres plates et les créationnismes de toutes sortes, la limitation des libertés individuelles, la valorisations des superstitions et des croyances, les dogmes et systèmes de toutes sortes…

Pendant des lustres, on nous a présenté le « communisme » comme un système étanche et fermé où les gens vivent comme dans une prison sans pouvoir accéder au « monde libre »…

Mais plus on avance, plus on constate que le « libéralisme » n’est pas une liberté non plus, ce n’est pas la clé du « monde libre »…

C’est une autre prison, assez subtile pour avoir rendu ses barreaux invisibles, omniprésents, pour avoir étendu son domaine à toute la planète de manière que, jamais, nulle part, on puisse trouver un endroit où sa férule ne s’applique pas…

Avant, les hommes politiques qui marquaient la société par autre chose que leur violence étaient des écrivains, des poètes, des philosophes. Montesquieu, Chateaubriand, Lamartine, Musset, Victor Hugo, Rousseau, Prévert…
Tous n’étaient pas élus, mais tous étaient entendus.

Maintenant, ce n’est plus l’intelligence humaine et la philosophie qui gouvernent le monde, ce sont les banquiers et les financiers. Pour ne pas dire leurs ordinateurs, qu’eux mêmes ne maîtrisent plus puisqu’ils les ont conçus non plus pour conduire un système, mais pour y entretenir un cancer, une tumeur permanente qui ne peut que grossir jusqu’à la mort inéluctable : le taux de croissance.




Chez nous, ce sont les gilets jaunes, ailleurs, après la Tunisie, l’Égypte et la Lybie, c’est en Algérie , à Hong Kong... Ça pète aussi au Chili, au Liban, en Irak, en Équateur, au Venezuela, en Bolivie, au Congo, à Haïti, en Guinée, au Soudan, et j’en passe et j’en oublie.

Ce sont parfois des gouttes d’eau qui font déborder le vase.
Ce qui est un euphémisme : si une goutte d’eau suffit à faire déborder un vase, c’est que celui-ci est déjà plein à ras bord….
Ici le prix du pain , celui du ticket de métro, une taxe sur Whatsapp, là, le prix de l’essence….
Quand les situations sont inflammables, une étincelle suffit à tout embraser..

Ce qui est la preuve d’un ras-le-bol généralisé.




Pour en revenir à notre assiette de frites hexagonale, le sens profond de la politique du tandem Macron – Philippe se résout à l’aveuglement de croire qu’on ne peut prendre qu’aux travailleurs l’argent pour leur retraite, et non pas le puiser dans les immenses richesses qu’ils ont créées depuis des générations.

Soit ces Laurel et Hardy de la politique le croient naïvement, soit ils sont les serviteurs zélés d’une religion financière dont ils sont des activistes fondamentalistes.

Parce qu’après tout, ont-ils une raison logique ne ne voir des problèmes que ce qui les arrange, et de n’entrevoir de solution que celles qui ne coûtent rien à ceux qui pourraient les donner ?

Éplucher le service public jusqu’à l’anéantir, à le rendre inutile et obsolète, n’est-ce pas dérouler le tapis au monde de la finance qui ne demande qu’à nous revendre avec profit ce que l’union sacrée des travailleurs a su créer par les forces jointes de l’union et de la solidarité ?

A ce titre, nous sommes déjà devenus locataires d’autoroutes dont nos impôts nous avaient rendus propriétaires, nous sommes sur le pont d’être dépossédés de nos aéroports, une bonne partie des services à la personne et des services de santé est déjà privatisée alors que nous avons payé la formation de ceux qui les délivrent…

Et il faudrait accepter ces spoliations, ces escroqueries, comme des évolutions inéluctables ?

Il faut sortir de ces logiques mensongères qu'on nous présente chaque jour un peu plus comme des écritures saintes.
  • Le centre de la société, c'est l'homme, pas l'économie.
  • La condition humaine n'est pas une valeur d'ajustement, c'est un objectif.
  • Et l'économie est au service de l'homme, et non pas l'homme au service de économie.
Certes, les retraités français se révoltent aujourd’hui, et ils ont bien raison, mais c’est surtout le monde entier qui se révolte. Regardons au-delà de nos frontières : il se produit une prise de conscience universelle de ces détournements, de cet assujettissement.

Alors, essayer de nous désigner les cheminots comme des privilégiés, et "franco-franciser" un problème universel, c’est croire qu’on va regarder le doigt au lieu de regarder la lune.

C’est toute la planète qui est en colère.




Dire que le peuple français est ingouvernable et déteste les réformes, c’est petit. Indigne d’un chef d’état.

Il est grand temps de revenir aux valeurs humaines pour gouverner la société.
Le malaise n’est pas que franco-français, il est universel.

Et la vraie universalité, c’est celle de l’Humanisme, pas celle des rails de la finance sur lesquels on veut nous conduire.





mercredi 27 novembre 2019

584° Le féminicide est une conséquence : parlons de ses causes.




Depuis quelque mois, l’égalité des femmes et les violences qui leur sont faites sont enfin devenues des sujets d’actualité. Il n’était que temps.

Mais quelque chose me gène dans la manière dont toutes ces manifs et revendications sont présentées : elles dénoncent les conséquences, mais pas LA cause.

Bien sûr, il faut dénoncer cette violence comme toutes les autres. 
Cette violence là plus que les autres, parce qu’elle s’est petit à petit « intégrée » à notre quotidien, voire à la culture dans certains pays.

Mais quand on l’a dénoncée, on n’a fait que la moitié du boulot : le féminicide n’est qu’une conséquence.




Causes et conséquences



Le coupable, c’est le machisme. 

Et le machisme, c’est un ennemi sournois, parce que, justement, il est subrepticement entré dans notre vie de tous les jours au point qu’on ne le voit même plus…

Le machisme, ça commence à la petite école avec la grammaire où le masculin l’emporte sur le féminin. Je ne suis pas pour autant partisan de l’écriture inclusive, qui transforme la littérature en chantier inachevé, mais il doit y avoir moyen de présenter les choses autrement.

Le machisme, ça continue avec le catéchisme et la religion, qui sont hélas, un quotidien dans nos sociétés. Dans les religions majoritaires, seuls les hommes peuvent devenir prêtres. (et en abuser si souvent…)
Bien heureux si on ne baigne pas dans une religion où les écritures instituent carrément la domination de l’homme et l’asservissement de la femme.

Le machisme, ça continue dans la vie sociale, avec « le chef de famille », papa au boulot, maman aux fourneaux, ça continue dans les salaires et les avancements dans la plupart des entreprises, celles qui ne possèdent pas de grilles de gestion qui précisent expressément le caractère asexué des rétributions et des promotions.

Et le machisme, ça débouche sur l’instauration de l’hétérosexualité comme un système dominant et dominateur, qui définit les rôles des sexes dans une organisation théorique de la société.

Du coup, notre monde regarde comme des asociaux ceux qui sortent du rang, ne se comportent pas en clones issus du moule, et cela génère donc également l’homophobie.

Car même lorsque c’est une femme qui défile à la manif pour tous en déblatérant des horreurs sur les homosexuels, elle ne le fait que parce que l’ordre hétéronormé lui a donné un rôle à jouer, et qu’elle a peur de perdre cette petite position et de se retrouver anonyme et perdue dans un système où elle n’aurait pas une place bien délimitée et réservée.

A une heure où on parle d’une nécessaire convergence des luttes, je pense que les homosexuels ont toute leur place dans les manifs des femmes, et j’invite les femmes à se joindre à toutes les prides, marches et manifs LGBT.



Il faut dénoncer le machisme.


Les femmes ont avec les homosexuels un ennemi commun : le machisme.

Et je voudrais que l’on dénonce, stigmatise, décrive, et vise bien davantage ce machisme, qui est devenu subrepticement un élément de notre culture, qu’on l’extirpe de nos habitudes, de nos lois, de nos schémas sociaux, de notre mode de vie.

A livrer à nos penseurs, à nos tribuns, à nos législateurs.

Attaquons le mal à la source.





mercredi 11 septembre 2019

583° Noël Le Graët ou la discrimination à la carte





Monsieur Noël Le Graët, président le la Fédération Française de Football veut bien lutter contre le racisme dans les stades, mais pas contre l'homophobie.
Ce n'est que du folklore, estime-t-il.

Pourtant, la loi française est formelle.

C’est le même texte de loi qui punit de la même peine les discriminations de toutes sortes, racistes, religieuses, dues à l’origine ethnique ou à l’orientation sexuelle.
Il en est de même pour les injures.


Monsieur Noël Le Graët, président le la Fédération Française de Football, estime, lui, que la loi française est mal fichue et il entend la façonner à la mesure de son public et de ses petites affaires.

On se demande donc en vertu de quels critères il a déterminé la hiérarchie des discriminations qui lui convient.

On n’ose même pas lui demander où il place l’antisémitisme, par exemple, sur l’échelle qu’il veut nous imposer...

Le racisme, c’est grave. Mais difficile d’aller contre. C’est le commerce de la fédération qui l’exige. 
A défaut de convictions humanistes, force est de constater que les « gens de couleur » marquent plein de buts, et que le monsieur aurait bien du mal à remplir ses stades si ces braves joueurs « d’origine étrangère » n’étaient pas là pour la mettre au fond. 
(la balle au fond du filet, excusez-moi, je m’emporte..)

Mais les « enculés » on ne sait pas s’ils marquent des buts, puisque ça ne se voit pas et qu’on leur casse la gueule quand ils le disent. Alors on sauve le fonds de commerce et on sacrifie les homosexuels sur l’autel de la prospérité footbalistique.

Injuriez les si ça vous fait plaisir, mais de grâce, continuez à remplir les stades…




Il faut tout de même se rappeler que l’homophobie, ce sont des agressions qui finissent parfois en assassinat, des cassages de gueule, des injures, des dépressions allant parfois jusqu’à la déscolarisation ou au suicide, des licenciements abusifs ou des démissions forcées, des enfants jetés à la rue, des familles brisées.

L’homophobie, c’est tout ça.

Chaque fois qu’on crie « enculé » ou « pédé » dans un stade, on fait l’apologie de cette intolérance dévastatrice.

Peut-être que tous les gens qui crient « enculé » ne sont pas des homophobes militants ou violents, mais ils participent à ce mouvement de foule qui légitime les progroms.

Chaque fois qu’on crie « enculé » dans un stade, chaque homosexuel se sent personnellement insulté même s’il n’est pas visé, pris en otage dans un mouvement qui lui dénie sa propre existence, l’essence même de sa personne.

Mais les dérives de monsieur le président de la Fédération ont des conséquences encore plus graves :

Le FFF, c’est plus de deux millions de licenciés dans près de 1800 clubs.



La moitié des licenciés des clubs a moins de vingt ans.



Ils commencent dès l’âge de cinq ans.

La Fédération Française de Football a donc une énorme responsabilité d’éducation.

Ce n’est pas en affirmant que la discrimination des homosexuels est moins grave que les autres discriminations et ne justifie pas les mêmes mesures que Monsieur Le Graët va former une génération de joueurs humanistes et bien éduqués.

Rappelons le nombre de joueurs exclus ou « démissionnés » de leurs club pour homosexualité. On en a fait des livres, des émissions, et même un film.

De tout cela, il apparaît que le président de la Fédération, par ses déclarations hiérarchisant des discriminations que la Loi estime équivalentes, n’est pas à la hauteur de sa charge et ne possède pas les valeurs citoyennes qui doivent inspirer la conduite d’une institution sportive.


















lundi 27 mai 2019

582° Et maintenant ?….





Il va falloir faire avec, mais il y a beaucoup à dire de ces résultats un brin inattendus.
D’abord, on savait que les sondages étaient trompeurs, voire mensongers, mais on commence à comprendre qu’ils pourraient devenir des outils de manipulation.

A qui faire confiance ? Actuellement, ils sont aux mains du privé, avec des « garanties » qui valent ce que valent les garanties sanitaires des produits du supermarché.
Comment les améliorer ?

Ceci dit, les résultats, eux, sont officiels. Il va falloir faire avec.
Que voyons nous ?



Droite des bistrots et droite des cols blancs...

La droite des bistrots a très largement pris le pas sur la droite des cabinets financiers. C’était prévisible : à trop mépriser les pauvres, tondre les petits contribuables, ignorer les « non-diplômés » et oublier les vieux au bord de la route, il ne fallait pas s’attendre à autre chose.

Même au-delà des propagandes et des manipulations, une élection reste le cri du plus grand nombre, et dans la France de Macron, le plus grand nombre, ce sont les laissés-pour-compte. Ce qu’au USA, on appelle les 99 %.

Les dictateurs chevronnés en font des « forces populaires » et des « partis uniques », en dehors de ce schéma, ça donne des opposants qu’on peut toujours désorganiser, Macron le fait plutôt habilement-, mais ça ne les supprime pas. La preuve.

Ceci dit, son pouvoir commence à harceler les journalistes, et cela m’inquiète beaucoup.

Se réjouir de la déconfiture du parti républicain, c’est se mettre des œillères. Bien sûr, quelle joie de voir un parti de vieille bourgeoisie confite de bigoterie, accroché à ses miasmes religieux et ses valeurs moyenâgeuses prendre une déculottée, ça fait toujours plaisir. 



Mais toute médaille a son revers. Une partie – la mieux nantie - de cette droite jusqu’ici républicaine a rejoint LREM où elle retrouve ses valeurs financières et ses opportunités pécuniaires, les plus éclairés ont voté écolo,  mais la plus grosse partie a filé au café du commerce, où elle a engraissé le machin national…

Macron se réjouissait d’avoir fait exploser la gauche, qui avait d’ailleurs, par ses dérives et ses individualismes, tout fait pour prêter le flanc à ce genre de scud. Mais il en a perdu l’héritage. C’est la droite qui est venue engraisser ses effectifs.

Si la gauche s’est déstructurée, elle n’en continue pas moins à exister, et l’esprit de gauche des Lumières, de la raison et de l’humanisme n’a pas disparu. On le retrouve donc largement chez les écologistes, et de manière surprenante dans le score de Glucksmann qui, s’il reste modeste, est néanmoins le double de ce que les sondages lui prêtaient.

Il va falloir à ces deux là apprendre à s’apprivoiser et à travailler ensemble, parce que « tel est leur destin ».

D’ailleurs, ils ont tous les deux dit ce matin que c’était envisageable, alors qu’Alexis Corbière, le hibou sur l’épaule de Mélenchon, a confirmé qu’il n’en était pas question. Dont acte : on fera sans eux.

Car leur premier lien, c’est leur ennemi commun : le pouvoir de la finance, le rouleau compresseur des multi-nationales, les mailles d’acier de la prison néo-capitaliste.

Leur second lien est la « qualité intellectuelle » de leur électorat. On retrouve, tant chez les écolos que chez Glucksmann, une proportion de « gens instruits », de diplômés, d’intellectuels et autres penseurs supérieure aux autres partis.

Au machin national, les cadres ont un profil adjudantesque, voire pilier de bistrot, chez les républicains, plutôt jésuite, et à la France insoumise, un brin levée de fourches et cocktail molotov.

De plus en plus, le niveau intellectuel remplace le niveau social dans l’identification politique des Français. Les grincheux trouveront toujours des exceptions, les laissés-pour-compte de la pensée hurleront à l’élitisme, mais on ne peut nier que c’est une tendance forte.


Les jeunes se mettent enfin à voter...

L’irruption de la jeunesse, jusqu’ici relativement désintéressée de la politique, mais qui se sent soudain concernée par l’urgence écologique qui assombrit leurs lendemains, est l’autre signe de cette transformation. Les jeunes se mettent à voter en plus grand nombre, et ils ne voteront ni pour des banquiers ni pour des moralistes à l’ancienne.

Il y a déjà longtemps que le vocable « d’intellectuel de droite » était devenu une locution paradoxale, une sorte de plaisanterie, genre « cuisine anglaise » ou « midinette parachutiste », l’enflure du machin national vient confirmer cette lame de fond.

Et ce dans tous les domaines : mon grand père était un paysan traditionnel à peine nanti d’un certificat d’études, l’agriculteur d’aujourd’hui est un chef d’entreprise avec des compétences technologiques, ingénieriques et et informatiques affirmées. Ce qui explique sans doute que chaque jour, un plus grand nombre d’entre eux abandonne le traditionnel pour une agriculture raisonnée et écologique.

Et il en est ainsi dans beaucoup de professions… Les seules résistances sont le fait d’aveuglements soit traditionnels, soient de finance à court terme.

Ainsi par exemple, la transition vers la voiture électrique n’est ralentie que par ce que j’appelle des « vroum-vroumistes », ces mal-baisés qui ne se réalisent que dans des voitures inutilement grosses et puissantes.
La transition de la route vers le rail n’est ralentie que par des financiers qui voient dans le camionnage une source de bénéfices immédiats, comparés aux investissements dans le rail qui ne produisent qu’à long terme.
La transition agricole n’est ralentie que par un système de distribution archaïque et malhonnête qui ne permet pas aux producteurs de vivre de leur travail.


Bref, d’une manière générale cette « décantation »  de l’électorat nous donne une nouvelle mouture où ne surnageront que ceux qui pensent et qui réfléchissent à long terme, savent abandonner les traditions et les idées reçues pour une véritable innovation.
Ouf de soulagement. La France est assez délivrée des religions et des pensées obtuses et dogmatiques pour oser réfléchir de manière autonome. On a coupé des têtes pour ça, et on en cueille encore les fruits aujourd’hui.

Évidemment, tout le monde va se mettre à parler d’innovation, de « nouveau monde », etc.
(C’est déjà fait ? Tiens donc!)… Reste à l’électeur à ne pas se laisser bercer par les mots et les slogans...

Tout cela pour dire que les écologistes sincères et la gauche humaniste n’ont pas d’autre choix que de travailler ensemble. Leurs objectifs convergent, leurs moyens sont de même nature, et surtout, leur ennemi est le même….




LREM s’est droitisé. Encore davantage…

Le bilan global est que LREM s’est droitisée.
LREM avait dû son succès aux gens de gauche désespérés par l’émiettement de leurs partis, aux retraités inquiets. Tout ces gens sont partis, écœurés. S’ils se sont maintenus à niveau constant, c’est qu’ils ont compensé cette hémorragie par une foule de droite, qui n’a pas assumé le sauvage dérapage droitier de Wauquiez et les homélies du croisé Bellamy.
Certes c’est une droite relativement modérée, mais c’est de droite quand même.
Ce n’est plus « ni gauche ni droite ».

Le bastion LFI fait maintenant figure d’un gauchisme ras les pâquerettes qui ne se résout pas à se fondre dans le moule fasciste bien qu’il en partage certaines aspirations, - dont le culte du chef – , la contestation par principe doctrinaire et une fâcheuse tendance à « l’impérialisme idéologique», et le PC est le grand perdant de l’affaire : malgré une gestion pourtant parfois exemplaire de mandats régionaux et municipaux, il donne l’impression globale d’un idéologisme qui parle plus qu’il n’agit. Même si ce n’est pas forcément exact, ça leur colle à la peau, et c’est à eux de modifier leur image.

En Italie, Mateo Salvini fait ses discours avec un chapelet à la main, peut-être craint-il le caractère phallique du goupillon…
Encore que le chapelet, si les grains sont assez gros, a ses adeptes au rayon érotique…

En Hongrie, Orban séduit les Hongrois en leur apprenant à détester l’étranger, on est bien loin la Raison et l’Humanisme…
Les Hongrois avaient édulcoré l’écrasement des nazis parce que leur langue, impénétrable et incompréhensible, leur avait permis d’atténuer l’ingérence de l’occupant. Elle continue à entretenir leur marginalité.

Partout où les religions sont proches du pouvoir, elles enseignent la détestation du prochain, de l’étranger, du « différent », en totale contradiction avec le fond de leur message spirituel.
Exemple en Pologne.

En définitive, l’inévitable clivage du partage des richesse s’est compliqué d’un autre division : celle de l’instruction et de la raison face à l’aveuglement et à l’obscurantisme.

C’est un long travail de pédagogie et d’explication qui s’annonce. 








lundi 20 mai 2019

581° Festival de Cannes il y a cinquante ans.






Je n'ai pas l'habitude de parler de moi dans ce blog, mais l'ouverture aujourd'hui du 72° Festival de Cannes me rappelle d'émouvants souvenirs.

Il y a dix ans, sur ce blog, j’ai écrit l’article n° 258, que je repends ici avec de menus rafraîchissements.

J’entends aux informations le mécontentement de certaines professions, les auto-écoles par exemple, qui bloquent les routes parce qu’ils voient leur profession ratatinée par le numérique.
Ce ne sont pas les seuls, loin de là. De nombreuses professions se sont profondément transformées avec l’arrivée du numérique. D’autres ont carrément disparu.

Ce fut le cas de la mienne. J’étais un spécialiste de la pellicule, qui, en quelques années, a complètement disparu au profit du numérique. Depuis bientôt dix ans, lorsque vous allez au cinéma, vous voyez une image numérique. Ce fut aussi le cas de tous les travailleurs du laboratoires de développent et de traitement…

On a longtemps pensé que le numérique ne surpasserait jamais en qualité les techniques d’images avancées (70 mm) et de son (codage Dolby sur le film). L’avancée technologique a finalement eu raison de ces derniers bastions. On gagne maintenant en qualité d’image et de son à voir des films en numérique. On économise aussi beaucoup d’argent à la production en les tournant sans pellicule. Et il faut moins de lumière…

Certes, il y a la nostalgie du film, comme il existe celle des voitures anciennes ou des trains à vapeur. J’avais commencé dans ce métier comme Toto dans Cinéma Paradiso…

Mais chaque jour, l’inexorable progrès écrase un peu plus tous les détails auxquels les nostalgiques se raccrochaient. La température de couleurs, la chaleur des ambiances, résolus. Les profondeurs de champ : améliorées. Le grain : divisé par trois. Le son : épuré avec la disparition totale des bruits de lecture et des parasites provoqués par l’usure du film au fil des séances.
La bande passante : élargie, le nombre de canaux : multiplié, la dynamique : augmentée. Plus rien à quoi se raccrocher.

Le numérique fut pour les artisans du film que j’étais un cataclysme technologique. Tout a disparu. C’est la retraite qui m’en a sauvé de justesse. Ma profession n’existe plus...

Mais il y a cinquante ans, en 1969, votre serviteur eut l'honneur de faire des projections dans moult très grandes salles françaises, et notamment au Festival de Cannes. Qui se tenait encore dans son ancien palais, dit « Palais de la Croisette"

A la fin de la guerre, le Festival eut lieu dans le théâtre de l’ancien Casino. La salle était trop petite (1000 places).
On décida donc en urgence de construire le Palais de la Croisette, dédié aux festivals – dont le Festival International du Film -qui fut achevé en deux ans. On l’inaugura avec le Festival de 1949.

Il était temps : le grand concurrent, Venise, s’était doté en 1937, juste avant la guerre, d’un Palazzo del Cinema ultra-moderne très innovant pour l’époque. Il était déjà plus avancé que celui de Cannes, qui vit pourtant le jour douze ans plus tard : la projection y était presque  horizontale, alors qu’au Palais de la Croisette, comme dans les salles traditionnelles, elle tombait du haut d’un balcon très escarpé.

Entré au dernier moment comme remplaçant, j'y travaillai au-delà du raisonnable, une fâcheuse épidémie de grippe (eh oui, déjà!) à laquelle j'échappai ayant décimé l'équipe, pourtant nombreuse, des opérateurs.



Voilà de quoi j’avais l’air en 1969.


Il me reste de ce festival quelques photos, des vieilles diapositives que j'ai numérisées sans numériseur, on admirera la performance, en photographiant leur projection sur un petit écran!

L'ancien palais du Festival, donc, inauguré en 1949 et détruit en 1983, offrait une salle de 1700 places avec balcon, dotée d'un écran de 16 mètres, exceptionnel pour l'époque, mais la projection était affligée d'une plongée de près de 25° qui nuisait considérablement à la construction d'une image de grande dimension. Pour conjurer le problème, on avait incliné l'écran face à la cabine de 15°, avec l'inconvénient qu'il se couvrait de poussière assez rapidement et qu'il fallait le changer presque tous les ans...

De plus, cette inclinaison, qui déformait l'image, (effet de trapèze) était très visible des places latérales de l'orchestre. Pour les galas, l'attribution des sièges était donc un problème aussi épineux qu'un plan de table avec un archevêque, un ambassadeur et une archiduchesse, puisqu'il fallait « trier » les invités en fonction de leurs compétences techniques pour n'attribuer ces mauvaises places qu'à des spectateurs incapables de déceler la supercherie.

La salle en 1969, photographiée par les trous de projection.

Située au cinquième étage, desservie par un ascenseur, juste sous la terrasse brûlée par le soleil, l'étouffante cabine de projection, mal ventilée et non climatisée, hébergeait quatre projecteurs Philips DP70, (Hollandais). La Rolls du cinéma. Les deux du milieu équipés de lanternes à arc californiennes Mole Richardson à positif tournant, (quelle merveille!) et les deux machines latérales affublées de lanternes à arc italiennes Cinemeccanica SuperZenith. Les connaisseurs verront très bien tout cela sur les photos. 




Au fond, hors de la photo, des lecteurs double bande, dotés d'une synchronisation électronique "Interlock" avec des moteurs à glissement, -les premiers que je voyais- permettaient, à la première séance, d'enregistrer des traductions dans les langues choisies par le jury, et de les relire lors des projections suivantes.



A droite, également invisible sur la photo, un tableau de commutation pour les changements de machine, appelé « Véronique », avait la réputation de conduire à des situations d'impasse produisant des coupures de son lors des changements de machine s'il n'était pas manié par son maître. Je n'y ai jamais touché. A côté, une minuscule pièce dévolue à la régie son était littéralement remplie par un bedonnant mais sympathique ingénieur que l'on apercevait parfois entre deux volutes de fumée de ses Gitanes.


Votre serviteur, sous son meilleur profil, en plein travail.

Lorsqu'on sait qu'il y a dans la salle le gratin du cinéma planétaire, on a le trac.
Je n'en étais pas exempt. J'ai vu des opérateurs renoncer en tremblant à la grande salle...
Il est vrai que chaque fois que l'on appuie sur un bouton, on joue sa place...
Sauf le chef, qui un jour, a envoyé une bobine à l'envers... Et qui est resté chef.

A l'époque aucune projection n'était automatique alors qu'elles le sont toutes devenues quinze ans plus tard, au temps des complexes, y compris les plus puissantes. Notamment parce qu'aucune lanterne à arc ne donnait plus d'une heure de lumière sans qu'il faille remplacer les charbons. Il fallut attendre l’invention de la lampe au xénon…

En l'occurrence, les Mole Richardson de Cannes ne délivraient pas plus de trente minutes de lumière continue. Ensuite, il fallait l’éteindre pour changer les charbons. ...

C'est donc bobine par bobine qu'on faisait les projections, avec changement de machine toutes les 17 minutes. C'est dire qu'il y avait intérêt à avoir les yeux en face des trous et qu'il ne s'agissait pas de fumer la moquette avant d'aller faire une séance. Par précaution, nous étions deux opérateurs, chacun passant toujours les mêmes bobines sur le même appareil. La chasse aux rayures était ouverte! 



Guettant sur l'écran le signe du changement de projecteur.
Il fait trèèès chaud. Mes cheveux sont collés sur mes tempes...


Jusqu’à la fin de « l’ère pellicule », la projection du Festival de Cannes s’est pratiquée en mode manuel et bobine par bobine.

Comme j'étais de loin le gamin de l'équipe, j'avais 22 ans et les mandarins de la salle obscure me regardaient de haut, on ne me confiait que les films jugés secondaires. En regardant attentivement cette photo prise dans la salle de montage, pompeusement baptisée le bunker, vous constaterez que la pellicule ne touche pas mes doigts: elle vole! Déjà doué, le petit! Le film entre mes mains le jour de la photo était, autant que je me souvienne, le film de Pierre Etaix « Le Grand Amour ».




Ce fut l'année où « IF » de Lindsay Anderson, obtint la Palme d'Or lors d'une cérémonie de clôture présentée par Jacques Martin. « Z » de Costa Gavras n'y obtint qu'un prix d'interprétation masculine décerné à Jean Louis Trintignant. .. A part le Pierre Etaix et le soporifique « Ma nuit chez Maud » d’Eric Rohmer, on me confia aussi "Easy Rider", de Dennis Hopper, qui fit mauvaise impression et obtint sous les sifflets un prix de la première œuvre avant de devenir le film culte que l'on sait. .

L'histoire nous dit aujourd'hui que « If » -palme d’or - est un film oublié et que « Z » et Easy Rider », qui n’ont pas brillé ce jour là, sont restés dans l'histoire. Le jury était pourtant présidé par Lucchino Visconti in person.



Le détail du défilement du DP 70.

En 1982, ce palais des festival, dit « Palais de la Croisette » fut abandonné au profit du nouveau palais que nous connaissons, appelé le bunker par les Cannois. Il est construit sur le port de Cannes, précisément à l’emplacement de l’ancien casino, « Le Casino des Fleurs » qui hébergea le tout premier Festival d’après guerre et qui fut démoli pour laisser la place.


 Le "Palais Croisette"

Malgré les critiques, la grande salle de ce nouveau -et actuel- palais est, à mon avis, le modèle de la salle idéale, architecturalement parfaite, conçue autour du spectateur et de la projection. On parle néanmoins déjà de démolir ce second palais pour le remplacer par je ne sais quoi qui aura bien du mal, je pense, à être aussi fonctionnel.


 L’actuelle grande salle du Palais des Festivals de Cannes.

Les lanternes à arc ont été remplacées à la fin des années 80 par des lanternes au xénon Kinoton, ce qui n'alla pas sans quelques explosions très spectaculaires, dont une célèbre en plein gala d'ouverture. (Je n'y étais plus depuis longtemps, mais elle résonne encore dans la profession).

Les premières lampes au xénon, surtout les très grosses, avaient la fâcheuse manie d’exploser sans aucun signe avant-coureur. L’explosion était très puissante, le miroir pulvérisé, et parfois des éclats venaient briser la glace thermique de sécurité, se loger dans la cage de l’obturateur et provoquer une casse mécanique du projecteur en le bloquant brutalement….

On ne les manipulait -à froid et à l’abri des courants d’air, qu’avec un masque et des gants de protection. Je mettais même en plus mon blouson de moto pour les remplacer tant j’en avais peur. Le boîtier de la lanterne était littéralement blindé pour protéger l’opérateur, et il arrivait, après une belle explosion, qu’elle soit cabossée de l’intérieur, gonflée comme une boite de conserve avariée….

Lorsqu'on changea de palais, les quatre projecteurs DP 70 furent déménagés et installés dans le nouveau palais avec leurs lanternes explosives.

A la suite de débats dont j'ignore la teneur, ils ont été remplacés depuis par des DP 75, un modèle supposé supplanter le précédent mais qui, à mon humble avis, ne lui arrive pas à la cheville. Et j'en parle en connaissance de cause, puisque la suite de ma carrière m'a conduit à maintenir pendant plus de vingt ans un complexe cinématographique parisien entièrement équipé de cette regrettable machine...

J'ai le souvenir émouvant d'avoir assisté, en spectateur dans la salle, le 26 mai 1982, à la dernière projection du Palais Croisette.
C'était le film "The Wall" d'Alan Parker, mettant en image l'album de Pink Floyd.
C'était du 70 mm. Les anglais avaient monté une sono délirante, entassé des amplis plein la cabine et des haut-parleurs jusqu'au plafond derrière l'écran.

Le Palais a tremblé ce soir là.
Mémorable.
Ce fut à la fois son baroud d'honneur et son chant du cygne.
J'en ai encore les larmes aux yeux.

Je n'ai pas trouvé de photo de l'actuelle cabine de projection "numérique" du Palais du Festival.

A titre indicatif, voici deux exemples de projecteur numérique de grande salle...





“Picture by Thomas Hauerslev, in70mm.com”