samedi 29 mars 2008

160° . Slogans pour mai 2008. suite n°1

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Notre petit concours de slogans pour mai 2008 produit quelques résultats.


Voici ces débuts encourageants:



Nos caisses sont vides

parce que les vôtres sont pleines.


La France, c'est la rue, pas Neuilly


Brûlez leurs voitures, pas les vôtres




Encore un effort, le mois de mai, c'est bientôt. !


Voici quelques prévisions pour cette période:




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lundi 24 mars 2008

159° Chine, Jeux Olympiques, Tibet et homophobie.

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On ne sait plus ou donner de la tête ni de la plume.


Entre le « bon accueil » à réserver à l'accélération des réformes, la préparation de mai 2008 et le problème posé par les Oeufs Jolympiques, comme disait Coluche, par où commencer?


Par dénoncer l'inculture et l'incompétence des journalistes qui ne cessent de parler de « boycottage », au prétexte que la langue française ne possède pas, c'est vrai, de traduction pratique de « boycott », qui est à l'origine un nom propre. Pourquoi pas « boycottation » pendant qu'on y est? Luttons contre l'inculturisme et l'analphabétage.



Ceci dit, un boycott complet serait une punition injustement infligée à des sportifs pour lesquels un tel événement est souvent le point culminant d'une carrière, l'aboutissement d'une vie d'efforts et d'entraînement. Or nous ne voulons que du bien à nos sportifs, même si une médaille olympique en a déjà conduit certains à devenir ministre d'un gouvernement de droite.



La faute en incombe au Comité Olympique qui a, en 2001, alors que le problème du respect des droits de l'homme en Chine était bien sûr déjà posé, choisi ce pays en dépit de réserves pourtant clairement exprimées à l'époque.


Boulette confirmée le 17 décembre 2007 par le même Comité Olympique à Lausanne, qui a refusé de reconnaître le Comité Olympique Tibétain et ainsi obligé les sportifs tibétains à concourir sous les couleurs chinoises, ce qu'ils ne feront sans doute pas.



Par contre, difficile d'y aller avec l'air de rien. Le règlement olympique prévoit que les sportifs qui ne participent pas à la cérémonie d'ouverture ne peuvent pas participer aux compétitions, mais ne précise pas la qualité du représentant officiel de la délégation.. Réglementairement, on peut donc envoyer son chauffeur ou son cuisinier.


La seule expression possible du désaccord français sur le comportement du pouvoir chinois est donc entre les mains de notre gouvernement. Alors, Ira? Ira pas?


Tout plaide pour qu'il n'y aille pas, si on reste dans le domaine humaniste. D'abord sa façon de gouverner à vue: un chien mord: on vote une loi anti-chien.


Là, un sondage révèle que 53% des Français souhaite que la France n'ait pas de représentation diplomatique à la cérémonie d'ouverture. Or, 53%, c'est justement le pourcentage au nom duquel le gouvernement déclare « inexorable » la poursuite des réformes malgré sa claque aux municipales et aux cantonales, puisque c'est celui avec lequel Sarko a été élu l'an dernier.


Quand il s'agit de « réformer », 53% constitue, pour nos dirigeants, un contrat moral auquel il ne saurait se soustraire. Se soustraira-t-il à la volonté de 53% des Français qui veulent que les sportifs aillent tous seuls à Pékin?


Mais ce n'est pas si simple.... Enfin, le problème n'est pas seulement « humaniste »...




La vraie question est maintenant de savoir combien d'Airbus sont capables de contrarier la volonté populaire? Rien qu'en 2007, Airbus a vendu à la China Southern Airlines, cinq A 380 (le mastodonte), cinquante A 320 (moyen courrier) et à la China Eastern Airlines, la compagnie « concurrente » (si, si) trente autres A 380. Sans parler d'options sur plus d'une centaine d'autres machines volantes de toutes sortes.


Pendant ce temps, Eurocopter plaçait dix EC 155 toutes options (8 millions d'euros pièce), Areva négociait deux réacteurs EPR 3° génération à 4 milliards d'euros le morceau, Alcatel un système complet de téléphone mobile clés en mains, Alsthom l'automatisation du métro de Shanghaï et Sanofi-Aventis une usine pharmaceutique spécialisée dans l'élaboration de vaccins. Et les Chinois nous paient en euros, pas en dollars...


Il va donc être difficile à notre pauvre président de se fâcher avec la Chine olympique. C'est toujours difficile de faire la tête à des gens pétés d'oseille.


Mais enfin, c'est bien lui et nul autre qui, en sollicitant les 53% de suffrages qu'on lui a imprudemment accordés, est allé se placer dans cette situation. On ne va pas le plaindre, attendu d'abord qu'il se moque éperdument de ce qu'on pense de lui, et qu'ensuite ce ne sont pas toujours des situations aussi cornéliennes que celle-là qui lui ont valu son impopularité.



Pour être complet sur le sujet: Qu'en est-il de l'homophobie en Chine?


La situation des homosexuels en Chine était florissante jusqu'à la longue marche de Mao. Elle est devenue épouvantable pendant l'expansion communiste, et surtout au moment de la révolution culturelle de 1965 à 1975, où le sort le plus enviable qui leur était réservé était le camp de rééducation. Des milliers, peut-être des millions d'entre eux furent exécutés sommairement d'une balle dans la tête car « atteints d'un vice occidental » et « incapables d'assurer l'expansion du peuple chinois ».


Petit à petit, les choses ont été en s'améliorant, du moins dans les grandes villes. Il est vrai qu'eu égard aux dimensions du pays, les homosexuels chinois sont au nombre de cent vingt à cent quarante millions! Comme ça faisait beaucoup de saletés d'exterminer tant de monde et beaucoup de travail pour les rééduquer, le gouvernement chinois, devenu pragmatique et soucieux d'un brin de respectabilité, a finalement choisi d'essayer de « faire avec ».


Les lois anti-gay ont été abolies en 1997, et comme le pays n'est pas affligé d'une religion monothéiste et que l'ambiance générale consiste à cultiver une plus grande liberté, les progrès se font plus rapidement que chez nous. Souvenons nous que l'homosexualité bénéficiait d'une image favorable en Chine jusqu'à l'arrivée des communistes.



L'irruption du Sida, d'abord niée par les autorités, est maintenant prise en compte, et les homosexuels, qui ne constituent qu'une infime part des cas, n'en sont pas considérés comme responsables.


Si le sort des gays ruraux est encore incertain, la vie gay commence à se montrer dans les grandes villes. Certes, il n'y a pas de Gay Pride, mais les lieux gay se multiplient sans attirer les foudres du pouvoir. Dès lors qu'un gay possède un travail et un salaire, on ferme les yeux sur sa vie privée. Malheureusement, un catholicisme émergeant commence à essayer de déranger cette belle libération...



En 2006, une proposition de loi créant un mariage gay a même été déposée au Comité Central du parti, mais il n'a pas été voté.


Il existe des sites gay ou gay-friendly chinois qui ne sont pas censurés, comme:


http://www.daqi.com/


site généraliste à forte connotation gay friendly, et les feuilletons de la télévision mettent couramment en scène des homosexuels et des couples gays d'aspect « normal ».Ils ne sont pas censurés comme la cérémonie d'Olympie.


http://news.soft32.com/chinas-first-gay-chat-show-goes-live-on-the-internet_3900.html



Ceci dit, cette situation, presque satisfaisante si on la compare à certains pays musulmans ne doit pas nous faire oublier les atteintes quotidiennes à la liberté d'expression, notamment. Un brave homme qui tenait un blog réclamant des libertés politiques vient d'être condamné à cinq ans de prison pour le seul fait d'avoir écrit ce qu'il pensait... L'application de la peine de mort bat tous les records pour de simples problèmes de délinquance quotidienne.



Ne nous méprenons donc pas. Les droits de l'homme ne consistent pas seulement à pouvoir choisir sa vie privée et même sa religion. Ce sont des conditions nécessaires, mais pas suffisantes. La liberté d'opinion, de pensée, d'expression sont les fondamentaux des droits de l'homme, et c'est là que le bât blesse: En exhibant un certain progrès social et individuel, les autorités chinoises veulent nous cacher le principal. Le problème tibétain est là pour le rappeler. La Chine n'offre aucune liberté politique.



D'habitude, les droits des femmes et des homosexuels constituent un excellent baromètre du niveau des libertés d'un pays. En Chine, ces mesures sont faussées. Ne nous laissons pas abuser.



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jeudi 20 mars 2008

158° Mai 68 – mai 2008- - Concours de slogans!






Préparons l'anniversaire de mai 68!




Dans mon billet n° 156, je me désolais d'avoir été doublé par la presse dans mon souci de fêter dignement, -et utilement tant qu'à faire -, le quarantième anniversaire de Mai 68.

Une fidèle lectrice, Luce, que je remercie au passage, me signale que j'ai bien plus d'un métro de retard: Plusieurs livres sont sortis, dont un que tous les critiques trouvent délectable, d'un camarade Denis Langlois, aux éditions du Seuil, intitulé:

« Slogans pour les prochaines révolutions ». (10€...!)



Voici quelques échantillons:

  • Il y a des petits qui veulent tout rapetisser à leur image.
  • La politique intérieure, c’est quand on l’a dans le cul.
  • Si vous avez du mal à dire non, dites merde !
  • Si c'est de la racaille, eh bien: j'en suis !
  • Ne laissez pas les petits jouer avec le pouvoir

Mai 2008: Les conditions de 1968 sont réunies:

Moi, ça me donne soif. Souvenons nous de la convergence de contraintes qui ont conduit à mai 68.
Il y avait un écrasement des salaires, un blocage du pouvoir d'achat, des tribunaux militaires et un ministère de l'information.

L'écrasement des salaires et le blocage du pouvoir d'achat, c'est fait. On a déjà tout ça. Les tribunaux militaires, c'est fini, mais notre justice est en déroute et on crée une « rétention de sûreté » digne d'une dictature. (voir mon billet n° 151, un peu au-dessus de la photo des fleurs).

http://brethmas.blogspot.com/2008/02/151-sectes-rolex-et-bazars-divers.html


Reste le ministère de l'information. (qui n'a d'ailleurs pas été supprimé en 1968, mais en 1974 par Giscard...)

Or... Que n'apprenons-nous pas, justement... malgré la multiplicité des médias « à notre disposition ???»...

Que, dans le cadre du remaniement gouvernemental, un nouveau poste a été créé dans une très grande discrétion:

Monsieur Nicolas Princen est chargé de « la veille internet » à l'Elysée. Son rôle sera de taper « Sarkozy » et « Elysée » toutes les heures sur les moteurs de recherche pour traquer tout ce qui se dit sur la comète, surveiller les médisants, déjouer « la désinformation », et fusiller les fausses rumeurs et autres textos imaginaires.

Tu me diras: il lui faudra une grande pertinence pour distinguer les guignolades des vraies décisions, tant elles sont parfois rocambolesques! Mais il doit être fort bien payé pour ça...

Certes, ce n'est pas là un ministère de l'information, mais ça a des relents de cellule spéciale qui contribuent au tableau « pré-soixahtehuitard ».

Comme quoi, lorsque je publiais la photo de « little brother » ci-jointe dans un récent article, je n'étais que prémonitoire...

Et puis, surveiller le « buzz sarkozique », pourquoi pas, à condition d'en faire une analyse intelligente, or c'est loin d'être la norme à l'Elysée.

Souvenons nous de mon billet n° 151

http://brethmas.blogspot.com/2008/02/151-sectes-rolex-et-bazars-divers.html

encore lui, où j'expliquais, autour de la première photo, que Sarko, tentant d'analyser son impopularité, ne se souciait que de l'opinion des aristos de Neuilly, comme si le reste de la France n'existait pas...




Et puisque nous en sommes à comptabiliser les ingrédients déclencheurs d'un nouveau mai 68, sans parler du risque de voir le garnement de l'Elysée s'attaquer à la loi de 1905, la cerise sur le gâteau risque bien d'être « le nouveau code du travail » sur lequel les têtes d'oeuf du MEDEF planchent depuis des lustres, et qui pourrait être voté « à la hussarde » sans préavis ni concertation précisément au mois de mai.

http://www.dailymotion.com/video/x3m5ie_gfiloche-le-code-du-travail-est-en_news

Ceci est l'interview de Gérard Filoche, le célèbre inspecteur du travail qui inspecte vraiment le travail, et voici l'adresse de son blog:

http://www.democratie-socialisme.org/

où l'on trouve de nombreux billets sur cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes.

La démolition du code du travail serait assurément le détonateur d'un mai 2008





Grand concours de slogans pour mai 2008

Alors, pour être bien prêt, j'ouvre un grand concours de slogans pour le prochain joli mois de mai.

Envoyez vos contributions, soit sous forme de commentaire, soit à:

brethmasblog@free.fr


Elles seront publiées, un classement en sera fait, et la gloire d'un grand soir illuminera peut-être votre créativité!


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mardi 18 mars 2008

157°. Plaidoyer pour plus de réformes !

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Les exégèses de la défaite de la droite par ses propres troupes valent une bonne comédie de boulevard.


« C'est parce qu'on n'a pas encore assez réformé »...


Je croyais naïvement, pauvre de moi, qu'une réforme était un mieux, un plus, une amélioration sensible qu'on apportait à une situation donnée. Or il semble que les réformes made in UMP consistent plutôt à trancher dans le vif, abattre des pans de service public, supprimer des postes, condamner des tribunaux et des hôpitaux, tenir sous l'eau la tête des indigents...


Je n'avais pas bien saisi que les retraités qui défilaient la semaine dernière réclamaient le maintien du blocage de leurs pensions, que les smicards redemandaient du zéro% sur leur maigre salaire comme ils l'ont subi l'an dernier, que les magistrats devant leur palais de justice exigeaient l'accélération de sa fermeture, et que les ouvriers qui foutaient le feu à leurs usines voulaient démontrer que la prospérité du pays passait par davantage de délocalisations.


Comme quoi on peut se tromper.





Notre gouvernement va donc persévérer dans sa hâte d'achever les mises au point exigées par ses sponsors avant que sa position devienne intenable. La course contre la montre semble être maintenant privilégiée par rapport à la progression raisonnée. Ils ont raison, car je crois de plus en plus que leurs jours sont comptés. La quarantième anniversaire de mai 68 arrive, qui fera l'objet de mon prochain billet.


Valérie Pécresse, elle, ne s'y trompe pas, qui écoute « le silence des urnes ». Sans doute n'y entend-elle pas de contradicteur trop arrogant...


Le pauvre Bayrou, écartelé par la rage de ses affidés à tirer sur leur licou vers la gamelle la mieux servie, a résumé sa défaite en comparant la politique à un balancier qui, cette fois-ci, serait parti du mauvais côté. (la gauche serait donc le mauvais côté???). J'ai plutôt l'impression que le balancier est parti du bon côté avec force, tellement de force que le Bayrou s'est trouvé sur sa trajectoire, et que c'est ce grand retour de balancier qui l'a propulsé en vol plané vers les oubliettes de la politique... Car il aura du mal à s'en remettre.


Comme prévu, Darcos, visité par Fillon, a perdu, comme tous les UMP auxquels Fillon est allée faire une visite de soutien. Rachida Dati a inauguré une grande première: jamais de mémoire de parisien, le maire du 7° arrondissement n'avait été élu autrement qu'au premier tour. Elle ne l'a été qu'au second. L'innovation est en marche. Lellouche aux orties dans le 8° où il était allé chercher une élection plus facile que dans son 9° d'origine. Mauvais printemps pour les coucous.


La Marquise de Panaf a crotté son beau costume en vain sur les marchés de la capitale. Elle semble vouloir renoncer à conduire le groupe UMP, ou ce qu'il en reste, au conseil municipal, ce qui ferait bien les affaires de Rachida, qui lorgne sur le fauteuil. Va-t-elle exiger des défilés de mode sur le parvis de l'Hôtel de Ville?


Eu égard à la distinction de la Marquise, à ses manières exquises, à la qualité littéraire de ses exclamations, je propose de lui décerner une somptueuse distinction de mon cru, inspirée du protocole anglais: Madame de Panafieu est promue dans l'ordre de la Charretière.




Tibéri est repassé avec une majorité qui semble inférieure au nombre de voix mises en cause lors de précédentes élections dans sa circonscription, et mon petit doigt me dit que les électeurs, vrais ou faux, du V° arrondissement n'ont pas fini de défrayer la chronique. Serge Dassault a réussi à se maintenir à Conflans saint Honorine, qui a donc renouvelé sa protection contre « les socialo-communistes ».


Reste un problème: Vanneste. Battu au premier tour, certes, mais tête de liste et donc chef du groupe UMP au conseil municipal de Tourcoing. Toujours investi par l'UMP. Pour combien de temps encore?


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jeudi 13 mars 2008

156°. Mai 68 - bientôt le 40° anniversaire !

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J'attendais, un peu naïvement sans doute, la fin du second tour pour parler de Mai 68.


La presse démarre sur le sujet entre les deux tours, et voilà « ma bonne idée » devancée par le Monde et Libération. Pourquoi pas, après tout? Le sarkozisme fait assez feu de tous bois pour nous épargner un tel raffinement éthique.


Il faut reprendre les choses du début: c'est Sarko qui, le premier, s'est tiré dans le pied en affirmant entre les deux tours des présidentielles « qu'il fallait liquider l'héritage de Mai 68 ». « Liquider ». Ce seul vocable donne une idée de l'état d'esprit d'ouverture et de tolérance, de réformisme positif et d'émancipation personnelle que son auteur promet aux citoyens.


Certes, ça flatte les conservateurs indécrottables, mais c'est une bourde grotesque sur tous les autres plans.


D'abord, parce que le « sarkozy-concept » n'existerait pas sans mai 68. Jamais sans ce bouleversement de la culture et des mentalités, un people sans classe, bling-bling, m'as-tu-vu- et multidivorcé ne serait arrivé à l'Elysée. Comme le dit fort justement Cohn Bendit, il est d'ailleurs un « jouisseur sans entrave » typique de la culture soixante-huitarde, même s'il n'a pas tout compris du phénomène, notamment en matière de libertés individuelles, de redistribution des richesses et d'aplanissement des frontières.





Alors, combien cela lui a-t-il rapporté » d'électeurs, de flatter les bande mou et les mal baisés, les nantis barricadés dans leur opulence, les manipulateurs du compte-goutte des libertés individuelles, les empêcheurs de la redistribution des richesses, les « bien nés et fiers de l'être » ??


Peut-être les 3% qui ont fait déborder le vase l'an dernier, mais succès bien éphémère si j'en juge par la déconfiture des Vanneste, Robien, Perben, Panaf, Cavada, Lagarde, Albertini, Fabienne Keller, et autres grands balayés du premier tour de ce dimanche. Plus la communication est « fabriquée », moins longtemps elle est efficace.


« On peut tromper une personne longtemps, plusieurs personnes un certain temps, mais pas tout le monde tout le temps ».


C'est un vieux tic » de la droite (on dirait un « toc » aujourd'hui) de s'intituler « majorité présidentielle » même lorsqu'elle ne l'est plus. Souvenons nous que les giscardiens se sont auto-désignés « la majorité » jusqu'à la dernière goutte de la lie de leur défaite de 1981.



La « majorité présidentielle » donc, qui n'a déjà plus de majorité que le nom, est d'ailleurs bien divisée sur l'exégèse de son échec.


« Il n'y a pas eu de vague rose » dit-elle. Mais la gauche ne l'a jamais promis!. Ce slogan est un pur fruit des services de com élyséens pour relativiser l'effet du recul, comme l'explique fort bien un article du Canard Enchaîné de mercredi avec photocopies des « feuilles de route » distribuées aux ministres devant apparaître à la télévision. (Tous sauf Borloo, le gaffeur de l'entre deux tours de la présidentielle avec la « TVA sociale »!).


Cela a commencé avec l'empressement des élus à ne pas vouloir dans leur ville les renforts proposés par Paris pour soutenir leur candidature, l'effacement effréné du logo UMP des affiches de province, et la soudaine multiplication des discours expliquant « l'intérêt local » du scrutin à rebrousse-poil de la « politisation de l'élection » prônée par Paris jusqu'en janvier.


« Le comportement personnel du président est la seule raison de la chute de la droite et il ne faut pas y voir de sanction politique » est le sens difficile à exprimer, certes, mais proposé en périphrase par les candidats menacés. Est-ce si sûr?




Fillon, dont la côte et les actions sont au beau fixe, et qui n'est donc pas suspect de « porter la poisse » a été soutenir onze candidats. Tous ont d'ores et déjà perdu ! , six au premier tour, cinq irrécupérables et Gaudin en prime sur le fil du rasoir... c'est encore le Canard Enchaîné qui se fait un malin plaisir de nous en fournir la liste.


S'il était besoin de démontrer que ce n'est pas seulement la personnalité du président, mais aussi la politique du gouvernement qui était censurée, en voilà donc la preuve établie.


D'ailleurs l'Elysée se garde bien de se réjouir trop bruyamment de la brillante réélection de Juppé. Il aurait préféré n'importe quelle victoire sauf celle-là... Conforté par son résultat et sa position, l'homme fort de Bordeaux pourrait bien devenir le recours, l'alternative d'une UMP persuadée de devoir sa scoumoune aux divagations personnelles et politiques de son leader actuel.


Fort de la capacité d'oubli du bon peuple, pour qui les grèves de 1995 sont déjà du moyen âge, et sa défaite aux législatives un petit incident de parcours couvert par son triomphe municipal, Juppé pourrait bien apparaître comme l'homme providentiel dont l'UMP a besoin pour se refaire une façade après les frasques du guignol de l'Elysée. Les déçus, les écartés de tous poils, les partisans d'une politique plus modérée et plus crédible ne manqueront pas pour lui apporter leur soutien. Même le Front National ne serait pas contre, qui espère récupérer à l'occasion ceux de ses électeurs envolés qui ne seraient pas morts de vieillesse entre temps.


Cette division latente de la droite serait du pain béni pour la gauche si elle n'avait pas le même problème: une douloureuse absence de chef charismatique, un fonctionnement de ses instances supérieures en mode « panier de crabes », une incertitude sur le cap à tenir et une gangrène carriériste galopante.


Le spectacle politique n'a pas fini de nous divertir.




Alors, à l'approche du 40° anniversaire de l'évènement, parlons maintenant de Mai 68. parlons des libertés individuelles, de la redistribution des richesses, de la liberté de la presse et des médias, du droit au plaisir et à la jouissance, de la vraie laïcité des institutions, du respect des minorités, de la libre circulation et du libre séjour, d'une justice équitable et rapide, du travail considéré comme un moyen et non plus comme une fin, des réformes positives, de la protection du service public, de l'économie au service des citoyens, j'oublie quelque chose?



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mardi 11 mars 2008

155° Gondry - Be kind, rewind

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Soyez sympas, rembobinez.

(affiche américaine, ça change un peu..)


J'étais allé un peu par hasard voir « La Science des rêves ». On m'avait dit qu'il fallait. J'en suis sorti tout chose, j'avais aimé, mais je ne pouvais pas bien dire pourquoi. Décalé, à côté de ses pompes, mais mettant le doigt sur des choses bien réelles...


Le film annonce de « Soyez sympas, rembobinez » ne m'incitait pas au voyage. Il aura fallu une soirée de pluie pour me convaincre. Pendant les vingt premières minutes, on se demande si on va rester jusqu'au bout. Mon voisin répond à la même question, et m'écrase les pieds pour rentrer chez lui. Pourtant, un étrange quelque chose rayonne de l'écran. Alors.. Je suis resté.


Et la magie prend forme. Au fil d'une intrigue aussi stupide que celle d'un opéra, Gondry réinvente le cinéma en direct, pousse les murs, refait du Meliès avec candeur et une explosion d'imagination qui emprunte à sa grande érudition cinématographique.


Petit à petit, on entre dans la supercherie, on la vit, on vibre pour elle. les commentaires, chuchotis et bâillements s'apaisent. Une émotion s'installe, le film se met à exister, on entre dans l'écran. Non, l'écran descend dans la salle. Comme les bénédictions auxquelles je ne crois pas. Allez savoir pourquoi je l'ai reçu comme ça. En tout cas, les spectateurs boivent la fin du film dans un silence annonciateur de chef d'oeuvre.


Un écran où pourtant, on agite des boites à conserve, on fait du grand guignol et on raconte une histoire à coucher dehors. Mais une histoire qui égratigne, raconte l'étouffement des talents par les majors, dénonce le mépris du patrimoine par les promoteurs, la possible intégration des personnages les plus marginaux dans une société désobéissante, une histoire qui déroule une liste à la Boris Vian de toutes les injustices et les contrariétés d'un monde que les fous furieux du film persistent à trouver beau.


Et on sort la larme à l'oeil... Encore gagné, Monsieur Gondry. On n'a toujours pas bien compris la recette, mais on déguste à chaque fois vos délires avec un grand bonheur.



http://www.michelgondry.com/



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lundi 10 mars 2008

154° Une bonne claque aux mauvaises odeurs.

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Vanneste battu dès le premier tour à Tourcoing, Panaf repartie pour un tour d'opposition à Paris, Cavada en perdition dans le 12°, Lelouche battu par un "dissident" (en fait le local résistant au parachuté) dans le 9°, la vie politique est dure pour les homophobes durs ou mous qui ont joué le populisme en espérant se faire élire sur le dos des gays.


A Tourcoing, où la droite avait mis de grands espoirs sur les épaules machistes de Vanneste, un Monsieur Delannoy, premier adjoint du maire sortant PS, est élu au premier tour avec 53%, devant un Vanneste à 30%, si dépité qu'il insulte le candidat du Modem croisé devant la mairie...

(Le Monde.fr, 10.03, Geoffroy Defresnes).


Cette gifle infligée à l'homophobe du nord n'est pas seulement une victoire du respect républicain pour les citoyens LGBT... Par son truchement, l'UMP lorgnait en effet sur la présidence de la communauté urbaine. Marc-Philippe Daubresse voit donc le fauteuil convoité lui échapper, et accuse les journalistes d'en avoir trop fait sur les condamnations pour homophobie de son cheval de Troie Vanneste. C'est toujours de la faute des pédés, de toute façon. Joli panier de crabes, en tout cas.


A part cette jouissive satisfaction que nous offrent les Chtis, la campagne a été émaillée de petits incidents délicieux. La dame de Panafieu, candidate à Paris, n'a pas démérité. Interrogée par e-llico sur le refus obstiné des élus UMP parisiens de voter contre les subventions aux associations LGBT, elle a montré, quelques jours avant sa déroute – et alors que le vent mauvais des sondages en berne soufflait déjà-, une étrange et soudaine sollicitude pour nous autres pauvres pédés, (« Aujourd'hui, nous devons amplifier notre action... [quelle action?? ndlr] et regarder vers l'avenir »), et elle s'érige en victime: « Depuis 2006 que je suis présidente du groupe UMP du Conseil municipal, nous n'avons plus voté contre ces subventions ».





Pour éclairer le lecteur, il convient de préciser que si, effectivement, son groupe a cessé de voter contre, il ne s'est pas mis à voter favorablement pour autant! Il s'est contenté de s'abstenir. Mais depuis, les polémiques sur le montant et l'opportunité de ces subventions n'ont étrangement cessé de se multiplier, la dernière en date mettant en cause Jean Marie Cavada, (battu aussi), qui déclare n'avoir pas entendu des déclarations antisémites et homophobes prononcées en sa présence, caméras de télévision à l'appui.


Et pas de pot encore pour la Panaf: au moment où elle susurrait ses propos lénifiants à l'endroit des gays au micro d'e-llico, son fantassin Roger Auque (largement battu dans le 9° arrondissement) proclamait qu'il entendait défendre et promouvoir les valeurs chrétiennes! l'UMP devrait proposer à ses candidats un stage de formation afin qu'ils ne confondent plus la restauration avec la République...



Et quelques jours avant le grand jour, la Marquise de Panaf, toujours elle, décidait de faire peuple et d'endosser le ciré jaune des balayeurs pour aller démontrer devant les caméras que « Paris n'avait jamais été aussi sale », en compagnie d'un escadron de « techniciens de surface ». On a les arguments qu'on peut. En tout cas, elle est exaucée: les Parisiens ont balayé.


Au nombre des bons mots, la déclaration du candidat du Front National à Meaux « Meaux avec Coppé, c'est Cuba! » !, les exhortations de Serge Dassault à se méfier des « socialo-communistes avec lesquels aucune richesse n'est possible », et celui d'un électeur lambda du 12° arrondissement de Paris « le modem va toujours vers la gamelle la mieux garnie, et alors il prend une gamelle parce que les gamelles ne votent pas ».


Le journaliste de la 3, lui, ne parlait que de « ballottage défavorable de la droite » à Strasbourg et autre lieux, comme si ça lui aurait arraché le dentier de parler de ballottage favorable de la gauche.


Cavada, avec la classe et la distinction qui font tout son charme, interrogé au 13 heures d'A2 ce lundi sur la suite à donner à l'égard du Modem, a déclaré "qu'il n'allait tout de même pas faire la pute". Là, on découvre le dessous des cartes: on n'imaginait pas l'UMP si exigeant avec ses candidats!


Marielle de Sarnez, elle, s'étonne: « Là où la droite baisse, la gauche monte... C'est un effet mécanique! Où avez-vous vu une sanction? ». Bientôt, elle comprendra même la politique...



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mardi 4 mars 2008

153° On y va tout droit....

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Malgré les perspectives de victoire de la gauche et la râclée qui s'annonce pour les UMP et consorts, je m'avoue très démoralisé à l'approche des élections de dimanche prochain.


La gauche qui va les gagner n'est qu'un grand corps puissant sans cerveau, et la droite qui va se faire étriller une cohorte de vautours aux abois qui racle les fonds de tiroir, investissant ici un divers droite en lieu et place de son titulaire, ailleurs un transfuge du Front National, dans le Nord un homophobe multirécidiviste moultement condamné, à Bordeaux un vieux cheval de retour qui essaie de nous faire oublier les grèves historiques dont il fut la cause... Une part non négligeable de ses candidats n'arborent pas le sarkozique logo de l'UMP sur leur affiche...


La victoire de l'opposition va propulser une gauche dans deux directions, une modérée qui va pontifier, et une plus extrême qui, malgré son expansion, restera réduite à organiser des manifs sans jamais siéger sérieusement nulle part. D'ailleurs, elle ne prétend pas au pouvoir. Le centre restera le club des arrivistes sans convictions, continuant à voter au gré des situations là où la soupe est meilleure.


La droite va achever d'exploser, avec d'une part une tendance présidentielle dont les wagons poussent maintenant la locomotive, et d'autre part des tentatives de reconquête de crédibilité qui risquent bien, en tirant dans tous les sens, de faire long feu.


Il va encore y avoir des transfuges, - pardon, « des ouvertures » qui vont contribuer à l'aspect ébouriffé et alimentaire du spectacle politique, des alliances contre-nature pour conserver par devers soi la bonne gamelle, des commissions qui feront l'unanimité contre leurs cogitations, des gens qui vont faire le contraire de ce qu'ils ont dit, et surtout plein d'autres qui vont continuer à ne rien faire sans cesser de donner des leçons.


Et donc les SDF continueront à coucher dans la rue, les retraités à voir leurs pensions s'effriter, les salariés à voir leur traitement stagner, et 80% de la population à regarder avec impuissance se dissoudre son pouvoir d'achat.





Toutes les tendances vont se perpétuer, les riches seront plus riches, les pauvres plus pauvres, les réformes plus dirigistes et récupératrices, et notre image internationale plus grotesque.


Ce n'est pas le genre d'élections qui vont reconstruire le paysage politique...


Quand j'étais gamin sévissait sur radio-Luxembourg, qui ne s'appelait pas encore RTL, une chroniqueuse politique bien conservatrice, qui jouait à faire peur aux Français. Elle brandissait dans chacun de ses pensums d'horribles spectres de désordre plein de bolcheviks pour garantir à la droite omniprésente une rente électorale sans défaut. Cette marionnettiste de l'horreur s'appelait Geneviève Tabouis, -on l'appelait Tarbouif à l'école-, et toutes ses interventions commençaient par « Attendez-vous à ce que ».


C'était le bon temps où on s'attendait encore à quelque chose, même si les imprécations de cette Cassandre promettaient toujours des choses qui ne se produisaient jamais.


Aujourd'hui, elle n'aurait même plus de fantasme à promettre...


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