lundi 29 décembre 2008

222° Tirs au but à Gaza: 300 à 1...




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L'ONU a pourtant bien sifflé la fin du match ( souvent et depuis longtemps, d'ailleurs), la rage d'en découdre n'a pas eu raison de l'endurance des compétiteurs. On s'affaire beaucoup dans les coulisses et les vestiaires. Les aficionados de chaque équipe fournissent armes et munitions, encouragements, et surtout prodiguent médiatiquement de très hypocrites conseils de modération.


« Arrêtez ça tout de suite » lorsque passe un micro, et « Vas-y crève le » dès que le journaliste s'est éloigné.


Carte géographique et état des lieux:

http://www.nord-palestine.org/ressources_carte_Gaza.htm


Comment reprocher aux Palestiniens de se défendre avec l'énergie du désespoir? Et au monde arabe de les soutenir fraternellement? Les Juifs Français que je connais, eux, se sentent un peu gênés aux entournures. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Ils craignent de plus en plus de sortir dans la rue avec des signes extérieurs (un truc que je n'ai jamais compris, mais bon...), et voient partir en poussière le capital d'empathie généré par la shoah et entretenu tant bien que mal jusqu'ici par une occupation médiatique aussi omniprésente que peu coordonnée. En continuant à tuer les mouches avec un marteau, ils le perdront définitivement, ils le savent, mais raisonne-t-on sur de l'irrationnel?


Car le problème est bien là: Voilà ce qu'il en coûte de mélanger impunément l'état et la religion, la superstition et la logique, le sectarisme des croyances avec la tolérance et le respect mutuel qui sont le ciment des républiques.


Avis aux « démocrates chrétiens » et autres partis confessionnels de tous poils qui ont dominé l'Europe jusqu'ici et vont se trouver confrontés à une société où ils ne représenteront plus rien, les autres religions et l'athéisme s'étant développés autour d'eux jusqu'à en faire des minorités...


Combien de temps encore ces dogmatiques joueront-ils encore au radeau de la Méduse avant d'être balayés par une vague définitive de pluralité?


Combien de temps l'Amérique, même celle de Monsieur Obama, restera-t-elle incapable de faire quoi que ce soit dans le secours d'un prêtre? La cérémonie d'investiture d'un président des Etats Unis ne peut se dérouler sans la présence d'un pasteur, quitte à injurier les 30 millions d'Américains qui ne partagent pas la doctrine des quelques 400 églises protestantes reconnues...


Or non seulement Monsieur Obama s'avère incapable de réformer cette coutume moyenâgeuse, mais il choisit pour jouer les porte-goupillons de service le pasteur Dick Warren, républicain endurci, quasi intégriste, qui s'est récemment distingué non seulement en soutenant l'amendement n°8 tendant à abolir le mariage gay en Californie, mais en qualifiant à la télévision l'homosexualité d' « alliance incestueuse » et l'avortement « d'holocauste »...



Pendant ce temps, l'ONU avait à se prononcer sur le projet de dépénalisation universelle de l'homosexualité présenté par Rama Yade. Le chant du cygne des droits de l'homme promus par la France, en quelque sorte... Nous pensions que nous vivions dans un monde moderne, civilisé, où seuls dans les coins quelques barbares.....


Que nenni! Seulement 66 pays sur 192 ont signé cet amendement. Un sur trois...


Quelques bonnes surprises parmi ceux qui ont signé, qui s'étaient signalé par des comportement homophobes ces dernières années et semblent vouloir rectifier le tir: : le Cap Vert, Le Gabon, l'Ile Maurice, la République Centrafricaine, la Bulgarie, la Croatie, la Pologne, la Roumanie, la Serbie,


Parmi les opposants les plus virulents, on trouve au coude à coude l'Iran et le Vatican, ... Je m'abstiendrai de tout commentaire.


La Syrie et les 60 membres de la Commission des pays islamiques ont plaidé un amalgame de l'homosexualité avec la pédophilie, entraînant notamment tout le Maghreb à leur suite dans le refus, de l'Egypte au Maroc. Avis aux vacanciers.


Les grandes déceptions viennent des Etats Unis et de l'Australie, que l'on croyait pouvoir ranger au nombre des pays modernes, et qui au pied du mur, révèlent leur triste réalité.



Et enfin, la France, « ce pays qui ne supporte pas d'être réformé » découvre enfin les réformes vues et corrigées par le gouvernement Sarkozy. Dans un pays qui était le premier du monde pour la qualité et l'accès aux soins médicaux, et qui vient de perdre cette place enviable, un homme est mort parce qu'aucun hôpital n'a été en mesure de l'accueillir en urgence.


Voilà que les réformes dont « ce peuple ingouvernable » ne veut pas apparaissent enfin sous leur vrai jour: d'hypocrites et mensongères promesses de prospérité qui cachent un arsenal de fermetures, de réduction de budget et de moyens, de suppressions, de privatisations, de dégraissages et autres éradications et amputations dont les effets néfastes commencent à se voir tant dans l'enseignement, la recherche, la justice que la santé.


On dit toujours qu'il faut qu'il y ait un mort pour qu'on se décide à faire quelque chose... ça y est, il y a eu un mort. Le prix est payé. Il est grand temps de réformer la réformite de monsieur Sarkozy.


Parce que les vraies réformes, les Français sont traditionnellement pour. Ils sont d'historiques innovateurs, mais à condition que ces réformes soient des améliorations, apportent des progrès, des perfectionnements.


Mais se faire mettre petit à petit en caleçon par un type qui vous promet toujours que les privations qu'il vous inflige ne visent que votre plus grand bien et que demain, on va raser gratis, ça a atteint ses limites.


Stop.



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mercredi 17 décembre 2008

221° Quand j'entends culture, je sors ...


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Christine Albanel, avant d'être promue ministre de la Culture et de la communication, était présidente de l'établissent public du château de Versailles. On la redoutait dans les couloirs du ministère comme celle qui voulait « privatiser les monuments historiques ».


S'occupant de communication, elle voit retoquer son projet de loi Hadopi sur la propriété artistique par la Commission européenne qui, par son amendement 138 voté à 85% le 24 septembre 2008, rappelle le caractère public de l'accès à l'art et interdit toute suspension de fourniture d'internet.

Elle avait derrière elle les plus gros vendeurs du show-bizz, et contre elle tout ce que la France compte de bibliothécaires, d'archivistes, de conservateurs de patrimoine et de passionnés d'œuvres d'art. Une sorte de choc des cultures très révélateur.


Ce matin, interrogée par France-Info sur l'autorisation (votée cette nuit) d'une seconde coupure publicitaire dans les films diffusés sur les chaînes privées, trouve que « c'est très bien que, même au prix d'une seconde coupure, on puisse voir des Fellini ou des Visconti sur TF1 ».


Pourquoi TF1? Sans doute parce que cette chaîne, intimement liée à Sarkozy puisque son actionnaire principal est le parrain d'un fils du président, est celle qui, par une sorte d'automatisme pavlovien, vient à l'esprit de madame la ministre dès lors qu'on parle de télévision.


N'oublions pas que TF1, baptisée télé-sarko dans les agences de presse, est aussi ce phare de la culture auquel on doit entre autres:


Koh Lanta, L'île de la tentation, les deux émissions de Cauet, Miss France, Vidéo gag, Star Academy, le juge est une femme, Josephine ange gardien, Les feux de l'amour, Preuve à l'appui, Que du bonheur, Sœur Thérèse.com, C'est quoi l'amour, Confessions intimes, Sans aucun doute, Téléshopping, Télévitrine, La roue de la fortune, et quelques autres, je ne veux pas vous fatiguer.


Et pourquoi Fellini et Visconti? Madame la Ministre paraît plus fellinienne que la plus fellinienne donna du maître en imaginant que l'audimat auquel TF1 se cramponne comme un morpion va bondir de joie si d'aventure un film d'art se pointe entre Koh Lanta et une course de formule 1. Parce que si TF1 obtient presque tous les jours le meilleur audimat, vous imaginez bien que ce n'est pas le fait du hasard mais bel et bien la réussite d'une politique.


Pour ma part, j'ai pu revoir le Crépuscule des dieux de Visconti il y a peu de temps... sur Arte, où il me semblait plus à sa place.


Madame la ministre rêve-t-elle tout debout ou fait-elle étalage de son inculture cinématographique?

Depuis des années, des chaînes comme TF1 se façonnent leur téléspectateur sur mesure. Patrick LeLay, son PDG, disait d'ailleurs le 14 septembre 2004: « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ».


Ce qui sous-entend que, pour obtenir cette disponibilité, il faut que l'émission saucissonnée n'ait pas entraîné trop loin les pensées du cobaye, ne l'ait pas bercé de sirènes artistiques trop entraînantes, ne l'ait pas emmené dans un univers philosophique ou onirique assez prenant pour le faire ensuite survoler Coca Cola à trop haute altitude.


Outre le crime culturel qui consiste à saucissonner un film d'art, il y a cette arrogance avec laquelle le pouvoir imagine que le public, le « vulgum », va prendre pour argent comptant tout ce qu'il aura labellisé.


Eh bien non, il faudrait des années pour ramener à la sensibilité culturelle un public que l'on a scientifiquement abruti pour le rendre « disponible à la publicité » -voire à la propagande-, et on ne fera pas venir sur TF1, sauf exception quasiment accidentelle, les gens qui choisissent l'émission qu'ils veulent regarder avant d'allumer leur téléviseur.


Fellini: La Strada


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mercredi 10 décembre 2008

220° Allons voir chez les Grecs...

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A l'insu de notre plein gré, nous abordons l'affrontement de deux mondes, deux modes de vie et de société, et cette manière que les médias ont de stigmatiser des « ultra-gauchistes » sans chercher ce qu'ils représentent, et en faisant semblant d'ignorer la lame de fond, le tsunami qui enfle sous leur agitation me déconcerte quelque peu. Ça va saigner au carrefour.


Alors que deux tiers de la planète crève la faim, et que plus de la moitié des habitants des pays riches a des fins de mois difficiles, on nous présente les premiers symptômes d'agitation comme le fait de « groupuscules d'ultra-gauchistes anarchistes », des sortes de râleurs qui ne veulent pas se contenter de pain sec et de coups de matraque, de temps de travail en hausse et de revenus en baisse, de promesses pas tenues et de richesses qui leur passent sous le nez. Des mauvais coucheurs, en quelque sorte.


On persiste à nous faire croire que le système cousu sur mesure pour 15% des habitants de la planète qui en possèdent 80% des richesses est le seul valable, et que l'opinion des 85% de laissés pour compte ne consiste qu'en un « ultra-gauchisme anarchiste groupusculaire » qui va se dissoudre dans la nature comme des mouches quand on agite une tapette devant quelques jets de lacrymogènes et un troupeau d'otages condamnés pour l'exemple..


Ben non !





Il va falloir réviser jusqu'au vocabulaire, comme en mai 68 où ils nous disaient que nous n'étions « pas normaux » et qu'ils restaient cois lorsque nous répondions: « C'est quoi, la normalité »?


C'est quoi « l'ultra-gauchisme ».?


Flanquer les gens à la porte d'une entreprise qui gagne de l'argent pour faire plaisir aux actionnaires, c'est de la « droite ordinaire» ou de l' »ultra-droitisme »?


Parce que, pour le moment, il faut incendier une mosquée ou ravager un cimetière pour être qualifié d' »ultra-droitiste », et encore avec l'excuse d'être un peu dérangé et pas vraiment responsable de ses actes. (ce que je conteste; pas d'excuse...)


L'axe de la balance ne serait-il pas à mi-chemin entre les deux plateaux?


Dans les pays de l'est, on favorise le retour des religions pour canaliser l'agitation des masses, orienter leurs revendications vers l'au-delà et leur promettre un monde meilleur où la finance n'aura plus à les faire vivre.


Poutine et Medvedev sont venus en personne enterrer le patriarche Alexandre, grand homophobe devant l'éternel, grand cataplasme sur les revendications et les libertés, et lui faire un bisou sur le cercueil pour bien dérouler le tapis du pouvoir bien partagé avec son successeur. En se mettant ainsi le puissant culte orthodoxe dans la poche, ils évitent une situation à la polonaise façon Solidarnosc, qui est le seul exemple de l'histoire où une église n'était pas du côté du manche. Poutine est un ancien du KGB, on ne lui fait pas deux fois...


Est ce que ces belles manières suffiront à calmer l'attente des gens devant une vie meilleure que la planète pourrait leur offrir, mais dont les prive un quarteron de ploutocrates?


Regardons en France: il y a plusieurs semaines que de nombreux lycées sont occupés par les élèves et qu'on ne nous dit rien. Ce n'est que ce matin que, l'érection lycéenne devenant trop difficile à cacher, nous découvrons les choses dans les médias et à la radio. -Je n'ai pas encore regardé la télévision-.


En Grèce, il y a de mois que le bon peuple gronde, que les étudiants manifestent et que les voitures brûlent dans les banlieues. Qu'a fait le gouvernement? Rien. Et voilà que les choses explosent, comme elles ont explosé chez nous lorsque deux mouflets se sont fait électrocuter en fuyant la police.




Sauf que les Grecs ont un sens politique sûrement plus affûté que le nôtre. Non content d'avoir inventé la démocratie, c'est un peu loin mais cela s'inscrit forcément dans les « gènes culturels » d'une nation, et de s'être libérés dans l'histoire de deux invasions, romaine et ottomane, les Grecs ont connu, il y a quarante ans, dix ans de dictature militaire à la suite du putsch du colonel Papadopoulos.


Le foyer de la contestation fut l'université d'Athènes en général, et l'école polytechnique en particulier, contre laquelle les colonels envoyèrent les chars en novembre 1973. Si l'école, qui n'était pas occupée que par ses étudiants, fut évacuée, ce fut le point de départ d'une insurrection qui alla en se généralisant et qui, s'additionnant à la crise chypriote, conduisit, de grandes manifs en grèves générales, au renversement des colonels fin 1974. L'actuelle constitution grecque date de 1975.


Les Grecs, eux, ont hérité de ces événements récents un vrai sens politique qui ravirait Hamon, Besancenot et Mélanchon... Les actions de rue auxquelles nous assistons ne sont pas que, comme chez nous, une rage de casser stérile et déstructurée. Ils savent ce qu'ils veulent et aussi comment l'obtenir, et s'il n'y a pas de séparation de l'église et de l'état dans ce pays, ce pauvre Caramanlis ne peut pas compter sur l'anesthésie de la religion pour calmer le jeu, celle-ci n'ayant de ramification politique qu'avec un parti d'extrème-droite, le LAOS, qui est au nombre de ses plus farouches opposants.


Nous n'avons donc pas fini d'entendre parler des Grecs, et il n'est pas aventureux de supposer que leur exemple pourrait faire tache d'huile en Europe, où le mécontentement est uniformément partagé.


D'ailleurs, comme je disais dans mon billet précédent, notre régime sent parfaitement gronder le mécontentement. A l'Elysée et place Beauveau, on est sur les charbons ardents, et ce ne sont pas quelques campagnes cultivant la parano et la peur du terroriste ultra-gauchiste qui vont dissoudre le mécontentement des braves gens devant l'inanité des mesures prises.


Alors que le nombre de SDF explose, parallèlement à l'explosion des radiations des Assedics, et que de plus en plus de familles ne savent plus quoi mettre dans leurs assiettes, le régime prend des mesures pour les Français qui veulent acheter des voitures et des maisons.


Bien sûr, l'industrie automobile et le bâtiment font vivre des milliers de gens, mais quand il n'y a pas d'argent, les gens n'achètent pas, et ce ne sont pas quelques cadeaux bonux qui vont renverser la tendance.


Ceux qui peuvent acheter une voiture chaque fois que sort un nouveau modèle l'achèteront de toute manière et empocheront la prime de 1000€ dont ils n'ont pas besoin, et ce qu'il manque aux autres, ce n'est pas la prime de 1000€, mais les autres 10 000€ pour acheter le véhicule. Si on ajoute à cela que 45% de la production française est fabriquée à l'étranger et 63% vendue à l'exportation, on constate que l'impact de cette prime est purement anecdotique!


C'est donc avec une mesure anecdotique que l'état veut relancer l'industrie automobile...

jeudi 4 décembre 2008

219° Parano, remaniement et Vatican

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Les nouvelles du front ne sont pas très bonnes.

Je parle des fronts sociaux ouverts un peu partout dans le champ de bataille qu'est devenue la France.

Le Canard Enchaîné titre « Sarko redoute une crise sociale ». Les deux ont bien raison. Ils sont même quasiment en retard. Elle a déjà commencé, la crise sociale... Le problème est que le second essaie de contourner l'obstacle au lieu de l'affronter, et que ça ne va pas le faire, comme on dit dans nos collèges.

Témoin ce « Complément d'enquête » sur France 2 ce lundi 3 décembre, complètement ciblé sur le sujet, avec deux thèmes sur la montée de l'ultra-gauche: les « saboteurs du TGV, des travailleurs qui voulaient faire sauter leur usine, et un petit sujet sur l'avenir du nouveau parti de Besancenot,

On sent les journalistes embarrassés: les travailleurs qui voulaient faire sauter leur usine expliquent très simplement et sans colère qu'il n'y a pas plus dangereux que quelqu'un qui n'a plus rien à perdre. Besancenot ne fait plus peur qu'à quelques baronnes de Neuilly, et l'affaire des « saboteurs du TGV » apparaît de plus en plus comme une crise éruptive de parano. (D'ailleurs, tous les « terroristes présumés » sauf deux ont été remis en liberté depuis. )

On découvre l'existence d'un livre qu'on les accuse de posséder, et même peut-être d'avoir écrit: « L'insurrection qui vient », petit ouvrage un brin sulfureux qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais fait faire des cauchemars à nos services de sécurité intérieure. Sans doute ce livre serait-il passé inaperçu si nos grands flics ne lui avaient pas décerné, -tout à fait indûment- le goncourt du brûlot terroriste de l'année.

Voilà donc cet opuscule devenu célèbre. Par la grâce des censeurs, il est passé de la diffusion confidentielle sous le manteau à celle d'un succès international d'internet. La preuve :

http://www.lafabrique.fr/IMG/pdf_Insurrection.pdf

Version intégrale. Pourtant, si quelques mots y sont déplaisants pour un brave gendarme, il n'y a pas de quoi marcher au plafond. Cette soi-disant bible du terrorisme défonce plutôt des portes ouvertes. C'est un tissu de banalités et de lapalissades, mais ça doit seulement urtiquer ces messieurs de les voir écrites quelque part.

On y apprend qu'un bon saboteur ne doit pas se faire prendre, et que pour ce faire, mieux vaut rester anonyme et inconnu des services de police. Moi, je n'ai rien d'un terroriste, mais honnêtement, j'aurais trouvé ça tout seul.

On y découvre que la génération « spontanée » d'une insurrection possède l'avantage sur l'institution, la bande ou le parti organisé, d'être imprévisible et indétectable par les forces de police, ce qui semble une évidence, et qu'on tire davantage du chaos que d'une élection.

Le premier conseil, c'est au gouvernement qu'il faut le donner, qui multiplie les mesures anti-sociales et impopulaires à une vitesse qui prend de court la constitution d'une opposition organisée (qui par ailleurs se débrouille mal), et appelle donc les explosions spontanées telles que celles des banlieues fin 2005.

Quant à titrer davantage du chaos que de la démocratie, c'est assez relatif si on s'en réfère aux résultats des élections ayant suivi mai 68, par exemple, avec la fameuse « chambre bleu horizon » à 73% à droite dans laquelle les Français avaient trouvé l'exutoire à leurs petites frayeurs...

Parce qu'au rayon « je multiplie les gaffes », le régime umpiste est d'une stupéfiante productivité: pour être élu, le petit fâcheux avait promis qu'en deux ans, il n'y aurait plus un seul SDF. Comme quelques irréductibles persistent à agoniser dans la nature, on envisage toutes les solutions sauf la bonne, qui consisterait à leur proposer une piaule suffisamment convenable pour qu'il n'y ait pas besoin de les y enfermer. Mais non...

Pourquoi se compliquer à faire simple alors qu'il est si facile de faire compliqué?

Sarko a tout fait, tout promis pour Mittal: subventions (surréalistes vu la prospérité de l'entreprise), menaces, il a été faire un show télévisé sur place le 4 février 2008, s'est agité jusqu'à l'ONU, et maintenant que le couperet est tombé.... il se couche tristement en s'abritant derrière la fatalité d'une crise que même Mittal déclare pourtant ne pas craindre, ses prévisions pour 2008 restant parfaitement dans le vert.

(Mittal, premier groupe sidérurgique mondial, 320 000 employés dans 60 pays, a réalisé en 2007 105 milliards de dollars de chiffre d'affaire dont 10,4 milliards de dollars de bénéfice...)

Déchiré entre la posture ultra-libérale exigée par ses mécènes et la nécessité de remettre le facteur humain au centre de l'économie attendue par ses électeurs, Sarkozy, à la tête d'une France où une politique de droite dure reste intenable et les idées de gauche déjà représentées, tant bien que mal mais néanmoins, par d'autres que lui, surnage sur un bouillonnement de grogne qui monte, qui monte, et atteint le rebord de la marmite.

Car la masse des « citoyens qui ne sont pas de droite » est en France beaucoup plus à gauche que dans d'autres pays auxquels il rêve de nous faire ressembler. Qu'il s'agisse de l'Angleterre, de l'Espagne ou des Etats Unis. Même le parti socialiste pendant sa déconfiture, continue à exister par sa masse et par le poids idéologique qu'il représente au point de rendre bien difficile l'émergence d'autres partis de gauche à ses côtés.

Dans les pays anglo-saxons qui font rêver le petit Nicolas, on a le choix entre blanc bonnet et bonnet gris. Chez nous, le bonnet pas blanc est bien rouge, ou en tout cas rose bon teint.

Alors, suivant une terminologie usée jusqu'à la trame par la langue de bois populiste, le régime s'agite et saupoudre. Mais le drame du saupoudrage est qu'il suffit à remplir des colonnes de journaux, (pas toujours de compliments d'ailleurs), mais qu'il ne suffit pas à résoudre les problèmes.

Les SDF sont toujours dans les rues, les fins de mois de plus en plus difficiles, ceux qui veulent acheter des maisons et des voitures se voient offrir primes et crédits, mais pas ceux qui veulent acheter du beefsteak.

Et en attendant, on s'agite et on fait de la parano. Exemple sur les fameux saboteurs du TGV. On a cru avoir arrêté de nouvelles brigades rouges, qu'on affuble d'une avalanche de qualificatifs qui marquent plus la panique et l'incompréhension que la réelle perception du problème à sa petite échelle. A les entendre, ils avaient découvert un complot d'ultra-gauche révolutionnaires trotzkistes avec le couteau entre les dents qui allait démarrer une guerre civile.

Déception. Quelques éleveurs de chèvres et un patron de bistrot, libérés depuis, dont peut-être et encore sous réserve, le leader semble plus affirmé que les autres. Il possède, comble de l'horreur, le « livre interdit » et cette armée de l'ombre aurait infiltré (démenti depuis) des milieux hautement techniques à la SNCF pour concevoir les fameux crochets à caténaires.

Tout cela rappelle un peu l'époque où on arrêtait les gens parce qu'ils possédaient à la maison l'encyclopédie de Diderot ou le dictionnaire philosophique de Voltaire., eux aussi « capables de renverser l'ordre du monde »...

Je ne veux pas cracher dans la soupe, mais je pense vraiment que nos gendarmes et autres maîtres Pandore sont très nuls dans l'art du bricolage s'ils croient qu'il faut être ingénieur pour inventer le hameçon à caténaires. S'ils viennent dans mon salon, ils pourront voir un téléviseur plat de grande taille circuler à 1,5 m du sol grâce à un rail au plafond, se ranger derrière un escalier quand on n'a pas besoin de lui, survoler escalier et radiateur pour venir se placer devant la fenêtre quand on veut le regarder, dans une position où il peut, toujours accroché à son rail, pivoter de 90° pour faire face au canapé ou à la table ... Tout en restant, bien sûr, connecté à tous ses accessoires d'alimentation, d'entrée et de sortie de signal.

Parce que je suis un bon bricoleur. J'ai fait des plans, imaginé, improvisé aussi un peu, scié, soudé, percé, vissé, et voilà le travail. Alors, honnêtement, je n'ai jamais eu l'idée de saboter un TGV, je ne l'aurais pas acceptée si on me l'avait demandé, mais un truc comme le crochet à caténaires, au niveau purement technologique, je l'aurais inventé en une après-midi s'il avait fallu. Il n'y a que dans l'esprit des paranoïaques en charge de notre protection qu'il faut être ingénieur à la SNCF pour pondre un truc aussi simple. Le problème le plus épineux ne me semble d'ailleurs pas de concevoir le gadget, mais d'aller l'accrocher à 5 ou 6 mètres en l'air à un câble où passe un courant alternatif de 25 000 volts sans se faire coiffer en brosse.

Non, messieurs de la sécurité intérieure, une boîte à outils n'est pas un accessoire de terroristes! Sinon, méfiez vous du réparateur de votre machine à laver!

Alors pourquoi des suppositions à ce point irréalistes? Pourquoi ce triomphe peu discret « On a arrêté une effroyable cellule dormante de terroristes » ? Qui a fait pschiit en quelques jours?

Fait-on un pareil battage brandissant une "mise en danger de la patrie" avec "complot international" lorsque des agités d'extrême droite incendient immeubles, mosquées et synagogues, dévastent les cimetières, passent des membres d'autres communautés à tabac, attaquent des manifestations autorisées et pacifiques, assassinent leurs contradicteurs?

Il est trop tard, messieurs du pouvoir, pour faire face au mécontentement. C'est à ses causes qu'il faut s'attaquer. On ne guérira plus le mal avec des baumes et des cataplasmes, c'est aux sources qu'il faut porter le fer. Abriter les SDF au lieu de les escamoter, aider les gens au lieu des banques, subventionner le beefsteak au lieu des voitures (largement fabriquées à l'étranger), augmenter les salaires et pensions au lieu des dividendes, si tant est qu'avec la posture qui fut la vôtre depuis que vous êtes élus, on peut encore croire que vous en êtes capables.

Parce que les plans dans les cartons ne laissent pas augurer de votre regain de popularité. D'après des sources qui en valent bien d'autres, lors du remaniement du début 2009, Brice Hortefeux, après avoir accédé à quelques responsabilités médiatiques comme la reprise en main de l'UMP, deviendrait ministre de l'intérieur et Patrick Devedjan obtiendrait enfin le maroquin qu'il réclame à grands cris depuis qu'il demande que "l'ouverture soit étendue jusqu'aux sarkozistes"...

La deuxième manche des éliminatoires va être saignante...




Ceci dit, on ne va pas se plaindre de quelques aspects du saupoudrage.


Cela se passe à l'ONU, où Rama Yade a tenu sa promesse, et la France déposé un projet tendant à dépénaliser l'homosexualité au niveau international, homosexualité qui est encore, dans de nombreux pays, passible de peines de prison ou de mort.

Et l'un des opposants les plus violents à cette proposition est le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, qui fait plus de bruit à lui tout seul que tous les autres intégristes réunis.


Le bonhomme voit là une manœuvre politique visant « à déconsidérer l'idée du mariage entre un homme et une femme comme la forme fondamentale et originelle de la vie sociale ».

Photo AFP (Jacques Demarthon)
Et le « saint homme » n'hésite pas un instant, bien sûr, à continuer à exposer des millions de gays à travers le monde à la prison et à la potence pour ne pas laisser approcher le spectre de l'horreur absolue, qui est pour lui l'adoption d'enfants par des gays. A-t-on vraiment progressé depuis les croisades où on disait aux infidèles « la conversion ou la mort »?

Eh bien, la délégation française tient tête à la cabale, dans un débat où si distingue la haute voix de Eric Chevalier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Dont acte. Ce n'est pas tous les jours qu'un umpiste tient parole. Ceci dit, notons que Rama Yade a décidé de quitter le navire gouvernement avant l'iceberg pour se présenter en avril aux élections européennes. Sage décision.

Mais est-ce un vrai umpiste? Eric Chevallier, quarante-sept ans, proche de Bernard Kouchner, docteur en médecine, diplômé de l’IEP Paris, a été appelé, en 1998, comme conseiller au cabinet de Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat à la Santé, puis représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Kosovo, avant d'être nommé récemment porte parole du Quai d'Orsay et conseiller spécial du ministre.

A suivre...



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jeudi 27 novembre 2008

218° Des centres de rétention pour les SDF ?

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« Ils veulent une maison, qu'on leur donne une prison ».


Madame Boutin a beau nous dire ce matin que cette idée que je n'ose qualifier de priver les SDF de liberté « pour leur plus grand bien » n'était qu'un thème de réflexion, on reste stupéfait en découvrant à quoi elle pense quand elle réfléchit, et effondré en constatant que nos ministres pensent des choses pareilles à haute voix.


D'ailleurs, celui de ses collaborateurs qui s'était fait choper il y a quelques mois à occuper un vaste HLM auquel il n'avait pas droit n'était-il pas, lui aussi, un grand catholique pétri de charité et de solidarité chrétiennes?


http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/01/17/01001-20080117ARTFIG00338-l-ex-collaborateur-de-boutin-prie-de-demenager-.php


http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2008/01/02/1881-bolufer-se-moque-du-monde


Pour ma part, je pense que ce n'était pas « une réflexion à haute voix », mais tout à la fois l'amorce d'une idéologie qui nous menace si on n'y prend pas garde et aussi un petit test qui se voulait anodin des éventuelles réactions de l'opinion publique.


Pour le test discret, c'est raté, et pour l'idéologie qui se pointe derrière, il faut que ça rate aussi.


Car la protection des libertés ne supporte aucune dérogation. La boite de Pandore des exemptions doit rester fermée. Absolument verrouillée sous peine d'assister à l'érosion du droit par un envahissement progressif de cas d'exceptions.


Ainsi par exemple l'abolition de la peine de mort ne saurait souffrir aucune dérogation, aussi larmoyante soit-elle. Car une dérogation pour les « crimes d'enfants » verra remonter petit à petit l'âge limite de l'enfance et se greffer d'autres circonstances; une dérogation pour « acte de terrorisme » verra insidieusement la notion de terrorisme s'enrichir au fil des année de notions de crime contre l'état, de sédition, etc... Lorsqu'on entr'ouvre la porte des cas d'exception, on ne peut plus la refermer, donc on ne l'entrouvre pas.


Car accepter l'idée d'user de la force pour mettre les SDF « à l'abri » quand la température descend au-delà de 6°, c'est accepter le principe de les faire disparaître de nos rues. Il n'y a plus qu'à régler le « thermostat » sur des températures moins rigoureuses, ce qui peut se faire d'un amendement discret une fois que la loi est passée, et adieu le « spectacle » des SDF!


Parce que ce qu'on reproche aux SDF, c'est de matérialiser chaque jour sur nos trottoirs l'impéritie de l'état à abriter ses citoyens, l'incapacité de ceux qu'il a chargé de le faire, et surtout d'interpeller douloureusement notre conscience et de symboliser ainsi notre absence de solidarité républicaine.


Que leur seul spectacle gène les marquises, ça apprend à vivre aux marquises. Non, le problème est que leur existence est le fruit de notre faute collective, de l'incapacité de la république à protéger de la misère les plus faibles de ses citoyens.


Alors, il ne s'agit pas maintenant de les condamner à la privation de liberté pour une faute que nous commettons, nous, chaque jour collectivement. Or notre société tend à faire disparaître les gens dont elle n'a pas besoin, à plus forte raison si leur présence la gène.


On fabrique des chômeurs en délocalisant? Faisons disparaître les chômeurs en compliquant les conditions du maintien des droits aux Assedics. Un chômeur radié = un chômeur de moins.


Ça fait un SDF de plus? Ah zut! Faisons disparaître le SDF. Si ce mauvais coucheur s'obstine à habiter dans un carton en bas de chez nous et se refuse absolument à travailler et à habiter quelque part alors qu'on lui a dit que c'était ce qu'il fallait faire, punissons le pour sa désobéissance. Pour sa révolte, son refus de se conformer aux usages. Enfermons le, nettoyons la voie publique de cette offense à notre conscience.



C'est de sa faute s'il est là. Comme c'est de la faute des quinquagénaires s'ils ne trouvent pas de travail à leur âge. La preuve que c'est de leur faute, c'est que l'on vient de leur supprimer « l'exemption de recherche d'emploi » dont ils bénéficiaient à partir de 57 ans, ce qui les expose à la radiation des Assedic à quelques mois de la retraite. Age de la retraite que, pour faire bonne mesure, on tente d'éloigner par tous les moyens pour qu'il reste bien une terre promise que l'on n'atteint jamais.


Parce que si le brave homme l'atteint, il va encore nous coûter de l'argent. Alors que si on l'égare en route entre la fin des Assedics et le début de sa retraite, eh bien on rallonge ad libitum la période pendant laquelle il ne coûte rien.


Le drame, ce sont ceux qui ont la mauvaise idée de mourir entre temps. Quel manque de savoir vivre! Comme disait Sacha Guitry.


Cette attitude négative et pour le moins peu coopérative fait échouer le plan d'éradication des bouches inutiles. . Car faire disparaître quelqu'un, c'est relativement facile, mais que faire du cadavre? Dès qu'on en trouve un dans le bois de Vincennes, l'opinion s'émeut, les cœurs sensibles s'épanchent en chroniques acides, les républicains honnêtes en blogs incendiaires, et ils en font tout un tintouin à la radio et dans les journaux.


Et patatras. Tout de suite, les « droit-de-l'hommistes » montent au créneau, parlent de liberté et de respect de l'individu, et de tout un tas de notions inutiles et parasites qui nous empêchent d'entasser de l'argent tranquillement et nous obligent même parfois à leur en donner un peu pour les faire taire.



Plus j'en parle autour de moi, et plus je constate l'étendue du dégoût des citoyens pour un système qui cache de plus en plus mal son jeu, et leur répugnance pour notre régime qui le soutient bec et ongles.


Toute médaille a son revers: l'élan que la gauche est incapable de donner pour faire changer les choses en 2012, c'est la droite qui est en train de le susciter avec ce genre de mesures. Et paradoxalement, si la gauche avait su se moderniser en abandonnant la lutte des classes, c'est la droite qui travaille actuellement à restaurer les conditions d'un tel affrontement.




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mardi 25 novembre 2008

217° Les voyages forment la jeunesse.

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Allant ce soir chercher un jeune amant au Lycée Voltaire, près du Père Lachaise, j'ai pu assister à une scène surréaliste...


Un escadron de « Jeunes Pop », division lycée, était venue jusque dans ces bourgades inhospitalières distribuer des tracts pour le parti de papa et convaincre ces jeunes gens encore récupérables, puisque scolarisés, de prendre leur carte à l'UMP.



Cela donnait des dialogues dont on aurait pu faire une pièce de théâtre. Les pulls en Burberry parlent aux survet en contrefaçon de Nike, les chaussures Parkerson couinent le cuir pleine fleur au milieu des baskets délacés.


Évidemment, dès qu'on creuse un peu, il y a de lourdes incompréhensions. Beaucoup d'élèves de ce lycée technique ont d'autres soucis que de prendre leur carte dans un parti dont ils comprennent mal le discours. Remplir le frigo, acheter les fournitures scolaires et finir le mois, ça occupe forcément en priorité, et comme ils ne lisent pas le Figaro, ils s'obstinent dans des raisonnements terre-à-terre et persistent à ne pas comprendre que le pouvoir travaille à les aider. Les pauvres, - c'est le cas de le dire.


  • Ah, ton père est chômeur?

  • Ton frère est sans-papiers?

  • Ta mère travaille?


Quel monde étrange ! Si près de la maison!


Jusqu'au moment où ils sont tombés sur des garçons vraiment politisés, et qui savaient bien pourquoi. Et là, réciter les slogans des jeunes pop, le catalogue de promesses de Sarko et parler de l'immigration contrôlée, ça tombait à plat. Parce que devant les beaux discours, il y avait un père sans papiers, un frère chômeur, un voisin expulsé, un smic pour cinq, des fins de mois difficiles, une voiture sans essence, un pédé de service allergique à Vanneste, un huissier à la porte, des loyers impayés....


Joli dialogue de sourds à côté duquel celui du parti socialiste n'a rein à envier. Pourtant, le ton n'a vraiment monté à aucun moment. Les lycéens de Voltaire ont parlé de leur famille, de leurs difficultés, les neuilléens les ont écoutés, moitié par gentillesse, moitié faute d'avoir quelque chose à leur répondre, les phrases toutes prêtes et autres slogans de l'argumentaire du bon petit militant qu'ils avaient appris par cœur ne répondant pas aux vraies questions de la vraie vie.


Précisément, ce matin même, la justice a condamné « Droit au Logement » et « Les Don-Quichotte » pour avoir trop défendu les SDF. Comme le sujet était tout frais, la démonstration est venue toute seule, imparable: « non content de produire la pauvreté, le système la condamne pour la cacher, fait taire les malheureux qui se plaignent, enfonce la tête de ceux qui ne se noient pas assez vite. »


Là, il y a un slogan, de gauche, imparable: « Au lieu de s'attaquer à la pauvreté, on s'attaque aux pauvres ». Le manuel du petit umpiste ne sait pas y répondre. L'un d'eux avance qu'on est pauvre parce qu'on est paresseux. Un peu léger, un peu éculé et beaucoup enculé. Les autres le font taire en évacuant l'injure dans un mauvais humour.


Et finalement, tous ces jeunes gens des beaux quartiers n'ont pas fait le voyage pour rien, ce ne sont pas eux qui ont apporté la bonne parole, mais plutôt eux qui l'ont ramenée à la maison.


Les échanges qu'ils ont eus sur le trottoir du boulevard Voltaire suffiront-ils à les faire changer d'avis? Sans doute pas. Il y a du génétique là-dedans. Et puis, il faut tenir son rang dans les beaux quartiers, ça paie. Si on veut que papa paie vacances au ski, ordinateurs, scooters, et une Smart ou une Mini Clubman le jour du permis de conduire, il ne faut pas chanter l'Internationale dans les rues de Neuilly.


Et même si un de ces charmants jeunes gens venait soudain à se convaincre d'idées humanistes et s'imprégner de convictions de gauche, il ne pourrait sans doute pas l'assumer dans son environnement. Il y perdrait pas mal de copains, et même peut-être quelques bribes d'héritage. Il y a un point de non-retour au-delà duquel on ne peut plus changer d'avis sans rupture avec ses racines, et l'échantillon sympathique et parfumé que nous avions sous les yeux était manifestement carrément né de l'autre côté de cette frontière! On choisit ses amis, mais pas sa famille.



Néanmoins, messieurs de l'UMP, votre idée est excellente de nous envoyer vos rejetons pour discuter avec le reste de la France. C'est mieux que les croisades qui vous ont tant occupé jadis. Car si les jeunes de chez nous vont militer dans vos beaux quartiers, on leur rira au nez – au mieux -.


Tandis que s'ils viennent chez nous discuter, nous, on les écoute, on leur explique la vie, et ils rentrent à la maison enrichis de nouveaux savoirs, d'expériences sociologiques, (sexuelles, peut-être?) et même peut-être d'un peu d'humanisme qui pourra toujours leur servir un jour.



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