Il me souvient d’une
époque où j’allais à l’école et où Macron n’était pas
encore né.
On y entendait des
cours d’instruction civique, très interactifs avant l’heure, les
plus interactifs de tout notre enseignement, et dont je garde une
grande émotion et un excellent souvenir.
Pour savoir ce que
tout cela est devenu, j’interroge monsieur Google qui me dit que
cela s’appelle maintenant « l’enseignement moral et
civique » après avoir failli s’appeler en 2012
« enseignement de la morale laïque et civique ».
Une réforme de 2015
réorganise cet enseignement autour de la discipline et du respect
des codes sociaux, au détriment du sens citoyen et de la laïcité.
C’est passer de la
philosophie au terre à terre…
Le « respect
des codes sociaux », chacun y voit ce qu’il veut, et comme
les gens vivent de plus en plus en communautés, les codes
communautaires se prennent de plus en plus pour des « codes
sociaux » et ont une fâcheuse tendance à envahir l’espace
du code républicain.
Et on a complètement
oublié les valeurs fondamentales, qui ont fait de la République
l’outil de la réalisation des valeurs des Lumières.
Un petit retour aux
sources ne me semble dont pas superflu.
La raison d’être
de toute société humaine doit être le progrès social. C’est le
seul objectif qui profite à tous. Chacune des trois valeurs de la
devise républicaine doit concourir à cet objectif.
Ainsi, par exemple,
le progrès social consiste, « pour une âme bien faite »,
à s’assurer que les mal lotis et les malchanceux rattrapent bien
le peloton de l’intégration sociale au lieu d’être laissés sur
le bord du chemin. Si on en juge par le nombre de gens qui dorment
sur les trottoirs et mendient aux feux rouges, sans parler de ceux
qui font leurs courses aux restos du cœur, force est de constater
que l’action en la matière est un douloureux échec.
Ainsi, par exemple,
le progrès social consiste à améliorer l’ordinaire des braves
gens en saisissant chaque occasion de l’élever.
Pour ça, le système
politique est censé créer et mettre en place des « réformes ».
Cherchons
« réforme » dans le dictionnaire :
Réforme :
Changement de caractère profond et radical apporté à quelque chose, en particulier à une institution, et visant à améliorer son fonctionnement et ses résultats.
C’est donc un
véritable travail de construction, au nom duquel on doit tendre la
main aux retardataires pour les hisser au niveau de ceux qui s’en
sortent mieux.
En qualifiant
certains régimes de retraite de « privilèges » et en
expliquant à tous ceux qui n’en bénéficient pas qu’il faut les
abolir et réduire tout le monde à la ration minimum, on fait
exactement le contraire.
On pratique
l’égalité pas le bas, alors que le progrès social exige
l’égalité par le haut.
Le progrès social,
c’est ouvrir de nouvelles fenêtres, pas fermer celles que des
pionniers ont réussi à aménager.
En répondant aux
revendications d’égalité et de progrès par des simulacres de
consultations et de « grands débats » au cours desquels
on laisse les gens se livrer à d’inutiles incantations avant de
clore l’exorcisme par un discours partisan présenté comme
rassembleur, on ne fait en réalité que poser hâtivement un
couvercle sur les cris du peuple.
C’est donc
exactement le contraire d’une réforme.
De vraies réformes,
les gens sont demandeurs, ils sont pour, à condition que,
conformément à la définition du dictionnaire, il en sorte une
véritable amélioration.
Or que résulte-t-il
des réformes que nous proposent nos gouvernements successifs depuis
de trop nombreuses décennies ?
Des limitations, des
augmentations de taxes et de prix, des réductions de nos avantages
et de nos droits, l’application d’une égalité à la tondeuse,
la présentation des courbes mathématiques et des aventures
boursières comme les nouvelles normes qui doivent présider à la
conditions humaine et aux nouvelles règles de l’humanisme…
Si le résultat de
l’augmentation de la durée de la vie doit conduire à
l’augmentation de la durée d’activité, où est le progrès
social ?
N’est-ce pas
seulement une augmentation de la durée de l’esclavage ?...
A quoi sert le
travail des machines ? Où est passé le bénéfice de la
mécanisation ?
Pourquoi tous ceux
que l’automatisme a privé de salaire ne bénéficient-ils pas de
la productivité de la machine qui les remplace ?
Où sont passés les
milliers de milliards dont on nous parle sitôt qu’on fait allusion
aux multinationales, aux grandes fortunes, aux spéculations ?
Pourquoi tout cet
argent ne nourrit-il pas les pauvres ?
Lesquels, du coup,
le remettraient dans le circuit ?
Pourquoi ne vient-il
pas adoucir la condition de tous ceux qui usent leur vie à la
gagner ?
Existe-t-il un
« paradis des milliards » où toutes ces richesses
vont s’entasser oisivement avec la certitude de ne jamais servir à
rien ?
Partout, à travers
la planète, les peuples se soulèvent. Les uns après les autres,
ils s’élèvent contre les pouvoirs étouffants, les économies
dévoyées, les pompes à fric du pouvoir global, les privations de
liberté, de connaissance et de reconnaissance.
Et il en résulte la
prospérité de tous les outils parasites de l’anti-connaissance,
du faux savoir et de l’obscurantisme (en fait les « outils du
pouvoir »)… : l’intégrisme religieux et sa cohorte
d’interdits, de terres plates et les créationnismes de toutes
sortes, la limitation des libertés individuelles, la valorisations
des superstitions et des croyances, les dogmes et systèmes de toutes
sortes…
Pendant des lustres,
on nous a présenté le « communisme » comme un système
étanche et fermé où les gens vivent comme dans une prison sans
pouvoir accéder au « monde libre »…
Mais plus on avance,
plus on constate que le « libéralisme » n’est pas une
liberté non plus, ce n’est pas la clé du « monde libre »…
C’est une autre
prison, assez subtile pour avoir rendu ses barreaux invisibles,
omniprésents, pour avoir étendu son domaine à toute la planète de
manière que, jamais, nulle part, on puisse trouver un endroit où sa
férule ne s’applique pas…
Avant, les hommes
politiques qui marquaient la société par autre chose que leur
violence étaient des écrivains, des poètes, des philosophes.
Montesquieu, Chateaubriand, Lamartine, Musset, Victor Hugo,
Rousseau, Prévert…
Tous n’étaient
pas élus, mais tous étaient entendus.
Maintenant, ce n’est
plus l’intelligence humaine et la philosophie qui gouvernent le
monde, ce sont les banquiers et les financiers. Pour ne pas dire
leurs ordinateurs, qu’eux mêmes ne maîtrisent plus puisqu’ils
les ont conçus non plus pour conduire un système, mais pour y
entretenir un cancer, une tumeur permanente qui ne peut que
grossir jusqu’à la mort inéluctable : le taux de croissance.
Chez nous, ce sont
les gilets jaunes, ailleurs, après la Tunisie, l’Égypte et la
Lybie, c’est en Algérie , à Hong Kong... Ça pète aussi au
Chili, au Liban, en Irak, en Équateur, au Venezuela, en Bolivie, au
Congo, à Haïti, en Guinée, au Soudan, et j’en passe et j’en
oublie.
Ce sont parfois des
gouttes d’eau qui font déborder le vase.
Ce qui est un
euphémisme : si une goutte d’eau suffit à faire déborder un
vase, c’est que celui-ci est déjà plein à ras bord….
Ici le prix du
pain , celui du ticket de métro, une taxe sur Whatsapp, là, le
prix de l’essence….
Quand les situations
sont inflammables, une étincelle suffit à tout embraser..
Ce qui est la preuve
d’un ras-le-bol généralisé.
Pour en revenir à notre assiette de frites hexagonale, le sens profond de la politique du tandem Macron – Philippe se résout à l’aveuglement de croire qu’on ne peut prendre qu’aux travailleurs l’argent pour leur retraite, et non pas le puiser dans les immenses richesses qu’ils ont créées depuis des générations.
Soit ces Laurel et
Hardy de la politique le croient naïvement, soit ils sont les
serviteurs zélés d’une religion financière dont ils sont des
activistes fondamentalistes.
Parce qu’après
tout, ont-ils une raison logique ne ne voir des problèmes que ce qui
les arrange, et de n’entrevoir de solution que celles qui ne
coûtent rien à ceux qui pourraient les donner ?
Éplucher le service
public jusqu’à l’anéantir, à le rendre inutile et obsolète,
n’est-ce pas dérouler le tapis au monde de la finance qui ne
demande qu’à nous revendre avec profit ce que l’union sacrée
des travailleurs a su créer par les forces jointes de l’union et
de la solidarité ?
A ce titre, nous
sommes déjà devenus locataires d’autoroutes dont nos impôts nous
avaient rendus propriétaires, nous sommes sur le pont d’être
dépossédés de nos aéroports, une bonne partie des services à la
personne et des services de santé est déjà privatisée alors que
nous avons payé la formation de ceux qui les délivrent…
Et il faudrait
accepter ces spoliations, ces escroqueries, comme des évolutions
inéluctables ?
Il faut sortir de ces logiques mensongères qu'on nous présente chaque jour un peu plus comme des écritures saintes.
Il faut sortir de ces logiques mensongères qu'on nous présente chaque jour un peu plus comme des écritures saintes.
- Le centre de la société, c'est l'homme, pas l'économie.
- La condition humaine n'est pas une valeur d'ajustement, c'est un objectif.
- Et l'économie est au service de l'homme, et non pas l'homme au service de économie.
Certes, les
retraités français se révoltent aujourd’hui, et ils ont bien
raison, mais c’est surtout le monde entier qui se révolte.
Regardons au-delà de nos frontières : il se produit une prise
de conscience universelle de ces détournements, de cet
assujettissement.
Alors, essayer de
nous désigner les cheminots comme des privilégiés, et "franco-franciser" un problème universel, c’est croire
qu’on va regarder le doigt au lieu de regarder la lune.
C’est toute la planète qui est en colère.
C’est toute la planète qui est en colère.
Dire que le peuple
français est ingouvernable et déteste les réformes, c’est petit.
Indigne d’un chef d’état.
Il est grand temps
de revenir aux valeurs humaines pour gouverner la société.
Le malaise n’est
pas que franco-français, il est universel.
Et la vraie
universalité, c’est celle de l’Humanisme, pas celle des rails de
la finance sur lesquels on veut nous conduire.
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