340°. Homosexualité à l'italienne.

Au cinéma:

Même les sites d'information et de culture gay n'ont pas vu arriver l'excellentissime « Le Premier qui l'a dit » , un film absolument délicieux avec tout le charme d'un cinéma italien élégant et subtil qu'on croyait disparu.

Pourtant, son réalizateur, Ferzan Ozpetek, est d'origine turque, et n'est italien que d'adoption. Mais quelle adoption réussie ! Il est vrai qu'il a fait toutes ses études à Rome... On connaît peu l'homme, même si ses films précédents tournent autour du thème de l'homosexualité et des valeurs de l'amitié et de l'amour.

Dans « le Premier qui l'a dit » (Mine Vaganti), il condense tout son message sur le sujet : du coming-out du fils de famille dans la bourgeoisie italienne provinciale aux histoires d'amour décortiquées, riches de non-dit, d'émotions contenues et de pieux mensonges. C'est le portrait d'une société d'apparences d'où les sentiments profonds ne sont pourtant pas absents, avec une panoplie de personnages divers et marquants, très travaillés, très écrits et finement interprétés.

Bref, un petit régal. Avec une vraie musique de film. Pas de cette tonitruante logorrhée orchestrale qui décoiffe les spectateurs de « Inception ». Une musique très italienne, écrite sur l'image, qui parle, souligne, s'adapte, lie la situation au spectateur et en dit parfois plus long que le dialogue.

Bref, courez voir « Le Premier qui l'a dit » pendant qu'il en est encore temps. Rire et émotion garantis.

A l'église:

Toujours en Italie, la presse fait ses choux gras des curés homosexuels, qui seraient légion à Rome. Les bonnes langues affirment même qu'ils y seraient majoritaires !

Et pourquoi la presse italienne plus que les autres ? Parce que l'église romaine a en son temps très lourdement condamné les frasque sexuelles du signore Berlusconi et de ses amis, et que comme il est aussi patron de presse... il se venge ! Alors, la presse italienne nous fait découvrir un site épatant : Vénérabilis. un site de rencontres réservé aux gays ecclésiastiques et à leurs amis.

Si vous rêviez d'ôter une chasuble frivole d'un geste coquin, « venerabilis » réalise votre rêve ! Le site existe en cinq langues, dont une version française à cliquer dans le menu sous la photo de la place Saint Pierre! Une fenêtre d'avertissement polyglotte s'ouvre : cliquez « OK » et vous voilà dans l'antichambre du paradis.

Le site est hébergé au « tk ». Il s'agit de l'ile de Tokelau, une petite ile quelque part dans le Pacifique entre Tonga et Tuvalu, île paradisiaque non seulement pour ses cocotiers au bord de la plage, mais parce que l'usage des suffixes internet y est gratuit. Avis à la population si vous avez un site à héberger. On y trouve des annonces délicieuses pour les amateurs de robes et dentelles masculines. Mais aussi le drame de tous ceux qui veulent à tout prix rentrer par la fenêtre d'une l'église d'où on les a virés par la grande porte, de ceux qui n'ont pas compris qu'un bon ami dans ses bras valait mieux qu'une promesse de paradis...

Aveuglement aussi de ceux qui n'ont pas compris que la vision religieuse de la sexualité se limitait à un schéma productiviste qui bannissait le plaisir et l'équilibre affectif qui va avec, et n'autorisait qu'on ne détourne de l'énergie du travail en s'adonnant à l'orgasme qu'à condition de rembourser le système en lui donnant en retour un petit travailleur ou un petit soldat.

Faut-il s'en offusquer ? Quelque part oui, dans la mesure où le clergé multiplie les communications homophobes, et condamne dans la vitrine ce qu'il pratique dans l'arrière boutique... Et comment vérifier la qualité des prêtres et des jeunes clercs qui s'offrent ainsi sur l'autel du plaisir ?

En allant y voir, mon ami. Qui vous retient ?

339° Les anciens et les modernes...

Le pays des lumières de Diderot et de Voltaire est en train de perdre des places au classement général de la civilisation. Bientôt, nous ne serons même plus dans le peloton. Les leçons nous viennent de pays qui ont pris le départ de la démocratie bien après nous, comme le Portugal et l'Argentine, et qui nous ont doublé et distancé dans la course aux libertés individuelles et au droit de s'aimer. Pendant qu'eux promulguent le mariage asexué comme la simple reconnaissance d'un couple qui veut s'unir, en France, où on avait l'occasion en débattant de la réforme des retraites, d'y insérer un point positif, le bénéfice de la pension de réversion pour les pacsés, (74% d'hétérosexuels), on s'abstient de cette avancée au motif que le pacs serait un mariage homosexuel. Ce qui prouve que nos députés votent des textes « au pif » ou « en mode godillot » sans même regarder qui sont les contractants du PACS...

Les deux dessins :Le Canard Enchainé n°4682, du 21/07/2010

Tant que nous aurons un gouvernement qui ne survit que grâce aux ouvertures qu'il multiplie vers la droite de la droite décomplexée, et qui choisit clairement son terrain de chasse électoral chez les malades du fric, dans les familles bourgeoises à l'ancienne et dans les maisons du troisième âge, rien ne bougera. Or le corps électoral bouge, certes, mais si lentement, et pas toujours dans le bon sens...

Nos belles banlieues ont été si longtemps oubliées et si longtemps considérées comme des sous-territoires que la mentalité ambiante n'y est plus d'aller choisir en votant entre le fric et le social. Cette alternative longtemps promise mais jamais tenue ne fait plus recette : c'est contre le système tout entier que les populations se soulèvent maintenant, incendiant et démolissant tout ce qui peut, de près ou de loin, passer pour représentatif du système.

A cet égard, les affaires Woerth-Bettencourt n'y ont même plus l'impact qu'elles ont encore dans la société « officielle ». Elles y passent pour des querelles de nantis, ajoutant à la hargne contre un système qui leur a permis de prospérer si longtemps et qui semble si incapable de les éradiquer. Le premier lambda qui commet un délit de niveau faits divers de presse régionale passe devant un juge d'instruction. Mais lorsque dans les proches banlieues du pouvoir, les ploutocrates se disputent des milliards soustraits à l'impôt, des îles au statut presque fictif et des héritages putatifs, quelques enquêtes préliminaires devraient suffire....

Pendant que la planète tente de raisonner l'Ouganda, qui menace les homosexuels de peine de mort, il s'en passe de belles et d'intéressantes dans d'autres pays.

Ainsi en Oklahoma, un des états les plus ruraux des USA profonds. Souvenons nous de l'excellente comédie musicale « Oklahoma! » , une sorte de Roméo & Juliette où les Montaigu et les Capulet sont remplacés par les cow-boys dont les troupeaux battent la campagne et les « farmers » qui cultivent la terre et empêchent les troupeaux de circuler...

La candidate démocrate transexuelle. Photo NYTimes

Malgré de grandes qualités cinématographiques et une musique éblouissante d'Oscar Hammerstein II, (Rose-Mary, Show-Boat, Banana Split (Gang's all here), Hellzapoppin, South Pacific, Le Roi et moi, Sounds of Music (Mélodie du Bonheur) etc.., le film est quasiment désobligeant pour les habitants de cet état « agricole » coincé entre le Kansas et le Texas, présentés comme l'ultime stade des « bouseux »... .

Eh bien en Oklahoma, une candidate transexuelle se présente aux élections des représentants de l'état contre une doyenne de la réaction républicaine, homophobe, anti-avortement et ouvertement militante de mouvement ultra-chrétiens. Je vous laisse contempler leurs photos respectives. Si vous ne comprenez pas l'anglais, vous voterez pour la plus avenante...Résultats en octobre.

La candidate républicaine homophobe. Photo NYTimes.

338° On ne nous dit pas tout...

L'UMP fait tout ce qu'elle peut pour transformer l'affaire Woerth en affaire Médiapart. D'après leurs caciques, Internet c'est pas bien, les blogs et tweets c'est pas sérieux, (mais alors pourquoi en ont-ils tous un?), il ne faudrait pas croire ce que dit la presse d'investigation, mais seulement ce qu'on trouve dans des médias bien civilisés, dont les directeurs dînent au Fouquet's, les actionnaires touchent les remboursements du bouclier fiscal et les annonceurs sont des potes du château.

Les UMPistes n'ont pas de mots assez sales pour définir l'information libre du web :

• « la presse des années 30 » -Christian Estrosi-,
• « elle fait le jeu de l'extrême droite » -François Baroin .
• « La France est un état de droit avec une justice indépendante » -François Fillon-.

J'en étais également persuadé, Monsieur Fillon, du moins jusqu'à ce que votre gouvernement s'avise de supprimer les juges d'instruction.

Tous rivalisent de discours assez incohérents pour faire prendre au cheval du chien-dent pour de l'avoine....

Mais alors, puisque internet c'est tout caca, qu'il n'y a pas un site pour rattraper les autres, qu'on ne peut avoir confiance en rien sur le web, pourquoi l'UMP dépense-t-elle des fortunes pour acheter des mots-clés et des adwords à Google afin d'aiguiller les recherches sur « Bettencourt » vers les sites à sa botte ?

Pourquoi l'UMP supprime-t-elle de ses forums les commentaires hostiles, plutôt que de prendre le temps d'y répondre, ce qui devrait lui être facile, puisque d'après elle, la « vérité est éclatante »... ?

Vous me direz, cette monochromie leur retire toute crédibilité en les transformant en récitals de slogans, ce qui les réserve aux seuls intégristes... Cela permet juste, comme le fait l'article ci-dessus, d'y pointer ces commentaires objectifs avant qu'on les censure pour mieux faire la démonstration de la malhonnêteté de la démarche...

Et quand l'inénarrable Frédéric Lefèbvre nous déclare dans un sanglot nostalgique que « nous avons basculé dans une société où il faut faire la preuve de son innocence », les internautes peuvent-ils lui rappeler que la loi HADOPI dont il nous a tant vanté les mérites est précisément basée sur ce principe ?

Signalons que Didier Porte, l'un des deux chroniqueurs licenciés par France-Inter pour son incapacité à lécher les bottes a été embauché sur Médiapart à partir de septembre ! On le trouve aussi sur Arrêt sur Image où il assure une chronique hebdomadaire.

Mediapart souhaiterait également embaucher son collègue Stéphane Guillon, mais à l'heure où je publie, il n'a pas encore répondu.

GAY PRIDE

Pas de nouvelles de l'incendie qui ravage actuellement les relations entre GayLib et l'UMP. . Le char de GayLib, douloureusement dégarni (manque de volontaires?...) était équipé d'une sono si puissante qu'aucune injure, aucune huée ne pouvait se faire entendre dans un rayon de 50 mètres. Je n'ai pas entendu dire qu'il ait été bloqué.

Par contre, alors que tous les experts s'accordent à estimer la fréquentation de la Marche des Fiertés de Paris à 800 000 personnes défilant + 1 million sur les trottoirs, la préfecture de police s'obstine à n'en voir que 34 000 dans le défilé et 55 000 badauds.!

Chiffre tellement dérisoire qu'il en perd toute crédibilité. Monsieur Hortefeux ne peut-il à ce point pas nous voir que nous devenons transparents à ses yeux ? 34 000, c'est à peine le contingent de gays auvergnats montés à Paris pour la circonstance !

337° Les joies de l'Iphone.

Les pirates se sont donné bien du plaisir ce dernier dimanche en attaquant Youtube où ils ont remplacé d'innocentes vidéos de Justin Bieber tantôt par des pornographies, tantôt par des news annonçant le décès du jeune chanteur.

Mais ça, c'est juste pour rigoler. Ceux qui veulent gagner des sous se sont le même jour attaqué à Itunes, ce qui semble beaucoup plus lucratif. Itunes, c'est ce site incontournable d'Apple par lequel toute la Pomme passe, y compris l'activation des Iphones, qui ne daignent fonctionner qu'après connexion au saint des saints.

Pour avoir le plaisir de poser son Iphone à côté de son verre à la terrasse d'un bar branché, au risque de se le faire faucher par un lascar qui passe en courant, -mais la frime n'a pas de prix-, il faut avoir ouvert un compte chez la Pomme et avoir été assez bonne pomme pour leur confier son numéro de carte de crédit. Ici le téléphone de votre serviteur....

Dernière minute: (8 juillet)

http://www.zdnet.fr/actualites/apple-confirme-le-piratage-de-400-comptes-itunes-39752980.htm#xtor=EPR-100

Je n'étais pas au courant de tous ces tracas, n'ayant payé que bien peu de Windows à l'époque où j'en possédais (il y a prescription puisque je suis depuis bien longtemps passé sous Linux), ayant toujours remplacé le coûteux Microsoft Office par le gratuit OpenOffice, l'onéreux Paint Shop Pro par le non moins gratuit Gimp, et trouvé gratuitement tous les outils dont j'avais besoin.

C'est donc avec surprise que j'avais appris il y a quelque temps qu'un de mes copains avait constaté une fuite d'euros sur son compte Itunes et avait dû le fermer et en ouvrir un autre pour mettre fin à l'hémorragie.

D'après l'article dont je donne le lien ci-dessus, j'apprends que des petits malins achètent à votre place des applications fictives qui ont le triple intérêt de leur rapporter plein d'argent, d'espionner votre téléphone voire de le transformer en zombie, et de transformer malgré lui Apple en proxénète puisqu'il touche involontairement 30% de la transaction.

Mais le pire est d'apprendre que tous ces vers grouillent depuis longtemps autour de nous : le bon vieux téléphone de Mémée, avec les petits boutons et l'écran monochrome, tourne sous Symbian, et là aussi, il y a des virus, qui peuvent arriver par sms dans un petit jeu ou une belle affaire qu'on vous aura proposé...

Et pour passer une semaine agréable, suivez sur Mediapart le feuilleton de l'été : au dernier chapitre, « L'ex-comptable de Bettencourt accuse : des enveloppes d'argent à Woerth et à Sarkozy »...dont « 150 000 €uros pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy ».

Ce n'est pas France-Télévision qui, malgré la grande agitation actuelle de ses sphères de direction, nous offrirait un feuilleton aussi glauque et palpitant. Pourquoi aller à Dallas ? C'est pas bien, Neuilly ?

336° Vous ne sentez pas une drôle d'odeur?

Au début du quinquennat, le mode de communication de l'hyperprésident consistait à enchaîner les évènements si rapidement que l'annonce du machin du jour recouvrait au fur et à mesure le concert de protestations engendré par le précédent. J'en avais parlé dans ce billet...

Seulement voilà : on ne peut pas trouver indéfiniment une mesure qui fasse illusion ne fût-ce que quarante huit heures. Même avec de l'imagination, on s'épuise vite à ce petit jeu... La qualité des trouvailles finit par diminuer, et quand on atteint le fond du panier, on finit par ramasser des conneries.

Alors, après la succession d'histoires d'appart de fonctions, de cigares pharaoniques, de jets privés, d'injures proférées impunément dans un sens, mais dans l'autre au prix de condamnations, de blagues d'auvergnats, d'humoristes licenciés, de cumul d'honoraires et autres abracadabrantesqueries, voici venir le temps de la corruption. C'est en tout cas le mot employé par Ségolène Royal pour définir l'histoire des sous de Liliane Bettancourt... Personne d'autre de l'opposition ne s'est risqué à l'utiliser: même s'ils n'ont pas un si beau magasin de casseroles qu'à l'UMP, tous semblent avoir plus ou moins peur d'une vieille affaire qui surgirait trop opportunément des greniers d'un collectionneur de dossiers.

Il doit y avoir un pêcheur à la ligne chez Médiapart et chez quelques autres agences d'information bien documentées. On appâte, on laisse mordre le poisson, puis on ferre. Je suis certain que ces braves journalistes d'investigation, ces derniers représentants d'une espèce menacée, ont encore quelques biscuits dans leurs clés USB ou je ne sais quel disque dur bien planqué. Ils ont laissé Woerth et madame endurer quelques insomnies, et contaminer l'Elysée de leurs angoisses jusqu'à décider son occupant à se porter garant de son ministre. Ce qu'il a gentiment fait en mondovision, le 27 juin, d'une tribune du G20 de Toronto...

Et depuis , chaque jour apporte une révélation qui non seulement enfonce un peu plus Eric Woerth et son épouse, mais éclabousse son clapotis glauque jusqu'aux marches de l'Elysée... Au point que Claude Guéant élude le fond du problème en parlant de « chasse à l'homme », ce qui est en général la dernière défense du coupable aux abois...

On apprend aujourd'hui que Madame Woerth faisait de nombreux séjours à Genève pour gérer la fortune de celle qui apparaît de plus en plus comme la mécène de la campagne de Sarkozy en 2007, avec un « doute étrange » sur la manière dont elle aurait bénéficié du bouclier fiscal, qui sera, ou pas, -on espère que si-, éclairci par une commission parlementaire.

Car au point où nous en sommes, ils faut bien qu'ils réalisent que plus ils diront « circulez, il n'y a rien à voir », plus ils nous persuaderont qu'on nous cache l'innommable derrière les portes matelassées des déclarations officielles.

Ces merdâtres relents de fin de règne qui se répandent dans les allées du pouvoir et empuantissent les palais de la république ne présagent rien de bon à une époque où chaque Français s'interroge sur l'avenir de son pouvoir d'achat, la pérennité de ses conditions de vie et la compétence réelle de ceux qui en ont la charge.

C'est le moment de relire « L'insurrection qui vient », rendue célèbre par la police elle-même lors du plouf paranoïaque de l'affaire de Tarnac, et qui démonte pièce par pièce le pourrissement de la démocratie par lequel on en est arrivé là. Ce qui ne signifie nullement qu'on soit ennemis de la démocratie, au contraire... Simplement soucieux de sa santé. Face à une dégénérescence, il faut faire une greffe, ou dans le cas de la démocratie, cesser d'en reproduire les édiles par inceste ou au sein d'élevages d'énarques, mettre fin au système des castes qui s'est installé et abolir le carriérisme. On achète ici ce livre indispensable au citoyen vigilant.