Il va falloir faire
avec, mais il y a beaucoup à dire de ces résultats un brin
inattendus.
D’abord, on savait
que les sondages étaient trompeurs, voire mensongers, mais on
commence à comprendre qu’ils pourraient devenir des outils de
manipulation.
A qui faire
confiance ? Actuellement, ils sont aux mains du privé, avec des
« garanties » qui valent ce que valent les garanties
sanitaires des produits du supermarché.
Comment les
améliorer ?
Ceci dit, les
résultats, eux, sont officiels. Il va falloir faire avec.
Que voyons nous ?
Droite des
bistrots et droite des cols blancs...
La droite des
bistrots a très largement pris le pas sur la droite des cabinets
financiers. C’était prévisible : à trop mépriser les
pauvres, tondre les petits contribuables, ignorer les
« non-diplômés » et oublier les vieux au bord de la
route, il ne fallait pas s’attendre à autre chose.
Même au-delà des
propagandes et des manipulations, une élection reste le cri du plus
grand nombre, et dans la France de Macron, le plus grand nombre, ce
sont les laissés-pour-compte. Ce qu’au USA, on appelle les 99 %.
Les dictateurs
chevronnés en font des « forces populaires » et des
« partis uniques », en dehors de ce schéma, ça donne
des opposants qu’on peut toujours désorganiser, Macron le fait
plutôt habilement-, mais ça ne les supprime pas. La preuve.
Ceci dit, son
pouvoir commence à harceler les journalistes, et cela m’inquiète
beaucoup.
Se réjouir de la
déconfiture du parti républicain, c’est se mettre des œillères.
Bien sûr, quelle joie de voir un parti de vieille bourgeoisie
confite de bigoterie, accroché à ses miasmes religieux et ses
valeurs moyenâgeuses prendre une déculottée, ça fait toujours
plaisir.
Mais toute médaille
a son revers. Une partie – la mieux nantie - de cette
droite jusqu’ici républicaine a rejoint LREM où elle retrouve ses
valeurs financières et ses opportunités pécuniaires, les plus éclairés ont voté écolo, mais la plus
grosse partie a filé au café du commerce, où elle a engraissé le
machin national…
Macron se
réjouissait d’avoir fait exploser la gauche, qui avait d’ailleurs,
par ses dérives et ses individualismes, tout fait pour prêter le
flanc à ce genre de scud. Mais il en a perdu l’héritage. C’est
la droite qui est venue engraisser ses effectifs.
Si la gauche s’est
déstructurée, elle n’en continue pas moins à exister, et
l’esprit de gauche des Lumières, de la raison et de l’humanisme
n’a pas disparu. On le retrouve donc largement chez les
écologistes, et de manière surprenante dans le score de Glucksmann
qui, s’il reste modeste, est néanmoins le double de ce que les
sondages lui prêtaient.
Il va falloir à
ces deux là apprendre à s’apprivoiser et à travailler ensemble,
parce que « tel est leur destin ».
D’ailleurs, ils
ont tous les deux dit ce matin que c’était envisageable, alors
qu’Alexis Corbière, le hibou sur l’épaule de Mélenchon, a
confirmé qu’il n’en était pas question. Dont acte : on
fera sans eux.
Car leur premier
lien, c’est leur ennemi commun : le pouvoir de la finance, le
rouleau compresseur des multi-nationales, les mailles d’acier de la
prison néo-capitaliste.
Leur second lien est
la « qualité intellectuelle » de leur électorat. On
retrouve, tant chez les écolos que chez Glucksmann, une proportion
de « gens instruits », de diplômés, d’intellectuels
et autres penseurs supérieure aux autres partis.
Au machin national,
les cadres ont un profil adjudantesque, voire pilier de bistrot, chez
les républicains, plutôt jésuite, et à la France insoumise, un
brin levée de fourches et cocktail molotov.
De plus en plus, le
niveau intellectuel remplace le niveau social dans l’identification
politique des Français. Les grincheux trouveront toujours des
exceptions, les laissés-pour-compte de la pensée hurleront à
l’élitisme, mais on ne peut nier que c’est une tendance forte.
Les jeunes se
mettent enfin à voter...
L’irruption de la
jeunesse, jusqu’ici relativement désintéressée de la politique,
mais qui se sent soudain concernée par l’urgence écologique qui
assombrit leurs lendemains, est l’autre signe de cette
transformation. Les jeunes se mettent à voter en plus grand nombre,
et ils ne voteront ni pour des banquiers ni pour des moralistes à
l’ancienne.
Il y a déjà
longtemps que le vocable « d’intellectuel de droite »
était devenu une locution paradoxale, une sorte de plaisanterie,
genre « cuisine anglaise » ou « midinette
parachutiste », l’enflure du machin national vient confirmer
cette lame de fond.
Et ce dans tous les
domaines : mon grand père était un paysan traditionnel à
peine nanti d’un certificat d’études, l’agriculteur
d’aujourd’hui est un chef d’entreprise avec des compétences
technologiques, ingénieriques et et informatiques affirmées. Ce qui
explique sans doute que chaque jour, un plus grand nombre d’entre
eux abandonne le traditionnel pour une agriculture raisonnée et
écologique.
Et il en est ainsi
dans beaucoup de professions… Les seules résistances sont le fait
d’aveuglements soit traditionnels, soient de finance à court
terme.
Ainsi par exemple,
la transition vers la voiture électrique n’est ralentie que par ce
que j’appelle des « vroum-vroumistes », ces mal-baisés
qui ne se réalisent que dans des voitures inutilement grosses et
puissantes.
La transition de la
route vers le rail n’est ralentie que par des financiers qui voient
dans le camionnage une source de bénéfices immédiats, comparés
aux investissements dans le rail qui ne produisent qu’à long
terme.
La transition
agricole n’est ralentie que par un système de distribution
archaïque et malhonnête qui ne permet pas aux producteurs de vivre
de leur travail.
Bref, d’une
manière générale cette « décantation » de
l’électorat nous donne une nouvelle mouture où ne surnageront que
ceux qui pensent et qui réfléchissent à long terme, savent
abandonner les traditions et les idées reçues pour une véritable
innovation.
Ouf de soulagement.
La France est assez délivrée des religions et des pensées obtuses
et dogmatiques pour oser réfléchir de manière autonome. On a coupé
des têtes pour ça, et on en cueille encore les fruits aujourd’hui.
Évidemment, tout le
monde va se mettre à parler d’innovation, de « nouveau
monde », etc.
(C’est déjà
fait ? Tiens donc!)… Reste à l’électeur à ne pas se
laisser bercer par les mots et les slogans...
Tout cela pour dire
que les écologistes sincères et la gauche humaniste n’ont pas
d’autre choix que de travailler ensemble. Leurs objectifs
convergent, leurs moyens sont de même nature, et surtout, leur
ennemi est le même….
LREM s’est
droitisé. Encore davantage…
Le bilan global est
que LREM s’est droitisée.
LREM avait dû son succès aux gens de gauche désespérés par l’émiettement
de leurs partis, aux retraités inquiets. Tout ces gens sont partis, écœurés. S’ils se sont maintenus à niveau constant, c’est
qu’ils ont compensé cette hémorragie par une foule de droite, qui
n’a pas assumé le sauvage dérapage droitier de Wauquiez et les
homélies du croisé Bellamy.
Certes c’est une
droite relativement modérée, mais c’est de droite quand même.
Ce n’est plus « ni
gauche ni droite ».
Le bastion LFI fait
maintenant figure d’un gauchisme ras les pâquerettes qui ne se
résout pas à se fondre dans le moule fasciste bien qu’il en
partage certaines aspirations, - dont le culte du chef – , la
contestation par principe doctrinaire et une fâcheuse tendance à
« l’impérialisme idéologique», et le PC est le grand
perdant de l’affaire : malgré une gestion pourtant parfois
exemplaire de mandats régionaux et municipaux, il donne l’impression
globale d’un idéologisme qui parle plus qu’il n’agit. Même si
ce n’est pas forcément exact, ça leur colle à la peau, et c’est
à eux de modifier leur image.
En Italie, Mateo
Salvini fait ses discours avec un chapelet à la main, peut-être
craint-il le caractère phallique du goupillon…
Encore que le
chapelet, si les grains sont assez gros, a ses adeptes au rayon
érotique…
En Hongrie, Orban
séduit les Hongrois en leur apprenant à détester l’étranger, on
est bien loin la Raison et l’Humanisme…
Les Hongrois avaient
édulcoré l’écrasement des nazis parce que leur langue,
impénétrable et incompréhensible, leur avait permis d’atténuer
l’ingérence de l’occupant. Elle continue à entretenir leur
marginalité.
Partout où les
religions sont proches du pouvoir, elles enseignent la détestation
du prochain, de l’étranger, du « différent », en
totale contradiction avec le fond de leur message spirituel.
Exemple en Pologne.
En définitive,
l’inévitable clivage du partage des richesse s’est compliqué
d’un autre division : celle de l’instruction et de la raison
face à l’aveuglement et à l’obscurantisme.
C’est un long
travail de pédagogie et d’explication qui s’annonce.
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