mercredi 25 février 2009

237° Hadopi: une loi boomerang.



L'ISOC France, branche française de l'Internet Society, tire la sonnette d'alarme à propos des conséquences aussi graves que prévisibles de la mise en place prochaine de la loi Hadopi, que refusent l'ISOC Europe, les associations les plus autorisées de gestionnaires et d'usagers d'internet, et taxe d'incompétence le couple Albanel-Sarkozy qui persiste à regarder un tel projet comme une solution à la divulgation « d'oeuvres propriétaires ».


http://www.isoc.fr/

http://fr.wikipedia.org/wiki/Isoc_France



Les sites P2P ouverts vont laisser la place à des échanges privés quasi-incontrôlables dont les clés s'échangeront sur les sites sociaux dont le nombre et l'importance rend tout contrôle impossible.


La répression « automatique » qui est prévue (envoi automatisé d'emails -mode de notification non reconnu par le droit), dont le nombre est déjà chiffré: 10 000 emails par jour!!!, se déroulera en marge de la justice et de toute appréciation humaine, ce qui confère au système un caractère dictatorial (pour être poli) absolument inacceptable. Dans un état de droit, il ne peut pas et ne doit pas exister de forme de répression automatisée.


Comme toute répression aveugle et systématique, elle générera une résistance et constituera un enjeu de contestation. On assistera d'abord à la politisation du problème qui engendrera une multiplication d'attaques informatiques, de virus, de sabotages et de dénis de services comme autant d'actes de rébellion anti-système, anti-majors, anti-Sarkozy dont tous les internautes auront à pâtir, et dont les auteurs seront regardés comme autant de héros de la liberté.


D'une nécessité sociale, le téléchargement deviendra un sport international avec ses enjeux, ses champions et ses records.


Les suspensions de connexion internet prévues vont frapper aveuglément, privant des familles entières, voire des entreprises, de leur indispensable connexion à cause d'un gamin qui se sera connecté quelque part. Ou pire, par malveillance ou par l'action d'un anarchiste qui viendra télécharger sur le wifi des braves gens pour provoquer la suspension de leur connexion.


Du coup, elle va faire disparaître la plupart des points wifi, compliquant la tâche de tous ceux qui ont besoin de se connecter en dehors de leur bureau pour l'exercice de leur profession. Elle signe plus ou moins l'arrêt de mort en France des initiatives mondiales comme « Fonera » , qui fonctionne dans plus de 60 pays (sauf la Chine...) en douze langues, et qui permet, en acceptant de partager son wifi, de se connecter à celui des autres quand on se déplace.


http://fr.wikipedia.org/wiki/FON

http://www.fon.com/fr


Cette mesure signe aussi l'arrêt de mort du Wimax, ce système d'arrosage longue portée qui doit permettre de fournir du haut débit à des millions de foyers et d'entreprises hors de portée géographique d'une connexion ADSL ou d'un câble.


Les « listes blanches » prônées par la ministre laissent entrevoir le spectre d'un internet à la chinoise ne donnant accès qu'à des sites autorisés, contrôlés, dans la ligne du parti ou de ses intérêts, expurgés de tout ce qui pourra déplaire au big brother du moment, et permettront, au fil d'alinéas dont on alourdira subrepticement la loi, d'appauvrir et de modeler l'information jusqu'à en faire de la propagande.


Comme toutes les « innovations » informatiques, cette loi sera rapidement périmée par une sophistication accrue des artefacts destinés à la contourner, par la généralisation de nouvelles voies de communication, (bluetooth entre téléphones, PDA ipods et autres players, diffusion de cartes mémoires et de clés USB, sites sociaux où on échangera des clés d'accès à des sites privés situés dans des pays hermétiques au droit intellectuel dont les données seront accessibles par des plate-formes d'anonymisation à clés variables.



Contre vents et marées, et contre l'opinion internationale et l'avis des spécialistes, la nouvelle société de monsieur Sarkozy est en marche. Faut-il encore démontrer que l'ultra-libéralisme est liberticide?




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samedi 21 février 2009

236° Au diable Staline. ( Les noces silencieuses)

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Il fut une époque où les distributeurs changeaient les titres des films étrangers pour les transformer en slogans racoleurs franchouillards.


C'est ainsi que « High Noon » devint « Le train sifflera trois fois », « The gang is all here » devint « Banana Split » , « All That Jazz » devint « Que le spectacle commence » « Anchors aweigh » devint « Escale à Hollywood », « Cover Girl » « La reine de Broadway », « Annie get your Gun » « La Reine du Cirque », « Born to dance » « L'Amiral mène la danse », « Dangerous when wet » « Traversons la Manche », « Yankee Doodle Dandy » « La glorieuse Parade », et « Swing Time » « Sur les Ailes de la danse ». . Je vous en passe.


On croyait cette époque où l'on vendait des films comme des tapis révolue. Eh bien non, et cette détestable manie vient de frapper un petit chef-d'oeuvre, « Noces silencieuses » (« Nunta muta ») qu'on trouve à l'affiche sous le doux nom de « Au diable Staline, vive les Mariés ».



Ce discret film roumain, co-réalisé par Vlad Popescu qui s'était jusqu'ici plutôt intéressé à la production, et Horatiu Malaele, comédien (vu notamment dans « Amen », le précédent Costa Gavras) qui est passé pour l'occasion derrière la caméra sort en ce moment de manière un peu confidentielle dans un circuit de salles très insuffisant.


Et pour un coup d'essai, c'est pourtant un coup de maître. Il est vrai que les deux compères connaissent leurs classiques, mais le cinéphile ne se promènera pas pour autant dans le film comme dans un musée des hommages et des coups de chapeau.


Il y a du Tati dans les longs plans muets qui parlent si bien et qui font exploser la salle de rire au bout d'un moment d'étonnement, il y a du Fellini, beaucoup de Fellini dans ces personnages rougeauds aux limites de la caricature, aux gestes inattendus, aux couleurs fortes, à l'expression tonitruante, un brin de Kusturica dans les scènes orgiaques et la musique tzigane, il y a aussi un zeste de Bunuel dans les anachronismes et les situations surréalistes qui s'intègrent si naturellement dans la logique de l'histoire, beaucoup d'émotion dans des situations que je vous laisse aller découvrir, et on passe de la comédie au drame absolu dans la plus belle tradition de la Comedia del Arte.



Le parti pris graphique indispose au début avec cette mode que je déteste qui consiste à filmer en caméra à l'épaule et en scope les personnages à bout portant en leur coupant le front et le menton, ou avec des plans à fond de zoom qui défigurent toutes les perspectives. Mais sans doute le film a-t-il été tourné relativement « dans l'ordre » et quelques critiques entendues à la projection des rushes puisque cette manie disparaît dès la deuxième bobine avec l'arrivée d'une looma et l'adoption de plans plus larges.


Par contre, l'impeccable colorimétrie, le piqué soigné et une qualité photographique réelle compensent assez largement ces petits désagréments.


Le propos n'est même plus anti-communiste. L'humour de l'œuvre possède un tel recul qu'on sent bien que cette noire période, -elle fut effroyable dans la Roumanie de Ceaucescu- est déjà entrée dans les livres d'histoire, et que les Roumains, forts d'un humour désabusé et dévastateur, n'ont pas le sentiment que ce qu'on leur propose aujourd'hui soit plus prometteur. S'ils sont latins par la dérision et ce sens de l'humour surréaliste, ils sont orientaux par leur fatalisme. C'est ce doux mélange qui donne au film son cachet inimitable.



A quoi sent-on qu'un film est réussi quand on n'est pas technicien? Parce qu'en « retombant sur terre » lorsque la salle se rallume, on réalise qu'il vous avait emporté loin et haut au pays des rêves.

« Au diable Staline » est de ceux-là. Ne le manquez pas.




Les collections de montres sont très à la mode en ce moment. Julien Drey collectionnait les « montres à complications » (terme technique de tocantologie), notre turboprésident, lui, demande à une montre d'être grosse, brillante, et de dépasser du poignet de la chemise. Volant au secours de son nouvel ami élyséen, Jacques Séguéla, toujours du côté du manche, voit les choses avec une grande désinvolture.

"si à 50 ans on n'a pas une Rolex, on a raté sa vie" a-t-il assuré sur Antenne 2.


Le personnel d'Antenne 2 qui a reçu Séguéla dans le studio affirme à l'unanimité que lors de son interview, Séguéla ne portait pas de Rolex... Damned. Ce n'est pas étonnant que la France soit dans l'état que l'on sait si elle compte plus de 55 millions de ratés...






Quelle que soit leur montre, il y en a tout de même certains à qui il faudrait remettre la pendule à l'heure.

Le petit Besancenot est allé à la Guadeloupe apprendre comment on organise une grève générale. Ce n'est pas très habile de sa part de l'avoir avoué, car nombre de ses fidèles auraient pu supposer qu'un pilier de la ligue communiste révolutionnaire maîtrisait suffisamment le problème pour se dispenser d'un stage de perfectionnement. Il manque au nouveau parti anticapitaliste un bon communicant, mais je ne saurai lui conseiller Séguéla, le slogan « une Rolex pour chaque Français » ne me semble pas très porteur.



Enfin, il est grand temps d'introduire dans le dictionnaire de l'Académie Française et dans notre belle langue en général un mot merveilleux, expressif, précis, plein de vigueur et de sens profond, issu du parler antillais pour décrire la façon dont la métropole traite les dom-ton : la « profitation ». C'est tout de même autre chose que la bravitude!


A bas la profitation !



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vendredi 20 février 2009

235° La preuve que c 'est possible.

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Monsieur Sarkozy est pourtant peu généreux, qui voudrait que les entreprises repartissent leurs bénéfices en trois tiers égaux, l'un étant réinvesti, l'autre distribué aux actionnaires et le troisième reversé en intéressement aux travailleurs qui ont quand même fait le boulot.


Le Canard Enchaîné du 18 février fait, en bas de la page 1, le calcul avec les chiffres de Total. Entreprise qui a fait de somptueux bénéfices, mais cela donne justement une idée de ce que pourrait être la relance par la consommation.


Si Total reversait le tiers de ses 13,9 milliards d'euros de bénéfices à ses 40 000 employés, chacun recevrait 115 000 €.! Au lieu de ces 33%, Total s'apprête à reverser 0,8%, soit 109 millions, ce qui fait 2725€ par esclave. Quarante fois moins.


Or en dehors des raisons inavouables, comme la priorité donnée à l'économie sur l'homme alors que l'économie devrait être et rester un outil à son service, le patronat aligne des raisons idiotes qui empêcheraient de procéder à une telle redistribution. La plus grotesque , et c'est la direction de Total qui l'avance, est que « ce serait plus difficile à calculer ». C'est vrai que 33% et des parts égales, pour un service comptable habitué à servir les primes à la tête du client, c'est un bond dans un monde inconnu. Mais avec des ordinateurs, on devrait quand même y arriver, non?


La seconde, exprimée plus ou moins ouvertement pas un certain nombre de dirigeants, c'est que « les employés s'en foutent », travaillent « par dessous la jambe ». C'est le plus bel exemple de contre sens qu'on puisse imaginer. A les entendre, il faudrait que ce soit la charrue qui tire les boeufs.


J'ai eu le privilège de travailler longtemps dans une entreprise qui était la première de son secteur en Europe. On ne nous servait pourtant pas 33% d'intéressement, mais suffisamment pour que nous ayions conscience d'être mieux là que chez n'importe lequel de ses concurrents. On ne sacrifiait ni la routine ni la maintenance pour « compenser » les surcroîts de travail, ils étaient payés rubis sur l'ongle en heures supplémentaires. Alors, il pouvait nous demander à peu près n'importe quoi. Dans un métier fertile en événements exceptionnels, on trouvait toujours quelqu'un pour faire l'impossible, assurer des prodiges et imposer notre savoir faire.


Notre PDG était raillé et qualifié de gauchiste par ses concurrents malheureux. Pourtant, ce n'est pas cette gestion généreuse qui a provoqué le déluge. Au contraire: nous étions motivés, reconnus, enthousiastes à l'ouvrage et les affaires allaient bien. Sans doute trop bien. Car c'est précisément cette opulence qui a fini par attirer dans le capital des vampires qui ont saigné la poule aux oeuf d'or.


Les notes de service apportant diverses restrictions ont fini par arriver. Nous n'étions plus maîtres de nos plannings, les événements furent payés en récupérations dont nous ne pouvions même plus choisir la date, le choix de nos technologies, jusqu'ici réservé aux spécialistes, a été transféré aux comptables, et s'est donc exercé en fonction du baratin des commerciaux au plus total mépris des réels besoins technologiques. Des cadres administratifs aussi coûteux qu'inutiles ont été nommés pour faire respecter ces règles paralysantes, nos intéressements ont diminué.


Et notre motivation aussi. Nous avons petit à petit perdu notre enthousiasme, cessé de faire l'impossible. Notre compétitivité a disparu en même temps que la reconnaissance dont chacun avait besoin pour rester excellent.


Ces baisses de résultats ont affolé nos nouveaux apparatchiks. Ils avaient fait des écoles de management, pas nous. Tout ce qui arrivait était donc de notre faute, pas de la leur. Alors, ils ont serré la vis.


Les meilleurs éléments assez jeunes sont partis se recaser ailleurs, ce qui a accéléré le naufrage. Avoir appartenu à l'entreprise leur a permis d'être embauchés immédiatement par les concurrents.

Les plus anciens, dont j'étais, plus difficilement recasables, ont été poussés vers la sortie. C'est ainsi que j'ai terminé ma carrière à l'ANPE. (dans une situation de + de 58 ans dispensés de recherche d'emploi, niche fermée ensuite par Sarkozy, précipitant ainsi dans l'exclusion tous ceux qui n'avaient pas de quoi survivre jusqu'à leur retraite.) .


Voilà comment une entreprise va bien quand ses dirigeants savent motiver ses forces vives, et voilà comment elles stagnent et périclitent quand on cesse de reconnaître le travail et la valeur des gens et qu'on les traite comme un troupeau.





Nicolas Sarkozy vient de découvrir les Dom Tom. Il n'est jamais trop tard pour faire un peu de géographie. Il y a des années que ça rouspète là-bas, et qu'on les calme en encensant Aimé Césaire, il y a deux mois qu'ils font la révolution, mais ces territoires sont si petits.


Là, il y a eu un mort, alors on va faire quelques cadeaux. Qui vont sans doute arriver comme un cheveu sur la soupe, car on sait à quel point les saupoudrages coûtent plus cher qu'ils n'ont d'effet.


En France, on fait aussi de l'inutile, comme ce cadeau du troisième tiers provisionnel qui offre un pourboire à une très étroite tranche de contribuables, coincés entre ceux qui ne paient pas d'impôts et qu'on a donc oublié, et ceux qui en paient plus et dont on croit toujours qu'ils vont rester vos fidèles électeurs.


Monsieur Sarkozy a été pendant des années un fervent admirateur de la gestion à l'anglaise de l'économie d'un pays. Mais voilà que les Anglais décident de faire de la relance par la consommation en diminuant la TVA. Du coup, ils cessent d'être un modèle à suivre, on les critique et on s'oppose à eux en prétendant que « la relance par la consommation, ça n'a jamais marché ».

Quelle erreur! Souvenez vous des années qui ont suivi mai 68 et ses grosses augmentations de salaire... Encore aujourd'hui, on les appelle « les glorieuses ».


Mais il ne faut pas parler de mai 68 à un monsieur qui a décidé, comme big brother, d'effacer cet épisode de l'histoire, alors que pourtant, il ne serait rien sans lui... Si mai 68 et l'explosion de la vieille morale n'étaient pas passé par là, aurions nous aujourd'hui un président divorcé et remarié à un mannequin-chanteuse?




Question progrès en marche, l'ONU offre un spectacle significatif. Madame Rama Yade ayant remis au goût du jour la dépénalisation universelle de l'homosexualité, la résistance se constitue.


On trouve au premier rang...le Saint Siège, qui a recruté les autres vociférants dans les rangs des grands amis du progrès et des libertés. Pensez, on trouve là l'Iran, l'Egypte, le Burundi, le Soudan, L'Arabie Saoudite, le Nigéria, le Yemen et autres notoire piliers des droits de l'homme.


En avril prochain à Genève doit se tenir une conférence internationale sur le racisme, et il est question d'ajouter l'orientation sexuelle au nombre des critères d'exclusion et de discrimination dont il convient de protéger les pauvres gens. Autrement dit de s'aligner sur les pays civilisés qui ont depuis longtemps pris cette mesure. On travaille dur à New York autour de cet enjeu.


Le lobby homophobe est maintenant constitué au niveau planétaire autour des monothéistes de l'ONU et communique à tour de bras. Il serait urgent d'en choper quelques uns avec la main dans le caleçon d'un autre pour faire taire cette résurgence moyenâgeuse.




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mardi 17 février 2009

234° Doute

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Un film passe relativement inaperçu en ce moment.

Pourtant, il appartient à cette catégorie des films que je qualifie d'utiles, avec Shortbus et Religolo.

http://brethmas.blogspot.com/2009/01/228-religolo-religulous-un-film.html
http://brethmas.blogspot.com/2006/11/69-shortbus-un-film-indispensable.html


Doute est l'histoire d'un prêtre enseignant suspecté de pédérastie avec un de ses élèves par une mère supérieure obsédée , dont on apprend qu'elle fut une épouse malheureuse avant d'épouser Jésus, (tiens, on peut se marier deux fois quand c'est avec Jésus?), qui transforme les choses les plus anodines en éléments à charge et prend ses soupçons illuminés pour des réalités.




Doute dénonce avec l'air de ne pas y toucher le mythe des « têtes blondes innocentes », démontre qu'on peut très bien savoir ce qu'on veut dès douze ans sans l'avoir « appris » d'un adulte, et montre une mère qui soutient son fils dans l'adversité et l'exclusion d'une adolescence homosexuelle difficile.

Ce qui dérange dans Doute, ce ne sont pas les idées qui dérangent la bonne bourgeoisie, mais justement la démonstration de leur fragilité. Le réalisateur y saccage avec joie et réalisme le politiquement correct, renverse les dogmes sans les contester sur le fond, simplement en les confrontant à la vie.

Doute se termine dans le doute. On ne saura jamais. Mais on a compris que derrière les apparences, existe toujours la nature humaine, avec le meilleur et le pire.

Fortement interprété par Merryl Streep et Philip Seymour Hoffman (inoubliable dans Truman Capote), Doute est, après « Religolo », le deuxième film sur le doute en quelques mois.

Et tout cela nous vient d'Amérique. Les Yankees, empêtrés dans leurs omniprésentes religions, se poseraient-ils enfin quelques bonnes questions?



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233° Les joies de la privatisation.

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On avait pu admirer la vague de déraillements meurtriers des chemins de fer anglais à la suite de la privatisation de British Railways.



Les Français peuvent constater la différence du prix de l'eau suivant qu'elle est distribuée par une société privée ou par une régie municipale. De nombreuses villes qui avaient privatisé leur eau reprennent aujourd'hui possession de leur réseau, ce qui occasionne une baisse considérable du prix du mètre-cube. (Bordeaux, Lyon, Toulouse, Lille, Saint Dizier, Annecy, Chambéry, Clermont-Ferrand, Grenoble, Paris fin 2009...)


Les pannes phénoménales d'électricité qui avaient affecté les Etats Unis il y a quelques années avaient été, après enquête, attribuées aux conséquences de l'absence d'une administration fédérale de l'énergie dans le pays. Les compagnies électriques américaines, privées et libres de l'ensemble de leur politique, ont toujours préféré gâter leurs actionnaires et accroître leurs bénefs que d'assurer une fiabilité convenable. Elles ont même négligé de passer, comme le reste du monde il y a cinquante ans, du 110v au 220v, ce qui leur pose des problèmes de transport d'énergie qui sont justement une des causes de la fragilité de leurs prestations.


En France et en matière de police, on n'en est pas vraiment à la privatisation, même si le nombre de policiers municipaux et de vigiles de toutes sortes pourrait le laisser croire, mais on introduit la notion de « chiffre et de rentabilité » dans les opérations de maintien de l'ordre, ce qui nous vaut une explosion du nombre des gardes à vue forcément injustifiées, et des verbalisations tous azimuts pour des motifs parfois tirés par les cheveux qui ne contribuent pas à l'amélioration des relations entre les policiers et le contribuable.


Avant, on jugeait le maintien de l'ordre à la qualité de l'ordre obtenu; maintenant on le mesure au nombre de personnes interpellées, ce qui est aberrant puisqu'il pousse les forces de l'ordre à interpeller les proies faciles pour faire du chiffre plutôt que des méchants plus difficiles à attraper qui sont les vrais responsables de l'insécutité.


Dans les prisons aussi, on privatise. Les gardiens appartiennent toujours aux services de l'administration pénitentiaire, mais tout le reste de la prison est géré par des sociétés privées. C'est ainsi qu'avant, on ne pouvait pas avoir de plaques de cuisson dans une cellule. Maintenant, on peut à condition de « cantiner » le modèle réglementaire vendu trois fois le prix du marchand. La télévision revient à plus d'un euro par jour et le moindre poste à transistor est au prix d'une chaîne stéréo du commerce.


Ces relations compliquées entre le privé et le public expliquent sans doute le cafouillage de déclarations à la suite de l'évasion de la centrale de Moulins des deux zigotos qu'on vient de reprendre derrière chez moi dans le tunnel de Nogent sur Marne. Pendant que l'administration pénitentiaire affirmait à la presse que cette prison était une des mieux surveillées de la terre et que les fouilles y étaient nombreuses, un délégué syndical des gardiens se lamentait à la télévision de ce que les faibles moyens en matériel et en effectif ne permettaient pas de prendre toutes les mesures qui auraient pu empêcher l'évasion. Ce qu'on croit volontiers quand on voit le monde en marche en général, et la justice de madame Dati en particulier.


Toujours à la pointe du progrès, les Etats Unis viennent d'innover en introduisant la privatisation dans la justice. Il existe en Pennsylvanie une maison pénitentiaire pour mineurs entièrement aux mains du privé, gérée par une « association », la « P.A. Child Care » qui obtenait des fonds gouvernementaux pour chaque nouvel enfant incarcéré.



Le mécanisme de la corruption était en place, il ne manquait plus que deux juges pour l'animer. On a eu vite fait de les trouver: D'après une dépêche AFP,

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5h1prCS_vYBAIpPBH6-CF5Q1LPwWg


les deux juges, Ciavarella et Cohahan, ont touché près de 1,9 millions d'euros pour remplir la maison d'arrêt d'innocents et toucher un pourcentage des prébendes que ces incarcérations occasionnaient. Plus de deux milles jeunes gens de 13 à 18 ans auraient été ainsi condamnés pour rien, contre l'avis des procureurs.


On cite l'exemple d'un qui a écopé de plusieurs mois ferme pour s'être promené dans un bâtiment désaffecté et un autre pour un larcin de 4 euros chez un épicier. Depuis le début de la magouille, le quota d'incarcération était passé à 25%, contre moins de 1% en temps normal.


C'est dire à quel point la défense du service public qui nous occupe en France n'est pas « un combat d'arrière garde » comme le prétendent quelques séides du " tout privé ".

Rayons des affaires gay, le turboprésident a annoncé vendredi dernier qu'un texte allait être voté, qui reconnaîtrait le statut de « beau parent ».


Texte très attendu de toutes parts, les familles monoparentales ou recomposées se trouvant souvent dans des vides juridiques pour gérer leur vie quotidienne, la personne la mieux placée pour élever un enfant pouvant dans un tel contexte, ne pas être son parent « légitime » et ne posséder à ce titre aucune autorité légale.


Mais les problèmes inhérents aux familles recomposées se posent de la même manière aux familles homoparentales, qui persistent à exister en l'absence de toute reconnaissance, et dont les associations estiment le nombre en France à plus de trente mille.


Les UMPédés de GayLib assurent que le texte les prendra en compte, mais ils sont bien les seuls à être si optimistes, car le projet qu'on a pu en voir en juin 2008 parlait de « père » et de « mère » et non pas de parent, ce qui n'est pas de bon augure.


Enfin, au chapitre du fichage des homosexuels, la CNIL vient d'être saisie d'une affaire très délicate: l'Etablissement Français du Sang tiendrait un fichier des donneurs dont l'offre a été rejetée pour cause d'homosexualité. Sachant que tous les dons du sang sont contrôlés avant d'être livrés aux hôpitaux, un tel fichage relèverait de l'homophobie la plus perfide. On attend la suite.


Enfin, Strasbourg est le lieu d'effervescence où se prépare la Gay Pride de Moscou, jusqu'ici toujours interdite par le maire pour cause de satanisme (authentique...) et les militants viennent, grâce à la pression internationale, d'enregistrer une petite victoire: pour la première fois sans le recours de la justice, une organisation de défense des droits des homosexuels a pu être enregistrée. C'est à Saint Petersbourg.



Et pendant ce temps, la Guadeloupe... en est aux affrontements.

A voir l'attitude du gouvernement dans cette crise, je me demande si ce n'est pas ce qu'il souhaite.



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lundi 16 février 2009

232° Laisse moi faire, je vais te montrer !

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Au nombre de mes amis qui m'ont avoué avoir voté Sarkozy, un seul affirme aujourd'hui qu'il serait prêt à le refaire. Tous les autres reconnaissent que, même en considérant que la politique est un domaine où les promesses ne sont jamais sérieusement tenues, le trépignant turboprésident est de tous celui qui les a le plus déçu et le plus profondément floué.


Cela se voit dans les sondages, dans l'unanimité de la réprobation, et aussi dans le fait rarissime, et ô combien précurseur de barricades et insurrections maisoixantehuitardes, de l'agrégation des mécontentements dans des domaines où on a plus l'habitude de s'ignorer que de s'entr'aider.


Les humoristes de tous poils ne se privent pas de galvauder le régime, y compris ceux qui ont voté pour lui, et internet fourmille de petites images géniales comme celle-ci:



Le mélange étudiants-ouvriers qui a fait tant de remue-ménage en 68 est même en train de s'enrichir d'une énergie revendicatrice originale et nouvelle venue des cadres, de la classe moyenne habituellement peinarde, et même de la magistrature.


Le slogan des UMPistes qui veut que Sarko ait « été élu par une majorité » et qu'il va falloir endurer ses « réformes » jusqu'au bout « au nom de la démocratie » devient merveilleusement désuet et surréaliste: la majorité qui l'a porté sur son trône paraît groupusculaire à côté de celle qui veut maintenant l'en faire tomber.


On rencontre la contestation jusque dans les rangs de l'UMP, où les plus fidèles serviteurs voient leur réélection menacée par le dépouillement des institutions locales de leur circonscription, réformes en général concoctées par des parachutés, voire des transfuges qui auront en fin de compte tout à la fois saccagé avec cynisme leur confortable carrière locale et squatté le maroquin avec lequel ils espéraient voir récompensée leur longue assiduité au service de leur parti.


« Si les trônes sont si haut, c'est parce que les rois sont très petits ».

Voltaire.(Candide)



à moins que vous ne préfériez ce trône personnalisé, avec talonnette:



Vivement les beaux jours !



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mardi 3 février 2009

231° Le ton monte...

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Notre pape de choc n'a pas besoin qu'il neige pour déraper. La situation autrichienne devait le préoccuper, depuis la sortie de route de Jorg Haider. Personnage contradictoire puisque puissant soutien de la pensée réactionnaire chère à Benoît, il cachait fort mal un petit côté suppôt de sa tante qui en faisait un mauvais rouage de la société rétrograde arriérée qu'il voudrait rétablir.


Aussi Benoît devait-il gratifier ce pays d'un prélat capable d'un choc médiatique au lieu d'un choc contre un pylône électrique.


L'oiseau rare (photo ci-contre) se nomme Gerhard Maria Wagner. Jusqu'ici simple curé de la paroisse de Windischgarten (« jardin venteux »), l'homme relativement jeune (53 ans) avait montré des dispositions tout à fait prometteuses pour la communication. Il devient évêque auxiliaire de Linz.


C'est lui qui, en 2001, avait imaginé la campagne anti Harry Potter, estimant que les pouvoirs du jeune homme, sans aucun doute d'origine occulte, contrevenaient aux saintes écritures et constituaient une « propagande déguisée du satanisme ».



Grand défenseur du latin, « la seule langue dont l'universalité correspond à celle de l'église », Gehrard Maria a ses idées sur les phénomènes météorologiques: Ainsi l'ouragan Katrina, qui avait dévasté la Nouvelle Orléans, ne pouvait-il, d'après ce savant, résulter que d'une punition divine contre le stupre et le laxisme moral qui régnaient dans cette ville. D'ailleurs, il en avait la preuve: « les cinq cliniques pratiquant l'avortement et les principales boîtes de nuit n'avaient-elles pas été complètement détruites? »


Pareil pour le tsunami: n'a-t-il pas frappé une région toute entière dévolue au tourisme sexuel? Avec ce prédicateur nouvelles normes, l'église romaine entre dans la mouvance américaine du grand-guignol. Le père noël et le père fouettard version adulte. Ce spectaculaire retour au Moyen Age, appuyé sur la lutte sans merci que les intégristes livrent à la science par la promotion du créationnisme -voir mes précédents cous de gueule- :


http://brethmas.blogspot.com/2007/06/107-crationnisme-contre-conseil-de.html


http://brethmas.blogspot.com/2007/07/110-la-pointe-de-linormation.html


http://brethmas.blogspot.com/2007/10/128-europe-bisbilles-et-lacit.html


...ce spectaculaire retour au Moyen Age, donc, augure mal de nos libertés et de notre bonheur à venir.


La première qui avait dit que la vie de chien qu'on faisait aux homosexuels en les persécutant et en les déportant n'était rien d'autre qu'une punition divine était une américaine. Miss Oklahoma en 1958 et dauphine de miss Amérique en 1960, Anita Bryant, chanteuse de charme de son état, était précurseur à plus d'un titre: elle fut la première entartée de l'histoire. Elle fut aussi la première à assimiler médiatiquement l'homosexualité et la pédophilie dans une campagne « Save our Children » qu'elle lança en 1977 pour lutter contre l'abolition des discriminations anti-homosexuelles en Floride. Campagne qui fit grand bruit et enflamma toute l'Amérique.


Rendons donc hommage à cette grande « précurseuse » en revoyant son entartement en 1978 par un militant homo lors d'une émission de télévision. Le projectile vengeur arrive à la seconde 34, et la fine équipe se met à prier (Let's pray right now) pour consacrer à l'éternel toute la valeur de ce martyre.






A cette époque, et à moins de considérer la plainte d'Oscar Wilde en 1895 contre le marquis de Queensberry (le père de Lord Alfred Douglas, son ami) comme la premier acte de revendication homosexuelle de l'histoire, on peut dire que les émeutes de Stonewall (octobre 1969) constituaient le point de départ du sursaut des gays pour leurs libertés. Mais depuis 1969, le mouvement ronronnait dans les bars de New York et de San Francisco. C'est la campagne insultante d'Anita Bryant qui l'ont rallumé et lancé vers la situation que nous connaissons aujourd'hui.


Les grandes causes ont-elles besoin d'opposants? Vous me ferez quatre pages sur le sujet.



En attendant, l'Islande vient de se doter d'une premier ministre ouvertement homosexuelle. Députée de gauche depuis plus de vingt ans, Johanna Sigurdardottir, ancienne ministre des affaires sociales a élévé trois enfants aujourd'hui adultes dans un partenariat avec une autre femme, journaliste et écrivain connue.


La vie politique du pays prévoit des élections dans quatre mois, et ce gouvernement sera donc éphémère, mais les observateurs lui accordent les meilleures chances de se succéder à elle-même.


En Russie, le très homophobe pope Kiril a succédé au très homophobe pope Alexandre. L'église orthodoxe est, comme son nom l'indique, soucieuse du maintien des traditions...

Voici un petit souvenir de la Gay Pride de Moscou de 2007, préparée par un comité de nationalistes russes et d'orthodoxes même pas intégristes.





En France, on essaie toujours de nous présenter la grève générale de la Guadeloupe comme un mouvement exotique et d'intérêt local. Mais l'est-il vraiment? De quoi se plaignent ces braves gens? De ce que l'écart entre le prix de production et le prix de vente public va en s'élargissant, comme s'il y avait une fuite de pognon pas colmatée dans le circuit des intermédiaires.


C'est quoi, le problème du pouvoir d'achat en France métropolitaine? Que, par exemple, le prix de la viande achetée aux producteurs est inchangé depuis quinze ans alors que, pendant la même période, il a triplé sur les étales des bouchers. Ce n'est pas un peu la même chose, avec l'excuse de l'insularité en moins?


En attendant, les chercheurs de France et de Navarre se préparent à une grève générale pour tenter d'arrêter l'anéantissement programmé de leur existence. Tout occupés à « rentabiliser » le service public contre sa raison d'être, notre petit timonier et ses esclaves rameurs veulent déléguer la recherche au privé. C'est oublier que le privé n'est plus très français ou gravement menacé de cesser de l'être par la spéculation. Or un pays sans recherche de pointe passe rapidement du statut de locomotive économique à celui de wagon de queue.


Voici l'appel de la coordination nationale des universités réunie hier 2 février à la Sorbonne:


http://www.fabula.org/actualites/article28670.php

http://www.fabula.org/actualites/article28668.php


C'est ce qui arrive quand on est gouvernés par de petits épiciers soucieux de gratter au jour le jour.

Le furieux timonier va causer jeudi dans le poste pour tenter d'endiguer une grogne que je sens monter avec délectation. Je crains que les manifs commencent à se voir vraiment...




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