Quand je pense aux
insultes les plus grossières que j’ai essuyées en écrivant tout
simplement que le régime de monsieur Macron avait un fonctionnement
dogmatique et sectaire, et qu’il n’arriverait à rien en
pratiquant avec tant d’acharnement l’injustice sociale, le mépris
des classes modestes et en infligeant une pression fiscale à ce
point inégalitaire…
Jamais je n’aurais
imaginé que la dévotion des groupies du banquier viendrait à bout
d’amitiés anciennes, de fraternités acceptées et disperserait à
ce point ce qui était jusqu’ici rassemblé.
On m’a accusé de
pratiquer un « bashing » systématique de ce Jupiter
d’opérette, alors que je ne faisais qu’établir la liste de ses
injustices, de ses forfaitures et de ses démonstrations d’arrogance.
Des gens que je
croyais des amis m’ont « amicalement » traité de
vieillard sénile, ont voulu me persuader que je ne comprenais plus
rien à rien, que j’aigrissais sur place et m’ont conseillé de
me retirer dans une maison de repos. Je n’exagère pas, j’ai
conservé les messages.
Se faire insulter
par des partisans politiques quand on défend des sujets aussi
rassembleurs que l’égalité républicaine et la solidarité
nationale, cela démontre tout à la fois que ce sont des gens de peu
d’humanisme et qu’ils sont à ce point en panne d’arguments
pour répondre au débat qu’ils en viennent aux attaques
personnelles.
C’est une méthode
d’extrême droite, de cette extrême droite à la française qui
n’ose pas dire son nom, qui parle très fort pour ne rien dire et
qui proteste quand on la qualifie d’extrême, dont toutes les
pensées fondamentales sont emballées de beaux discours obséquieux,
et qui soigne son apparence dans les salons à la mode et les
plateaux de télé pour cacher l’égoïsme de ses positions et la
noirceur de son âme.
Pourtant, ce
« bashing » que j’ai subi pour avoir soi-disant
« bashé » moi-même un imposteur n’est rien à côté
de celui qu’ont subi les gilets jaunes de la part des grands
médias, notamment audiovisuels, soutenu par les chœurs et la
philharmonie des acolytes de la secte, et orchestré par les
déclarations de ses députés et ministres.
Pendant quasiment un
mois, ces médias et ces vociférateurs n’ont vu dans les gilets
jaunes que des extrémistes, des casseurs, des racistes, des
antisémites, des fauteurs de quenelles et autres agités marginaux
et asociaux.
Pendant quasiment un
mois, on n’a vu sur les médias, et sur les réseaux sociaux,
-puisque les médias sont les principaux pourvoyeurs d’images –
que des porteurs de gilet jaune en plein dérapage, dans des dérives
de casse, de dégradation et d’injures.
Les vraies images
des vrais gilets jaunes, appelons les « canal historique »,
prises par les protagonistes eux-mêmes, montrant la naissance d’une
fraternité, d’un esprit de révolte sain et humaniste, bien
au-dessus et au-delà des convictions politiques, nouant des liens
amicaux et fraternels, se découvrant mutuellement dans une large
unité nationale, toutes ces images, toutes ces vidéos n’ont pas
dépassé les pages perso de ceux qui les avaient prises.
Quasiment jamais
elles n’ont pu se hisser aux antennes et aux rotatives des grands
médias. Partout, les casseurs avaient la primeur. Est-ce un parti
pris politique, ou la manifestation de ce goût morbide pour le
vilain et le pas beau qui fait qu’on montre davantage les avions
qui s’écrasent que ceux qui atterrissent à bon port ? (avec
un petit flou sur les cadavres pour se donner bonne conscience)...
Sans doute un peu
des deux. Ces médias sont des institutions commerciales à la
recherche d’audience, d’audimat, condamnées à ne programmer que
des monstres de foire et des jeux du cirque, parce qu’ils croient
que c’est ce que les gens exigent.
C’est vrai qu’ils
ont largement contribué à les éduquer dans ce sens…
Pas d’audience,
pas d’annonceur, clé sous la porte.
Le but des grands
médias n’est plus de faire de l’information, mais de l’audimat,
ce ne sont plus des services publics mais des entreprises, avec toute
la déshumanisation que cela comporte.
En plus, à côté
des annonceurs, presque tous courent après des subventions, et
hésitent donc quelque peu à attaquer la poule aux œufs d’or.
Il n’y a sans doute que Mediapart et le Canard Enchaîné qui n’ont de compte à
rendre qu’à leurs lecteurs.
Les édiles et
sectateurs de LREM ont, bien sûr, contribué à cette campagne de
dénigrement, montant au pinacle tous les dérapages qu’ils
pouvaient trouver, et allant jusqu’à publier un recueil d’éléments
de langage sous forme de « kit de survie pour militant en danger » qui devrait aider les ouailles le plus croyantes
à affronter quelques velléités revendicatrices au réveillon
familial !
Je ne parle pas des
adeptes du complot qui prédisaient une apocalypse dictatoriale en
voyant dans le soulèvement populaire un remake de la montée du
nazisme dans les années 30…
Depuis quelques
jours, il semble que cela ait changé. Les médias auraient-ils eu
une crise de conscience ? Il faut dire que les casseurs se
faisant plus rares suite à un maintien de l’ordre plutôt
énergique, ils n’ont plus d’horreur à se mettre sous la dent.
Alors, comme il faut
bien remplir les éditions spéciales et autres gros titres, ils
découvrent qu’il reste encore sur les rond-points des milliers de
gilets jaunes paisibles mais déterminés, qui ont réalisé un bon
début de convergence des luttes bien au delà leurs convictions
politiques, érigé l’urgence sociale en objectif prioritaire,
tissé des liens d’amitié et de fraternité, et ainsi découvert
que la politique politicienne et les tentatives de récupération
dont ils étaient l’objet contribuaient bien davantage à les
diviser qu’à les unir autour d’une volonté commune.
Ajoutez à ce
capharnaüm que le gouvernement, dans son désespoir, a appelé les
syndicats au secours, ce dont il n’est pas coutumier… Or les
syndicats sont d’autant plus mal à l’aise dans cette
récupération que le pouvoir leur apporte sur un plateau, qu’ils
constatent que les gilets jaunes ont obtenu plus en un mois que eux
n’ont obtenu en vingt ans…
Je veux bien qu’on
me taxe d’une sorte de romantisme révolutionnaire qui m’aurait
saisi en mai 68 et ne m’aurait jamais quitté. Mais bien qu’on
ait obtenu en mai 68 beaucoup plus que les gilets jaunes à ce jour,
il faut, pour être objectif, voir également un « romantisme
révolutionnaire » dans l’égrégore qui se crée sur les
ronds points, dans les relations quasi familiales qui s’y tissent,
avec repas pris en commun, garde des enfants mutualisée, échange de
services, etc...
Et au moment où
tous ces médias semblaient faire amende honorable, soulagement de la
presse en manque de matière : Benalla ressort du chapeau
magique, et leur offre à nouveau du scandale, des unes et des gros
titres …
Là, les
thuriféraires de la Macronie ont beau essayer de recoller les
morceaux, de cirer les pompes et de brosser les revers de Jupiter,
d’expliquer que c’est l’autre vilain pas beau qui s’obstine à
ne pas rendre ses passeports, et que le gourou est tout bien propre
sur lui.
Problème : ça
ne passe plus. Plus ils en font, plus ils font rire.
D’abord
invraisemblable. Si l’état, au plus haut niveau, veut retirer son
passeport à un citoyen français, il a les moyens de le faire.
Légaux, judiciaires et policiers. Si cela n’est pas fait, il y a
forcément une raison. Il va falloir la trouver.
Souvenons nous que
dans mon article du 25 juillet 2018, j’expliquais qu’il
devait forcément exister un lien encore inconnu entre Benalla et
Macron, ou au moins quelques secrets sinon d’alcôve, du moins de
cabinet. Pour être à ce point escamoté, telle la noisette dans une
partie de bonneteau, escamoté mais jamais écarté avec fermeté –
ne fût-ce que pour ses voies de fait -, Benalla devait « savoir
des choses », et la menace de quelques révélations devait lui
procurer cette surprenante tranquillité.
Bien sûr :
aucune preuve. Mais si quelqu’un arrive chez vous tout mouillé,
c’est qu’il est tombé dans l’eau ou qu’il a pris une averse…
Vous n’avez pas de preuve, mais ce que vous voyez vous apporte tout
de même quelques certitudes…
Ces liens,
manifestement, existent toujours, qui permettent à l’intéressé
de conserver et d’user de ses passeports sans qu’en six mois, on
soit venu lui confisquer. A défaut de police, des armées de
journalistes d’investigation battent la campagne pour découvrir le
pot aux roses.
Et les « forces
de l’ordre », qui ont, elles aussi, quelques revendications à
faire valoir, ne feront peut-être pas tout leur possible pour
dissuader les journalistes…
Alors, ben oui, on
ne sait pas tout, mais le mystère et la cachotterie deviennent vite
pires que la vérité : Une fois établie, la vérité ne change
plus, alors que les mystères et cachotteries ne cessent d’enfler
tant qu’ils ne sont pas révélés.
Revenons en au
« bashing ».
Ai-je « bashé » Macron ?
Ai-je « bashé » Macron ?
Ne se « bashe »-t-il
pas très bien tout seul ?
Il suffit de décrire
par le menu toutes ses erreurs, de dévoiler ses supercheries et de
démonter sa démagogie pour passer aux yeux de ses admirateurs pour
un ennemi subjectif, cruel et irréductible, alors que finalement, on
ne fait qu’observer objectivement au lieu de se laisser gagner par
la contagion idéologique…
Force est de
constater que s’il a dû son élection au moins autant à la
nullité de ses adversaires qu’à la qualité de sa campagne, à
part sa petite grand messe de la Cour du Louvre, il a accumulé en
dix huit mois une litanie d’erreurs de cap, de mesures
anti-sociales, d’injustices, de discours grammaticalement parfaits
dans la forme mais mensongers sur le fond, d’erreurs de
communication, de couacs et de scandales dans son entourage qui le
classent loin dans le peloton des chapeaux haut-de-forme de la III°
république.
Ça, un monde
nouveau ? Si c’était de l’humour, ce serait passable. Mais
venir nous dire, par exemple, que la SNCF n’a plus d’argent pour
faire tourner ses petites lignes et augmenter son petit personnel
alors qu’elle a battu cette année son record absolu de paiement de dividendes..( 537 millions d’euros ), et imaginer qu’on va le
croire parce qu’il le fait dire par un ministre docile et converti,
c’est carrément nous prendre pour des imbéciles. Les plus jeunes
diront « foutage de gueule ».
Bref, le régime va
à veau l’eau, il dévale la pente sans plus aucun frein d’une
manière qui finira forcément au fossé, si ce n’est au précipice,
et tous ces petits députés qui se sont fait élire à l’aventure
dans un parti qui embauchait sans trop d’exigence, ainsi que tous
les vieux abonnés de l’assemblée qui ont pris l’étiquette LREM
parce que leur parti d’avant partait en sucette, malgré leurs
beaux discours et leurs marathons entre les plateaux de télé,
n’arriveront pas à nous convaincre que c’est juste une crevaison
et qu’on va changer de roue.
Ce qui est certain,
c’est qu’ils sont très mal placés pour brandir la menace de
l’extrémisme si on ne les soutient pas :
Ce sont eux qui ont
tout fait pour que ça se produise.
Ce sont eux qui ont
détruit le bipartisme qui avait pour mérite de ménager une
alternative honorable quand un gouvernement ne faisait plus son
travail.
Ce sont eux qui, par
une politique inique d’injustice et de favoritisme, ont fait
éclater la colère qui couvait depuis déjà longtemps.
Souvenons nous des
vœux de Macron pour 2018 qui annonçait que « l’année
qui vient sera l’année de nombreux défis ». Comme quoi
il lui arrive de ne pas se tromper.
Mais il disait
aussi : «L’année 2018 sera celle de la cohésion de la
nation ».
Là, c’est un peu
raté, encore que la cohésion, si on considère que le capital de
sympathie pour les revendications des gilets jaunes est monté
jusqu’à 80 %, il l’a tout de même réalisée, mais contre
sa propre politique.
Il fallait tout de
même vivre sur Mars ou Pluton pour imaginer qu’un programme
essentiellement fait d’injustice sociale et de paupérisation des
petites gens allait être approuvé par les Français.
Les Français…
Enfin, les quelques uns qui ne se sont pas abstenu, n’ont pas voté
pour un tel programme : ils ont voté contre Marine Le Pen…
Il fallait aussi
prendre pour sacristain chambellan un type un peu moins bobo que
Griveaux, qui pense dans le Figaro que les opposants à son pape sont
« des gens qui fument des clopes et qui roulent au diesel ».
Je ne fais ni l’un
ni l’autre : je suis donc inclassable. (mais ça je le
savais..) .
Ces clichés
démontrent quand même bien la totale déconnexion de nos
gouvernants avec le pays. Et le choix d’un tel porte-parole est
éclairant sur le boboïsme psychopathologique des admirateurs du
système. (boboïsme ou boboïtude?)
Tiens, d’ailleurs,
ils vont manifester. Parés d’un foulard rouge qu’ils ont choisi
comme signe de ralliement, ils vont se réunir place de la République
le 27 janvier pour protester contre la chienlit des gilets jaunes et soutenir leur divin protecteur.
Il faudrait d’abord
rappeler à ces ignares que le drapeau des versaillais était bleu et
blanc, et que le rouge était justement la couleur du petit peuple
qu’ils allaient massacrer.
Question symbole,
c’est tout de même un peu raté.
Comme
démonstration d’ignorance et de méconnaissance de l’histoire,
c’est aussi très révélateur.
C’est à ce genre
d’indice qu’on décèle le populisme profond. Ne nous trompons
pas, ce sont bien ces foulards rouges qui, sur fond d’inconsistance
salonnarde, brandissent les bannières d’un populisme éculé.
Ça aurait du être
le 20 janvier, mais leur manif a été reculée d’une semaine parce
que le contestodrome était déjà réservé, le 20 janvier, par une
« marche pour la vie » censée voler au secours
des « médecins objecteurs de conscience » qui refusent
de pratiquer des avortements.
Respectueux de cette
cause extrême droitière et intégriste contre laquelle ils ne
sauraient s’insurger, ils ont donc gentiment marqué leur
soumission à la préfecture de police en acceptant de décaler leur
rassemblement d’une semaine. Et puis on ne peut pas défendre
aveuglément le pouvoir et prétendre manifester ailleurs que là où
on vous dit de faire. C’est inconvenant.
Donc souvenez vous
bien : les affameurs des pauvres manifesteront le 27 janvier à
Paris place de la République. Je dis ça, je ne dis rien. Je ne
devrais pas leur faire de publicité. Mais je suis objectif, non ?