Depuis une bonne
cinquantaine d’années, on manifeste gentiment avec des pancartes,
des banderoles et des ballons sans jamais rien obtenir.
Parfois, on remplit
des rues, des places, des quartiers entiers, mais rien n’y fait :
le gouvernement répond parfois qu’il entend, mais il n’écoute
jamais.
Voilà qu’excédés
d’être ignorés depuis des décennies, le bon peuple s’énerve
un peu et se met à casser des vitrines et à retourner des pavés.
Miracle :
en quelques jours, on l’entend, on l’écoute, même… Le
capitaine de la galère se fend d’un discours gêné et promet une
double ration de lentilles.
Il faut quand même
analyser un peu…
Qui est le maître
du dialogue ?
Cela semble clair,
et vérifié par toutes les expériences : Le pouvoir reste
toujours sourd aux revendications trop aimables, et n’entend que
les manifestations tumultueuses.
D’une part, une
écoute attentive de sa part n’obligerait pas les gens à s’énerver
pour être écoutés, et d’autre part, n’établirait pas le
schéma pavlovien au nom duquel on n’obtient un sucre qui si on on
montre les dents et fait voler les pavés…
Il y a donc toute
une éducation du pouvoir à faire, afin qu’il cesse de vivre sur
une autre planète, ait notion du quotidien du bon peuple, et réponde
en français intelligible aux questions qu’on lui pose quand on
lui demande deux balles pour finir le mois, au lieu de s’abriter
derrière des tirades d’un incompréhensible idiome technocratique
Qui donc éduque nos
dirigeants, en fait des interlocuteurs froids, même glaciaux, les
fait vivre dans un autre univers d’où nos préoccupations sont
absentes, bref, pourquoi constituent ils une caste ?
Parce que la plupart
d’entre eux sont issus du même giron, ont reçu la même
éducation, et c’est là qu’il faut porter le fer.
Fermer L’ENA.
Pas le réformer,
pas le mettre à jour, pas le remodeler.
Le fermer
définitivement comme on dissout une secte intégriste en condamnant
les gourous, et avec menace de « reconstitution de ligue
dissoute » si d’aucuns essaient d’en rebâtir une copie à
côté.
Voilà des gens qui
se forment entre eux à gérer les humains, les gens, les peuples,
avec des critères purement financiers, des méthodes d’où la
notion d’humanisme est totalement absente, un peu comme s’ils
étaient directeurs de zoo au début du 20° siècle, avec pour seul
objectif le chiffre du tiroir caisse et l’entretien déshumanisé
du cheptel humain qui sert de fonds de commerce.
Voilà une secte qui
se coopte sans cesse, dans une sorte de partouze incestueuse géante
qui ne produit plus que des monstres consanguins, phagocyte tous les
leviers du pouvoir, fait de la République son pré carré, forme ses
janissaires à sa discrétion et prétend établir sa doctrine
productiviste en morale sociale, qu’il présente comme seule
capable de pourvoir à l’avenir des peuples.
Ces serviteurs
quasi-pavloviens d’un logiciel de traite humaine passent leur temps
à pelleter l’argent du bon peuple dans une énorme chaudière
intitulée « finance internationale », qui ne réchauffe
qu’eux, et les esclaves sont sans cesse fouettés pour nourrir ce
monstre insatiable dont ils ne profitent jamais.
Quand les braves
gens demandent des sous, on leur dit qu’il n’y en a plus.
Effectivement, le monstre a tout mangé. Mais pourtant cet argent
continue à exister. Sur l’autre planète.
Et tout le monde
sait bien où il se trouve.
Ceux qui en auraient
bien besoin, mais qui ne peuvent pas l’atteindre, et ceux qui font
semblant de l’ignorer parce qu’ils sont formés, mis en place et
grassement nourris par leurs maîtres pour protéger le trésor et le
réserver à leur seul usage.
En fermant l’ENA,
qui en plus de nos édiles, a déjà formé 3300 élèves étrangers, on attaque à la
source l’un des principaux nids de frelons.
Or curieusement,
ni les Gilets Jaunes, ni les insoumis n’ont jamais exigé la
fermeture définitive de ce monstrueux sérail…
Cela permettrait de
mettre fin à quelques canons de la superstition financière qu’on nous
rabâche inlassablement comme des versets d’une bible.
Par exemple qu’il
y aurait une contradiction entre moins d’impôts et plus de service
public.
C’est faux !
Dans la logique des
énarques, oui, mais si on arrête de nourrir le monstre insatiable,
il y a largement assez d’argent. L’ISF, le CICE, les cadeaux
faits aux entreprises pour implanter des usines qu’ils ferment
trois ans plus tard, la fraude fiscale qu’on n’attaque pas
vraiment de face. les milliers de comités Théodule que l’on
constitue un peu partout pour répandre la foi et noyer le poisson
trop aventureux..
N’oublions pas que
la France est, cette année, également championne du monde du pourcentage de bénéfices versés aux actionnaires, au détriment,
bien sûr, de l’investissement, de la recherche et des salaires.
Au nombre des
blagues d’énarques, on
compte également la croyance suivant laquelle on ferait diminuer la
part de pollution des voitures en taxant l’essence jusqu’à
l’insupportable.
Totalement ridicule,
et digne de gugusses pour qui l’automobile se résume à une
banquette arrière avec un esclave en casquette qui conduit à
l’avant.
Les gens ne
s’amusent pas à faire des kilomètres pour rien, à brûler de
l’essence pour le plaisir.
Ils vont au travail,
faire les courses, poser et reprendre les enfants à l’école, chez
le médecin.
Autant de
déplacements indispensables pour lesquels il n’existe aucune
alternative de transport dans les campagnes où le prix du logement
urbain les a repoussés.
Ne sont-ce pas des énarques qui ferment les gares et les petites lignes de chemin de fer?
Ne sont-ce pas les énarques qui ont favorisé le transfert du fret du rail vers la route, alors que l'écologie qu'ils prétendent défendre exigerait exactement le contraire ?
Ne sont-ce pas des énarques qui ferment les gares et les petites lignes de chemin de fer?
Ne sont-ce pas les énarques qui ont favorisé le transfert du fret du rail vers la route, alors que l'écologie qu'ils prétendent défendre exigerait exactement le contraire ?
Alors ruiner les
braves gens avec des taxes sur le carburant c’est un fantasme de
technocrate, mais c’est parfaitement irréaliste, et surtout,
totalement inefficace.
En rétablissant les
passerelles entre le pays des Français et le pays des cols blancs,
on pourrait peut-être imaginer des relations plus harmonieuses entre
ces deux identités dont chacune a besoin de l’autre pour survivre.
La vie d’un couple déchiré est épouvantable…
La police peut
également remercier les gilets jaunes
Au hasard de
l’actualité, on apprend que les policiers et autres robocops du
maintien de l’ordre n’arrivaient pas à se faire payer des
milliers d’heures supplémentaires qu’il avaient exécutées
depuis plusieurs années pour garder le petit trésor de leurs
maîtres. (Voilà des maîtres bien ingrats...)
Grâce aux gilets
jaunes, il viennent d’obtenir partiellement satisfaction. On va
leur payer leurs arriérés.
Pour eux aussi, la
casse a payé.
Mais ce n’est,
comme pour les gilets jaunes, qu’une satisfaction partielle.
Aux gilets jaunes,
il reste à transformer l’aumône de la prime d’activité en
réelle augmentation, à obtenir la réindexation des retraites sur
le coût de la vie, et à déclencher la mise en œuvre de diverses
requêtes fondamentales qui complètent le package.
Là, ça ne commence
pas très bien, puisque le pouvoir a déjà annoncé qu’il ne
toucherait pas à l’ISF. Or c’est justement là « la mère
de toutes les revendications ». Ce n’est pas la plus
lucrative, mais c’est de loin la plus symbolique.
Il faudra bien
qu’ils y passent, sans quoi ils vont encore voir se lever des
fourches en direction des fenêtres de leurs palais. On attend et on
compte les points.
Aux policiers, il
reste à obtenir du matériel, des locaux, l’ouverture ou la
réouverture de postes de police stratégiques et la réhabilitation
des locaux qui sont, faute d’entretien, devenus insalubres.
Pour eux non plus,
la tâche n’est pas achevée.
Remarquons avec une
ironie jouissive que, fort de son arrogance, le pouvoir s’était
débarrassé des « acteurs intermédiaires », et
notamment des syndicats, qu’il regardait comme des empêcheurs de
s’enrichir en rond.
Or devant les incontrôlables Gilets
Jaunes voilà le gouvernement qui les rappelle à son secours.
C’est contre la
nature des choses : la vocation des syndicats est de défendre
le petit peuple contre la technocratie. Mais là, les syndicats
sentent leurs prérogatives leur échapper, et oublient toute
déontologie.
Toute honte bue, ils
reviennent à la table avec la langue gourmande des toutous qui ont
vu le sac de croquettes.
Les gilets jaunes
ont-il intérêt à se constituer en parti politique. ?
Sûrement pas. Ce
qui fait leur force, c’est d’être hors système.
C’est leur
caractère apolitique qui leur permet de focaliser leur énergie sur
le fonds des revendications sociales, sans se laisser diviser par les
requêtes « politiques »
Sur tous les ronds
points qui tournent rond, il est écrit : « débats
politiques interdits ».
L’objectif
fondamental, c’est la récupération du pouvoir d’achat phagocyté
par le pouvoir politique, précisément. En s’enrôlant dans les
légions partisanes, ils se placeraient sous les ordres de
manipulateurs professionnels qui les convaincraient d’oublier le
cœur de leur démarche au profit d’exigences extrémistes ou
partisanes sans intérêt.
Et accessoirement,
ils rendraient un signalé service à la Macronie, qui se frotte déjà
les mains de voir son opposition se diviser par l’irruption d’un
nouveau parti au nombre de ses ennemis.
L’actualité est
un spectacle étonnant : quel scénariste aurait imaginé
cela ?
Pire : un bon
scénariste aurait éliminé pareille hypothèse en la jugeant trop
peu crédible !
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