Comme toute religion
qui se respecte, la secte des marcheurs a besoin de mythes, et
quelques statues de martyr seront du plus bel effet à la porte de
son temple idolâtre.
Après s’être
fait désirer, un peu, pas trop, juste ce qu’il faut pour que la
mayonnaise soit au top, le gourou a parlé.
Pas à nous tous,
bien sûr, nous pauvres citoyens plongés dans les ténèbres, mais à
un aréopage de députés « en marche » , un conclave de
fidèles, réunis pour faire la fête !!
Si, si : ils
fêtaient la fin de la session parlementaire à la Maison de
l’Amérique Latine.
L’histoire ne dit
pas si ce sont des fêtards invétérés, s’ils fêtaient la fin de
cette cession parce qu’elle pourrait bien être leur dernière, ou
s’ils sont tellement sûrs de leur fait qu’ils croient
sincèrement que, quoi qu’il arrive, leur prophète triomphera le
jour du Jugement.
En résumé :
« Rendons hommage à Alexandre Benalla, l’un des premiers
disciples, qui a tant fait pour établir ce que nous sommes
aujourd’hui.
Et également, façon Jésus Christ :
« Je porte tous vos péchés », « Je répondrai de
tout ».
Devant qui ?
L’histoire va
(peut-être) nous le dire.
Parce que pour le
moment, ce n’est pas très clair...
« Qu’ils
viennent me chercher ! »
Oui, mais qui,
« ils »?
Parce que , sur le
sujet, il y a débat. La constitution est floue sur le fait de
pouvoir, ou pas, convoquer le président de la république devant les
députés, sachant que leurs deux pouvoirs, réputés indépendants,
ne doivent jamais se croiser. Le président ne peut s’adresser au
Parlement que dans une configuration très définie (Le Congrès),
mais ils ne peuvent pas l’interpeller en réponse.
Alors, j’ai
cherché, moi aussi, et pas trouvé non plus.
et dont voici un
extrait signifiant :
Article 67 contre article 67
Au cœur du débat figure notamment l’article 67. Il stipule que le président de la République « ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l’objet d’une action, d’un acte d’information, d’instruction ou de poursuite ».« Or la commission d’enquête n’est ni un juge, ni une autorité administrative, souligne Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne contacté par Le Parisien. Si on fait une interprétation stricte, les commissions d’enquête ne font pas partie du champ excluant la possibilité d’un témoignage du président de la République. »Cette vision ne convainc pas Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’université de Lille qui juge « impossible » toute audition d’Emmanuel Macron devant la commission. Pour appuyer son propos, il invoque… l’article 67 de la Constitution, et plus particulièrement l’alinéa 1 : « Le président de la République n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité », hormis en cas de procédure de destitution ou de reconnaissance de la juridiction de la Cour pénale internationale.En 2009, lorsque le groupe socialiste avait demandé la création d’une commission d’enquête sur les sondages financés par l’Élysée, la commission des Lois, composée en majorité de députés UMP, avait estimé une telle commission « non constitutionnelle » en vertu justement de cet article 67.
Alors, nouvelle question : une commission d’enquête
parlementaire est-elle, ou n’est-elle pas une juridiction ou une
autorité administrative ?
Pendant qu’on débattra de ce sujet, oubliera-t-on un peu Benalla ?
Pendant qu’on débattra de ce sujet, oubliera-t-on un peu Benalla ?
En vertu par exemple, du célèbre Théorème de Pasqua :
"Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien."
L’ensemble de la
presse concourt d’ailleurs avec empressement à cet embrouillamini.
On y a notamment
découvert qu’Alexandre Benalla s’appelle en réalité Louhcine
Benalhia, qu’il était un bon pote de Karim Achoui, avocat radié
du barreau de Paris pour manquement à la déontologie, mais toujours
inscrit au barreau d’Alger, parce qu’il se passionnait pour la
ligue de défense judiciaire des musulmans (LDJM) fondée
par Achoui en 2013, sur des principes à
priori pourtant
fort républicains
puisqu’il s’agissait
de garantir aux musulmans l’entier
et objectif
bénéfice de la loi
de 1905.
Mais
ce petit parfum d’islam est très vendeur pour une certaine presse,
et alimente les conversations de comptoir du café du commerce. Le
moins qu’on puisse dire est que cela ne contribue pas à clarifier
dans l’opinion populaire, celle qui fait les élections, une
situation déjà quelque peu opaque…
Pour
le moment, qu’est
ce que les Français voient dans la personnalité d’Alexandre
Benalla ?
Sans
doute, en dépit de la « réputation de maturité » que
lui prêtent ses condisciples, plutôt un gamin immature qui a réussi
à grimper le grand escalier, façon footballeur. Il aime les grosses
voitures, (avec des gyrophares bleus... ),
il aime les titres ronflants (lieutenant-colonel), il aime jouer à l’imposteur, il
adore se faire passer pour un gendarme (il dit à un manifestant :
« Vous êtes en garde à vue » alors qu’il n’en a pas
le pouvoir). Etc…
Etc…
Bref,
LREM voulait se créer un mythe fondateur, ils n’ont trouvé qu’un
mythomane.
Là
où le bât
blesse, c’est lorsqu’on veut expliquer le lien qui,
manifestement, unit Benalla et Macron.
Je
vous ferai grâce du dessin qui les montre dans un même lit, mais
reconnaissez que l’imprudence dont Macron a fait preuve en le
gardant si longtemps tout près de lui expliquerait plus
facilement toute la
chaîne des évènements si
on savait ce qui les lie…
Ce
lien doit être
consistant, puisque
même dans la disgrâce, Macron, dans son discours de la Maison
d’Amérique Latine, rend hommage
aux services passés de ce disciple de la première heure.
A
force de fréquenter le saint des saints, Benalla aurait-il
appris « des choses » qui lui ont permis de forcer le
président à le garder
au plus près de lui et à
lui délivrer des
avantages, des postes à responsabilité et des
grades militaires avec une générosité quasi napoléonienne ?
Tant
qu‘ils n’auront pas découvert de lien, les investigateurs le
chercheront en dépit des couvertures tirées et tendues par les
services officiels dévoués, et lorsqu’ils l’auront découvert,
le tabassage de la Contrescarpe sera au nouveau scandale qui
naîtra ce que
l’assassinat de Sarajevo fut à la guerre de 14...
Pourquoi ni la police ni aucune commission n'ont-t-elles, à ce jour, entendu les victimes du tabassage ? Ce qu'elles ont à dire gênerait-il la version officielle ?
Tous
les ingrédients d’un bon blockbuster hollywoodien se réunissent
petit à petit...
Et
les mystères liturgiques du temple de Jupiter, les déclarations des
oracles et autres thuriféraires n’y contribuent pas davantage. Ce
matin, sur France Info, la prêtresse
Marlène Schiappa fondait littéralement d’admiration pour son
grand timonier… Rarement la
politique
n’a donné un spectacle
aussi vaudevillesque.
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