Les Français ont
pris l’habitude d’essuyer les insultes de monsieur Macron.
Il les a déjà
traité de
- « fainéants », (24 août 2018, discours de Bucarest),
- de « gens qui ne sont rien » (Paris, Halles Freyssinet, 2 juin 2017),
- de tabagiques et d’alcooliques en échec scolaire (Noeud-les-Mines, 20 septembre 2017),
- il a fustigé les Français en T-shirt de la CGT, « travaillez pour vous payer un costard »,
- traité les employés de la société GAD « d’illettrés »
On
finit par ne plus y faire attention.
Mais ce n’est pas
cette insulte supplémentaire de « réfractaires aux
changements » qui me semble l’élément préoccupant de
son discours de Stockholm. On reviendra plus loin sur le « réfractaires
aux changements».
Une insupportable
atteinte à la laïcité.
Ce qui me semble
particulièrement grave, c’est cette nouvelle atteinte à la
laïcité qu’induit ce discours et et que ni la presse ni
l’opposition ne semblent avoir remarquée.
Dans la logique de
sa déclaration, et par opposition au caractère « réfractaire »
des Français, il associe la « culture luthérienne » des
Danois à leur supposée docilité.
Ce faisant, il se
range d’emblée dans cette catégorie de chefs d’état qui
s’appuient sur la religion pour établir leur pouvoir. Et ça, ce
n’est pas Français, mais alors pas du tout.
Ce n’est plus
« l’ancien monde », là, c’est l’ancien
régime !!!
Ça éclaire d’un
jour nouveau les obséquieuses flatteries dont il est allé gratifier la conférence des évêques de France.
Macron, qui se prend
pour un gourou et conduit le gouvernement et « En marche »
comme un gourou dirige une secte, semble compter la mitre et le
goupillon au nombre de ses instruments de pouvoir.
Je regrette très
vivement que ni la presse ni l’opposition n’aient relevé cette
faute dans les élucubrations macronesques.
Bon, de l’opposition
de droite, qui penche fortement vers l’extrême droite, on n’attend
guère de ferraillage contre la religion. Ils sont égarés dans les
racines chrétiennes, et ne parlent de laïcité que quand ils voient
des Musulmans.
Mais de la gauche ?
Trop occupée à se déchirer les restes d’une gauche française
bien de chez nous pour relever ces graves blessures infligées à la
laïcité républicaine ?
Ceci dit, examinons
cet « esprit réfractaire aux changements ».
Allons chercher
« réforme » dans le dictionnaire, puisque c’est un
train de « réformes » que Macron et Philippe entendent conduire à
toute vapeur malgré leur impopularité grandissante.
Larousse :
Changement qu'on apporte (dans les mœurs, les lois, les
institutions) afin d'en obtenir de meilleurs résultats
(amélioration).
Les réformes de
Monsieur Macron apportent-elles des améliorations qui profitent à
tous ?
Dépouiller des
millions de pauvres pour satisfaire quelques milliers de riches,
est-ce une réforme « profitable à tous » ?
Précariser
l’emploi, amputer les APL, réduire les indemnités sociales de
toutes sortes sous prétexte de les « harmoniser »,
taxer les retraités, augmenter l’inscription à l’Université,
et se lamenter ensuite que « la croissance est en berne »
alors qu’on a privé 95 % des Français du pouvoir d’achat
qui aurait pu la soutenir, est-ce une politique cohérente ou une
divagation ubuesque ?
D’abord, quand Jupiter
dit toute son admiration pour « la culture luthérienne »
de ce beau pays où on peut « licencier
par SMS en un jour », il oublie de dire, -dans sa crise
d’extase - que le Danemark est – de loin - le pays du monde où
les chômeurs sont le mieux traités, alors que lui, de son côté,
persécute les chômeurs français de toutes ses forces comme si
casser le thermomètre allait faire baisser la température.
Et c’est à coup
d’omissions et de cachotteries de ce genre qu’il espère faire
avancer son rouleau compresseur ?
Macron est un
marquis de salon lambrissé qui n’aime pas le bon peuple, et il a
tellement peur qu’on s’en aperçoive qu’il consacre des
discours entiers à dire « qu’il aime la France et les
Français » avec une insistance qui laisse entendre qu’il
veut s’en persuader lui-même avant d’en assurer les autres.
Il l’a encore fait ce matin jeudi 30 août dans son discours d’Helsinki, supposé recoller les pots cassés de la veille.
Il faut arrêter de
nous mépriser, monsieur Macron, de nous regarder comme un
grouillement populacier du haut de votre pupitre informatique et de
votre fauteuil de banquier.
Vous voulez des
exemples de réformes qui passeraient dans la joie, sans
manifestations, sans contestations. On peut vous en donner, de tels
exemples, ça vous évitera de dire que nous sommes réfractaires.
On pourrait par
exemple imaginer que vous restauriez le pouvoir d’achat des
retraités, gelé depuis cinq ans, le remettiez à un niveau digne et
renonciez à votre CSG scélérate et sans contre-partie…
Au lieu de cela,
vous aggravez le blocage perpétré par vos prédécesseurs par une
désindexation du coût de la vie, et vous lui rajoutez un impôt…
On pourrait imaginer
que vous décidiez de loger proprement tous les exclus de votre
impitoyable système qui ont été jetés à la rue par les
huissiers… Au lieu de cela, vous rognez les indemnités de chômage
dans leur montant et dans leur durée…
On pourrait imaginer
que vous rendiez aux Français les autoroutes qu’ils ont payées et
amorti depuis longtemps, au lieu de conforter les financiers qui les
exploitent en rançonnant nos déplacements.
On pourrait imaginer
que vous classiez les voitures suivant leur consommation et leur
pollution réelles en pénalisant toutes celles qui sont inutilement
grosses et puissantes. Au lieu de cela, vous les classez par date de
fabrication, permettant aux riches de rouler dans d’inutiles
monstres dernier cri plein de grosses roues, et empêchant les
pauvres de vaquer à leurs occupations dans leur petite auto
laborieusement payée…
On pourrait imaginer
beaucoup de choses sur les moyens des universités, des hôpitaux,
des commissariats, etc.
Et avec quoi on
finance tout ça, me direz-vous ?
Facile : la France est le pays qui rétribue le plus grassement ses actionnaires.
Il n’y a pas un petit impôt à récolter, là, par exemple ?
Le patrimoine des
milliardaires augmente six fois plus vite que le prix du travail. Il
n’y a rien à taxer, là ? Au lieu de cela, vous supprimez
l’impôt sur la fortune.
Depuis 1998, le
patrimoine « moyen » des Français a doublé, mais celui
des plus pauvres a diminué de 30 %. Il n’y a pas une
inégalité à corriger, là, avec un impôt judicieusement
appliqué ?
Alors, il faut
arrêter de croire et de faire croire que les Français sont un
peuple ingouvernable.
Sans compter que si vous augmentiez le pouvoir d'achat des Français, cela ne leur donnerait pas pour autant les moyens de placer ce supplément dans un paradis fiscal: ils le dépenseraient immédiatement et cet afflux d'argent sur le marché serait une contribution fort utile à la restauration de la croissance dont vous déplorez la disparition...
Les Français sont avides de réformes, à condition qu’elles aillent dans le bon sens. Ce ne sont pas les plus pauvres des plus démunis qu’il convient de secourir dans un programme de « lutte contre la pauvreté » qui aura des effets plus spectaculaires dans la presse que dans la rue, c’est toute la classe moyenne, la majorité des Français, qu’il convient de restaurer dans leurs droits et prérogatives, au lieu de les taxer et de les imposer comme des vaches à lait.
Les Français sont avides de réformes, à condition qu’elles aillent dans le bon sens. Ce ne sont pas les plus pauvres des plus démunis qu’il convient de secourir dans un programme de « lutte contre la pauvreté » qui aura des effets plus spectaculaires dans la presse que dans la rue, c’est toute la classe moyenne, la majorité des Français, qu’il convient de restaurer dans leurs droits et prérogatives, au lieu de les taxer et de les imposer comme des vaches à lait.
Ce n’est pas parce
que vous dites quelque chose qu’on va le croire. Vos prédécesseurs
l’ont tenté avant vous.
Mais, si vous cultivez l’impopularité avec tant de frénésie, vous risquez bien de voir votre quinquennat se terminer prématurément dans un grand tumulte.
Mais, si vous cultivez l’impopularité avec tant de frénésie, vous risquez bien de voir votre quinquennat se terminer prématurément dans un grand tumulte.
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