J’ai souvent
qualifié les agissements et postures d’ « En Marche »
de comportement sectaire, et cela m’a valu d’être traité de pas
mal de noms d’oiseaux, voire d’affidé d’on ne sait quelle
secte concurrente.
De plus, les
déclarations de quelques autres ténors du monde politique, même
s’ils chantent faux, ne m’aident pas dans ma démonstration.
Ainsi Marine Le Pen a-t-elle, à de multiples reprises, qualifié les
macronistes de secte au pouvoir, et Alexis Corbière, cette chouette
posée sur l’épaule de Mélenchon, en a fait autant.
Alors, une fois pour
toutes, si Marine Le Pen dit qu’on se mouille quand il pleut, je
peux être d’accord avec elle sur ce point, ce qui ne signifie pas pour autant
que je soutienne ses idées… Et je n’ai jamais voté non plus pour
Jean-Luc Mélenchon ni pour son parti, même si je me sens quand même
beaucoup plus proche d’eux que de Marine Le Pen…
Néanmoins, cette
image de fonctionnement sectaire d’« En Marche » émerge
assez souvent des remous de l’actualité pour mériter d’âtre
analysée.
Ce n’est pas
d’hier : déjà en octobre 2017, des observateurs politiques
pourtant pas renommés pour leur indépendance relevaient déjà le caractère sectaire et étanche du choix des cadres du mouvement...
Le dernier avatar
est aujourd’hui le comportement agressif de cet affidé de
l’arrogant de l’Élysée qui se déguise en CRS et joue les
croisés en matraquant les infidèles place de la Contrescarpe.
C’est la cerise
sur le gâteau qui ne permet plus d ‘éluder le sujet.
C’est précisément
l’accident typique de parcours d’une secte qui s’enflamme :
le dévot aveuglé qui déborde, et laisse, par sa déraison,
entrevoir l’endoctrinement qu’il a reçu. Forcément, être aussi
proche du gourou, ça doit exposer à d’intenses rayonnements…
Cet Alexandre
Benalla est le résultat, pour ne pas dire le scorie du recrutement
tous-azimuth opéré par la macronie pour créer rapidement un
mouvent politique à partir de rien. Successivement au service de
Martine Aubry, de François Hollande et d’Arnaud Montebourg, il est
le modèle de ces arrivistes sans convictions qui se sont engouffrés
dans l’offre d’emploi macronienne. On va n’importe où pourvu
que la soupe y soit bonne et l’ascenseur social rapide.
C’est la négation
même de la vocation politique, qui ne devrait appeler à elle que
des hommes et des femmes pétris de convictions sincères et qui
veulent travailler ensemble à les faire aboutir.
Le carriérisme
politique est l’ennemi de la démocratie.
Les sangsues de
la politique…
Dès lors que les
critères d’embauche de l’appareil politique s’écartent de la
sincère vocation du service de l’état pour laisser place à des
conceptions managériales, le ver est dans le fruit.
Or ce n’est pas la
première fois que Macron est pris en flagrant délit de se comporter
en manager plus qu’en chef d’état, tout comme comme Donald
Trump. Ces gens là ne défendent pas des idées, ils vendent un
produit.
D’ailleurs, sans
préjudice de son modèle politique, l’image du mouvement souffre
des bavures et débordements de ces sangsues de la politique qui
multiplient les vaticinations outrancières et les amalgames de
mauvais goût. Il existe des florilèges de déclarations de maires
et députés « en marche » qui en disent long sur
l’inculture et la beaufitude du mouvement.
De plus, la faute
est autant dans le débordement de ce fou-furieux que dans l’impunité
dont il a bénéficié. On l’a juste « mis au coin »
comme un cancre d’école communale. Le pouvoir a couvert
l’agression, étouffé l’affaire et l’a tenue à l’abri de la
justice. On pense malgré soi à l’attitude des évêques avec les
prêtres pédophiles…
En s’affirmant
« ni de gauche ni de droite », le président
prétend se placer, lui et son parti, par hypothèse, pour ne pas
dire par droit divin, au dessus du débat politique type des
démocraties. Chaque fois qu’un pays a tenté d’abolir cet
équilibre, cela a occasionné une période dictatoriale qui a abouti
dans le tumulte à l’inévitable retour à un système bipolaire.
Il faut parfois du temps, souvent des convulsions douloureuses, mais
les régimes monolithiques ne finissent jamais autrement.
Je crois qu’il y a
dans le système de la représentation populaire la nécessité d’un
équilibre fondamental basé sur l’influence des diversités.
La preuve en est
cette détestation « instinctive » du bon peuple pour
les extrêmes : la crainte des extrêmes est bien l’illustration de
la peur de la perte de cet équilibre que chaque homme raisonnable
estime nécessaire au fonctionnement d’une société juste et
humaniste.
Par ailleurs,
l’observation de ceux qui se sont présentés
jusqu’ici comme « au-dessus des partis » est
claire : Tous les partis uniques sont de droite, voire d’extrême
droite… Y compris les soviets qui, par leur autoritarisme, ne
peuvent être classés qu’au rayon fascisme de notre musée de
l’histoire.
Monsieur Macron fait
de beaux discours. On ne sait pas quels cadors peuvent bien l’aider
dans leur rédaction, et si une prof de français et de théâtre
très proche de lui y est pour quelque chose, mais reconnaissons le :
ils sont bien ficelés, avec un plan solide, un vocabulaire choisi,
une syntaxe impeccable et un style de tribun incontestable.
Mais malgré ce soin
apporté à la communication, quelques passages dévoilent la
mécanique interne de la machine :
Dans son discours de
Lyon, par exemple, il dit
« vouloir,
à chaque instant, changer les règles, si ce ne sont pas les
bonnes ».
Mais il ne dit pas
qui décide si ce sont les bonnes règles ou pas. Or force est de
constater que la France descend dans la rue quasiment à chaque fois
qu’il essaie de les changer.
Et l’analyse de
ses changements de règles révèle une nette tendance à la
ploutocratie : destruction du code du travail, précarisation
des contrats, suppression des APL, suppression de l’allocation
d’activité des handicapés, suppression des emplois aidés,
surtaxation uniforme des pensions de retraite de la plus petite à la
plus grosse, (retraites qui restent bloquées depuis 2014),
augmentation des tarifs contrôlés par l’état (électricité,
gaz, essence), baisse des dotations aux collectivités locales, en
même temps privées de la taxe d’habitation, la suppression de
l'impôt sur la fortune, la désignation des salariés comme
« illettrés », des non-diplômés comme des "riens".
Tout cela aboutit à
la précarisation systématique des classes moyennes qui constituent
pourtant le « gros des troupes » du pays, et tend à les
reléguer à leur place de troupeau dans un système orwellien.
Effleurons au
passage les flagrantes contradictions entre ce qu’il dit et ce
qu’il fait :
Discours
de Lyon :
« Et
d’abord, ces biens communs que nous devons protéger, parce que
nous devons les transmettre, parce qu’ils n’appartiennent à
aucune génération »
Or que le voit-on
faire ? :
Brader les
propriétés de l’état, vendre les parts de l’état dans les
grandes entreprises, les autoroutes, les chantiers navals, les ports, les aéroports et même les gares…
On va me dire « vous
être terre-à-terre, ces biens communs ne sont pas matériels, ce
sont les valeurs de la France »…
Je
persiste et signe : les « valeurs de la France » ne
sont-elle pas l’égalité, l’équité, la solidarité, la main
tendue aux plus faibles, le soulagement des moins fortunés ?
Et zut ! Bradés aussi !
Preuve en est que
même la fraternité qu’il appelle
pourtant dans son discours de Lyon :
« Parce que
quelque chose nous unit plus profondément dans un projet commun,
parce que notre peuple français, il est uni par une institution
invisible dont nous devons retrouver le sel, c’est la fraternité. »
cette
fraternité version macron, est carrément contredite par sa
politique : le mépris des pauvres, la suppression des aides, la
taxation des retraites, le refus des migrants, l’émancipation des
riches exonérés d’impôts…
Cette
fraternité là, n’est pas à proprement parler une fraternité
républicaine : elle ressemble bien davantage aux fraternités
confessionnelles que l’on rencontre dans les religions dogmatiques,
qui agissent comme autant de bras occultes d’un pouvoir central
discret.
.
D’ailleurs,
le penchant de Macron pour le spirituel superstitieux, les liens
qu’il tisse avec application avec les religions au plus grand dam
de la laïcité républicaine est révélatrice : il y a un
appel au mystique dans le rassemblement des forces qu’il sollicite
autour de lui.
« Aimez-moi,
croyez en moi, en notre action ... »
Jésus
avait le mérite de rendre la vue aux aveugles ; Macron
travaille avec acharnement à aveugler la raison et l’humanisme et
à tout mettre au service d’un système financier auquel il est
lui-même complètement dévoué.
Il
est la « Jeanne d’Arc » illuminée du monde de la
finance. Mais les victoires de Jeanne d’Arc ont fini dans le
roussi. A quand la chute de l’archange ?
Macron bâtit avec
une conviction de forcené une classe dirigeante programmés pour
maîtriser sans vergogne un peuple relégué à l’état de
troupeau.
90 % des médias
sont à son service. Il en faudra, du temps, des déceptions, de
l’agitation pour que la réalité reprenne le dessus sur cet élan
mystique…
Lorsqu’on le
compare aux « ni de gauche ni de droite » de
l’histoire qui ont tous abouti à la droite dure voire à l’extrême
droite, on constate que le macronisme, non seulement s’inscrit
pleinement dans cette tendance, mais constitue même une théorie
innovante en matière de politique-fiction…
Que faire devant
cette gangrène ? Le pontife est sûr de lui, et est
« indifférent à toutes les contestations et les
critiques ». Le droit divin a fait son œuvre. Voilà la
raison et l’humanisme enterrés.
Forcément, un jour,
le peuple va débouler dans la rue pour de bon. Ça sera dur, parce
que le régime, encouragé et légitimé par la lutte contre le
terrorisme, a fourbi ses armes, entraîné ses troupes, perfectionné
ses méthodes.
A côté de ce qui
nous attend, mai 68 aura l’air d’une promenade de santé.
Espérons qu’on n’en arrivera pas à la répression de la
Commune.. Mais la multiplication et l’aggravation des violences
que l’on constate de jour en jour le laisse craindre : plus le
couvercle de la marmite est verrouillé, plus il explose fort….
En attendant,
expliquons, expliquons, expliquons. Une bonne parole n’est jamais
perdue : on finit toujours par la retrouver...
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