L'Irlande s'offre le
mariage pour tous...
Voilà une bonne
nouvelle qui vient de loin, de très très loin. Non pas que
l'Irlande soit loin, mais :
D'abord, par la voie référendaire, Ô combien difficile quand on sait que les médias vendent toujours mieux l'ordure que le jasmin.
Ensuite parce que la
forte tradition catholique de l'Irlande faisait de ce pays le dernier
où il fallait tenter pareille gageure : 71 % des Irlandais
vont écouter les sermons dans les églises, qui, tous, incitaient à
voter non.
Il faut savoir que
l'Irlande n'accepte le divorce que depuis 1995, et seulement après
quatre ans de mariage, et interdit toujours l'avortement…
Bref, un terreau à priori hostile à toute avancée des libertés
sexuelles…
Le résultat d'hier
est donc quasi-miraculeux. Alors, s'il faut analyser le miracle,
constatons d'abord que celui-là entre en flagrante contradiction
avec tout ce que les porteurs de soutanes, mitres et chasubles
veulent nous faire croire. Si dieu a parlé, il a claqué la gueule à
tout ceux qui se prétendent ses représentants sur terre. Il a
rappelé tardivement que Marie n'était qu'une mère porteuse, Joseph
un idiot de service et dieu le vrai père caché du petit Jésus.
Père indigne d'ailleurs, puisqu'il l'a sauvagement sacrifié trente
ans plus tard, alors qu'il avait pourtant précédemment empêché
Abraham de sacrifier Isaac. Mais c'était sans doute une année sans
élections…
J'espère que
Christine Boutin a mal dormi et qu'elle a vomi des crapauds à son
réveil. Les Sarkozy, Pécresse, Wauquier et autres continueront
sans aucun doute à prescrire leurs remèdes périmés pour accélérer
leur décadence politique. Quand on croit à l'irrationnel, on a
confiance dans l'absurde. L’intelligence voudrait que cette vox
populi irlandaise les éclaire sur l'émancipation des libertés et
les progrès de l'humanisme, mais -je l'ai écrit- « l’intelligence
voudrait que »… Ce qui suppose d'en avoir un peu.
Non, il vont
promouvoir jusqu'au caniveau, que dis-je : la fosse septique,
le fond de commerce de grand papa, cette homophobie issue du fond des
âges, pensée par les profiteurs natalistes, promulguée par
l'Inquisition, étayée par une lignée de papes qui n'a toujours pas
renoncé à son infaillibilité, visée au passage par Pétain, mise
en pratique par Hitler, labellisée par les triangles roses, mise en
musique par la manif pour tous. Une vraie tradition historique que
tout bon conservateur ne saurait laisser s'éteindre dans
l'indifférence. L'avenir du passé est assuré.
L'Eurovision.
Je n'en avais jamais
vu, de grand prix de l'Eurovision… Pourtant musicien, j'ai peu de
goût pour la chanson. Les grands auteurs n'ont pas besoin
d'Eurovision ni les bonnes chansons de concours pour montrer leurs
qualités. Alors, j'ai regardé, savoir de quoi il est question. .
Ben oui, quoi, ne me regardez pas comme ça, on était, paraît-il,
deux cents millions.
En fait, je voulais
voir qui avait été capable d'élire Conchita Wurst l'an dernier. Et
quand je vois le convenu des prestations, le consensuel du look des
gagnants, le fashionable des artistes et tous les artifices qui
prévalent sur la musique et la voix, je ne le sais toujours pas.
Bonne surprise :
la France, que je voyais bonne dernière, est arrivée 25° sur 27.
Elle aurait pu gagner cinquante ans plus tôt. Il paraît que
l'artiste crie à l'injustice. Ben oui, mais qui se soucie de la
guerre de 14, sujet de sa chanson ? N'a-t-elle pas remarqué que
le gagnant suédois est un joli bellâtre à la mode, avec une barbe
de trois jours soigneusement égalisée tous les matins, une chanson
qui doit plus à la ritournelle qu'à la musique et une chorégraphie
de plateau télé ?
Les plus créatifs étaient les Belges, qui avaient su donner à la branchitude un petit air de nouveauté. Ils ont tiré leur épingle du jeu. Pour le bel canto, les Italiens avaient carrément mobilisé trois chanteurs lyriques, beaux gosses de surcroît. Bien placés aussi. Le reste du peloton rassemble tous les stéréotypes de la télévision, du loup garou à la rockeuse caricaturale en passant par l'égérie guerrière gothique. Les Russes avaient misé sur la nostalgie magique de Marylin. Tout ce qu'on leur apprend à détester et que donc, secrètement, ils adulent. Ça a failli payer.
Plusieurs choses
m'ont mis hors de moi :
D'abord, le
bavardage déferlant des deux présentateurs, Stéphane Bern et
Marianne James. Ils ne s'arrêtent jamais, parlent, déversent leur
logorrhée même lorsqu'ils n'ont rien à dire, couvrant
impitoyablement de leur tsunami verbal tout ce que les speakerines
ont à dire, parasitant jusqu'aux interludes musicaux du Wiener
Philarmonic pendant le dépouillement, pensant sans doute que tout ce
qui ne sortait pas de leur bouche était un vide qu'ils se devaient
de remplir avec l'énergie du désespoir. Du coup, on n'a rien
compris de ce que les présentatrices maison avaient à dire, alors
que même si elles parlaient en anglais, quelques sous-titres
auraient suffi à rendre l'émission réellement compréhensible et
moins assommante. Vous me direz, je n'ai peut-être pas assisté à
la pire année, puisque j'ai appris incidemment que Cyrille Hanouna
avait sévi dans le rôle en 2010…
Ensuite, les votes,
qui n'ont pas grand-chose à voir avec la prestation musicale qu'on
est censé juger. On vote d'abord pour ses voisins, ceux qui font
langue commune et où on a donc les meilleures chances de vendre ses
disques. Beaucoup de pays votent pour la Russie, parce qu'elle a la
main sur le robinet du gaz. Ce qui fait qu'on hue la Russie pour sa
prestation ukrainienne et ses lois homophobes, mais on lui donne
quand même ses points pour passer l'hiver au chaud.
85 % des
chanteurs ont chanté en Anglais. Les présentatrices ont présenté
en anglais… Pourtant, l'Angleterre n'est européenne que du bout
des doigts, et parle d'en sortir. Les USA ne sont pas concernés..
Même la chanteuse russe a chanté… en anglais pendant que les techniciens déployaient des trésors de mixage pour ne pas capter d'éventuelles huées, chanté une chanson intitulée « millions of voices » pendant que Poutine bafoue la démocratie, saccage l'Ukraine et extermine les homosexuels.
Si on faisait « musical », elle ne devait pas gagner, et si on faisait « politique », elle devait perdre. Or elle est deuxième sur 27...
Même la chanteuse russe a chanté… en anglais pendant que les techniciens déployaient des trésors de mixage pour ne pas capter d'éventuelles huées, chanté une chanson intitulée « millions of voices » pendant que Poutine bafoue la démocratie, saccage l'Ukraine et extermine les homosexuels.
Si on faisait « musical », elle ne devait pas gagner, et si on faisait « politique », elle devait perdre. Or elle est deuxième sur 27...
Il y a beaucoup de
choses qui ne vont pas en Europe, à commencer par l'Eurovision.
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