Avant, -mais c'était avant-, lorsque
je regardais les infos à la télévision, je voyais vivre le monde,
et j'avais l'impression d'en faire partie en me reconnaissant dans
telle information, heureuse ou malheureuse, mais qui parlait de
choses réalistes faites par des gens honnêtes pour essayer de faire
avancer le char de la civilisation.
Maintenant, le spectacle du journal
télévisé me rend plutôt malade. On assassine les journalistes, la
police arrête Casimir, et on voit s'agiter frénétiquement des
petites fourmis qui essaient de nous faire croire qu'elles vont
généreusement changer le monde alors qu'elle ne font que se laisser
instrumentaliser par des ogres qui défendent leurs sordides intérêts
personnels ou partisans.
On n'imagine pas l’extrême gauche,
l’extrême droite, les exploiteurs et les exploités s'aligner au
coude à coude dans une même manif. Les Bretons, si. Enfin, disons
qu'ils le font sans s'en rendre compte.
Ils se plaignent que leur belle
province est éloignée, mais soutiennent une protestation de nantis
qui refuse de payer un impôt dont le produit serait essentiellement
consacré à l'amélioration de leurs propres routes, voies ferrées
et autres moyens de désenclavement... Ça s'appelle « se
tirer dans le pied ».
Et pendant ce temps là, l'Alsace est
envahie par les poids-lourds de toute l'Europe qui empruntent en
fumant et vrombissant l'autoroute nord-sud pour éviter l'autoroute
parallèle allemande qui est, elle, soumis à une éco-taxe que les
transporteurs allemands paient sans mettre la clé sous la porte,
mais à laquelle, sur ce trajet, ils échappent par ce petit crochet
en France.
La Bretagne pratique un élevage de
porcs intensif qui pollue ses nappes phréatiques, empoisonne ses
rivières et couvre ses plages de nocives algues vertes. Mais au-lieu
de réclamer les moyens de changer ce système, elle se rassemble
derrière des industriels du cochon pour réclamer avec eux plus
d'élevages plus grands et un plus large développement de ce système
destructeur.
Le Bretagne se veut une terre
d'indépendance et d'autonomie tout en se plaignant d'être enclavée,
ce qui est paradoxal, mais en plus, elle se laisse embringuer dans
l'agitation par des « bonnets rouges » qui servent de
déguisement à d'obscurs mouvements d’extrême droite qui n'ont
d'autre objectif que de déstabiliser un gouvernement de gauche pour
le principe, qui font des « quenelles » de Dieudonné
devant les objectifs et arborent avec le bonnet rouge des tee-shirt
de la manif pour tous...
Ce faisant, elle permet au site
hollande-degage.fr de déployer à Quimper la banderole « Hollande démission »
qu'un avion de la manif pour tous a tracté sur les plages de
l'Atlantique tout l'été avant de s'écraser finalement à Chateau
d'Olonne...
En croyant défendre leur Bretagne, les
Bretons scient la branche sur laquelle ils sont assis, et
entretiennent une opposition quasi-anarchiste au seul régime
pourtant capable d'arranger autant que faire se peut leurs bidons de
lait et l'avenir de leurs cochonnailles. ( Les autres l'ont-ils
fait?) Certes, des abattoirs ferment, ce qui est une désolation que
je partage pour les travailleurs qu'ils employaient, mais un abattoir
ne fait pas la Bretagne, alors que les routes et voies ferrées qui
la relient à l'Europe et dont ils contestent la viabilité sont les
artères où circulent ses fluides vitaux.
Pour en finir avec la Bretagne et
revenir à la profonde mélancolie qui me frappe lorsque je reçois
l'information générale, tout me semble sujet à déprime. On
massacre un peu partout, l'homme conduit des guerres fratricides par
lesquelles des pays entiers retournent à l'état de champs de
ruines, on tue les journalistes qui en témoignent, on arrête
Casimir, on emprisonne pour un vol de motos pendant qu'on distribue
des non-lieu aux escrocs en col blanc, et comme les antidépresseurs
font grossir, on subit de plein fouet ce tsunami de fausse
information qui enfonce davantage les journalistes dans le « toujours
plus à n'importe quel prix », et donc les foules ébahies dans
des jugements mal fondés, les politicards dans la surenchère au
mépris de tout sens civique, l'extrème-droite dans le
travestissement mensonger de ses outrances, les profiteurs dans leur
fuite en avant et la satisfaction de leur boulimie et les pauvres
dans leur naufrage.
Heureusement, de temps en temps, une
petite bonne nouvelle vient éclairer d'une faible lueur ce paysage
de désolation. Ainsi, aujourd'hui, l'agence Standard and Poors a
réduit la note de la France...
Qu'un valet de la haute finance
libérale proteste hautement contre la politique menée par le
gouvernement, c'est bon signe, non ? C'est un signe de
reconnaissance, une preuve que ce que nous faisons fait chier ces
spéculateurs sans scrupules et que nous sommes donc sur la bonne
voie. Le gouvernement, qui communique très mal, -comme de tous temps
les socialistes- devrait exploiter ce filon pour marquer le cap d'un
peu d’humanisme retrouvé.
Allez, les gars! Un peu de courage et de rentre-dedans... Ne pas se laisser déborder par l'extrême-droite, ne pas se laisser doubler par l’extrême-gauche.
Est-ce donc si compliqué?
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