Je préparais tranquillement une
série d’articles sur le glorieux cinquantenaire de mai 68, et la
pluie de bienfaits qui a résulté des diverses augmentations votées
à Grenelle, qui d’après les paléo-macroniens de l’époque,
aurait pourtant dû ruiner le pays lorsqu'un demeuré est allé tirer au pistolet dans un supermarché.
Souvenons nous qu’il avait résulté de Mai 68 un sursaut de la période de prospérité que
connaissait déjà la France. Cela a permis de vérifier, si c’était
nécessaire, que quand on donne de l’argent aux pauvres, ils ne
vont pas le cacher au Panama et le remettent tout de suite dans les
circuits commerciaux, pour le plus grand bien de l’économie
générale.
Mais les riches
souffraient déjà de cette étrange psychopathie qui leur fait
croire qu’avoir de l’argent ne suffit pas pour être riche :
pour que leur bonheur soit complet, il faut qu’ils soient entourés
de pauvres contents de leur sort. Cela ne s’appelait pas encore la
macronite, le mot « ruissellement » ne figurait pas
encore dans la liste des mythes politiques, mais le mal sévissait
déjà.
Bon, tout ça, je le préparais dans ma marmite à mijoter le bonheur de tous.
Et puis patatras :
le fou furieux de Trèbes est allé flinguer des braves gens, et le
regard de l’actualité a abandonné les considérations socio-
politiques pour se tourner vers ce nouvel avatar de l’obscurantisme.
L’actualité
amplifie ce qu’elle voit et entend. Alors, quand le dis
« l’actualité », en réalité, je désigne bien sûr
le discours des hommes politiques qui en font le plus gros.
Et au moment où les manifestations de revendications sociales commencent à bouillir, tout cela tombe à pic, et pour le pouvoir qui ne veut rien donner, et pour l’opposition qui ne veut rien promettre...
Et au moment où les manifestations de revendications sociales commencent à bouillir, tout cela tombe à pic, et pour le pouvoir qui ne veut rien donner, et pour l’opposition qui ne veut rien promettre...
L’opposition,
d’abord, qui n’a visiblement pas grand’chose à foutre de la
misère des travailleurs et des retraités, puisqu’au premier coup
de feu, elle s’en détourne pour se consacrer à la « lutte
anti-terroriste », qui lui semble plus propice à la conquête
du pouvoir.
Et bien sûr, les
« grands » médias leur emboîtent le pas avec une
servilité de toutou à sa mémère.
Personne ne pourra
m’accuser de défendre ce gouvernement de voyous. Mais attaquons le
sur les terrains où il est coupable. La gestion de la délinquance
et du terrorisme, ce n’est qu'une question de moyens, de budgets et
d’effectifs, pas de gouvernance. Sur ce terrain, ils font tous de
leur mieux.
La méthode, il n’y
en a pas trente six si nous voulons rester une démocratie
respectable. Ce qu’ils ne font pas, eux comme les autres, c’est y mettre les moyens, là
comme ailleurs.
Des sous, ils n’en
lâchent pas pour reloger les SDF, soulager les indigents, payer des
APL, servir des retraites décentes, faire fonctionner les hôpitaux
proprement. Et la sécurité du bon peuple rentre dans cette liste de
causes « inutiles ». Ce n’est pas en devenant
« méchant » qu’on va éradiquer les fous de dieu, mais
en s’en donnant les moyens…
Or, dès qu’il
s’agit de débloquer des crédits qui pourraient profiter au bon
peuple, il n’y a plus de sous. On a tout dépensé en suppression
de l’ISF, flat tax, et autres facilités accordées aux gens
supposés investir, mais qui, en réalité, consacrent leur magot à
tout autre chose qu’à leur rôle social.
Alors les roquets de
la politique, carriéristes et arrivistes de tous poils oublient
qu’ils sont des représentant du peuple. Ils attaquent avec crocs
et griffes tous les avatars de la vie quotidienne, dont cette
malencontreuse fusillade dans un supermarché.
En oubliant que dans
notre pays, il meurt bien plus de gens de faim et de froid dans les
rues que de fusillade dans les supermarchés. Et que bien des jeunes
virent dans la délinquance par les défauts et carences d’un
système socio-éducatif qui n’a pas les moyens de ses ambitions.
Et de remettre sur
la table les « pourquoi on n’a rien vu », de vouloir
repenser le sort des « fichés S », de réclamer qu’on
les mette tantôt en prison, tantôt à la porte, (faudrait savoir),
qu’on démissionne des ministres, qu’on désigne des responsables
de la bêtise humaine, qu’on reconstitue l’inquisition et remette
en service je ne sais quelle trapanelle à étripatouiller les
méchants.
Quand j’entends
hurler les Geoffroy Didier, les Marine Le Pen, les Wauquiez, Valls, Morano,
Ciotti et autres hargneux, j’ai l’impression d’entrer dans un
chenil, département bêtes enragées.
Alors je forme des
vœux pour que le peuple français cesse enfin d’être à ce point
myope, comprenne qu’il est le dindon des toutes les farces, et
prépare mai 2018 avec ferveur et efficacité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire