mercredi 11 mars 2015

498° Hou! Fais moi peur!





Avant, mais c'était aaavant, on faisait de la politique avec des idées et des convictions. On avait un programme, qui contenait des choses bien à soi qui se démarquaient des promesses de son adversaire. On était pour le fric ou pour le peuple, pour la guerre ou pour la paix, pour la bigoterie ou pour la liberté. C'était clair.
Les partis d'avant ont façonné notre société, instauré la laïcité, mis en place l'éducation nationale, forgé le code du travail, bâti la sécurité sociale, assuré la liberté d'expression, ouvert le droit d'association, construit la citoyenneté.


Maintenant, le clivage gauche droite a été à ce point effacé par la mondialisation que les partis traditionnels n'ont plus, pour se démarquer l'un de l'autre, que quelques points de détail comme le mariage pour tous, l’ouverture des magasins le dimanche et l'instauration du ticket modérateur chez le médecin.
On fait même des riens tellement élaborés pour ne blesser personne qu'on arrive à indisposer tout le monde.
Par exemple cette loi sur la fin de vie qui, par sa vacuité, mécontente tout autant les bigots qui trouvent qu'on ne souffre pas assez fort et assez longtemps que les humanistes raisonnables qui estiment qu'on aurait bien tort de se priver des moyens de la science pour abréger la douleur.

Exemple encore : Tout le monde est d'accord sur le prix excessif des autoroutes, mais on a su se fourrer dans une situation si inextricable, et surtout si bien verrouillée par la finance qu'elle en devient inaccessible à la volonté populaire. On voudrait bien faire quelque chose, mais pas de chance : on a tout fait pour se retrouver pieds et poings liés devant les exploiteurs de la voie publique....

Sauf à renverser la table à jouer politique, mais alors où vont aller jouer ceux qui, au prétexte de servir leur peuple et leur pays, ont entrepris de longues et lucratives carrières de joueurs invétérés ?

Le Front National ne fait pas autre chose que de surfer sur l'impuissance de ceux qui ont avant lui multiplié mensonges et promesses pour s'assurer une place à la lucrative table de poker. Parce que sa place à la table de jeu, il la veut. Ils la veulent. C'est la ruée de la meute des incompétents, des arrivistes de tous poils, des sans-diplômes et des aventuriers sans scrupules pour devenir vizir et calife à qui n'en veut.


Il reste un argument politique très lâche, très facile, que seul Pétain avait promu avant le Front National : la peur. On vend de la peur. C'est tout le contraire de la volonté nationale de bâtir sans faillir un monde nouveau, c'est le déni des valeurs humaines brandies comme un étendard derrière lequel on monte au combat, la peur, c'est la queue entre les jambes des faibles, des vaincus-d'avance, des pleutres et des sans-convictions.

Faute d'avoir ses convictions propres, on se contente de dénigrer les autres. Et bien souvent, même pas pour leurs convictions, mais simplement pour ce qu'ils sont.

Il y a des communautés qui ont l'habitude de ce rôle de boucs émissaire : les Juifs, maintes fois exclus de nombreux pays au cours de l'histoire, déportés pendant la dernière guerre, et toujours visés aujourd'hui par les vociférations de bistrot.
Il existe aussi les minorités « occasionnelles », celles qui passent au mauvais endroit au mauvais moment, et que l'on charge de tous les péchés du monde. Les Polacs dans le nord au début du siècle, suivis des Ritals et des Espingos, sans parler des Portos qui font pourtant des maisons si solides.
Puis il y a eu le Bicot, le Bougnoul, le Melon, qu'on a fait venir pour reconstruire la France abattue par la guerre et dont on s'est étonné ensuite qu'ils prétendent également habiter les immeubles qu'ils avaient construit.
Et il y a aussi les homosexuels, les pédés de service, qui de toutes les époques, sous tous les régimes, ont été jetés aux fauves de la vindicte populaire. Ça faisait des jeux du cirque pour pas cher, et leur supplice avait, outre sa qualité d'attraction populacière, la valeur pédagogique de convaincre les foules ébahies de continuer à fabriquer à qui mieux-mieux les petits travailleurs et les petits soldats dont nos maîtres avaient besoin pour continuer à s'enrichir. Chômage, famines ? Qu'importe ! Plus vous serez nombreux, plus les salaires seront bas et plus les riches seront riches.

Comment manœuvrer les têtes vides, les cerveaux à courants d'air et les hommes sans savoir ?
Regardons les meetings et les micros-trottoirs du Front National : c'est tout de même la plus belle concentration de jeunes sans culture et de vieillards aigris qu'on puisse trouver dans l'hexagone. Une véritable sélection anti-eugéniste !


Alors facile : Déjà, le mensonge et la religion, ce qui revient à peu près au même.
La religion a néanmoins sur le mensonge une supériorité de taille : elle fonctionne toute seule, en autarcie, en auto-suffisance. Il suffit de la lancer une fois pour toutes, et elle trouve, comme la végétation, sa nourriture dans ses détritus. Ne reste plus, par d'habiles manœuvres de communication, -ce qui est facile quand on possède la finance-, qu'à l'orienter dans le sens où on veut la rendre servile.

Le mensonge, c'est un peu plus compliqué, parce qu'il faut le nourrir quotidiennement. Mais l'avantage du mensonge, c'est que, comme justement, il vit au jour le jour, on peut le télécommander quasiment au millimètre pour le faire agir exactement où et quand on a besoin de lui.


D'abord en tordant les chiffres. Non, le Front National n'a pas reçu les suffrages de 30 % des Français, mais seulement, aux dernières européennes, son élection de prédilection, de 25 % des quelque 50 % de ceux qui sont allés voter. Or 25 % de 50 %, ça fait 12,5 % sur toutes les calculettes…

Autre technique de mensonge : les prévisions apocalyptiques, traditionnellement utilisées à outrance par les prédicateur les plus comiques : le mariage pour tous va conduire à l'effondrement de la société, « l'invasion » des immigrés est telle qu'ils nous « remplaceront » à brève échéance.
Si les couples homosexuels devaient abattre la société, elle serait à terre depuis longtemps ! Aussi loin qu'on remonte dans l'histoire, on trouve des hommes qui vivent avec des hommes et des femmes avec des femmes, et lorsque l'un d'entre eux a eu un enfant d'un couple hétérosexuel antérieur, ils ont un enfant… Dont certains sont devenus de grands personnages. Alors, c'est « une signature au bas d'un parchemin » qui va chambouler l’histoire ? Commencez dont par l'étudier, l'histoire, messieurs-dames dont la seule jouissance semble être de décrier celle des autres.

Et le grand remplacement, c'est remplacer des Français par des Français ? Où est l'abomination ? Si les nouveaux Français n'ont pas les idées haineuses et tordues des anciens, ce serait même plutôt un bienfait !

Et encore une autre technique de mensonge : l'amalgame. La majorité des délinquants sont immigrés. D'abord, l'immense majorité des délinquants sont des petits délinquants, tireurs de sacs, voleurs à l'étalage et cambrioleurs occasionnels. Et ce qui caractérise la majorité de ces pauvres gens, ce n'est pas leur origine, c'est leur pauvreté. Et à eux tous, ils volent beaucoup moins que nos quelques grands escrocs en col blanc… Vous savez, ceux qui ont plein d'avocats, ne sont jamais jugés en comparution immédiate et proclament aux télévisions serviles qu'ils sont victimes d'erreurs judiciaires et de machinations.


Il ne faudrait pas oublier de parler des immigrés qui réussissent, qui sont pourtant nombreux. Et ceux-là constituent une véritable provocation pour les familles bourgeoises dont les rejetons qui n'ont manqué de rien ont lamentablement foiré leurs études.
Regardons par la bonne lorgnette, et on verra les choses comme elles sont : allez dans une entreprise, un bureau d'étude, dans un service informatique ; il y a autant d'enfants d'immigrés qu'en prison, mais ceux-là n'excusent pas l'échec des petits bourgeois, ils l'accusent plutôt, alors on les passe sous silence. On les voit si peu à la télévision… Et Zemmour n'a jamais eu un mot pour eux.
Amalgame encore que de dire que le mariage pour tous serait une antichambre de la pédophilie. Chiffres du ministère de la justice à l'appui : 91 % des affaires de pédophilie sont hétérosexuelles, et 71 % se passent au sein des familles hétérosexuelles bien de chez nous, de celles qui dénoncent les autres. 4 % seulement concernent des enseignants ou chargés d'éducation, avec toujours cette même proportion de 90 % d'affaires hétérosexuelles. Les gays représentent dans le domaine pédophile le même pourcentage minoritaire (environ 10%) que dans la société. Et cela depuis des millénaires. Pourquoi le mariage pour tous y changerait-il quelque chose ?

Tout cela pour définir la campagne électorale que nous subissons aujourd’hui : plus personne ne sait « ce qu'il faut faire », et donc tout le monde proclame haut et fort « ce qu'il ne faut pas faire ».
A ce jeu de fais-moi-peur, le Front National est champion sur tous les tableaux. L'injure est l'argument de ceux qui n'ont rien à dire.

D'abord parce que quand on ment, qu'on tord les chiffres et qu'on se livre à des amalgames malsains, on est forcément le meilleur menteur. Et à ce jeu là, aucun parti n'arrive à la cheville du Front National.

Mais surtout parce que la vraie peur dans cette affaire, ce n'est pas celle que le Front National distille à propos d'une situation dont personne ne contestation l'aspect précaire, mais la vraie peur, -et de celle-là on ne parle pas assez-, la vraie peur devrait être celle de ce qui se produirait si, par malchance- ce parti gagnait en influence et parvenait au pouvoir. La vraie peur brandie par Manuel Valls, avec qui je ne suis pas souvent d'accord, mais qui sur ce terrain, recueille tous mes suffrages. 



Les premiers faits et gestes du F. N. dans les mairies qu'il a conquises devraient nous alarmer, mais on joue « Pierre et le loup ». Fermeture des locaux de la Ligue des Droits de l'Homme, exclusion des pauvres des cantines scolaires, désengagement du Téléthon et de la Journée de la mémoire de l'esclavage, décrochage des drapeaux européens, dissolution des jumelages culturels avec des villes étrangères, etc. 




Sans parler du cataclysme économique qui s'abattrait sur nos têtes si d’aventure, on se retirait de l'euro, qui, sans être une sinécure, demeure la meilleure façon d'avancer dans un contexte international hostile où les vautours sont prêts à fondre sur les plus faibles et les plus petits. Le programme économique du Front National n'a même pas le réalisme d'un stratagème de Monopoly. Il n'est qu'un fantasme aviné de mythomanes de comptoir.
Alors, la peur que le Front National instille dans nos chaumières, ce n'est qu'un conte de fées à côté de celle qui s’emparera de nous si d’aventure il devenait le marionnettiste en chef. Mais ce sera trop tard.

Et souvenons nous qu'il vaut mieux voter pour pas grand-chose que de se tirer dans le pied, ou de se jeter dans le vide en espérant que s'ouvrira un parachute promis par… Marine Lepen…


Plusieurs sites dressent la liste des dérapages les plus odieux des élus du Front National. En voici un  assez bien documenté:

http://www.lentente.net/

A consulter au fur et à mesure de ses mises à jour...


Aucun commentaire: