Saint Pierre examine, comme il le fait
toujours, l'homme qui vient de frapper à la porte du paradis.
C'est un vieillard à la mine altière, avec de grands cheveux blancs coiffés et arrangés avec soin, des vêtements très anciens, mais propres et bien mis, un beau regard profond, quoi qu'un peu perdu dans le vague.
C'est un vieillard à la mine altière, avec de grands cheveux blancs coiffés et arrangés avec soin, des vêtements très anciens, mais propres et bien mis, un beau regard profond, quoi qu'un peu perdu dans le vague.
« - Qui es-tu ? », lui demande-t-il.
« - Je ne connais plus mon nom, répond l'homme. J'ai beau faire, je ne m'en rappelle plus. Tout ce dont je me souviens, c'est que j'étais charpentier. Ah ça oui, c'est sûr, j'étais charpentier. J'ai aussi un étrange souvenir : j'ai un un fils, un fils quelque part, qui n'était pas vraiment mon fils, mais qui était mon fils tout de même, et les hommes me l'ont pris... »
Saint Pierre est perplexe. L'histoire
est précise. Il y a beaucoup de monde au paradis, et on ne peut pas
les connaître tous, fussent-ils importants. L'inconnu serait-il
Saint Joseph ? Dans le doute, il téléphone à Jésus dans son
bureau et lui demande de descendre à la réception.
Jésus arrive quelques instants plus
tard. Le vieillard, que Saint Pierre avait fait asseoir sur un canapé
en nuage du hall, se lève à son arrivée. Les deux hommes se
regardent.
« - Qui es-tu ?», lui demande Jésus.
« - Je ne connais plus mon nom, répond l'homme. J'ai beau faire, je ne m'en rappelle plus. Tout ce dont je me souviens, c'est que j'étais charpentier. Ah ça oui, c'est sûr, j'étais charpentier. J'ai aussi un étrange souvenir : j'ai un un fils, qui n'était pas vraiment mon fils, mais qui était mon fils tout de même, et les hommes me l'ont pris... »
A ces mots, Jésus paraît très ému.
Ses lèvres tremblent. Il ouvre les bras, s'avance vers le vieil
homme, et l'étreint chaleureusement.
« - Papa ! » clame-t-il...
Cet accueil semble raviver la mémoire
du vieil homme qui, à son tour, ouvre ses bras, enlace Jésus, et
s’écrie :
« -Pinocchio ! ».
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