Le salon du mariage gay a fait un bide
ce dernier week-end, et le traitement de l'échec de cet événement
par les médias est assez symptomatique. Ici et Ici..
La presse gay-friendly observe sur ce
flop un silence consterné, manquant ainsi l'occasion de faire le
procès de ceux qui n'ont rien compris.
Et ceux qui n'ont rien compris
ironisent sur cet échec avec des arguments qui démontrent à quel
point ils ne comprendront jamais.
L’illustration de cet abîme
d'incompréhension est assez bien résumé par cet article
où l'on peut lire que :
« Pourquoi cet échec ? Parce que
toute l’histoire du mariage des homosexuels tourne autour d’une
poignée d’ultra-gauchistes, pas forcément gay d’ailleurs, dont
l’objectif central est la destruction de toutes les valeurs sur
lesquelles l’homme se construit et construit son équilibre. »
Il faut n'avoir rien compris au
« mariage pour tous », soit par niaiserie, soit par
volonté de discrimination et/ou par cupidité pour avoir imaginé un
tel salon, et il faut faire preuve d'un militantisme dogmatique
déconnecté des réalités pour imaginer que cet échec serait la
sanction d'une mesure « voulue par une poignée de
gauchistes »...
Cet échec, c'est essentiellement celui
d'une tentative des marchands du temple de traire une vache à lait
qui n'a pas envie de se laisser faire, et nous allons examiner
pourquoi.
La non-discrimination, c'est l'égalité.
C'est pourquoi les gays n'ont jamais accepté de solution « spécial
homo » du type CUC : ce serait un nouvel enclos
administratif pour mieux les parquer, marquer leur marginalité.
L'égalité voulait qu'ils bénéficient des mêmes dispositions
légales que tous les citoyens, et c'est pour cela qu'ils se sont
battus jusqu'à obtenir de relever de la loi générale du mariage
applicable à tous les Français.
Alors, si les gays veulent un salon du
mariage, ils iront au « salon du mariage » comme tous
les autres citoyens qui partagent avec eux cette disposition légale
d'intérêt général et qui trouvent intérêt à ce genre de
manifestation.
J’ajouterai à cela qu'il existe déjà
trois « salons du mariage », à savoir dans l'ordre de
Google : le salon du mariage et du PACS
, le salon du mariage du Carrousel du Louvre
, et le salon du mariage « tout court »
pour ceux qui imaginent qu'un mariage doit nécessairement obéir
aux formes les plus convenues et sont prêts à payer des fortunes
pour se couler dans le moule antique et solennel des « justes
noces » bien de chez nous.
Or les gays ont un mode de vie
original, qui faute d'avoir été accepté pendant des siècles par
les canons de la culture, a eu tout loisir de se développer de
manière spécifique sur un terrain vierge de tout tabou et de toute
obligation.
Alors, imaginer qu'ils voudront tous
avoir un mariage de confection, estampillé « judéo-chrétien »,
préfabriqué pour « la famille modèle », c'est
peut-être aller un peu vite en besogne.
Ceux qui veulent se rallier au mariage
conventionnel pourront toujours visiter les manifestations existantes
concoctées par les pros du commerce opportuniste. Ceux qui veulent
autre-chose, justement, se garderont bien de se laisser récupérer
par un nouveau piège tendu par des créateurs de besoins, des
inventeurs d'envie et des conformateurs de clones.
Il devient donc clair qu'entre les uns
et les autres, il n'existait pas de place pour un salon du mariage
gay...
Alors, on efface tout et on recommence. Non, les militants pour le mariage gay ne sont pas tous de gauche (j'en connais de droite), et encore moins « ultra-gauchistes ». Dans toute cause, et chez les gays comme ailleurs, il y a de nombreux partisans qui espèrent, et un petit groupe de militants qui agit.
Les agitateurs de la Manif pour Tous
répondent encore plus que « le lobby gay » à ce schéma
d'un noyau activiste qui agite des foules, dans la mesure où les
foules qu'ils soulèvent n'ont rien à gagner ni à perdre dans
l'avènement du mariage pour tous, alors que la plupart des gays sont
directement et personnellement concernés par l'égalité citoyenne
de leur statut.
D'ailleurs, près de 70 % des Français se sont déclarés pour le mariage des homosexuels, ce qui ne permet pas aux partisans du refus de revendiquer les 30 autres pour-cent, -loin de là- , et les relègue donc impitoyablement au statut de minorité agissante dont ils accusent les autres.
Alors, le coup de la minorité, même
agissante : stop. L'ensemble de la société n'est fait que de
sous-ensemble qui sont les minorités. « L'intégration »
des minorités ne signifie par la disparition de leurs
particularismes, mais leur fusion dans un groupe plus grand qui est
la société.
Ensuite, à la différence de certaines
« minorités » qui nous gouvernent et nous font subir
leurs lois financières ou religieuses, la liberté revendiquée par
les homosexuels de vivre leur vie, de s'aimer, et d'accéder au
mariage « comme tout citoyen » n'enlève pas un iota de
la liberté aux autres, ne change rien à la vie des hétéros et
n'interfère en rien dans le mode de société qui est le nôtre, à
preuve le devenir sans histoire des pays qui ont depuis des décennies
adopté le mariage gay et où l'apocalypse et le déclin ne se sont
pas produit, contrairement aux prévisions des homophobes.
Alors, tous les discours qui appellent
au complot d'un lobby qui « sape les fondements de la société »
me semble relever du fantasme le plus délirant de ceux qui auraient
bien voulu être « des modèles de société », mais qui,
par leur médiocrité et leur absence d'imagination et d'esprit de
progrès restent désespérément des moutons du troupeau.
2 commentaires:
Un iota, pas yota.
Exact.
Rectifié, merci.
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