Les deux derniers mois de l’actualité,
et surtout les deux dernières semaines de débat parlementaire ont
permis de faire sortir le pus nauséabond de l'infection homophobe.
Tout ce qui se disait en aparté sous
les soi-disant respectables lambris des beaux quartiers et la
prétendue bonne société a été étalé au grand jour. Toutes les
peurs, les haines, les rancœurs sournoises, et aussi pas mal de
frustrations et de fantasmes ont fait irruption dans le débat
public.
photo Maxime Lejat
Le premier qui avait expliqué ses fantasmes tout haut était le cardinal Barbarin, au mois de septembre
dernier. Alors qu'en demandant à pouvoir se marier comme tout le
monde, les « homos » ne demandaient que la reconnaissance
de leur amour, Barbarin, lui, semblait voir s’entrouvrir une porte
vers ses fantasmes les plus démoniaques. « ils vont vouloir
faire des couples à trois ou quatre, et après, la barrière de
l'inceste tombera ».
Doucement, monsieur l’archevêque, il
y a plein de gens sensés qui écoutent ! Ne confondez pas le
micro de la radio et celui de votre église. L'auditoire n'est pas le
même.
Depuis, lors des manifs et du débat,
ça n'a été que redites et litanies de slogans mensongers et et
questions reposées à l'infini bien que la réponse leur eût été
donnée.
Mille fois, manifestants et députés
ont déclaré les homosexuels incapables d'élever des enfants alors
que les observations faites dans les pays où cette situation existe
depuis longtemps démontre le contraire.
Mille fois, manifestants et députés
ont déclaré que les institutions religieuses n'avaient été
entendues que quatre minutes par la commission, alors que :
1° Elles n'avaient pas à être
entendues dans un débat républicain, -et donc laïque-, sur le
mariage civil.
2° Par pure grandeur d'âme, elles
l'ont été pendant deux heures quarante minutes le 29 novembre 2012,
enregistrements à l'appui mis en ligne sur Dailymotion.
Cinq mille fois, l’opposition a
multiplié des amendements dont certains, vu leur caractère
ordurier, zoophile ou injurieux auraient valu à leurs auteurs une
convocation par le tribunal s'ils n'étaient hypocritement couverts
par l'immunité parlementaire qui en permet de belles...
Qui aurait imaginé que les tréfonds
de la société française recelaient pareils amoncellements de
haine, de mépris, de suffisance, d'égoïsme ?
Qui aurait pensé que nos donneurs de
leçons « professionnels », élus pour « représenter
la parole du bon peuple » viendraient, « au nom de leurs
électeurs », servir pareil bouillon d’infamie ?
Qui aurait cru, dans un autre sens, que
le débile homophobe qui ronge sa frustration dans son coin en
insultant les « assumés » et à la limite en les
frappant la nuit dans les coins déserts allait trouver un député
pour déverser au parlement, en langage politique, les logorrhées de
fumier oratoire qu'il échange habituellement avec ses potes au café
du coin ?
Qui aurait prédit qu'on trouverait en
France, à l'instar des États Unis, des gens assez peu scrupuleux
pour faire commerce d'homophobie, vendre de la haine pour redorer un
blason d'artiste en panne ou tenter de se faire une place dans le
petit grouillement parisiens des m'as-tu-vu ?
S'il était besoin d'une démonstration
supplémentaire des ravages que peut faire la politicaillerie, y
a-t-il meilleure illustration que ce débat ? La France est
largement favorable au mariage homosexuel : il devrait en être
de même dans les partis politiques...
Parmi les opposants, il doit bien s'en
trouver qui votent à l'encontre de leurs sentiments personnels par
discipline et appât de la réinvestiture de leur parti, engageant
ainsi tout le pays et surtout les quelques sept millions
d'homosexuels des deux sexes qu'il compte, dans la régression,
l'inégalité et le malheur ?
Et qui a profité pleinement de cette
cacophonie ? Les rares homophobes idéologiques, qui ont
trouvé pour répandre leurs discours de haine des foules d'auditeurs
qu'une campagne politique et démagogique, donc mensongère, a amené
là pour des nécessités purement médiatiques ? ..
Quelle catégorie de gros cons a
presque trouvé une stature dans ce répugnant déballage ?
L'homophobe hypocrite, le pire de tous, celui qui proclame « Je
ne suis pas homophobe, mais tout de même... ».
N’oublions pas que le fond de
l'homophobie est une frustration : celle de ne pas s'autoriser à
vivre la liberté sexuelle dont les autres profitent. Un sorte de
jalousie du coincé du calbard devant celui qui s'épanouit.
Vous noterez que les homophobes
attaquent toujours en bande, jamais seuls. Seuls devant un gay, ils
se sentent péteux, réduits à leur frustration et à leur
mal-baisance. Et ce sont eux qui prennent la baffe dans la figure.
En bande, ils cachent leurs faiblesses
dans les hurlements de la meute, dans le mythe collectif qui leur
permet de brandir dans l'action une bannière hétérosexuelle,
chacun croyant être le seul mal-baisé du troupeau et espérant
cacher son petit drame personnel en se mêlant aux vociférations.
Dans la réalité, les bandes de casseurs de pédés ne sont que de
malheureuses associations de caleçons en berne. On le constate
d'ailleurs très bien au tribunal, lorsqu'ils doivent, tout penauds,
raconter par le menu leur misérable existence à des juges souvent
avides de détails croustillants.
Pour l'opinion publique, le débat a
assez duré. La loi est votée. Frigide et son blondinet ne
déplaceront plus au mois de mars qu'un quarteron d'intégristes,
quelques grenouilles de bénitier et une escouade de crânes rasés.
La France a balafré son image de pays
des Lumières, de la révolution, de la Laïcité, de la République
et des Libertés. Elle a montré son retard par rapport aux autres
pays, qui ont adopté la mesure sans tapage, y compris les très
catholiques Espagne et Portugal, qui ont bien vu passer une manif,
mais n'ont pas sombré comme nous dans un nauséabond déballage
d'alcôve.
Tréfonds de la honte, en Angleterre,
la mesure a été prise par les conservateurs. Nous cumulons la
droite la plus bête du monde et la gauche la moins dynamique. Car si
cette loi avait été préparée en même temps qu'elle était
promise et adoptée dans les deux premiers mois de la législature,
la droite n'aurait pas eu le temps d'agiter le marigot jusqu'à en
faire remonter les boues et les limons les plus méphitiques.
Jusqu'ici, je croyais, naïvement,
semble-t-il, qu'on allait manifester pour réclamer des droits
supplémentaires ou refuser qu'on retire ceux que vous possédez
déjà.
Jamais je n'aurais imaginé des Français capables de manifester pour exiger qu'on prive certains d'entre eux d'un droit que eux, possèdent déjà. Je trouve le principe parfaitement pétainiste.
Jamais je n'aurais imaginé des Français capables de manifester pour exiger qu'on prive certains d'entre eux d'un droit que eux, possèdent déjà. Je trouve le principe parfaitement pétainiste.
Et pourtant, on n'a gagné qu'une
bataille contre l'obscurantisme, pas la guerre : il va falloir
gérer l'adoption et la PMA. Les gargouilles du Moyen-Age n'ont pas
fini de cracher leurs insanies.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire