Les élections approchent. Les grandes manœuvres commencent. On cherche des boucs émissaires.
Comme d'habitude, les étrangers, les Roms et les pédés vont morfler en priorité. Le problème d'être dirigé par un quarteron d'arrière garde, c'est qu'on « progresse en arrière ». Un rapport des députés UMP Luca et Grommerch intitulé « mariage durable », (une spécialité hétéro???!!) remet de l'huile sur le feu.
Tout ce que l'UMP compte de nostalgiques des régimes de persécutions communautaires, de mises à l'écart des forces de progrès et d'injuste répartition de la richesse est sur le pont : A l'abordage !.
Je vous passe les tentatives de disqualifier les listes des primaires de la gauche et les loukoums croustillants dont on garnit à qui mieux mieux le buffet DSK.
On envoie au front la garde et l'arrière-garde. Même Fillion, pourtant jusqu'ici plutôt réservé, attaque Eva Joly sur sa double nationalité, comme si en posséder déjà une pouvait retirer quelque valeur à la seconde... C'est oublier le nombre d'élus, tant dans la majorité que dans l'opposition, qui possèdent également une double nationalité, israélienne en général. Les Juifs ne sont plus dans le collimateur, mais ils ont du sentir le vent du boulet ! Les vieilles munitions, parfois, ça vous pète entre les doigts.
Après avoir appliqué la politique du chiffre à la Police, (avec les résultats que l'on voit..), on veut maintenant l'appliquer aux médecins. Et ce n'est pas n'importe qui qui est chargé de promouvoir cette riche idée : C'est Lionel Luca , qui s'est déjà fait remarquer pour ses prises de positions favorables à la peine de mort et son souhait de supprimer l'enseignement de l'esclavage des programmes scolaires... (des fois qu'on confonde avec l'éradication du code du travail programmée par l'UMP???)
Plein de bonnes idées, ce Lionel Luca : Il veut aussi interdire les grèves pendant les vacances. Je vous le dis, moi, c'est un début d'atteinte au droit de grève, le but final encore tenu secret étant de le circonscrire au 29 février. Mais chut !
Sur le terrain de ses battues à la recherche de l'argument électoral susceptible de provoquer un sursaut de conscience de son électorat, que ce soit les petits vieux endormis dans leur chaise-longue de la maison Mon-Repos, ou les skinheads dont le cerveau, au cours d'une ratonnade mouvementée, se serait évadé de leur boîte crânienne pour glisser dans leur biceps, l'UMP rencontre donc les homosexuels, et le bastion de leurs luttes actuelles : le mariage gay et l'adoption.
L'homophobie et le mariage gay, ça paie facile pour les réactionnaires. Pas besoin de coûteux communicants ni d'onéreuses campagnes d'information, quelques entrefilets judicieusement placés dans une presse aux ordres suffisent à démarrer au quart de tour une logorrhée de rumeurs qui se propage de comptoir en beuverie, de table de belote en réunion de dentellières et de sacristie en mess de caserne pour apporter l'information ; les pédés, ça ne se marie pas, ça n'a pas d'enfants.
Que près de deux millions de familles monoparentales existent dans ce pays, ça n'empêche pas Christine Boutin d'affirmer que l'adoption par des célibataires est une manière pour les gays de contourner la loi . Voilà donc deux millions de familles monoparentales qui risquent d'être privées d'adoption parce que suspectées d'abriter en leur sein quelques homosexuels rusés qui se cacheraient là pour contourner la loi.
Pourtant, les homosexuels qui ont des enfants (environ deux cent mille en France) ou qui en veulent, ils ne se cachent pas, au contraire. Ils ont de claironnantes associations, au moins deux à ma connaissance, pour promouvoir leur volonté. L'APGL, Association des parents gays et lesbiens , et l'ADFH, association des familles homoparentales .
Mais quand on ne veut pas savoir, on ne veut pas. Aussi, la commission qui, au sein de l'UMP, s'est penchée sur l'avenir du mariage en intitulant son rapport « Pour un mariage durable » s'est-elle bien gardée de les entendre. . Elle a lavé son linge en famille... Hétéroparentale, s'entend.
Au-delà du caractère gravement subjectif et mensonger de ce « travail » présenté comme sérieux, et de l'atteinte à la démocratie et à l'expression plurielle qu'il constitue, la lecture de ce pensum ne va pas sans quelques constatations tristement amusantes.
D'abord, amusez-vous à taper « mariage durable » sur Google. Vous n'y trouverez aucun résultat émis par une quelconque autorité sociale, psychologique ou politique. Ce sont des sites religieux qui se font référencer sous le vocable « mariage durable ». De là à imaginer que le nouveau rapport des UMPistes Roca et Grommerch et de leur porte-parole Mariton est inspiré de relents d'eau bénite, il n'y a qu'un pas que je vous laisse franchir avec ma laïque bénédiction.
Ensuite, attachons nous à un paragraphe de ce rapport qui dit qu'en cas de carence ou de décès des parents, il faut "prioriser l'adoption par les couples ou par les célibataires du cercle familial", c'est-à-dire l'oncle, la tante, etc.... Décalquons cette affirmation sur les archives des affaires pédophiles, pas les monstres massacreurs qui font la une des journaux et dont on voudrait nous faire un « modèle de pédophile », mais de la petite pédophilie « artisanale et quotidienne» qui remplit les prétoires des tribunaux de province sans tapage puisqu'elle n'a pas donné lieu à la moindre égratignure. Et bien dans l'immense majorité de ces cas, (qui sont d'ailleurs hétérosexuels ), la main baladeuse est justement celle d'un oncle, d'une tante, d'un parrain, d'un très proche dont on ne se méfiait pas.
Si on estime, et je l'estime, que moins d'un pour mille de ces affectueux orgasmes familiaux arrive devant les tribunaux, on est bien obligé de dire que le projet de famille durable du gouvernement respecte les traditions, protège l'ordre établi et se garde bien d'apporter le moindre bouleversement dans la tiède touffeur des couettes de nos familles françaises. On ne change rien! Voilà un projet parfaitement conservateur.
Il y a quelque temps, la position de Gay Lib , organe de l'UMP pour récupérer le vote gay était tellement intenable qu'eux-mêmes avaient commencé à s'en apercevoir. Et il avait été question que ce mouvement, devant l'autisme et l'hostilité de son parti face aux revendications LGBT, quitte la maison-mère pour s'amarrer au radeau Borloo. .
Que s'est-il passé derrière les portes matelassées des dirigeants du parti ? Sombres tractations et états d'âme cornéliens dont nous n'aurons jamais idée. Toujours est-il que l'idée maîtresse a prévalu : on n'a toujours rien à foutre des revendications des gays, mais on a besoin de leurs voix en 2012. Donc Gay Lib reste au bercail.
Je ne sais pas si ce sera très efficace. Si les banques prêtaient autant aux jeunes que Gay Lib prête à rire, il n'y aurait pas de crise. Hélas... Le bateau coule, mais l'orchestre joue. Les belles résolutions sont à l'eau. Le « Nicolas, si tu veux nos voix en 2012, donne nous nos droits » qui ponctue la déclaration d'Emmanuel Blanc, président du machin à la veille de la Marche des Fiertés n'est, semble-t-il plus de mise. Le rapport Roca – Grommerch lui a apporté une réponse cinglante et définitive.
Moi, si mon parti me parle sur ce ton, je démissionne. C'est moi qui décide de militer, ce n'est pas lui qui m'enrégimente. Mais à l'UMP, on ne démissionne plus guère, sauf pour parer à une imminente poursuite judiciaire. Les questions d'honneur et de démission ne se traitent plus dans le même bureau. Ni au même étage. La moissonneuse à électeurs s'est emballée, plus rien, plus personne ne peut la maîtriser. Elle pond le même jour la revendication et son démenti sans que personne ne s'en émeuve. Elle tire dans tous les sens, et les rares arbitrages rendus le sont vers un horizon réactionnaire.
L'UMP a voulu revendiquer la notion de progrès, les résistants des Glières et d'ailleurs, Blum et Guy Môquet, le Front Populaire, autant de valeurs qui sont sorties grandies de ces tentatives de prise d’otage. Elle n'est plus qu'un boueux tsunami qu'un vent nationaliste a fait sortir des digues de la décence républicaine, mais dont l'élan va se briser sur la pente du vrai progrès. Puis elle se retirera, laissant une France ravagée à laquelle il faudra rendre ses valeurs de terre de liberté, d'accueil, de solidarité, d'égalité, de diversité, de laïcité, de sécurité, de paix et de bonheur.
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