Le soir même des élections, le nouveau ministre de l'intérieur, Claude Guéant, parlait de « croisade » pour qualifier l'intervention internationale en Lybie. « Croisade », c'est précisément le mot employé par les intégristes musulmans les plus agités pour qualifier les interventions de l'occident au proche-orient... Pourquoi agiter ainsi la muletta devant le taureau sinon pour espérer recueillir sans scrupule quelques avantages électoraux du chaos qui peut en résulter?
Quelques jours plus tard, il en remet une couche en affirmant que le nombre de musulmans en France pose problème.
Il y a soixante dix ans, c'était le nombre de juifs qui posait problème pour les tenants d'une politique dont l'histoire a finalement sanctionné les conséquences. Va-t-on faire taire ce pyromane avant qu'il n'enflamme l'opinion publique sur des sujets qui ont surtout besoin d'apaisement et de raison ?
Peu probable pour la frange des allumés de l'UMP, quand on voit la ténacité d'un Copé, le vautour de Meaux, à maintenir contre vents et marées, et surtout contre raison et humanisme, son opération de com contre l'islam travesti en grand débat sur la laïcité et réduit à une gesticulation brève et symbolique de quelques agités ? Car même à droite, le sujet est loin de faire l'unanimité, et se pose même en événement diviseur d'un parti dont les lambeaux idéologiques n'étaient déjà plus retenus ensemble par grand chose d'autre que le culte des inégalités...
Plus on parle de la « problématique » d'un clivage gauche-droite et plus il se dessine, plus il paraît incontournable, ce qui me convient tout à fait. La droite et la gauche se partagent chacune de leur côté en durs et en modérés, sans que leurs franges centristes puissent pour autant constituer un centre tel que fantasmé par Bayrou ou Morin.
Il va falloir que la droite se décomplexe réellement et non plus dans ses seuls discours, et que la gauche en fasse autant en devenant le parti militant d'une classe moyenne de plus en plus tondue et déplumée. Finie la droite soi-disant sociale tout autant que la gauche hypocrite.
Un musulman en prière quelques instants dans une rue de quatrième catégorie gênerait les Français, tandis que des milliers de SDF qui vivent et meurent dans les rues ne les gêneraient pas ? Et que dire des processions religieuses, pas seulement catholiques, qui sont le centre de grandes réjouissances ?
Car l'hypocrisie est le lot habituel de ce qu'il est convenu d'appeler la diplomatie, voire la raison d'état. On se détermine contre le sieur Bagbo, mais pendant quatre mois, on organise le combat en ne protégeant que ses propres ressortissants. On révise sa position face à Khadafi, mais pendant de longues semaines, on regarde les belligérants s'affronter comme les managers d'un combat de coqs, se contentant de limer ici où la quelque ergot si la mêlée devient trop sanglante, comme si on voulait qu'elle dure plus longtemps...
Enfin, assumons nos positions : si on a reconnu le Conseil de l'Opposition au point de lui envoyer un ambassadeur, abattons Khadafi d'un missile bien appliqué au lieu de laisser les gladiateurs s'étriper dans l'arène en comptant les points... Encore un peu et des sites de paris en ligne vont voir le jour ? Une force de dictature, c'est comme un nid de guêpes : il faut supprimer la reine pour que l'essaim se disperse...
La prochaine présidentielle se profile chaque jour davantage comme un « 21 avril à l'envers », où une Marine Le Pen serait confrontée avec un candidat de gauche. Espérons que ce dernier sera assez habile pour ne pas désespérer la frange d'électeurs paupérisée par les politiques actuelles, et qui, faute de se sentir entendues, pourraient être tentées par le fruit du chaos et le sabotage de l'Europe...
Il faudra que ce candidat « la joue très fine » pour recueillir aussi largement que possible les courants d'une gauche qui, à l'instar de la droite, ne s'estime plus vraiment représentée par ses institutions.
Enfin, en Irlande, un petit clip contre les persécutions homophobes très émouvant vient d'être publié. J'y suis très sensible car en mon temps, j'en ai beaucoup souffert, et il n'y avait personne pour me tendre la main...
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