Les hommes politiques ont toujours eu du mal avec le web en général, et avec Facebook en particulier. On se souvient des débuts grand-guignolesques sur Facebook du petit-guignolesque Frédéric Lefebvre, qui avait mal verrouillé son profil et le voyait envahi de trolls.
Peut-être se croyait-il universellement bien-aimé et admiré ? Il a du tout rependre à zéro, et son profil ressemble maintenant au chœur des prêtres des Ruines d'Athènes.
(Will unser genius noch einen Wunsch gewähren? )
Le profil d'Obama, le plus important de la catégorie, les rend tous jaloux. Savent-ils qu'un bureau entier de la maison blanche le gère 24h sur 24, épluche les posts, éconduit les trolls et veille à la bonne marche du zinzin ? Le chef d'état qui aurait le plus d'admirateurs aujourd'hui serait sans doute Hu-Jin-Tao, --- s'il avait Facebook-. Seulement, il a eu la mauvaise idée de l'interdire dans son pays... !
Bref, les hommes politiques n'aiment pas Facebook, pas plus qu'ils n'aiment la vraie liberté d'expression, les réunions publiques mal préparées ou les débats improvisés. Ils n'aiment pas le public en général. Pensez à ce pauvre Sarko qui, pour aller visiter une usine, fait bloquer un aérodrome et la route qui y mène, y compris les villages qu'elle traverse, puis fait trier le personnel en sympathisants et opposants, et enfin, dans le maigre chœur de thuriféraires rescapés, élimine encore les plus grands que lui pour ne conserver que les fourmis idéales...
Voilà donc que Facebook est utilisé pour organiser des apéritifs géants. La préfecture de Police, qui possède également un compte Facebook (!) rappelle que:
« Toute manifestation sur la voie publique doit être déclarée en préfecture et que l'autorisation d'occupation du domaine public communal doit être demandée à la mairie". En cas de non-respect, l’initiateur du projet s’expose à des sanctions pouvant aller jusqu’à six mois de prison et 7.500 euros d’amende. »
Disposition qui rappelle douloureusement les restrictions de rassemblements imposés par les états d'urgence, dictatures et autres régimes avec lesquels on ne discute pas. A partir de combien de personnes y a-t-il « rassemblement » ? On se souvient, en Corée du Nord, des problèmes de « rassemblement » posés par les files d'attente, pourtant inévitables, mais suspectées par les autorités d'héberger des complots.....
Occupez-vous la voie publique en vous installant sur un banc ?
Photo Reuthers / Stéphane Mahé
Pour éviter ces rassemblements sans provoquer par l'interposition de cordons de CRS, les autorités tentent hypocritement d'isoler l'organisateur en lui envoyant la facture du balayage.
Ce qui amène le malheureux à utiliser à nouveau Facebook pour faire appel à la solidarité afin de payer la note...
Mais de là à dire que si les gens se paient des comas éthyliques ou, comme à Nantes, tombent d'un pont parce qu'ils sont bourrés, c'est la faute à Facebook... Non... Malgré toute la hargne que peuvent ressentir les édiles pour un média qu'ils ne maîtrisent pas et qui refuse de se mettre à leur service, c'est de la pure mauvaise foi.
Le vrai problème, ce n'est pas Facebook, mais de savoir pourquoi notre belle jeunesse se bourre la gueule. Et là, si on veut chercher, il va bien falloir parler de l'absence d'avenir qui lui est offert, du chômage chronique des moins de vingt-cinq ans, des stages non rémunérés, de la manière désinvolte dont on la traite dans les lycées, collèges et universités tous dépourvus de moyens et d'effectifs, des subventions réduites ou coupées à toutes les associations, des moyens retirés à la police pour normaliser sa relation avec la société... Alors, c'est plus facile d'accuser Facebook.
A partir de combien de gosiers et/ou de bouchons un apéro devient-il un apéro géant ? Une sauterie au ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du développement durable et de la Mer - enfin, chez Borloo, quoi- est-elle un « apéro géant » ? Et que dire du banquet organisé par André Citroën en 1933, pour l'inauguration de l'usine de Javel, qui réunit 6000 convives ?
Bref, nos politiques sont bien perplexes face à la communication directe, interactive, libre et non paramétrable, de style Facebook. Prompts à tenter de la mettre à leur service, ils lui trouvent tous les défauts dès lors qu'elle ne va plus dans leur sens, mais dans celui de la liberté ?
Enfin, l'académie des Big Brother Awards a décerné ses trophées pour l'année.
Sarko a été disqualifié et mis hors concours pour dopage récidivant chronique. Ils ont préféré distinguer les meilleurs artisans de l'obstruction et de la censure.
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