mardi 20 avril 2010

323° Le grand Paris va tuer le vrai Paris.



Des extrémistes islamistes ont pris le contrôle de tout le sud de la Somalie, y compris Mogadiscio, la capitale. Ah, vous ne saviez pas? Pourtant, c'était il y a trois ans. Il existe bien un gouvernement somalien, mais l'autorité au quotidien dans le sud du territoire est exercée par des milices armées qui contrôlent tout sous la menace.

Non seulement ils ont fermé les cinémas, mais ils ont aussi interdit de regarder des films à la télévision. Les milices passent dans les maisons contrôler la bonne observance de leur oukaze, saisissent cassettes et DVD, et distribuent des coups de fouet aux receleurs de musique. Seule l'information sur AlDjazirah est autorisée....

Or la Somalie ne possède pas de radio ni de télévision nationale. Les Somaliens, ne peuvent donc s'en remettre qu'aux radios privées et aux télévisions émettant par satellite.La dernière idée des islamistes est donc d'avoir interdit toute musique sur les radios privées, qui sont les seules voix de Somaliens parlant aux Somaliens. Eux-mêmes ne se soucient pas de posséder une station de radio, ils se contentent de contraindre à leur service celles qui existent. Ils inspectent même les rares téléphones portables lors de contrôles inopinés, et punissent de coups de fouet quiconque se serait avisé d'y télécharger un mp3. Même les sonneries des téléphones ne doivent pas être « musicales » ! ! !

La menace doit tout de même être sévère puisque le 18 avril 2009, il y a un an, l'unanimité des 340 députés y a voté l'application de la charia alors qu'une bonne moitié d'entre eux s'y déclarait opposée quelques semaines plus tôt...

Mieux: traditionnellement, dans un pays dont beaucoup d'habitants ne possèdent ni montre ni pendule, les écoles avaient l'habitude d'appeler les élèves aux cours avec une cloche. Interdit: le son de la cloche rappelle trop celui des églises. C'est le muezzin qui se chargera désormais de battre le rappel. Un autre son de cloche, en quelque sorte.


En France, nous n'avons que la loi sarkozique, dont les grotesques caprices ont réussi à transformer en buzz planétaire des ragots de comptoir sur une supposée zizanie du couple. (en plus, supposé ou non, on s'en fout!!!) Par contre, le son de cloche, nous l'avons à la télévision, lorsqu'en vadrouille surprise dans le 9-3, le petit excité nous promet « une fermeté absolue » contre les vandales qui carbonisent nos autobus. On frémit à l'idée du laxisme de ses prédécesseurs, notamment un certain Nicolas S., ministre de l'intérieur dès 2002, qui avait laissé tous ces nids de vandales prospérer impunément depuis des années.


En attendant, on joue à cache cache avec de facétieux nuages de cendres, invisibles pour les yeux comme la beauté de Saint Exupéry, qui encrassent les moteurs des F16 de l'OTAN mais pas ceux des airbus des compagnies aériennes. Un nuage à encrassement sélectif, et à visées pacifistes de surcroît, puisqu'il escagasse les dispendieux avions de guerre tout en ménageant les aéronefs productifs.

Grâce à lui, les Polonais ont enterré entre eux leur président réactionnaire, nationaliste, moyenâgeux et homophobe. Il n'y avait pas grand monde pour assister à son installation contestée dans le caveau des grands de Pologne, et c'est aussi bien.


Et pendant ce temps, l'homophobie ordinaire vit des jours tranquilles au bois de Vincennes, où les gardes à cheval crapahutent laborieusement dans d'inextricables ronciers dans l'espoir d'y dénicher quelques sodomites en état de péché pendant que des hordes de scootéristes, sur les grandes allées, slaloment entre les enfants et les personnes âgées dans la plus parfaite impunité.

Aïe. Je vois aux infos qu'un multirécidiviste a tué une jeune fille dans la Drôme. Comme on a déjà légiféré et surlégiféré contre les récidivistes, nos édiles répressifs n'ont plus d'autres solution que de s'en prendre à l'auto-stop. Ça ne va pas aider aux vacances de tous ceux qui ont cru que travailler plus leur ferait gagner plus... Faut être con, aussi!


Et puis il y a aussi cette histoire de Bertrand de Paris qui veut fermer les voies sur berges. On a déjà tué Paris une première fois en en chassant les vrais Parisiens, les Parigots, avec la hausse de l'immobilier, le remplacement de l'habitat populaire par des immeubles de luxe et de bureaux.

Il faut avoir connu comme moi Paris dans les années 60 pour savoir ce qu'on a perdu: la Bastoche, Belleville, Ménilmuche, la Contrescarpe et Saint Germain des Prés, la convivialité de la rue, les bistrots chers à Jean Marie Gourio, les artisans de toutes sortes, quatre cents cinémas, des dizaines de bals et de théâtres, les cabarets et autres lieux d'amusement, le bar de Gloria Lasso rue Guisarde, le restaurant de Jean Marais rue Bernard Palissy, celui de Jean Marie Proslier rue Sainte Croix de la Bretonnerie, et plein d'autres.


Maintenant, les cinémas sont devenus MacDO, les cafés des magasins de fringues, tout comme les petits restos de la rue Grégoire de Tours, et sur google Maps, on voir Joël Robuchon à la place du Père Etienne, une librairie à la place du Vieux Casque et un institut de beauté à la place du Fiacre.


En empêchant les banlieusards d'y venir, on va porter le coup de grâce à l'agonisant. Car avec ses deux millions d'habitants, Paris n'a pas les moyens de faire tourner ses trente cinq théâtres rescapés, ses quarante cinémas survivants et tous les bons petits restos d'ambiance qui essaient de survivre en évitant le touriste qui arrose sa sauce gribiche au coca-cola et accompagne sa blanquette de veau d'un café au lait tiède.


Les bobos qui croient qu'ils vont pouvoir associer impunément la tranquillité d'une vie de province à l'agrément d'une capitale vont déchanter: déjà, l'aura culturelle et médiatique de Paname tend à s'effacer au profit de Londres et de Berlin, et les noctambules affirment que la "nuit parisienne" n'est plus que l'ombre d'elle-même...

Une ville appartient à ses citadins, une capitale à son peuple. Et pour que le pays vienne, il faudrait qu'il puisse le faire avec des transports en commun propres et sûrs, qui permettent d'aller dîner après le théâtre, aillent partout à toute heure dans de bonnes conditions et desservent intelligemment les banlieues. Autant dire tout ce qu'on n'a pas.

Car les banlieues « nanties », celles qui apportent l'argent, sous souvent encore plus mal desservies que les autres: on a multiplié métro et autobus vers les cités dortoirs pour ne jamais manquer de balayeurs, serveurs, vendeuses et autres esclaves dans les commerces et les quartiers riches, mais tout est calculé pour que les périphéries bourgeoises ne soient accessibles qu'en voiture. Ça sélectionne l'habitant...Car la banlieue populaire vient à Paris essentiellement pour y travailler, pas pour y dépenser l'argent qu'elle n'a pas... Quand la manne tarira, elle ne viendra plus...

En appliquant ces restrictions de circulation à Paris, on le tue: Tous ces braves gens viendront en voiture ou ne viendront pas. On va donc transformer les quartiers encore animés en petites villes de province, avec des rues endormies entre deux rangées de maisons grises, et un petit souffle de vent qui soulève quelques feuilles entre les rares voitures au repos. Le seizième arrondissement est déjà bien parti pour ressembler à ça, mais de grâce, épargnez le reste! Laissez nous un Paris vivant, même avec quelques voitures.





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