samedi 22 novembre 2008

216° Boum ! Quand le parti fait Boum !

.



Le parti socialiste vit un paradoxe: Il n'y a pas si longtemps, ils ne savaient plus quoi faire de leur premier secrétaire, et maintenant, ils découvrent qu'il est quasiment irremplaçable.


La situation socio-économique évolue à une telle vitesse depuis une vingtaine années que les partis et leur programme ont pris un véritable retard sur l'opinion, et ce défaut de représentation politique, tant à droite qu'à gauche, va en se creusant.



Le capitalisme est devenu un ultra libéralisme en à peine vingt ans, et cette rapide mutation a provoqué la réapparition d'un sous-prolétariat que les trente glorieuses avaient quasiment éradiqué, et un appauvrissement des classes moyennes qui constituaient le plus gros des troupes électorales.


Ainsi, au moment où la gauche s'adaptait avec lenteur à la prospérité retrouvée et abandonnait la lutte des classes, l'ultra-libéralisme, en recréant un lumpen-proletariat que les médias appellent « nouvelle pauvreté » rétablissait ce clivage social et recréait les conditions de cette lutte des classes qu'on croyait pourtant rangée à jamais dans l'histoire. ...


Le résultat paradoxal est que nous avons quasiment retrouvé la situation du début du 20° siècle, les maîtres des banques ayant remplacé les maîtres des forges, mais qu'un mélange d'hypocrisie, de populisme, de carriérisme et de mauvaise foi a empêché les appareils politiques de suivre cette évolution.


Pourquoi? Parce qu'il s'agit d'une régression qui ne dit pas son nom. Les nouveaux maîtres du monde la présentent comme une évolution positive vers plus de richesse et de profits, en se gardant bien sûr de nous dire qu'ils seront les seuls à en profiter, et comme ils contrôlent les médias, ils continuent à nous présenter comme une régression le retour de la lutte des classes dont ils sont pourtant les responsables.


Ainsi les appareils politiques sont-ils déconnectés de la réalité, ce qui laisse le champ libre aux nouveaux maîtres de la planète.


Faute d'une adaptation des partis supposés représenter cette nouvelle situation, tout éclate, se boursoufle, se divise, s'allie contre nature. On a vu renaître une extrême droite en quête de bouc émissaires, renforcée il y a vingt ans par de nombreux électeurs issus du parti communiste, qui votent pour des promesses plus que pour des idées, puis dissoute aujourd'hui dans une droite-aspirateur « décomplexée » et sans projet à long terme qui prend tout ce qu'on lui donne sans jamais rien donner en échange.


La gauche trop classique a peur de passer pour bolchevique arriérée en prenant en compte la nouvelle paupérisation des classes laborieuses, elle perd donc ses travailleurs vers l'extrême gauche et ses bobos enrichis vers le centre. Reste à convaincre la classe moyenne traditionnellement de centre droit, déchirée entre un appauvrissement auquel elle trouve toutes les explications sauf la bonne, qui croit encore à sa superbe mais a encore « honte » de voter à gauche avec « des ouvriers ».



Ainsi tous les partis voient s'éloigner leur électorat sans comprendre vraiment ce qu'il leur arrive.

A défaut de culture politique, en régression dans l'électorat et en panne d'adéquation dans les partis, ce sont les populistes qui s'en sortent le mieux. A droite, Sarkozy, à gauche Ségolène...


Qui sont sans doute ceux qui représentent le moins bien les gens dont ils sollicitent les suffrages. Hélas...


Sarkozy possède un service de com très performant. Après la période feuilleton consistant à enchaîner les événements si vite que les commentaires n'ont pas le temps d'être publiés qu'ils sont déjà obsolètes tant nos médias sont rapides, vient la période « mode moissonneuse » dont j'ai déjà parlé dans ce blog.


Ce qu'on ne peut pas faire par la force, (éradiquer l'opposition), on l'essaie par la ruse. L'UMP se veut tout à la fois l'extrême droite avec une politique sécuritaire et un contrôle drastique de l'immigration, une droite forte avec de jolis cadeaux aux entreprise et des faveurs sans cesse renouvelées au privé au détriment du public, un centre doux avec des alliances tous azimuth et une « ouverture » (ratée comme on va le voir), et même une gauche molle socio-démocrate avec des discours sur le terrain (Mital, La Courneuve) suivis d'aucun effet.


Mais l'UMP n'a pas pour autant capté la gauche en s'adjoignant les services d'un Bockel, d'un Kouchner ou d'un Besson. Ils n'ont embauché que les gardiens d'un temple déserté par ses fidèles, la peau vide d'un serpent qui a mué.


Dommage pour eux, car « la com » en cours, qui consiste, à l'occasion de la sortie de son livre, à envoyer Eric Besson faire tous les plateaux de télé pour expliquer ce qui n'allait plus dans cette gauche qu'il vient de quitter et comment il faudrait faire pour que ça aille mieux, c'était à priori habile, mais c'est complètement à côté du but.


Car si ça ne va plus à gauche, c'est justement parce qu'il y avait trop de Bessons, trop de Bockel et de cadres carriéristes qui ont cru que le parti allait les écouter alors que c'était à eux d'écouter le parti.


Cette « gauche » conquise par « l'ouverture » est une maison vide. La vraie gauche, celle du service public, de la solidarité, celle qui se retrouve à son corps défendant dans une lutte des classes qu'elle espérait révolue, mais dont l'ultra libéralisme a recréé les conditions, la gauche des salaires de misère, les laissés pour compte du pouvoir d'achat, cette gauche est abandonnée à elle-même par les partis comme elle l'est par le système.


Et son peuple erre dans le désert politique faute de représentativité...


Car le parti socialiste ne représente plus que son club d'adhérents. L'appareil a élu Ségolène en tête au premier tour alors qu'elle apparaît la plus éloignée des préoccupations quotidiennes du peuple de gauche, Hamon fait un score qualifié de surprenant alors que c'est pourtant lui qui a le mieux compris la situation, et Aubry ne gagne pas vraiment le cocotier. Pendant ce temps-là, on assiste à une hémorragie de bulletins de vote vers le nouveau parti de Besancenot, que d'aucuns trouvent trop à gauche mais s'apprêtent à rallier « par défaut » pour qu'il contribue de tout son poids au coup de barre à gauche tant attendu.


Si le parti socialiste était toujours à gauche, on ne parlerait même pas des manœuvres de Besancenot. Ce ne serait que de l'agitation extrémiste. Comme le font national a été lorsque la droite était trop modérée au goût de ses adeptes...


Le PS devait exploser. C'est fait. Les visionnaires les plus pertinents n'imaginaient pas que ce serait en deux éclats à ce point égaux. Dans un scénario comique, on n'aurait pas fait mieux. Tout entier tourné vers son pugilat interne, le PS ne s'occupe plus de ses électeurs désabusés. Il va falloir faire sans lui, maintenant, et à plus forte raison sans les scories de sa destruction. On s'y attendait, nous y voilà.


En attendant, les provocations du régime et de sa horde ultra-libérale feront davantage pour l'avènement de la gauche que toute l'agitation des multiples fragments qui la composent.



Si je m'apprête maintenant à donner ma voix à Besancenot, c'est avec le même empressement que j'ai voté Chirac contre Le Pen. La solution ne viendra pas d'un parti qui ne veut pas gouverner. Tout ce qu'on peut en attendre est le séisme qui fera déborder un vase déjà plein et balayera les structures hypocrites et surréalistes d'aujourd'hui. Je constate avec amertume que, depuis 1981, tous mes bulletins de vote ont été à des candidats « par défaut », -qu'ils aient gagné ou perdu, et plus aucun ne m'a permis de voter par adhésion comme tout démocrate républicain rêve de pouvoir le faire.


Je sens confusément que le dérapage social que nous sommes en train de subir ne pourra que se terminer dans la rue. C'est comme la chirurgie: désagréable mais nécessaire. Après, on est guéri. Devant le désordre offert aujourd'hui par le PS ridiculisé, j'opte donc pour le chaos.




.

Aucun commentaire: