D’après Montesquieu, on distingue
les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
D'autres plus anciens voyaient
symboliquement ces trois pouvoirs illustrés par la couronne, le
sabre et le goupillon.
On considère souvent aujourd'hui les
médias et l'information comme le quatrième pouvoir. Où faut-il
classer ce pouvoir, dans quelle catégorie, dans quelle série ?
Les dictionnaires définissent le
pouvoir comme « l'exercice d'une puissance ou d'une autorité ».
Cela nous place donc dans la série
« couronne – sabre - goupillon », le classement de
Montesquieu ne s'appliquant alors qu'après que les pouvoirs aient
été attribués.
Couronne : La possession d'une
couronne résulte souvent de l'action des armes. L'histoire ne nous
l'apprend pas autrement.
La sabre symbolise la force brute, et
le goupillon le mensonge, le mythe et l'exploitation de la crédulité.
Nous ne sommes guère plus avancés :
on obtient sa couronne à la force des armes, on la légitime en
asservissant la religion, et l'argent et la richesse deviennent le
sang impur qui irrigue cette machine de domination.
Les lumières ont alors tenté de
nettoyer les écuries, d'ordonner tout cela, de placer le peuple à
la source de l'autorité et d'en définir les outils avec le
législatif, l’exécutif et le judiciaire.
Ce n'était pas parfait, mais c'était
encore ce qui fonctionnait le moins mal avant que la technologie
n’invente les médias.
Car les médias sont effectivement le
quatrième pouvoir, celui qui va prendre la place de la religion et
de son cortège irrationnel. Il faut donc réorganiser toute la
hiérarchie. Mais comment ?
Car les médias, comme tous les
pouvoirs, se nourrissent d'argent. Ils sont à vendre. A vendre au
plus offrant, en parfaite prostituée cynique dont le seul parti est
le fric.
Quand on observe le dévoiement que
l'argent a infligé aux religions, en mesurant l'écart entre leur
message d'amour et les guerres qu'elles suscitent aujourd'hui, on
imagine la facilité avec laquelle on peut entraîner l'information
dans les directions les plus inavouables.
Pire : avec internet, l'argent
n'est même plus nécessaire... N'importe qui, avec un peu
d'habileté, peut devenir célèbre en exploitant le bon créneau.
Certes, il y a des célébrités dont tout le monde ne voudrait pas,
mais certains s'en contentent. Exemple ? Avec sa kolossale
finesse de s'attaquer à l'égalité des droits des homosexuels
« sans être homophobe », Frigide Barjot s'est taillé
une place de choix au hit-parade des homophobes de l'année du
magazine « The Advocate », rubrique « 2013 homophobic awards »...
Elle siège maintenant dans ce peu reluisant
aréopage en compagnie de Poutine et de Mugabe ; ça lui fera de
la conversation...
Ceci dit en passant, c'est bien que
« The Advocate », célèbre magazine LGBT de San
Francisco publie le hit parade des homophobes de l'année, mais il
aurait été plus crédible en n'élisant pas le pape François
« personnalité de l'année », au moment de la
disparition de Nelson Mandela, le premier qui a inscrit la
non-discrimination en raison des préférences sexuelles dans la
constitution d'un état.
C'est oublier un peu vite qu'avant sa calotte blanche, le ci-devant Mgr. Bergoglio en portait une rouge, celle d’archevêque de Buenos Aires et primat d'Argentine, et qu'il fut le bruyant porte-étendard des anti-mariage-pour-tous dans son pays...
C'est oublier un peu vite qu'avant sa calotte blanche, le ci-devant Mgr. Bergoglio en portait une rouge, celle d’archevêque de Buenos Aires et primat d'Argentine, et qu'il fut le bruyant porte-étendard des anti-mariage-pour-tous dans son pays...
C'est bien la preuve que les médias
sont un outil dangereux, qui pète facilement à la figure de ceux
qui espèrent les maîtriser.
Un excellent exemple récent vient
illustrer cette faculté. Il y a quinze jours, un jeune journaliste
en herbe du nord de la France, Octave Nitkowky, publie un livre
« Front national des villes et front national des champs »
dans lequel il analyse avec une certaine pertinence et une
impertinence certaine l'abîme qui existe entre la communication
« dédiabolisée » du siège du parti et la campagne
locale des petits chefs de la formation. Dans son livre, il parle de
ce qu'il est convenu d'appeler « la vie privée » de deux
cadres du parti.
Lesquels cadres portent plainte pour
obtenir en référé l'interdiction du livre, qu'ils obtiennent en
première instance.
Quelle maladresse ! Car, même
avant l'appel qui va largement démolir cette décision, s'il devient
interdit de révéler en public ce que l'auteur déclare à propos de
ces deux cadres, -encore qu'il suffisait de quelques clics pour tout
savoir-, tout citoyen pouvait dès lors assister à l'audience
parfaitement publique du tribunal des référés, et en connaître
les attendus et le jugement par lesquels la justice recevait la plainte
de messieurs Steve Briois et Bruno Bilde qui lui demandaient
d’interdire la publication d'un livre au motif qu'il révélait
leur homosexualité. Le livre est interdit, mais les débats et
décisions de justice, sauf tribunal pour enfants, sont publics.
Il est vrai que l'homophobie est loin
d'être éradiquée de ce pays, - ce n'est pas le front national qui
me dira le contraire -, et qu'être homosexuel ne permet pas toujours
de vivre sa vie comme un long fleuve tranquille et dispose parfois
des petits obstacles sur la trajectoire, mais il faut savoir qu'à
tout prendre, en France et en 2013, il vaut mieux s'assumer.
Vivre une existence honteuse expose à
bien plus de désagréments que de rester simple et naturel, et les
réactions à des révélations accidentelles sont toujours plus
nombreuses et plus violentes que celles qui résultent d'un
coming-out maîtrisé.
Les plaignants obtiennent donc cette
interdiction, et l'éditeur fait appel. Patatras ! Deuxième
pavé dans la mare : le jeudi 19 décembre, la cour d'appel de
Paris réexamine l'affaire devant un parterre de journalistes qui se
lèchent les babines, et rend un jugement de Salomon. Bruno Bilde,
qui n'est que « conseiller régional du Nord-Pas de Calais »
voit sa notoriété qualifiée « d'insuffisante » par le
tribunal, ce qui lui ouvre le « droit à la vie privée ».
Steve Briois, par contre, voit la
justice reconnaître « sa notoriété suffisamment médiatique »
et considérer que « le droit du public à l'information prime
sur le respect de certains éléments de sa vie privée ».
Et voilà donc le livre d'un auteur de
17 ans, promis à une diffusion confidentielle, et qui couchait sur
le papier « un secret de polichinelle que tout le monde savait
déjà » , réédité à grand tapage et bénéficier d'une
publicité dont ni l'éditeur ni l'auteur n'avaient rêvé.
Enfin presque. Car mon petit doigt me
dit que ces deux sympathiques larrons savaient très bien ce qu'ils
faisaient, et comptaient bien sur « l'effet Streisand »,
autrement appelé « buzz ».
pour assurer la publicité de leur ouvrage...
La nouvelle édition est arrivée cette
semaine chez les libraires.
Remarquez, l'effet Streisand n'est que
l'application informatique d'un vieux principe jadis illustré par
« l'Arroseur arrosé », et qui illustre avec un tuyau
plein d'eau que les censeurs finissent toujours par se couper avec
leurs grands ciseaux.
Non seulement on n'a rien inventé,
mais il se trouve toujours des... des... enfin, vous m'avez compris,
pour se faire avoir à ce petit jeu. Le jeu du plus...
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