Avant les élections, notre droite, intègre et transparente comme à son habitude, tentait de focaliser l'attention du public sur la viande halal et le vote des immigrés, comme si ce tour de prestidigitation allait faire oublier au bon peuple les inégalités, les discriminations, la destruction du code du travail, le démantèlement des acquis sociaux et les coups portés au tissu républicain.
Curieusement, le pied au cul qu'elle a reçu ne l'a pas guéri de ses étranges manières: chaque fois qu'on leur donne la parole, ses représentants ont toujours l'air de parler d'autre chose. Comme ils ne peuvent pas trop dire que la vie va être difficile puisqu'ils en sont la cause, ils restent sur des sujets périphériques qui continuent à les faire passer pour des décalés.
Comme si le « mariage pour tous les citoyens », improprement appelé « mariage gay » était le point de passage obligatoire du redressement du pays.... Bien sûr, ce point d'égalité citoyenne est important. Mais ce sera une loi qui passera, entre cent autres, après le nouvel an.
Qu'importe. Pour eux, la guerre est commencée. La seule qu'ils peuvent mener qui leur évite de parler de leur politique ploutocrate, de leurs mesures inégalitaires, de l'élargissement de la fracture sociale qu'ils ont provoquée, de leur mépris du peuple et de leur haine du social, de leurs maximes Neuilly-Auteuil-Passy et de leur nostalgie de la féodalité.
Alors, toute la droite, dans une étrange éjaculation précoce, est partie en guerre, comme un seul homme, ou plutôt comme une conne,contre le mariage gay...
Tous y ont été de leur petite déclaration homophobe, histoire, en relançant cette incongruité rétrograde et petit-bourgeoise, d’entretenir quelque motivation au sein de la large frange psychorigide et ringarde de leur corps électoral.
On passe en revue. Je ne me souviens plus très bien de l'ordre chronologique, mais chez des gens inspirés par le Moyen-âge et l'inquisition, est-ce bien important ?
Un site a eu la bonne idée de commencer cet étalage de sottise, justice lui soit rendue.
Bon, de Copé, on fera semblant de ne pas être surpris : il est capable de toutes les caméléoneries pour s'identifier à sa cible populiste.
Il a indiqué le 29 juin « ne pas être favorable au mariage homosexuel, [...]et « mis en garde contre un débat qui va générer beaucoup de tensions ».
Il a la tension sélective, le petit Copé. Car il est des déclarations qui me font sauter au plafond mais qui ne semblent pas produire chez lui la moindre tension. En tant que leader d'un parti qui se veut républicain, il devrait monter au créneau lorsqu'on entend l’archevêque de Paris André Vingt-trois, (vla les flics + 1 pour les intimes), proférer, à propos du mariage gay, justement, que « la société n'est pas laïque ».
On croit rêver, cauchemarder, même ? Comme si sa secte n'était pas extrêmement accessoire dans une France déclarée laïque par sa constitution ? Qui est donc ce prétentieux pour vouloir incarner la société à lui tout seul ?
Il ne représente que lui même, une dégoulinure du passé qui a échappé à la serpillière, un anachronisme dans la vie moderne, une tumeur dogmatique dans la recherche objective de la vérité. En quoi un type qui a fait vœu de ne jamais se marier prétend-il faire autorité en matière de mariage ?
Eh bien non. Copé, chef d'un parti alors majoritaire, trouve normal d'effacer le bonnet phrygien devant la mitre épiscopale...Le mariage gay, ça suscite des tensions chez lui, mais pas les atteintes à la laïcité... On a le gouvernement qu'on mérite. C'est d'ailleurs justement pour cela qu'on en a changé...
Après Copé, Fillon, qui faisait figure – relative- de modéré, s'illustre par une déclaration que les homos ont reçue comme une insulte, remuant l'amalgame homosexualité-pédophilie dont l'usage méphitique semblait jusqu'ici réservé à une extrème-droite d’adjudants en retraite et de dentellières d'ouvroir paroissial..
Si les homos s'estimaient blessés par certaines déclarations bien publiques aussi facilement que les cathintégristes s'estiment blessés par des pièces de théâtre qu'ils ne vont pas voir mais contre lesquelles ils manifestent, il faudrait des hôpitaux entiers pour soigner les éclopés de la fierté homosexuelle.
Sur cette lancée, Valérie Pécresse, Miaou pour les intimes, y va de sa croquette : « le mariage des homosexuels bouleverserait les équilibres de la société française » !!!
Tu t'es vue quand tu as bu, Valérie ? Bouleverser les équilibres... C'est du Vanneste dans le texte! Un pur plagiat! Autant que de remplacer les instituteurs par des prêtres ou de proposer des moyens de maintien de l'ordre à Ben Ali ?
Ou de pondre des circulaires qui abattent en plein vol le cursus des étudiants étrangers ? Votre parti, lui, ne bouscule-t-il jamais vraiment aucun équilibre ?
Elle essaie, cette pécheresse de Pécresse, d'embrouiller le problème comme si l'égalité des droits était une complication. Elle y voit une « atteinte au droit à l'enfant et à l'institution de l'héritage ». C'est quoi, le droit à l'enfant, dans une société où le premier poivrot venu peut faire des enfants qu'il battra et qu'il oubliera d'éduquer ? .. Et 90 % des histoires de pédophilie ne se produisent-elles pas dans le giron bien familial de familles bien hétérosexuelles ? Essayez donc de garder vos propres pieds par terre au lieu de nous faire marcher, chère madame. On nous a déjà assez baladés comme ça.
Nathalie Kosciusco-Morizet, qui faisait jusqu'ici figure d'une des rares intelligences du gouvernement précédent, y va aussi de son refrain contre le mariage et l'adoption pour tous.. On sent que ce n'est pas son truc, d'enquiquiner les innocents et d'accabler les minorités, mais quand on veut être dans la meute des loups, il faut apprendre à être loup. Elle apprend vite.
Laurent Vauquiez, lui, pense qu'en faisant de la prestidigitation, il pourra sauver en même temps son image et son avenir politique. Il est opposé à toute discrimination, mais réaffirme son opposition au mariage homosexuel. C'est quoi, une discrimination, pour vous, monsieur Vauquiez ? Vous savez, le grand écart, ça fait son effet dans un cirque, mais pas en politique....
Et du coup, tous les suiveurs, les modestes et les sans-grades, y vont de leur petite péroraison droitière et homophobe.
A Fontaine, une petite ville proche de Grenoble, Madame De Caro, conseillère municipale UMP, reproche au maire de n'ouvrir le journal municipal qu'aux sans-papiers, aux homosexuels et aux pacsés, aux gens d'origine étrangère et aux amateurs d'art moderne... L'imprécatrice estime qu'elle fait partie, elle, des « normaux », d'où on déduit que les « d'origine étrangère » et les homosexuels sont anormaux, et que c'est sa supposée normalité qui l’exclurait de la liste des « ayant-droits » au journal.
Diable merci, les deux leaders de la fronde anti-gay de notre douce France ont été balayés en juin par l'expression populaire : Vanneste, on n'en reparle plus, et Jean Marc Nesmes, qui devra regarder sa circonscription de Saône et Loire vivre sans lui. Ce dernier, plus habile que Vanneste, s'abstenait de déclaration fracassante, mais travaillait assidûment en lobbyiste discret contre le peuple homo. Il était notamment l'instigateur de la fameuse « entente parlementaire » qui fit tache d'huile dans la précédente assemblée avant qu'un souffle populaire et purificateur ne la balaie.
Il y a aussi l'exception qui confirme la règle: Patrice Carvalho, qui s'était déjà fait connaître en entrant en bleu de chauffe à l'Assemblée Nationale comme député communiste lors de sa première élection en 1997, retrouve le chemin de l'hémicycle à la faveur d'une triangulaire dans l'Aisne. Héritier d'une longue tradition communiste, -son père était militant et syndicaliste-, entré au P.C. à quinze ans sous Waldeck-Rochet, il a vu passer et trépasser Georges Marchais, et il est toujours là. Il nous apporte donc l'image d'un parti communiste dans son jus traditionnel.
Les hasards de la politique l'ont amené dans le giron du Front de Gauche et fait réélire cette année par le miracle d'une triangulaire, et il devient ainsi le seul député du Front de gauche à s'opposer au mariage pour les homosexuels. Pour combien de temps ? Le monde a changé, pas lui....
Au rayon pipi-caca, il y a encore une récente couverture du journal Minute qui fantasme sur les fesses homosexuelles. , ce qui leur vaut, entre autres volées de bois vert, de se faire allumer comme ils le méritent par Act-Up.
Il y a même une histoire belge, celle de Civitas, comme l'explique cet article bien documenté de rue89.
J'ai déjà parlé de Civitas à de nombreuses reprises dans ce blog, et notamment ici. Civitas, dont le blog titre cette semaine : revendications du lobby homosexuel : "une bataille qu'il va falloir livrer".
Civitas voudrait remettre l'Europe entière dans le giron de la sainte église catholique à l'heure même où la très contaminée Pologne semble vouloir en sortir. Se qualifiant d'institut, il œuvre pour une reconquête politique et sociale visant à rechristianiser la France...
« Confieriez-vous vos enfants à ces gens là ? » demandent-ils...
Bien sûr que non !!! Sans doute vaut-il mieux les confier à des prêtres... ??
Ferraillant dans ce combat d'arrière garde en tête de ses croix et bannières, un citoyen belge, Alain Escada, succédant à un amiral, vitupère contre le lobby homosexuel. J'ai lu dans une de ses diatribes que les Gay Pride l'exaspéraient et qu'il en contestait l'affluence, au titre d'un « sondage BFM » dont je n'ai trouvé de traces nulle part ailleurs que sur son site. Pourtant, même d'après la police, le nombre des marcheurs des fiertés est cent fois supérieur à celui de ses processionnaires à lui. Je conçois qu'il en conçoive quelque jalousie.
Enfin, pour ma part, je n'ai jamais songé à empêcher ni une messe ni une procession de se dérouler, je ne vois pas pourquoi ou au nom de quoi il prétendrait, lui, empêcher les pièces de théâtre d'être représentées. Personne ne l'oblige à aller voir celles qui ne lui plaisent pas. J'ai vu son institution à l’œuvre devant le théâtre de la Ville : il y avait cinquante malheureux priant à genoux au milieu d'un cordon de CRS, le tout au milieu de centaines de badauds hilares.
De plus, on ne lui a jamais demandé de célébrer des mariages gay dans son église. Alors, chacun chez soi.
Rayon maso, on s'exaspère. La page« humour de droite » sur Facebook dit :
« Les gays à l'UMP sont comme une femme battue qui reste dans l'espoir que ça change. »
Après dix ans de rebuffades et trois présidents, GayLib commence à s'interroger sur lui-même.
Sur son site , l'ancien président écrivait à Jean-François Copé, -voir le post du 2 juillet- :
« François Fillon a, lors de la campagne présidentielle, eu des mots extrêmement durs et sectaires à l'encontre des homosexuels. Si maintenant, même vous, Monsieur le Secrétaire Général, vous mettez dans une telle posture, je vous pose la question très solennellement: Les homosexuels sont-ils encore les bienvenus à l'UMP? »
Au passage, j'aime bien "la posture" attribuée à Copé dans un débat sur l'homosexualité.
M'enfin, monsieur, madame de GayLib, ils vous ont dit NON. Tous. Sarko, Vanneste, Nesme, Copé, Fillon, Koscuisco-Morizet, Vauquiez, Pécresse. Ils veulent bien qu'il y ait des gays à l'UMP à condition qu'on le les voie pas et qu'ils ne demandent rien. Payez votre cotisation, aidez les riches à prendre le pouvoir et c'est tout. Comment faut-il vous l'expliquer ?
Et pour terminer très provisoirement sur le sujet, car la guerre du mariage va reprendre à la rentrée, le militant LGBT anglais Peter Thatchell pose, lui, une question intéressante : Sachant que la charte olympique interdit toute discrimination, en précisant bien : ethnique, religieuse, sexuelle, etc..., doit-on accepter la participation des pays officiellement homophobes ?
Votre serviteur et blogueur préféré s'en va bientôt pour cinq semaines aux États Unis, dans une grande aventure faite de cinq mille kilomètres de voiture de location, de nuits dans les motels de campagne et de quelques vols intérieurs d'United Airlines. Une grande rencontre avec les Américains moyens. (« les moins de 150 kg » s'esclaffe-t-on par-dessus mon épaule ).C'est lourd, je sais.
Californie, Hollywood, San Francisco, Grand Canyon, Vallée de la Mort, Chicago, Madison, Detroit, Niagara, New York, Washington, Baltimore et d'autres.
J'essaierai de faire quelques billets de là-bas sur le mini-mini-ordinateur que j'emmène. (Un Asus eee de première génération où on a installé Linux avec de la vaseline et un entonnoir.). Ça marchera, ou pas. Si oui, je vous enverrai des cartes postales.
Rendez-vous à la rentrée pour la reprise de la guerre en dentelles : La guerre du mariage gay, Deuxième épisode.
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