On a du mal à imaginer qu'on puisse être président de la république ou ministre de l'intérieur sans avoir lu la constitution...
Pourtant, l'article 1 précise que :
- « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion »
et l'article 5 :
- « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. »...
Les récentes vociférations à propos de l'acquisition, et surtout du retrait de la nationalité française sont donc par avance anticonstitutionnelles et on peut s'étonner d'entendre de tels complots dans la bouche de nos édiles, même s'ils nous ont déjà mithridatisé avec quelques bavures de pauvres cons et d'auvergnats.
D'autant plus que le retrait de la nationalité ne peut pas être décidé par la justice, mais seulement par le Conseil d'État, et uniquement « pour haute trahison ou atteinte portée aux intérêts fondamentaux de la nation par intelligence avec l'ennemi ».
Force est de constater qu'il faut remonter dans l'histoire jusqu'au régime de Vichy pour trouver des précédents de déchéance de la nationalité française.
Plus grave : on a la désagréable impression que ces déclarations ont ouvert une boîte de Pandore d'où s'échappent maintenant de nauséabondes surenchères.
Toutes les familles ont un dernier arrivé qui, si l'escalade se poursuit, sera menacé à plus ou moins brève échéance. Imaginez que de décret en amendement, on décide par dérapages successifs que la déchéance peut frapper jusqu'à deux générations pour les familles hongroises, et que concomitamment, une certaine affaire dite « Bettencourt » prenne une tournure, disons, inattendue. (quoi que...).
C'est de la politique fiction, me direz-vous. Sans doute, mais le problème est que je pensais jusqu'à la semaine dernière que c'était la déchéance de la nationalité qui était dans son ensemble un sujet de politique fiction... Or il semble que.....
Je frémis. Ma mère était belge... Elle devint française par le mariage en 1939. Rassurez-moi, amis lecteurs.
C'est sans doute pour éviter cette escalade de la délinquance que le gouvernement, depuis 2002, réduit le nombre des enseignants au point que leur effectif en 2010 est inférieur à ce qu'il était en 1992...
C'est sans doute pour éviter la surescalade de cette délinquance que les représentants de l'état ne cessent d'injurier des catégories sociales entières, de les traiter de racaille, d'assistés, de paresseux et d'autres noms d'oiseaux. Après les avoir ignorés, on leur reproche d'exister et d'être devenus ce qu'ils ont pu sans la solidarité de la république.
Prenons l'exemple de ces « gens du voyage » qui sont allés saccager une bourgade parce qu'un braqueur de leurs rangs a été tué en forçant un barrage de police. Bien évidemment, cela passe mal dans l'opinion publique. La police arrête les braqueurs et elle se fâche quand ils forcent des barrages. Normal. Ce n'est pas un assassinat mais le résultat malencontreux de l'inconséquence d'un malheureux qui a mal tourné.
Mais le procès fait à cette communauté à la suite de ces pauvres faits divers est propre à renverser l'opinion publique en leur faveur. Avoir essuyé des tombereaux d'insultes avec la dignité qu'on a pu voir a presque restauré leur image; d'agresseurs, ils sont devenus victimes. Presque sympathiques...
Ils ont des voitures de grosse cylindrée ? Oui, mais ils n'ont pas de maison. Ils ne travaillent pas ? Au moins autant qu'on veut bien les embaucher. C'est une population de voleurs et de truqueurs ? Tandis que nous, avec le sommet de notre pyramide sociale qui planque ses sous en Suisse, touche des chèques des impôts, se les refile dans de grosses enveloppes de papier kraft, se dispute des héritages au tribunal et pratique un népotisme forcené au mépris des intérêts communs, on a une bonne place pour donner des leçons et désigner des fautifs...
Les propos sécuritaires des dernières semaines sont indignes de notre république. Ils sont autant de provocations sans doute destinés à susciter un soulèvement supposé justifier l'application de la férule promise. Mais c'est jouer avec le feu : j'ai peur que l'insurrection qui vient dépasse les espoirs des apprentis sorciers qui sont en train de la concocter et ne nous permette pas d'atteindre les prochaines échéances électorales dans la sérénité. Voir ici le pdf à télécharger.
Si on rajoute à cela le coup d'éteignoir qui s'est abattu sur les affaires en cours en général, et sur l'information en particulier, au point que même le journal télévisé de France2, qui faisait encore illusion, commence à ressembler à la rubrique « faits divers et France de nos régions » rendue célèbre par Jean Pierre Pernaut, on peut même imaginer que le mécontentement pourrait gagner des catégories sociales qui n'ont pas encore été directement injuriées.
Et les garde-à-vue?
Nous sommes 62 millions de Français et 800 000 d'entre nous sont passés en garde-à-vue en 2009.
Cela fait un Français sur 77.
Chaque fois que vous prenez un métro, un autobus, il y a dans la voiture un des gardés-à-vue de l'année. Dans un théâtre moyen, une rangée entière de spectateurs a été gardée à vue cette année.
Au bout de quelques années, c'est tout le premier balcon qui aura connu les affres de la séquestration arbitraire. On n'a plus de Veld'hiv mais nous possédons un très beau stade...
2 commentaires:
"Je frémis. Ma mère était belge... Elle devint française par le mariage en 1939. Rassurez-moi, amis lecteurs."
Et bien je vais tenter de vous rassurer
Si vous n'avez jamais tué un flic ou tout autre représentant de la république il y à peut de chance que l'on vous retire la nationalité .
Vous auriez put en effet dans votre article les raisons de cette proposition de déchéance de nationalité
Meutre d'un agents de police gendarme ou autre représentant de la loi ainsi que les cas de bigamies
voila au moins un point d'importance précisé
Après nous pouvons débattre à loisir sur la pertinence de cette proposition
AXEL
Le problème avec les boites de Pandore et autres fenêtres qui ne doivent jamais s'ouvrir, c'est que quand on les ouvre, on ne peut plus les refermer et il en sort des horreurs.
La preuve: voilà déjà Hortefeux qui se précipite dans la brèche pour essayer d'y faire passer la suite de ses fantasmes totalitaires!
Si on considère l'abîme qui s'est creusé entre les promesses de Sarkozy et ce qu'il en a tenu, on peut imaginer celui qui existera dans quelque temps entre les motifs de déchéance de nationalité annoncés aujourd'hui et ceux qui seront imposés demain.
Et on regrettera -trop tard- d'avoir entrebâillé la porte de l'enfer.
Non, je ne suis pas rassuré parce qu'on a affaire à des gens qui n'ont aucun sens de la parole donnée, qui n'ont manifestement même pas lu la constitution qu'ils sont supposés garder, qui gèrent la république au jour le jour comme une multinationale et qui sont décidés à sacrifier tous les acquis sociaux du XX° siècle pour faire avancer leur système oligo-ploutocrate.
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